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ASTROLOGICA

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Action directe ou indirecte des astres ?

par Jacques Halbronn

    “Que si on dit que les conjonctions qui adviennent au commencement d’une triplicité estendent
& produisent leur force & puissance jusques au commencement d’une autre triplicité,
c’est une chose du tout fausse & inepte en terme d’astrologie etc.”
1

   La raison pour laquelle la plupart des astrologues se croient obligés de recourir à tant de configurations astrales tient vraisemblablement au fait qu’ils considèrent d’une part que les configurations se limitent mutuellement quant à leurs influences respectives et d’autre part que chaque configuration n’a qu’une durée d’influence limitée.

   Sur le premier point, il est clair que plus on prend en compte un nombre important de planètes et plus celles-ci risquent d’empiéter les unes sur les autres quant à la durée d’influence qu’on est censé pouvoir leur accorder. A contrario, moins on utilise d’astres et plus ceux dont on se sert seront susceptibles de couvrir un champ temporel plus vaste.

   Sur le second point, qui nous intéressera davantage dans la présente étude, la question qui se pose est la suivante : est-ce qu’au fur et à mesure que l’on s’éloigne du point d’impact, les effets ne vont pas en diminuant ?

   En fait, le débat autour de ce second point est lié à la conception que l’on se fait de l’influence d’une configuration, si l’on admet que toute influence concernant l’homme implique la formation d’une configuration spécifique, c’est-à-dire la rencontre en conjonction ou en quadrature (donc à angle droit) entre deux corps célestes, sur le modèle des phases soli-lunaires et, selon nous, de préférence, deux corps de nature différente, ce qui exclut la configuration concernant deux planètes, à commencer par la fameuse “grande conjonction” entre Jupiter et Saturne, chère aux astrologues du Moyen Age et à laquelle il est fait référence dans la citation fournie en exergue, prise chez Claude Duret, un adversaire de l’astro-histoire qui n’en fut pas moins publié par le libraire lyonnais, Benoist Rigaud, lequel à la même époque, faisait paraître des éditions des Centuries de Nostradamus.

   Pour nous, une configuration astrale n’agit pas directement mais indirectement sur le comportement humain. Nous avons déjà eu l’occasion de souligner le fait que pour nous les astres n’avaient pas, par eux-mêmes, vocation à influencer les êtres humains mais que c’étaient bien plutôt ces derniers, selon un long processus d’accoutumance et de diffusion, qui en intégrèrent, depuis des millénaires, certaines manifestations.

   Or, si action indirecte il y a, la question de la durée de l’impact astro-configurationnel se pose autrement, dans la mesure où le phénomène céleste n’aurait qu’un rôle de déclencheur (trigger effect, en anglais).

   Prenons l’exemple d’un coup de pistolet déclenchant le début d’une course cycliste, ses effets se prolongeront tout au long de la dite course, jusqu’à son terme et ce ne sera parfois, que dans la dernière ligne que tout se jouera. En revanche, si je considère quelqu’un voulant atteindre sa cible, plus celle-ci s’éloigne et plus les effets du tir seront insignifiants / impuissants.

   La configuration astrale serait ainsi, nous semble-t-il, à rapprocher du coup d’envoi d’une course cycliste, comparaison d’autant plus tentante que le mot cycle figure dans cyclisme / cycliste ou dans bicyclette. La course se conclue au passage de l’arrivée des participants.

   Si l’on en revient à l’astrologie axiale, la configuration Saturne / axe stellaire Aldébaran / Antarès, n’est que le signal d’un processus, elle n’en est pas la cause et la preuve en est que les effets de ce processus ne seront pas fonction de l’éloignement dans le temps de la dite configuration. C’est l’Homme qui prend le relais et seul un nouveau signal mettra fin au processus ou plutôt en enclenchera un, en sens inverse, comme en une sorte d’aller-retour, où le point d’arrivée devient le point de départ et ainsi de suite.

   Mais, comme nous le disions, il n’est pas question de multiplier les configurations diverses et variées que l’on pourrait aisément constituer en se servant tour à tour de tel ou tel corps céleste. C’est ce que nous avons appelé un recours minimal qui vient confirmer que c’est l’homme qui se sert des astres et non l’inverse et sans overdose. Seul un recours minimal permet d’ailleurs de constituer des phases équivalentes et comparables, à intervalles réguliers, condition nécessaire à toute recherche statistique, visant à montrer, paraphrasant une formule célèbre, que les mêmes phases provoquent les mêmes effets.

   Par effets, il faut entendre ici non pas, encore une fois, de façon directe mais indirecte, c’est-à-dire du fait de la réaction conditionnée des êtres humains à certaines configurations, un peu comme le “chien de Pavlov”. Il ne s’agit nullement ici d’une approche comme celle de J. P. Nicola ou d’un J. P. Citron (Astrologie conditionaliste, COMAC) qui parlent de Pavlov, en astrologie, pour indiquer la constitution progressive d’un lien inévitable de dépendance spontanée par rapport à l’environnement.

