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Stratégies autour de l’astrologie :
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S’il faut recadrer le débat autour de l’astrologie, il importe de faire des choix et de déterminer des priorités, bref d’élaborer une stratégie de communication. La première chose essentielle est, selon nous, de faire admettre la légitimité de la quête astrologique. Oui ou non, a-t-on le droit d’accepter comme hypothèse de travail que l’homme puisse s’être branché sur le ciel et ce d’une façon ou d’une autre qui reste à préciser ? Ne peut-il s’agir d’un champ de travail qu’il vaut la peine d’explorer et susceptible à terme de renouveler les Sciences de l’Homme ?
Certes, il y a des réponses à cette question et certaines sont bien connues, on appelle cela l’astrologie, on appelle cela le zodiaque et c’est sur la base de ces réponses qu’on est tenté de juger la validité de la question. Mais une telle façon n’est pas vraiment équitable, d’abord parce que l’on ne peut pas empêcher les gens de s’intéresser à un domaine et de le gérer à leur façon. C’est comme pour le sionisme, ce n’est pas parce que l’Etat hébreu a décrété unilatéralement que chaque juif pourrait en devenir citoyen que cela engage, ipso facto, les juifs du monde entier dans une allégeance à l’égard d’Israël. Ce n’est parce que quelqu’un croit détenir la réponse à propos du rapport entre les astres et les hommes et que cette réponse ne convainc pas que la question ne peut plus être considérée.
Les adversaires de l’astrologie, pour leur part, n’hésitent guère à faire l’amalgame entre la problématique de la question, qui, certes, n’est pas simple et la pratique des astrologues et de leur clientèle. Il semble que, le plus souvent, ils cherchent avant tout à pouvoir manifester un certain mépris pour un savoir, ce qui semble leur apporter quelque satisfaction: l’anti-astrologisme est une forme de violence envers autrui qui n’est nullement innocente. Mais faisons abstraction de ces déviances, de ces dérapages de part et d’autre et essayons de nous retrouver entre personnes de bonne compagnie !
D’abord la question de l’astrologie a ses lettres de noblesse : les religions ne nous parlent-elles pas du Ciel et de son rapport avec l’humanité ? Certes, il faut généralement entendre le mot Ciel au sens figuré mais tout de même, il n’y a pas de fumée sans feu et l’on peut se demander si l’on n’est pas passé à un certain moment d’un ciel réel à un ciel au figuré. C’est dire que s’en prendre au rapport du Ciel aux hommes, c’est quelque part un acte antireligieux, surtout si l’on rappelle que le mot religion renvoie au lien. Nous ne sommes pas éloigné de penser que la religion, du moins au sens judéo-chrétien mais aussi au sens grec, est un avatar de cette question que nous posions tout comme la technologie s’inscrit selon nous dans la logique de la sexuation; il est ainsi des généalogies qu’il convient de rétablir.
Les planètes portent des noms de divinités et celles-ci - c’est flagrant dans l’Iliade d’Homère à propos de la Guerre de Troie - interviennent dans la vie des humains. Mais précisément, le monde judéo-chrétien n’a-t-il pas pris de la distance par rapport à un tel Panthéon ? A y regarder de plus près, qu’est-ce que le monothéisme ? Freud a donné son avis à ce sujet, à la fin de sa vie1. Notre grille est un peu différente, exposons-la brièvement: le monothéisme, tout d’abord, n’est pas un refus du Ciel puisque l’expression céleste est maintenue dans les religions qui s’en réclament. Pour nous monothéisme s’oppose à polythéisme mais il faudrait plutôt parler d’un monoplanétarisme face à un polyplanétarisme. Autrement dit, il s’agirait là d’un débat sur les réponses à apporter à la question du rapport entre le Ciel et l’Humanité, certains considérant qu’il faut recourir à plusieurs astres et d’autres à un seul.
