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ASTROLOGICA

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La dimension “hypno” et la déontologie de l’astrologue

par Jacques Halbronn

    Ayant développé un nouveau concept - l’hypno1 - nous entendons ici en montrer les applications au champ de la recherche astrologique. Il nous semble notamment que le recours au facteur “hypno” est susceptible de renforcer les positions de l’astrologie face à la critique ordinaire.2 Rappelons brièvement que le concept “hypno” implique des activités sur lesquelles nous n’exerçons plus vraiment de contrôle, vis à vis desquelles notre vigilance est peu ou prou en sommeil (en grec, hypnos) mais qui n’en sont pas moins fort actives et déterminantes.

   En ce qui concerne l’apparition de l’astrologie, nous dirons que grâce à “hypno”, on peut expliquer la mise en place du lien entre les hommes et certaines configurations astrales par le basculement d’une pratique consciente vers une pratique subconsciente, sans avoir à passer par la thèse habituelle d’une influence des astres dont on découvrirait peu à peu la réalité, qui serait progressivement conscientisée. Nous préférons un système à trois temps : conscient / inconscient / conscient à un système à deux temps inconscient / conscient.

   En ce qui concerne la perpétuation du lien sur une très longue durée et au sein de cultures qui ne passent plus guère, sauf chez les astronomes, par l’observation du ciel par le plus grand nombre, nous dirons que cette observation persiste mais qu’elle se situe sur un plan inconscient, ce qui signifie, en gros, que nous étudions le ciel, sous certains angles, c’est le cas de le dire, sans le savoir. L’astrologie en ce sens serait un hypno-savoir, c’est à dire un savoir faire latent mais toujours agissant.

   Abordons à présent la question de la prévision au regard d’hypno. Il faut préalablement insister sur le fait qu’une prévision n’est pas aisée à vérifier ou à infirmer, ce qui devrait rendre les protagonistes du débat autour de l’astrologie assez prudents. C’est précisément dans la mesure où chacun est catégorique en termes d’échec ou de réussite que la discussion dérape. Mais les astrologues eux-mêmes ne se privent de parler d’échec ou de réussite à propos de leurs confrères, montrant ainsi le mauvais exemple.

   La question de la réussite ou de l’échec prévisionnel est d’abord fonction de la nature de la prévision ? Si une prévision est mal formulée, c’est mal parti, soit parce qu’elle sera d’emblée à peu près irréalisable soit parce que elle se réalisera forcément d’une façon ou d’une autre. Il faut se méfier des prévisions qui réussissent, en apparence, mais qui ratent parce que la fois d’après, avec les mêmes données, on n’aura pas le résultat escompté, c’est ce que l’on peut appeler un échec rétrospectif ou rétroactif.3

   L’approche comparative est très profitable : quand on compare deux périodes censées être analogues sur le plan prévisionnel, le point commun se dégage assez nettement et fait ressortir des éléments auxquels on n’aurait peut être pas songé spontanément. Or, quelque part, cet élément qui ainsi se déduit est essentiel, c’est par lui que le courant astral, si l’on peut dire, passe. Quant au reste, c’est du contingent, quand bien même ce contingent aurait eu des effets considérables, comme, par exemple, de recevoir un pot de fleurs sur la tête. C’est le privilège de l’astrologue de décider ce qui est ou n’est pas important, au niveau du plan céleste. Le reste, c’est bon pour les voyants et il ne faut pas mélanger les genres.

   Au demeurant, toutes les prévisions peuvent connaître un semblant de réalisation, il suffit de chercher un peu. Le seul problème, vous diront les astrologues, c’est quand le client a oublié, a refoulé des informations ou fait tout simplement preuve de mauvaise volonté pour donner du sens à ce qu’on lui annonce. Autrement dit, les choses arrivent mais on ne sait pas toujours que ce sont elles. Avec le recul, on découvre, si on est bien guidé par un homme de l’art, quel était le véritable enjeu et ce qui était secondaire et cela vaut évidemment pour le futur, ce qui permet d’aller droit à l’essentiel et d’avoir les bonnes priorités.

