BIBLIOTHECA HERMETICA


Accueil ASTROLOGICA NOSTRADAMICA PROPHETICA

PALESTINICA JUDAICA ANTISEMITICA KABBALAH

AQUARICA HYPNOLOGICA GALLICA

Editions RAMKAT




ASTROLOGICA

3

Astrologie mondiale : le baromètre xénique

par Jacques Halbronn

   Faut-il opposer astrologie mondiale et astrologie individuelle ? L’une aurait affaire à une cyclicité longue à l’échelle de l’Histoire, l’autre à une cyclicité courte à l’échelle de l’individu ?

   Faut-il en outre que l’astrologie mondiale dispose de plusieurs cycles distincts, puisque le monde est diversifié, clivé ? Convient-il notamment d’attribuer à tel pays, à telle religion, à tel bloc, une configuration particulière dont on étudierait le cours.

   Les événements mémorables sont certes relativement rares mais est-ce une raison pour conclure qu’il convient de recourir à des cycles couvrant des décennies voire des siècles ?

   A vouloir trop s’appuyer sur les souvenirs scolaires, on finit par construire une Histoire qui échappe aux préoccupations sociales qui interpellent l’individu. Les sociétés, en effet, vivent des changements à un rythme relativement court et c’est celui-ci qui concerne l’astrologie au premier chef.

   Que dans certains cas, ces changements conduisent à des événements gravissimes ne signifie pas pour autant que des événements de moindre amplitude ne correspondent à des configurations astronomiquement équivalentes.

   Il faut accepter l’idée que chaque fois que telle configuration se produit, cela ne se passe de façon dramatique mais assez banalement. Heureusement d’ailleurs. De même, tous les hommes ne sont pas des génies mais il faut être homme pour prétendre accéder à ce stade.

   En ce qui concerne les clivages, ceux-ci sont directement concernés par l’astrologie mais pas comme on le croit trop souvent : il ne s’agit pas en effet de qualifier astrologiquement telle population par rapport à telle autre mais d’être conscient que ces clivages sont susceptibles d’évoluer selon un schéma astronomique.

   Entendons par là que, selon nous, l’astrologie serait la science des clivages et ce non seulement parce que le cycle en lui-même est clivage du fait qu’il distingue une phase d’une autre et fixe la date du passage de l’une à l’autre mais aussi parce que la phase a vocation a conférer aux clivages sociaux une nouvelle expression.

   Autrement dit, l’astrologue qui n’a pas repéré des clivages au sein d’une société ne peut pas prévoir de façon pertinente, puisqu’il ne sait pas à quoi appliquer son modèle. Et il en est de même au niveau individuel : l’astrologue conseil se doit de tracer la carte des clivages qui parcourent l’existence de son patient, à différentes époques de sa vie de façon à se faire une idée de ce qui pourrait se produire à l’avenir.

   On nous fera remarquer que des événements complètement nouveaux peuvent se produire: pour le jeune enfant, cela va de soi puisqu’il n’a encore guère vécu. En revanche, pour la personne d’un certain âge, le passé éclaire le futur et l’astrologue aura vocation à aider à gérer les clivages propres à une personne donnée ou à toute autre entité (notamment l’entreprise) et ces clivages, faut-il le souligner, ne sont pas dans le thème natal, ni même dans le ciel, ils sont une donnée contextuelle qu’il revient à l’astrologue de constituer, au cours de l’entretien.

   Ces considérations ne signifient pas que le recours à une cyclicité courte ne nous permette pas de situer des événements importants mais chaque fois qu’une certaine phase se produira, un événement grave ne sera pas systématiquement au rendez-vous. Et d’ailleurs la fonction de l’astrologie n’est pas d’annoncer de tels événements, mais d’étudier l’histoire des clivages, ceux-ci étant au demeurant nécessaires à la vie de toute société.

   Chaque société a ses clivages et ils sont de toutes sortes, tant aléatoires, conjoncturels que nécessaires structurellement. C’est le jeu de ces rapports de force, de ces alternances, entre les divers clivages qui est la matière première de l’Histoire cyclique.

   En ce sens, nous rejoignons Karl Marx lequel élabore une prospective et cerne - certes sans recourir à l’astronomie - des étapes de l’Humanité, s’articulant sur la Lutte des Classes (cf. le Manifeste du Parti Communiste, 1848).

   Le récent film de Martin Scorsese, Gangs of New York, a bien montré, récemment, comment à certains moments, certaines différences peuvent s’exacerber, notamment entre « natifs » et « immigrés ». Ces clivages tendent à terme à se résorber, mais ils resurgissent tôt ou tard tant ils sont nécessaires à la vie de la société en ce qu’ils impliquent une certaine complémentarité et une certaine symbiose.