Pour comprendre une telle controverse, il convient de connaître quelque peu l’Histoire de l’Astrologie. On constate que pendant plusieurs siècles, et singulièrement de la fin du XVe, du temps de Copernic, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, sous la Révolution, il y eut un grand nombre de réponses, chacune s’articulant sur des éléments astronomiques différents - le ciel étant polysémique - et cette querelle - quel ciel ? - divise encore de nos jours les astrologues. Ne pourrait-on donc imaginer que le débat religieux puisse avoir occulté un débat en quelque sorte scientifique, ce qui resituerait l’opposition entre science et religion ?
Au fond, a contrario, est-ce que la quête - du Graal - consistant à découvrir l’articulation existant entre le monde d’en haut - le ciel - et le monde d’en bas- les hommes ne s’apparente-t-elle pas à une aventure religieuse ? On aurait là une sorte de poursuite de la pierre philosophale chère aux alchimistes2.
Dès lors, croire en l’astrologie signifierait non point tant être client des astrologues ou lecteur d’horoscopes mais attendre qu’un jour ce lien entre l’homme et les astres soit dévoilé. Est-ce qu’en effet, les religions monothéistes ne sont pas dans une dynamique de l’attente, de l’espérance, de la venue du Messie, de temps messianiques, d’un nouvel (second) avènement du Christ voire du Jugement Dernier ? Pourquoi, dans ce cas, ne pas faire accepter l’astrologie dans le concert religieux, sachant que toute religion génère son lot, son cortège, de superstitions et de pratiques magiques3 ?
Suggérons donc de pouvoir se dire, désormais, astrologue dans un contexte religieux et de revaloriser singulièrement l’expression de croyance en l’astrologie. Ce serait donc par une revalorisation de la dimension religieuse de l’astrologie que celle-ci pourrait redorer son blason. Ce qui ne signifie pas qu’il faille entendre LA réponse en restant les bras croisés. Chacun peut préparer et rapprocher cette échéance par ses recherches visant à rapprocher les astres et l’Histoire des hommes, ce que nous avons appelé l’astro-histoire4.
D’ailleurs, les religions monothéistes ne se sont pas privé, au cours des siècles, de recourir à l’astrologie, à tort ou à raison, pour déterminer certaines échéances messianiques ou prophétiques. On pense notamment à un Abraham Bar Hiyya (Savasorda) dit Le Prince, juif de Barcelone, mort vers 1136 et qui avait, assez vainement, désigné, reprenant les travaux sur les conjonctions de Jupiter et de Saturne, d’astrologues arabes, comme Albumasar, la fin du XVe siècle comme celle de la venue du Mashiah. Cet échec ne contribua, d’ailleurs, pas peu au discrédit de l’astrologie à la Renaissance.
En réalité, si l’astrologie avait pu aider à trouver cette date, c’est que précisément les temps tant attendus seraient arrivés, dans la mesure où c’est l’accomplissement même du projet astrologique qui constituerait l’échéance. Or, tant que l’astrologie n’a pas trouvé la bonne formule, elle ne peut être, on le conçoit aisément, que d’une très médiocre utilité, comme dans la fable / parabole de l’aveugle et du paralytique.
Essayons de préciser les enjeux de cette recherche de la bonne équation astrale. Le terme équation nous semble assez approprié puisqu’il s’agit de mettre en vis à vis une certaine combinaison planétaire ou / et stellaire avec certaines activités humaines. Equation donc à deux inconnues, x étant le facteur céleste et y le facteur historique. Il se peut que x soit correct et que y ne le soit pas ou l’inverse comme il se peut que ni x ni y ne le soient. C’est dire que le nombre de formules possibles est infini.
Certains astrologues ont cru pouvoir contourner le problème en posant x comme la totalité du cosmos et y comme la totalité de l’Histoire, ce qui correspond en quelque sorte à une approche polyplanétariste, polythéiste et au fond panthéiste. C’est peu ou prou la position de la grande majorité des astrologues, de nos jours, qui se refuse à opérer un tri pour cerner x (quel ciel ?) ou y (quelle histoire ?).