   Certes, ce qui dépend de l’astrologie - et nous pensons évidemment à l’astrologie axiale plus qu’à toute autre forme d’astrologie - n’épuise pas la réalité de la vie et parfois d’autres facteurs que nous qualifierons d’aléatoires, mais qui sont liés aussi à l’âge ou au sexe qui ne le sont guère, interfèrent et pèsent lourdement et durablement. Mais on ne peut pas dire que ces événements là, non astrologiques, fassent véritablement sens, qu’ils s’inscrivent dans un projet à long terme de l’Humanité, qu’ils en constituent un chaînon indispensable.

   Il en est de même des prévisions d’un astrologue : si elles ne relèvent pas d’un système cohérent et récurrent, c’est peine perdue. Ce qui manque à la plupart des astrologues, c’est précisément la ligne directrice, tant ils recourent à quantité de paramètres, ce qui fait un peu décousu sinon chaotique. Rien ne vaut un beau modèle immuable et aux significations définies une fois pour toutes. L’astrologue qui, d’entrée de jeu, a des outils médiocres et précaires est disqualifié, il joue à la roulette en espérant que la chance sera de son côté, en dépit d’un équipement de fortune, c’est le cas de le dire. Ces astrologues là sont dangereux pour la profession et littéralement la déconsidèrent.

   Car selon nous l’astrologue doit faire simple, dès lors qu’il ne prétend que mettre le doigt que sur ce qui fait sens astralement parlant et qu’il a réduit le rôle des astres à l'essentiel. Telle doit être sa déontologie.

   L’astrologue ne doit pas davantage être réduit au seul client qu’il a en face de lui mais doit pouvoir s’appuyer sur un ensemble de travaux, les siens et ceux d’autrui qui vont dans le même sens que sa pratique. Entendons par là qu’il n’a pas à donner de gages de sa science en dépassant son niveau de compétence, uniquement à cause d’un client qui ne comprend pas de quoi il s’agit et le prend pour un voyant, lequel fonctionne non pas dans le nécessaire mais dans le contingent.4

   Au fond, il convient que l’astrologie soit capable de dire à son client : “En faisant cela, vous avez fait fausse route”.5 Ce qui implique que l’astrologue soit aussi au fait de tout ce qui peut faire dévier quelqu’un du droit chemin. Il y a là un paradoxe intéressant : si on veut accéder à l’essentiel, il faut savoir repérer ce qui ne l’est pas : le “bruit” qui vient grésiller sur la ligne astrale. Il convient de prévoir ce qui peut se passer de non astrologique, d’aberrant astrologiquement parlant, les erreurs d’aiguillage, les confusions, les quiproquo, pour détecter l’astrologique tout comme un expert en tableaux doit connaître toutes les ficelles employées par les faussaires.

   Que l’on nous comprenne bien, cependant : il ne s’agit pas de laisser entendre que si l’astrologue n’intervenait pas il ne se passerait rien de ce qui doit, astrologiquement, se passer mais il est en revanche à craindre, que l’importance accordée à l’événement d’ordre astrologique puisse être éclipsée, minimisée. Il s’agirait donc plutôt d’un rééquilibrage, d’un recentrage.

   En effet, vu que nous sommes programmés à nous comporter d’une certaine manière, nous nous y conformons et cela plus inconsciemment que consciemment mais sans avoir pour autant le sens des proportions, avec donc un fort risque de dispersion. Le rôle de l’astrologue serait donc d’encourager son client à renforcer tel pôle plutôt que tel autre et ainsi de le recadrer par rapport à une certaine cyclicité qui se manifestera tout au long de sa vie. Ajoutons que c’est là un enjeu non pas seulement diachronique mais synchronique en ce qu’une telle réorientation permettra au client d’être mieux en phase avec ses congénères, lesquelles passent par les mêmes phases. Il est clair qu’aux yeux de l’astrologue, son client ne saurait en aucun cas être perçu comme un cas unique : l’astrologue n’a pas à entrer dans le jeu d’une sorte de monade irréductible mais à insérer son client dans un destin collectif, aussi inconscient soit-il. Il est vrai que la clientèle féminine tend à pousser l’astrologue vers la justification d’une sorte de bulle individuelle mais précisément, il peut être salutaire pour la clientèle féminine de voir les choses différemment.

   Pour illustrer notre propos, nous rappellerons les catégories de l’astrologie axiale, à savoir les notions de compatibilité et de non compatibilité.6 Ce sont donc bien sur la manifestation de ces notions que l’astrologue devra veiller, un peu comme le psychanalyste freudien “auscultera” le complexe d’Oedipe chez chacun de ses patients, en prenant en compte les possibles pathologies.

