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Editions RAMKAT




AQUARICA

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La primauté du collectif sur l’individuel
pour une astrologie du Verseau

par Jacques Halbronn

     Ce qui distingue les événements concernant des populations entières sur des événements à caractère individuel, c’est d’abord et avant tout leur visibilité.

   Nous sommes tous plus ou moins au courant de ce qui se passe dans le monde, cela fait partie d’un bagage commun, partagé. Cela est flagrant au niveau des médias, et notamment cela n’a fait que s’exacerber avec la télévision qui nous fait vivre les uns et les autres en synchronicité, à tel point que nos enjeux personnels se situent, quelque part, au second plan.

   En effet, ce qui nous arrive à nous, individuellement, à moins d’être sous les feux de la rampe, en tant que vedette, leader, dont parle la Presse, n’intéresse que peu de gens et ne relève pas d’une expérience sociétale dont chacun pourrait profiter.

   Nous avons beaucoup insisté, dans nos études1 sur l’importance du vu / vécu ensemble, comme fondement du consensus social. Ce qui tend à relativiser singulièrement la portée de nos petits enjeux personnels, réservés à notre intimité ou en tout cas sans grand retentissement au delà d’un périmètre restreint.

   Un des lieux communs de l’Histoire de l’astrologie est que l’astrologie fut initialement l’affaire des princes et non des personnes privées et il nous semble que cela est juste et même parfaitement logique. Le prince est comme une étoile au ciel et ne désignait-on pas Louis XIV comme le Roi Soleil ? Il y a du spectaculaire dans la vie publique mais cela rayonne sur chacun de nous et nous en sommes marqués.

   Il ne faut pas oublier que l’astrologie est le vestige d’un système social mettant en place un certain nombre de signes accessibles à tous, tant cosmiquement que publiquement. En ce sens, on peut se demander si nous ne vivons pas par procuration et non à une échelle purement individuelle. Dans d’autres textes, nous avons insisté sur le fait que les hommes étaient plus en prise sur l’espace social collectif que les femmes. Ce seraient les femmes qui insisteraient pour que l’astrologie traite du cas de chacun, de façon spécifique au lieu d’admettre que c’est chacun de nous qui doit se relier à un ensemble. Il y a là une différence épistémologique appréciable : soit c’est l’individu qui se branche sur le global (ciel, société), soit c’est l’inverse. Or, c’est cette seconde voie qui l’a emporté, pour l’heure, dans la représentation que l’on se fait de l’astrologie.

   Selon nous, il est possible que l’astrologie / astro-histoire n’ait à voir qu’avec ce qui est perçu et perceptible que par le plus grand nombre, ce qui implique que l’événement cosmique tout comme l’événement historique se placent sur une sorte d’estrade, au vu et au su de tous.

   On conçoit bien, a contrario, que des phénomènes cosmiques invisibles (planètes au delà de Saturne, points et cloisonnements (zodiacaux) fictifs) ou des événements plus ou moins obscurs, comme ceux qui sont propres à la plupart des individus, ne ressortissent point du champ astrologique, contrairement à ce qui est généralement soutenu par les astrologues. D’ailleurs, la multiplicité même de tels micro-événements, tant au niveau astral qu’humain, ne permettrait, en pratique, aucune focalisation d’ensemble et ne pourrait donc, ipso facto, remplir aucune fonction sociétale.

   En conséquence, on est en droit de se demander dans quelle mesure nous serions marqués individuellement par les processus cosmiques et si nous en subissons les cycles sinon indirectement et par identification. Il nous semble que nous pouvons nous nourrir - spirituellement - des informations concernant les événements majeurs qui se produisent dans le monde, comme c’est le cas actuellement avec la crise irakienne et tout ce qui tourne autour, notamment dans les affrontements diplomatiques, à différents niveaux. Maintenant, la question est de savoir si nous allons vivre analogiquement des événements à notre échelle individuelle ou si au contraire, comme on l’a dit, cela nous suffit de vivre par procuration, ce qui est quelque peu humiliant pour notre moi.

   Contrairement à ce qu’a exprimé l’astrologue franco-américain Dane Rudhyar (alias Chenevière), mort en 19852, nous ne pensons pas que l’astrologie ait à voir avec ce moi individuel, symbolisé par le thème astral. Selon nous, l’astrologie n’aurait à voir qu’avec un Moi collectif, résultante certes d’une dynamique à laquelle nous contribuons mais qui nous dépasse et nous transcende.

   Au demeurant, il est peut être préférable qu’il en soit ainsi, c’est-à-dire que les mouvements au niveau collectif soient contrebalancés par une certaine immuabilité / constance au niveau individuel, ce qui renvoie à la dialectique du masculin et du féminin, du mobile et du fixe. Sinon, le monde serait constamment en train de se renouveler et risquerait d’être en proie à une instabilité chronique. Il est donc souhaitable qu’il y ait des contre poids échappant à l’hélice astro-historique, mais qu’en même temps cette dynamique cosmique puisse pleinement jouer, faute de quoi nous serions à terme, individuellement et collectivement, menacés par la sclérose.

   Cela dit, du fait que nous soyons les témoins de certains événements, il est improbable que cela n’influe point sur l’état de notre psychisme et nous serve d’exemple, de référence. Toutefois, le passage à l’acte peut se dérouler au niveau collectif. A Rome, les jeux de cirque étaient un exutoire tout comme le foot aujourd’hui. Nous n’avons pas tous besoin de marquer le coup à notre échelle personnelle et c’est la force de l’Humanité que de pouvoir converger, communier vers un seul et même lieu, ne faisant plus, en quelque sorte, qu’un et marchant comme un seul homme.