En revanche, la position monothéiste, transposée dans le contexte de la recherche astro-historique, consisterait à définir x comme étant un seul et unique astre. Précisons qu’il ne s’agit pas là d’astrolâtrie mais de la détermination d’un plan céleste impliquant l’Homme Quant à la détermination de y, on peut se demander si elle n’est pas l’affirmation de l’existence d’un peuple élu - volontiers assigné aux Hébreux - qui serait concerné plus directement par cet astre ainsi privilégié. Au monothéisme correspondrait la thèse d’une monoethnie.
Sans vouloir entrer dans un débat par trop technique, certains pourraient objecter qu’un seul astre ne peut introduire une cyclicité, car il va de soi que si l’Histoire des hommes est liée aux astres, c’est parce que ces astres sont animés d’un certain mouvement dont l’astronomie peut rendre compte et débouchant sur une chronologie. Et de fait, l’astrologie moderne est fondamentalement polyplanétariste, c’est-à-dire que pour elle la notion de cycle implique une combinatoire exigeant au moins deux planètes.
Mais il y a là, selon nous, un contresens : nous avons, pour notre part, élaboré un modèle monoplanétaire, autour de Saturne, la planète la plus lente connue de l’Antiquité5.
Pour structurer le parcours de Saturne, dont la révolution est légèrement inférieure à 30 ans, nul besoin, comme l’avaient suggéré, on l’a vu, les astrologues arabes, de l’associer à la planète Jupiter. Nous avons proposé d’étudier les aspects (selon la terminologie astrologique concernant les angles formés entre deux astres) entre Saturne et certaines étoiles fixes6.
Pour nous, par conséquent, l’inconnue x est constituée par la combinaison Saturne / Aldébaran / Antarés), ce qui ne conduit pas pour autant à un polyplanétarisme puisque seul Saturne est mobile tandis que les deux étoiles dites royales, respectivement de la constellation du Taureau et de celle, opposée, du Scorpion, sont des repères fixes; comme c’est le cas pour une horloge ou, moins anachroniquement, pour un cadran solaire.
Quant à l’inconnue y, nous avons également fait un certain nombre de propositions7. Ce qui nous semble en tout cas évident c’est que l’astrologie horoscopique, articulée sur la carte du ciel, à la naissance, ne saurait coïncider avec le y de notre équation, ne serait-ce que parce qu’elle est fondée sur un x foncièrement polyplanétariste. Ce y horoscopique impliquerait que la vie de chaque individu serait concernée par le x en question.
L’astro-histoire n’est pas censée se modéliser pour rendre compte dans le détail de chaque parcours individuel. Elle a probablement plus à voir avec des phénomènes collectifs - et l’on voit l’opposition entre approche féminine et masculine8, avec ce que l’on appelle généralement l’astrologie mondiale.
Il est remarquable de constater que l’intelligentsia astrologique est traversée par ce clivage entre monoplanétarisme et polyplanétarisme, entre démarches propres à une Histoire collective, donc unitaire et à une Histoire individuelle, donc plurielle.
Jacques Halbronn
Paris, le 28 février 2003
Notes
1 Cf. Moïse et le monothéisme, 1939. Retour
2 Cf. notre étude sur Astrologie et ésotérisme, sur ce Site. Retour
3 Cf. notre thèse, sous la direction de Georges Vajda, Le monde juif et l’astrologie, histoire d’un vieux couple, Milan, Arché, 1985. Retour
4 Cf. notre étude De l’astrologie à l’astro-histoire, sur le Site Cura.free.fr. Retour
5 Cf. notre étude L’astrologie selon Saturne, Paris, La Grande Conjonction, 1994. Retour
6 Cf. notre étude L’astrologie de demain, sur ce Site. Retour
7 Cf. notre étude notamment sur l’astro-polémologie, sur ce Site. Retour
8 Cf. nos études à ce sujet sur ce Site à la Rubrique Xenica. Retour
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