   Illustrons notre propos par la Découverte de l’Amérique à laquelle parvint Christophe Colomb, en 1492. Nous avons là une phase « étrangère » (maison IX, dans le jargon astrologique), une recherche de nouveaux horizons mais qui se manifeste par le refus de certaines limites. C’est d’ailleurs en cette même année 1492 que nombre de Juifs espagnols partent en exil et sont accueillis notamment au sein de l’empire ottoman, en raison d’une remise en question de la symbiose judéo-chrétienne dans la péninsule ibérique. C’est aussi la reconquista du sud de l’Espagne par les Chrétiens et l’annexion / Anschluss de Grenade et de quantité de Musulmans, donc la fin d’une ligne de démarcation qui coupait l’Espagne en deux.

   La question de l’étranger, de ce qui est considéré comme étranger est, selon nous, un débat majeur de l’histoire des peuples et la guerre, en tant que telle, n’en est qu’une manifestation parmi d’autres. Plutôt que de guerre et de paix, il vaudrait mieux parler, passant de l’historique au sociologique, de fonctionnalité xénique. Autrement dit, à quoi sert l’étranger, à un moment donné, pourquoi fait-on « appel » à lui ? Nous dirons que tantôt l’image de l’étranger permet aux groupes de se différencier les uns par rapport aux autres, et tantôt la perspective xénique est un gage d’ouverture, de résolution des tensions internes aux groupes, pouvant conduire à une forme de symbiose. Dans chaque cas, il peut y avoir ou ne pas avoir guerre, laquelle n’est qu’un moyen pour recadrer la relation entre le groupe et l’étranger, aussi bien celui qui vit au sein du dit groupe que celui qui est séparé par une frontière qui sera ou non respectée. Toutes les guerres ne se ressemblent pas dans leur finalité même si, au niveau des moyens, elles offrent des traits communs.

   Est-ce que pour rendre compte astrologiquement d’un tel événement, il est nécessaire de faire appel à une configuration astronomique exceptionnelle ? Nous ne le pensons pas ! Nous expliquons cet événement au moyen d’outils qui ne lui sont nullement réservés. Mais heureusement qu’il n’éclate pas tout le temps des événements aussi graves de même que l’on peut se féliciter de ce que chaque homme ne soit pas un grand créateur. Où irait-on, sinon ?

   Nous avons élaboré un nouveau paradigme en astrologie mondiale, celui de l’astrologie axiale. Nous avons essayé de retrouver quels avaient pu être les repères célestes des premières sociétés, par delà la question du soleil et de la lune. Nos travaux nous ont peu à peu conduits, au cours d’une trentaine d’années, à privilégier la planète Saturne, la plus lointaine des astres errants, connus de l’Antiquité et donc la plus proche du plan des étoiles fixes, à une époque où les distances étaient mal connues. Parmi ces étoiles fixes, un axe naturel ressort nettement, celui de deux étoiles de première grandeur connues aujourd’hui, en astronomie, sous le nom d’Aldébaran et d’Antarés, aux antipodes l’une de l’autre. Selon nous, ce serait les configurations formées par Saturne, jouant le rôle d’aiguille, donc mobile, avec cet axe immuable, jouant le rôle des chiffres inscrits sur une horloge ou un cadran solaire, qui détermineraient les phases majeures de la vie des sociétés, chaque phase correspondant à sept ans environ, ce qui évoque le Songe de Pharaon et son interprétation par Joseph en terme de nombres d'années. La phase de conjonction de Saturne avec l’axe correspondrait à un processus, tous moyens confondus, de séparation, xénique tandis que la phase de quadrature (écart de 90° entre la planète et l’axe) correspondrait à un processus de rapprochement, peu importe qu’il fût pacifique ou belliqueux.

   C’est ainsi que 1492 se situe au début, voire à l’approche, de la phase de quadrature de Saturne avec l’axe Aldébaran-Antarés qui est la base de notre astrologie -axiale - ce qui rend bien compte de cette volonté de repousser les frontières. En 1969, la « conquête » de la Lune, avec les premiers pas humains, se situait en pleine phase de quadrature, faisant d’ailleurs suite, en France, à Mai 68 qui correspondait aussi à une sorte de challenge, à une volonté de sortir d’un certain carcan nationaliste. Mais c’est toujours dans cette même phase de quadrature qu’eut lieu la Guerre des Six Jours, en juin 1967, qui permit la (re) conquête de Jérusalem par l’armée israélienne. (cf. L’astrologie selon Saturne, Paris, La Grande Conjonction, 1994). Des événements bien différents mais qui sont synchrones et relèvent d’un même tropisme d’abolition des frontières.

