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ASTROLOGICA

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L’astrologie et la question du mal

par Jacques Halbronn

   Quelles sont les limites de l’astrologie ? Doit-elle rendre compte des catastrophes, des crimes voire de la mort ? Certainement pas, selon nous, comme des phénomènes inévitables. Autrement dit, la gravité d’un événement n’est pas inscrite dans les astres, ce qui ne signifie pas que l’événement n’appartienne à une catégorie de possibilités qui échappe à l’astrologie. Il n’est en tout cas pas nécessaire d’essayer de trouver une configuration rare pour traiter d’une situation perçue comme une calamité puisque un tel résultat aurait pu, tout aussi bien, ne se pas se produire.

   Certains astrologues prétendent avoir pris conscience d’un tel écueil, mais en même temps ils sont prisonniers de leur propre savoir qui les conditionne à voir les choses d’une certaine façon.

   En effet, on parle, en astrologie, de bonnes et de mauvaises planètes, de bons et de mauvais aspects / transits, voire de bonnes et de mauvaises “maisons” dans le thème natal. Une telle terminologie nous semble regrettable et déplacée. Car le ciel se situe au delà de telles contingences.

   Tout ce qui traite du mal en astrologie serait selon nous à situer dans le cadre de l’astromancie et est à considérer comme parasitaire et favorisant certains excès au niveau de la consultation.

   En effet, dès lors que l’astrologue annonce quelque chose de mauvais, on risque fort de basculer dans la recherche des moyens pour l’éviter, pour le neutraliser. En revanche, si pour l’astrologie le mal n’était qu’une éventualité jamais une certitude, certaines pratiques n’auraient guère de raisons d’exister. Il n’y aurait plus de tentation à vouloir corriger un “mauvais” destin ou à s’en protéger en souscrivant à quelque “assurance” contre un malheur annoncé. Il a existé une magie astrologique (cf. notre ouvrage Le Monde juif et l’astrologie, Milan, Arché, 1985) articulé sur la pratique religieuse juive, visant à neutraliser un mauvais destin supposé connaissable.

   Le devin peut éventuellement être plus formel sur ce qui attend son client, alors que l’astrologue devrait rester sur sa réserve car il ne peut, pour sa part, se projeter dans l’avenir au point de savoir exactement ce qui va avoir lieu au bout du compte.

   Combien de fois faudra-t-il répéter que l’astrologie a à voir avec le cours normal des choses et non avec les complications qui peuvent se présenter. L’astrologue est un peu comme un gynécologue qui explique les étapes qui se succéderont et prépare sa cliente en conséquence, mais qui ne prévoit pas pour autant les accidents qui peuvent se produire de façon inopinée.

   Pour nous, l’astrologie a été élaborée par les hommes et donc ne saurait comporter d’éléments négatifs mais seulement dialectiques. En revanche, pour ceux qui croient que les hommes sont dominés par les astres qui les auraient en quelque sorte façonnés, l’idée que certains astres pourraient avoir des effets nocifs n’est pas à exclure. Imaginons en effet que les astres soient mis en analogie avec la météorologie : il y aurait des tonnerres, des éclairs, des raz de marée dévastateurs qui menaceraient cosmiquement l’Humanité. Pour nous le rapport des hommes aux astres est l’expression de la Culture et non de la Nature.

   L’astrologie n’a donc pas à s’encombrer d’une dualité du bien et du mal qui diviserait en deux camps son clavier comme des notes blanches et d’autres noires.

   Ce n’est pas, en effet, parce que l’astrologue n’annoncerait pas de drames qu’il ne se passerait rien dans la vie de son client. Il est, en effet, des échéances obligées auxquelles il importe de se préparer et qui sont des passages nécessaires à la bonne marche des sociétés et au plein épanouissement de la personne, tout comme le passage d’un âge de la vie à un autre.

   Il nous semble déontologiquement important que l’astrologue se fasse une idée aussi claire que possible du cours normal des choses plutôt que d’annoncer des événements sans disposer d’un cadre général. Qu’on le veuille ou non, la vie n’est pas qu’une succession d’aléas, elle obéit également et avant tout à un certain plan offrant un minimum de cohérence et de logique, dont l’astrologie a à traiter.

   Il y a des astrologues qui prétendent pouvoir annoncer des guerres ou des gens qui reprochent aux astrologues d’avoir “raté” telle guerre comme si l’astrologie était censée en traiter. Il est même des astrologues, comme André Barbault (cf. Les astres et l’Histoire, Paris, Pauvert, 1967) qui ont établi une courbe permettant d’expliquer pourquoi certaines périodes impliquent des guerres et d’autres non. Nous ne pensons pas que les guerres se ressemblent entre elles et qu’elles correspondent à une configuration particulière du ciel. Pas plus d’ailleurs que les conflits intérieurs à l’individu (cf. A. Barbault, De la psychanalyse à l’astrologie, Paris, Seuil, 1961) ou encore ses maladies.

   En ce sens, nous sommes opposés à tout lien entre astrologie et médecine qui permettrait de savoir à l’avance de quel mal physique ou psychologique une personne va souffrir. Laissons cela aux médecins et autres thérapeutes qui travaillent sur le terrain, c’est-à-dire après coup ! Il y eut certes dans le passé une alliance entre astrologie et médecine, mais la médecine a su se délester des éléments astrologiques qui s’étaient glissés dans son corpus, renonçant par là même à modéliser le contingent imprévisible.

