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ASTROLOGICA

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Les résultats astrologiques Gauquelin
et la question des classifications populaires

par Jacques Halbronn

    Pour démontrer la valeur non pas de l’astrologie en général - ce qui ne veut rien dire - mais de telle ou telle loi esquissée par tel chercheur, il importe d’établir une certaine méthodologie. Il vaut mieux employer l’adjectif astrologique que le nom astrologie car le nom tend à se vouloir exhaustif alors que l’adjectif signifie simplement que cela a quelque chose à voir avec le champ astrologique.

   Si l’on considère les résultats Gauquelin, on note que leur mise en oeuvre aura été singulièrement facilitée par le fait que les classifications qu’il s’était proposé d’analyse relevaient d’un certain consensus social, à savoir un certain nombre de groupes professionnels, bien répertoriés.

   Mais procéder ainsi signifiait que l’humanité se conformait en quelque sorte instinctivement et bien docilement à un certain ordre cosmique.1

   Or, nos recherches, en astrologie mondiale, nous ont montré que nos sociétés ne sont pas nécessairement conscientes des structures cosmiques qui les agissent. Ce serait trop beau !

   En effet, de + quelle typologie / taxinomie événementielle pertinente dispose-t-on actuellement en science politique ? A part les notions séculaires de guerre et de paix, qui sont à l’évidence insuffisantes, les formes de guerre et de paix étant multiples et surtout aucune alternance ne pouvant être établie autour d’un tel couple. Autrement dit, + le chercheur en astrologie ne dispose pas d’une classification tant synchronique que diachronique qui soit acceptable et il lui revient d’en susciter.

   En revanche, en ce qui concerne les résultats Gauquelin, il semblerait qu’une telle classification puisse préexister et se prêter aux recherches et aux contrôles astrologiques. Et c’est pourquoi Michel Gauquelin n’a eu qu’à étudier des répertoires professionnels (acteurs, savants, sportifs, hommes politiques etc.) notamment ceux qui recensent les personnes ayant le mieux réussi dans leur domaine, selon quatre groupes liés à la Lune et aux planètes Mars, Jupiter et Saturne plus le cas, un peu particulier, de Vénus. Dont acte.

   Rappelons que le système décrit par Gauquelin recourt à l’axe horizontal que périodiquement ces astres coupent, avec lequel ils sont conjoints et la position en quadrature des dits astres par rapport au dit axe. Gauquelin préfère parler de passage de ces astres au Milieu du Ciel mais nous préférons, pour notre part, présenter les choses ainsi et ce, pour une excellente raison, c’est que cela permet ainsi d’établir un parallèle avec notre propre modèle, en astrologie axiale, à savoir le passage de Saturne sur l’axe Aldébaran-Antarès (A & A) et la quadrature de Saturne à ce même axe. Nous pensons, en effet, qu’il est préférable de supposer une sensibilisation des hommes à un seul axe plutôt qu’à deux, pour des raisons d’économie structurelle.

   On comprendra pourquoi dans le système Gauquelin, on a besoin de plusieurs astres mobiles alors que dans le nôtre on peut se contenter d’un seul. En effet, la synchronie exige un découpage dans l’espace, autour de plusieurs vecteurs, fonctionnant en parallèle; tandis que la diachronie fonctionne sur la base d’un découpage dans le temps et peut donc tout à fait se contenter d’une seule planète.

   S’il est certes délicat d’oeuvrer sans classifications qui ne soient pas préétablies par la société, on peut cependant recourir à certains critères permettant d’opérer des sélections et des classements. Mais le risque existe que l’on reproche au chercheur d’avoir, lui-même, effectué les choix qui l’arrangent. On peut toutefois contourner une telle objection en faisant faire le travail de sélection indépendamment. Toujours est-il que Gauquelin n’a pas eu à procéder ainsi, mais fut-ce un bien ?

   Imaginons, en effet, que, pour telle ou telle raison, le classement socioprofessionnel n’eut pas été possible ou qu’il n’eut pas donné de résultats concluants, cela n’aurait pas mis, pour autant, fin à la recherche, dès lors que d’autres classifications, non traditionnelles, non reconnues, mais néanmoins concevables, eussent donné, elles, des résultats. Nous avons, en effet, exposé notre thèse selon laquelle les structures conscientes, c’est à dire formulées explicitement, n’étaient pas nécessairement celles dont la recherche astrologique avait à traiter.

   Nous avons reproché à Michel Gauquelin - et on nous en a voulu - de ne pas disposer d’une théorie pour rendre compte de ses résultats. Il nous semble nécessaire, en effet, de justifier anthropologiquement toute mise en relation de configurations astrales et un certain nombre d’activités sociales, dans la mesure où pour nous c’est là le fondement même de la réalité astrologique, au sens hypnologique du terme. Et il nous semble tout aussi nécessaire de montrer la cohérence et la mise en oeuvre des dites activités au sein de notre société, tout comme nous avons défini les phases hypno plus et moins au niveau de l’organisation du temps astro-social.2

   Le problème, c’est que si l’on ne recourt pas à des classifications existantes, on ne peut plus procéder comme l’a fait Gauquelin et, on l’a dit, la constitution de groupes devient autrement plus délicate mais, en même temps, le découpage est susceptible d’être plus satisfaisant intellectuellement. Pourquoi ne pas associer ces groupes, par exemple, aux typologies hypno + e hypno - ? Certaines phases favoriseraient davantage tel groupe plutôt que tel autre. Est-il au demeurant nécessaire que l’on ait quatre ou cinq catégories socioprofessionnelles quand deux suffisent ? Selon P. Guinard3, la pensé astrologique se situerait “matriciellement”, au delà du deux alors que pour nous, elle s’articule autour de la dualité.