   Ainsi, l’astrologue aura pour tâche de discerner le vrai du faux en ce qui concerne le vécu de ses clients, entendons par là au regard de la logique astrologique. Quand un client se trouvera face à une alternative, l’astrologue devra lui montrer quelle est le choix qui fait sens, qui correspond à l’esprit de la phase traversée, en termes de compatibilité et de non compatibilité.

   En phase de non-compatibilité (NC), la priorité est de se placer en terrain de connaissance, de vivre avec des personnes qui nous sont proches, à divers points de vue, en évitant l’exotisme, sous toutes ses formes. Ce n’est pas le moment de partir à l’étranger ou de fréquenter des étrangers mais au contraire de fréquenter des gens qui nous ressemblent, d’aller vers un maximum d’intercompréhension. L’astrologue devra donc conseiller à son client d’opter pour la solution de proximité.

   En revanche, .en phase de compatibilité (C), c’est une logique inverse qui prévaudra et face à l’alternative qui se présentera, on choisira de mener à bien des expériences plus dépaysantes, moins marquées par la qualité de compréhension mais par l’enrichissement de nouvelles expériences, inédites, par delà les repères familiers. L’étranger - pays ou / et personne - devient alors un pôle significatif et porteur.

   Pourquoi une nécessaire alternative ? Si l’on admet, selon la logique hypno, que des processus inconscients ou subconscients sont à l’oeuvre, ceux-ci ne sauraient manquer, de toute façon, de se manifester mais ils n’auront pas forcément, pour autant, le champ libre, ne serait-ce qu’en raison de l’héritage de la phase précédente dont certains effets devront être pour le moins réévalués.

   Au demeurant, le passage d’une phase à l’autre n’implique pas à chaque fois des ruptures radicales et il importera de gérer les transitions, optimalement, selon un positionnement en activités majeure et mineure. Bien des couples survivent et surmontent de tels changements de phase mais cela ne se déroule pas pour autant aisément, cela implique des aménagements, des arrangements, des attentes, puisque chaque phase est toujours d’une durée limité à quelques années, sept au maximum. Il est probable que les choses se font de façon hypno, c’est-à-dire selon une logique qui échappe peu ou prou aux protagonistes. La présence de l’astrologue n’est donc pas un impératif mais elle peut cependant être bénéfique, notamment dans le conseil conjugal, ne serait-ce que parce que l’astrologie est prospective et qu’un homme averti en vaut deux. Il nous semble notamment que l’astrologue doit souligner que rien n’est linéaire, ni irréversible, définitif : quelque part, tout est provisoire. A chacun d’apprendre à vivre, alternativement, dans un double registre du compatible et du non compatible et de vivre pleinement l’un et l’autre, à tour de rôle, ce qui permet, à chaque fois, d’entrer sereinement dans une nouvelle phase, après avoir épuisé les plaisirs de la phase précédente.

   Il nous semble que ce faisant le métier d’astrologue ne saurait désormais être en quoi que ce soit confondu avec celui de voyant, une fois l’astrologie dépouillée de ses pans divinatoires et la relation au client recentrée sur l’appartenance de l’être humain à une histoire collective et millénaire qui a ses exigences au niveau hypno.

Jacques Halbronn
Paris, le 3 juin 2003

Notes

1 Cf. la rubrique Hypnologica, sur le Site Ramkat.free.fr. Retour

2 Cf. “Le dialogue entre astrologue et astronomes”, Site Ramkat et sur Astrofred.com/mouvement/article.html. Retour

3 Cf. le cas André Barbault, in “Heurs et malheurs de l’astrologie mondiale”, Site Cura.free.fr et sur le Site Faculte-anthropologie.fr. Retour

4 Cf. notre étude sur la revue en ligne Etoile & Planète, Estrella y Planeta, “De lo previsible a lo imprevisible: la astrologa como meta-fsica”, Site Astrofred.com/mouvement/article.html. Retour

5 Cf aussi notre étude L’astrologue face à son client. Les ficelles du métier, Paris. Ed. La Grande Conjonction, 1995. Retour

6 Cf. notre étude “Le débat entre astrologues et astronomes”, opus cité. Retour



 

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