   Certes, on peut toujours arguer du fait que les mentalités ont évolué et que l’astrologie, elle aussi, doit évoluer en tenant compte de la progression de l’individualisation. Pour notre part, nous ne croyons guère à la viabilité de tels ajustements tardifs.3 Nous pensons que l’astrologie est le résultats de l’instrumentalisation du ciel, à une certaine époque, dans le cadre de ce que l’on pourrait appeler une alliance entre le monde d’en haut et le monde d’en bas (Table d’Emeraude). On ne peut fabriquer, à loisir, une nouvelle astrologie, au goût du jour, mais tout au plus retrouver celle qui existait initialement et dont il est plus que probable qu’elle n’était pas concernée par la dimension individuelle et donc horoscopique. Ce que les hommes ont constitué dans le passé, dans l’instrumentalisation de leur environnement, nous ne pouvons ni le défaire ni lui substituer autre chose sinon sous la forme d’une couche surajoutée et n’ayant pas valeur ontologique mais seulement culturelle.

   D’ailleurs, qu’on y songe : qu’est ce qu’une astrologie qui assignerait à chacun de nous un temps différent, qui nous met ainsi en porte à faux les uns par rapport aux autres : à l’un, il arrive ceci, à l’autre il arrive cela : quelle cacophonie ! Les techniques de direction accentuent un tel cloisonnement entre les gens, tandis que les transits mettent l’accent, tout de même, sur un phénomène commun mais dont les effets différent. Mais même les transits nous paraissent une forme d’astrologie mondiale détournée de sa vocation initiale pour s’articuler sur le thème astral. Nous savons pourtant tous à quel point nous participons conjointement des mêmes problèmes (crises économiques, épidémies, guerres etc).

   On nous objectera que, si l’on suivait nos directives, il n’y aurait plus de consultation astrologique possible. Outre le fait que l’entretien astrologique n’implique pas la validité de l’astrologie en soi mais relève plutôt de son instrumentalisation4, nous dirons que nous lui préférons un travail en groupe, lequel serait en prise avec des enjeux citoyens, au sein d’un parti, d’une entreprise : est-ce que ce n’est pas cela, au demeurant, que l’astrologie de l’Ere du Verseau, par opposition à celle du Lion ?5 C’est-à-dire une astrologie de type “maison XI”.

   Car la symbolique astro-zodiacale comporte, en son sein, une dialectique individu / collectif, qui tient au syncrétisme qui se mit en place entre signes et maisons et qui veut que la maison XI corresponde au onzième signe et ainsi de suite.6

   Les premières maisons astrologiques (I - VI) sont de l’ordre de l’individuel c’est-à-dire du proche (exemple : maisons III, IV, V, liées à la vie familiale) et les six dernières de l’ordre du collectif.(VI - XII), c’est à dire du lointain.(exemple : maison IX, les voyages au loin, maison XI).7 Or, ce qui est lointain, c’est ce que chacun peut voir tandis que ce qui est proche, c’est ce que nous sommes peu à pouvoir observer.

   Si l’on admet que l’astrologie se définit, philosophiquement, par l’importance accordée au Ciel, réalité lointaine par excellence et accessible à tous, notamment en ce qui concerne les deux luminaires, le soleil et la lune), on reconnaîtra que l’astrologie a vocation à traiter de ce que nous pouvons tous contempler, simultanément, de concert.

   Bien que nous n’accordions pas grande valeur à la théorie des Eres précessionnelles, nous ne pouvons que constater que cette idée s’est imposée dans le milieu astrologique sans que l’on ait cherché à en tirer des implications sur la forme d’astrologie la plus adéquate, en dépit d’ouvrages, parus notamment aux Editions du Rocher, intitulés “astrologie du verseau”, dans la mouvance de Charles Vouga et de Germaine Holley.

   L’astrologie aquarienne que nous défendons - en dépit de nos réserves sur un aquarisme mal compris qui refoulerait les clivages les plus radicaux - est une astrologie du collectif, citoyenne (de la Cité) et qui s’ancre sur des phénomènes célestes faciles à décoder.8 Cette astrologie aquarienne ne saurait s’obnubiler sur un certain nombrilisme. A une astrologie féminine (Poissons, signe féminin) fait suite une astrologie masculine (Verseau, signe masculin). C’est à ce prix qu’une véritable Renaissance de l’astrologie, jusque là annoncée prématurément, pourra avoir lieu mais combien d’astrologues sont-ils prêts à repenser leurs outils et leurs méthodes de travail ?

Jacques Halbronn
Paris, le 20 mars 2003

Notes

1 Cf. notamment sur le Site Ramkat.free.fr (via Site Annuairesoleil.com, par mouvement astrologique) et sur la revue Etoile & Planète (via Site Pagesjaunes.fr par Mouvement astrologique / Paris). Retour

2 Cf. Astrologie de la Personnalité, trad. française par G. Sabian, Paris, Ed Médicis, 1984. Retour

3 Cf. notre étude sur les rapports entre le psychologue et l’astrologue. Retour

4 Cf. notre étude sur le psychologue face à l’astrologue. Retour

5 Cf. les études aquariennes. Retour

6 Cf. Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau, Paris, Albatros, 1979, dir. J. Halbronn. Retour

7 Cf. supra. Retour

8 Cf. nos travaux sur l’astrologie axiale. Retour



 

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