   On ne saurait accepter davantage l’idée que les astres sont des messages d’avertissement de malheurs que les hommes recevraient de temps à autre, cela convenait à une époque où l’on ignorait le mouvement régulier des astres et singulièrement celui des comètes, qui ne sera élucidé qu’au XVIIIe siècle, avec le retour de la Comète de Halley.

   Certes, l’astrologue peut signaler certains risques, conseiller les meilleurs moyens pour négocier certains tournants, mais il ne peut préjuger du résultat final, sans faire appel à la divination qu’il serait bien inspiré de laisser à un spécialiste plutôt que de vouloir être à la fois astrologue et devin.

   Ne jouons pas sur les mots : nous avons dit que des éléments divinatoires s’étaient glissé dans l’astrologie, ce qui signifie que l’astrologue “sérieux” devrait renoncer à une partie de son bagage, et cela vaut pour le thème astral lui-même qui est avant tout un support divinatoire adapté au cas de chaque individu, alors que la plupart des arts divinatoires ne disposent pas d’un schéma constant, que l’on garde toute sa vie durant, sauf, peut-être, la numérologie.

   Certes, l’astrologie rencontre naturellement les notions de jour et de nuit, mais elles ne sauraient ici être assimilées au bien et au mal. Il s’agit bien plutôt de la proximité, de ce qui reste en vue (jour) face à l’éloignement où l’on se perd de vue (nuit). Une des questions qui restent les plus préoccupantes pour les gens n’est-elle pas celle de leur départ sous d’autres horizons ou le retour vers des régions familières ? Or, ces changements sont souvent formateurs et correspondent à un vrai besoin de renouvellement, de dépaysement ou au contraire de ressourcement.

   Comment, par ailleurs, annoncer un mal quand généralement c’est aussi un bien pour l’adversaire dans le cas d’un conflit où il y aura un vainqueur et un vaincu ? Il conviendrait que l’astrologie commençât par déterminer quelles sont les forces en présence qui pourraient l’emporter tour à tour. Pour cela, il faudrait se demander quelle est la pertinence des clivages qui sont causes d’affrontements faisant vraiment sens, c’est-à-dire répondant à un besoin social.

   Certes, un astre doit passer par des phases successives, mais ce n’est pas une raison pour qualifier celles-ci de bonnes ou de mauvaises, selon que les aspects qui se forment notamment entre deux planètes sont réputés bénéfiques (trigone [120°] , par exemple) ou maléfiques (carré [90°], par exemple). Cette façon de charger les aspects de valeurs positives ou négatives nous paraît fâcheux, il vaudrait beaucoup mieux que la formation de certains aspects soit considérée comme annonçant un changement de phase, sans recourir pour autant à une terminologie manichéenne et annoncer des crises, sans distinguer celles qui correspondent à une croissance et celles qui détruisent les perspectives.

   On comprend bien sûr la tentation de la part des astrologues de qualifier certains astres de bons et d’autres de mauvais, car c’est ainsi laisser entendre que le ciel est à l’image des hommes et /ou vice versa. C’est ainsi que les trois planètes découvertes au delà de Saturne (Uranus, Neptune, Pluton) sont toutes trois perçues comme dangereuses par l’astrologie moderne, ce qui montre à quel point celle-ci est loin d’avoir pris ses distances par rapport à l’idée d’astres malfaisants. Il serait préférable de ne pas vouloir charger les astres de tous les aléas de la condition humaine, mais plutôt d’essayer de rechercher dans cette condition ce qui relève d’une dimension cosmique, c’est-à-dire nécessaire.

   C’est ainsi que nous considérons que Saturne n’est nullement une mauvaise planète comme on peut le lire dans les manuels d’astrologie, mais simplement un marqueur de temps, une aiguille progressant au travers des étoiles fixes dont, dans l’Antiquité, elle était considérée comme l’astre mobile le plus proche. Rien de ce qu’annonce l’astrologie n’est en soi mauvais, cela correspond à une nécessité du fonctionnement des sociétés, sans qu’il soit besoin de parler du karma. L’essor de l’astrologie dite karmique depuis une vingtaine d’années montre bien à quel point la pensée astrologique contemporaine est obnubilée par l’idée d’expliquer le mal, quitte à se référer à des fautes commises dans une vie antérieure ! Dire que l’astrologie nous renseigne, au travers du thème natal, sur les épreuves que nous devons subir ne revient-il pas , une fois de plus, à diaboliser celle-ci ?

   On peut d’ailleurs se demander - ce qui serait un comble - si parfois l’astrologie ne vise pas à affirmer que le Mal est incarné par les astres, que ce sont eux qui sont porteurs de malheur : le Mal serait la marque du Ciel; sans le Ciel, le Mal n’existerait pas ! Si quelque chose de terrible nous arrive, il faudrait s’en prendre aux astres maléfiques ou aux aspects dissonants. Héritage de civilisations et de religions - notamment en Perse - qui voyaient le monde comme le théâtre d’un combat fatal entre le Bien et le Mal.

Jacques Halbronn



 

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