   Pour nous, bien au contraire, un tel lien n’offre rien d’inévitable : il ne s’impose pas aux hommes lesquels choisissent une configuration parmi d’autres et il aurait tout aussi bien pu les laisser indifférents, ce qui au demeurant, n’en aurait pas fait des hommes si l’on admet qu’un tel lien, sous une forme ou sous une autre, constitue à terme, à l’instar de la sexuation, un atout considérable dans le struggle for life (Darwin), en ce qu’il libère des énergies par un processus de sous-traitance qui n’est pas sans annoncer l’essor technologique, qui est le nôtre, des millénaires plus tard, mais sans solution de continuité.

   Le lien entre hommes et astres n’est donc nullement soumission à la nature mais instrumentalisation sélective de celle-ci, tant dans la forme que dans le contenu. Car, il faut insister sur le fait que la forme sans le contenu ne suffirait pas : imaginons que l’on parle d’une configuration qui n’aurait pas reçu de sens, ce serait comme une structure vide ou d’un signal qui ne déclencherait rien de spécifique chez qui que ce soit. Nous parlons ici de signaux que l’Homme - ou du moins le vivant qui a conduit à l’Homme - a su se donner et dont on peut aisément imaginer que cela ne pouvait concerner que des processus extrêmement simples, en raison même du degré d’évolution du vivant, à l’époque où une telle instrumentalisation a pu se mettre en place.

   Il faut donc éviter l’écueil qui consisterait à lire dans les astres les propos les plus subtils et les plus complexes, en recourant aux derniers acquis des sciences humaines (psychanalyse, philosophie etc), parallèlement d’ailleurs, comme certains ne s’en privent pas, aux découvertes astronomiques les plus up to date. Il n’en est rien : le signal en question va enclencher des réflexes certes fort rudimentaires mais n’en constituant pas moins un progrès considérable.

   Certes, si le processus en lui-même est des plus frustres, il ne va pas moins s’inscrire dans une certaine culture, en une certaine modernité mais cela vient en sus et cela ne concerne que quelques applications parmi d’autres, sur la très longue durée.

   Par progrès “considérable”, encore faudrait-il s’entendre : Celui qui se fait relayer, qui se décharge sur un processus externe, n’y gagne pas forcément au change, dans l’immédiat ; ce n’est que peu à peu que les avantages liés à une certaine complexité l’emportent s’ils l’emportent. Il est probable que bien des échecs aient été vécus, ceux qui s’essayaient à de nouvelles formules étant écrasés par ceux restant fidèles à de bonnes vieilles recettes. C’est tout le problème de l’innovation.

   Comme nous l’avons expliqué, dans d’autres2, il s’agit là d’une structuration du psychisme humain, de certaines de ses instances, au sens où Freud l’entendait. Le contresens commis par Freud et avec lui par une grande partie de l'humanité, dans un processus de conscientisation inachevé, est de laisser croire que cette structuration est “interne” alors qu’elle est “externe”, ce qui explique peut-être l’hostilité des psychologues envers l’astrologie, quand bien même celle-ci se présenterait comme une astro-psychologie, ce qui veut tout dire et ne rien dire.

   Le psychologue de formation, en effet, sent intuitivement que le fait même de parler d’un rapport entre l’homme et les astres est en contradiction avec l’héritage freudien comme on disait autrefois que cela l’était par rapport à l’idée de Dieu.3 Et l’astrologue comprendrait mieux les réticences du psychologues s’il était mieux conscient de la signification profonde de l’astrologie !

   En effet, tout le processus auquel s’apparente l’astralisation du vivant vise à “vider” l’homme et non pas à le remplir. La sexuation est l’exemple même d’une telle évacuation, d’une telle vacance, d’une telle béance, l’homme se vidant aux dépens de la femme, chargée de porter l’enfant. Mais il n’y a pas que la sexuation et notamment il y a l’astralisation laquelle vise à (faire) sous-traiter certaines opérations qui si elles devaient rester “internes” généreraient des tensions, à commencer par le problème de la conscience. Il faut situer l’altérité dans ce contexte : l’autre devient vraiment un autre, il assure des fonctions qui ne sont pas ou plus les miennes mais précisément parce qu’elles ne sont pas / plus les miennes, elles m’en sont d’autant plus précieuses qu’elles me manquent comme quelque chose auquel je n’ai nullement renoncé mais que j’ai délégué à autrui, dans un processus symbiotique auquel je ne peux plus guère échapper, ce qui peut conduire à un déni d’un tel état de choses qui est à la racine de ce que l’on pourrait appeler antiastrologie (chez ceux qui refusent que le psychisme humain soit lié à un rapport sociétal et pas seulement à un fonctionnement interne, stricto sensu, nostalgie d’un état androgynal révolu), antisémitisme (qui peut aussi émaner des juifs qui ne veulent plus assumer une fonction particulière), antiféminisme (le plus souvent propre aux femmes qui se refusent comme telles, dans une vraie complémentarité).

Jacques Halbronn
Paris, le 28 avril 2003

Notes

1 Cf. Claude Duret, titre abrégé : Discours des changements divers des Empires & Royaumes, Lyon, Benoist Rigaud, 1595, p. 174. Retour

2 Notamment sur le Site Ramkat.free.fr. Retour

3 Cf. notre ouvrage, Le monde juif et l’astrologie, Milan, Arché, 1985. Retour



 

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