   Pourtant, cette quadrature de Saturne se produit tous les quinze ans, c’est dire qu’elle n’a vraiment rien d’extraordinaire d’un point de vue astronomique. Elle n’appartient pas au registre de la guerre ou de la paix qui nous semblent des distinctions assez peu pertinentes D’ailleurs, on notera que les maisons astrologiques parlent d’une maison des voyages (axe III / IX), mais pas d’une maison de la guerre, même si la guerre peut être rattachée à la maison VII mais seulement comme option.

   Il importe donc de renforcer la notion de synchronie. Ce mot évoque, le plus souvent, chez les astrologues, le rapport de l’Homme aux astres mais, pour nous, il signifie plus encore le rapprochement entre les hommes mus par les astres. L’enjeu synchronique consiste à (dé)montrer que les événements survenants à la même époque, en des lieux différents, ont des points communs et plus généralement ceux qui ont lieu au cours des mêmes phases et ce à des siècles de distance.

   Ces points communs, ce sont les caractéristiques principales des deux phases qui nous intéressent (conjonction et quadrature à l’axe Aldébaran-Antarés), l’une marquée par l’aquarisme (en l’honneur de l’Ere du Verseau) et l’autre par son contraire (zodiacalement, ce serait le Lion, le « léonisme »).

   L’aquarisme, c’est l’idée d’une fin des temps, d’une fin des cycles et des clivages tandis que le léonisme serait l’affirmation du tout cyclique et par conséquent de la permanence des clivages puisque sans clivage il n’y a pas de cycle tout comme sans au moins deux partis, il n’y a pas d’élection.

   On ne saurait, donc, pour un astrologue, se déclarer aquariste puisque c’est la négation de ce qui fait son travail. Cette théorie de l’Ere du Verseau a été intégrée un peu imprudemment par les astrologues contemporains. Et d’abord, parce qu’elle correspond à un cycle long, de plus de 2000 ans pour une seule phase ! Ensuite parce que ce système ne fait pas appel aux planètes qui sont à la base de l’astrologie contemporaine. Mais surtout parce que l’idéologie Verseau est celle d’une remise en cause radicale de l’ordre ancien dont l’astrologie est la manifestation la plus radicale. (cf. Michel Lacroix, L’idéologie du New Age, Paris, Flammarion,1996) Le rapport entre aquaristes et astrologues est assez comparable à celui des Chrétiens par rapport aux Juifs, il y a là tentative de débordement des schémas traditionnels.

   Nous pensons donc que le modèle astrologique doit être sensiblement dépouillé, nettoyé - et là nous évoquerons un certain protestantisme de notre part face au catholicisme de l’astrologie traditionnelle : Kepler, qui se voulut réformateur de l’astrologie n’était-il point protestant ?

   Nous prônons un cycle court et unique. Nous refusons de plier, d’adapter l’astrologie à la diversité apparente des choses. Nous pensons au contraire qu’il revient à l’astrologie de ne pas rentrer dans ce jeu et de faire ressortir les ressemblances, du point de vue de Sirius.

   Nous rejetons l’idée selon laquelle l’astrologie serait la lecture du message des astres comme si l’humanité recevait de temps à autre quelque courrier en provenance des étoiles. Une telle théorie renvoie à une idée chaotique du ciel, à l’époque où on n’avait pas encore, du moins dans certaines sociétés, cerner la course de certains astres et où le ciel restait encore largement imprévisible pour l’astronomie. Les comètes d’ailleurs maintiendront ce statut de messager ponctuel jusqu’au XVIIIe siècle. Il est étonnant que certains astrologues en soient encore à une astronomie / astrologie de présages !

   Nous croyons, bien plutôt, que l’astrologie traite de l’ordre du monde et non des miracles. Elle a à voir avec un certain plan visant à apporter aux hommes une certaine dynamique en lieu et place du chaos préexistant. Mais ce qui est remarquable avec l’astrologie, c’est qu’elle nous parle aussi des phases où la structure s’entrouvre pour laisser s’exprimer le rêve d’un paradis perdu où le temps n’existait pas encore. En ce sens, l’astrologie aurait intégré ses propres contradictions. On pense à Perséphone / Proserpine passant six mois en Enfer et six mois avec les hommes. Les hommes eux aussi partagent leur temps en deux périodes égales, une phase de lumière qui fait ressortir les reliefs et une phase d’ombre où tous les chats sont gris.

Jacques Halbronn
Paris, le 29 janvier 2003



 

Retour Astrologica



Tous droits réservés © 2003 Jacques Halbronn