   Nous ne sommes donc pas loin de penser que seules deux planètes seraient vraiment agissantes, comme Mars, la planète rouge et Saturne, la planète jaune. Mars correspondrait aux valeurs hypno plus et Saturne aux valeurs hypno moins. Les “martiens” seraient ceux qui remettraient en question les structures, les clivages existants alors que les “saturniens” - que Gauquelin associent aux scientifiques - s’efforceraient avant tout de les expliciter. Mars, précisons-le, est un des astres dont les résultats ont été, statistiquement, les plus nets. A contrario, on peut supposer que les autres planètes n’ont pas de véritable corrélation avec des typologies sociales.

   Les Martiens seraient plus appréciés, plus aux premières loges, en phase hypno +, plus expansive et les Saturniens en phase hypno -, plus restrictive. Bien entendu, nous définirons comme Martiens ceux qui naissent alors que Mars est conjointe ou en quadrature par rapport à l’horizon de naissance et comme Saturniens, ceux qui offrent les mêmes particularités en ce qui concerne le mouvement de Saturne. On pourrait donc parler d’une alternance et d’une alternative Mars-Saturne, Saturne servant de surcroît à un autre niveau, puisque c’est le pivot de l’astrologie axiale.

   On pourrait donc supposer que les gens se divisent entre ceux qui sont sensibles, de façon hypno-consciente, au passage de l’astre rouge sur l’horizon natal ou en quadrature avec celui-ci et ceux qui sont sensibles au passage de la planète jaune, dans les mêmes conditions.

   Ainsi, il nous apparaît que Michel Gauquelin est resté, par trop, prisonnier d’une conception environnementale, aristotélicienne, de l’influence astrale et ne s’est pas rapproché d’une conception instrumentalisante, ce qui l’aurait incité à ne pas accepter plus de deux planètes dans son système pour actionner une alternance de phases. Il est vrai que Gauquelin ne s’intéressa pas à démontrer la cyclicité des événements sociaux, même si ses ouvrages comportent souvent des résumés de recherches en ce domaine (chronobiologie etc.).

   A partir d’une telle théorie, Gauquelin aurait pu, effectivement, choisir tel groupe professionnel comme pouvant illustrer, ne serait-ce que ponctuellement, une telle catégorisation, ce qu’il a fait en l'occurrence pour les sportifs. Mais dans ce cas, il ne se serait pas agi d’affirmer que tel astre est lié à telle activité professionnelle mais que telle activité s’inscrit peu ou prou dans le champ plus large du dit astre.

   André Barbault est tombé, à la même époque, dans les années Soixante, dans le même travers que Gauquelin quand il essaya de présenter un modèle4 qui rendrait compte, en quelque sorte statistiquement, des périodes de guerre et de paix. Il est évidemment tentant de chercher à coller avec les représentations en vigueur.

   Il semble que la nouvelle recherche en astrologie doive procéder selon une autre démarche épistémologique: d’une part, se situer dans une cohérence anthropologique, de l’autre en élaborant ses propres classifications ou du moins en ne cherchant pas systématiquement à récupérer celles qui sont en vigueur.

   En tout état de cause, il nous semble que l’on ne puisse et ne doive séparer les deux grands pôles de recherche, synchronique-caractérologique et diachronique - cyclique, comme on l’a fait jusqu’ici. Soulignons que la référence zodiacale est évacuée dans un cas comme dans l’autre, tout autant dans le thème astral traditionnel, articulé autour de l’ascendant / horoscope mais qui utilise aussi le zodiaque que dans l’étude des cycles célestes, abandonnant l’idée (chorographique) selon laquelle selon le signe où telle configuration aurait lieu, on connaîtrait le pays où celle-ci agirait.

   La recherche astrologique n’a pas à être à la traîne des représentations sociales populaires (professionnalité, événementialité type image d’Epinal), elle se doit d’induire une réflexion en profondeur sur les fondements de l’organisation sociale et de rappeler que celle-ci passe par un recours à certaines configurations célestes, articulées sur des axialités et des dualités aussi épurées que possible.

   On ne peut que déplorer à quel point, même chez les chercheurs en astrologies les plus ambitieux, on en reste à vouloir recouper le langage de Monsieur Toulemonde. Il est peut-être temps que la recherche astrologique s’efforce de viser un peu plus haut, ce qui exige, évidemment, de sortir du cadre de la consultation astrologique, dont le propos est bel et bien de recouper, sur la base du thème natal, ce que le client a dans la tête, au risque de cracher dans la soupe.

Jacques Halbronn
Paris, le 10 juillet 2003

Notes

1 Cf. nos études sur Gauquelin in “La pensée astrologique”, en prologue à Histoire de l’astrologie de S. Hutin, Paris, 1986 et en postface aux Personnalités Planétaires de M. Gauquelin, Paris, Trédaniel, 1992. Retour

2 Cf. nos études dans l’Encyclopaedia Hermetica, rubrique Astrologica. Retour

3 Cf. sa thèse, sur le Site Cura.free.fr. Retour

4 Cf. notre étude “Heurs et malheurs de l’astrologie mondiale française, au XXe siècle”, Site Cura.free.fr. Retour



 

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