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ASTROLOGICA

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Pour une archéologie des savoirs astrologiques
(à l’occasion d’une confrontation avec les thèses de Geoffrey Dean)

par Jacques Halbronn

    A la suite de notre réflexion sur le débat Dean-Ertel1, nous avons reçu le texte suivant de Geoffrey Dean, connu internationalement pour le projet Recent Advances, consistant à faire le bilan de la recherche astrologique :

    “Your response to my work was very interesting. You note that my findings are relevant to the idea, postulated by you and Arno Muller, of hypno-knowledge. You note also how your position differs from mine, and from Ertel’s, and may even reconcile them. In essence, you suggest the Gauquelin results cold be explained if, in ancient times, social behaviour was in accordance with celestial beliefs. Your projective theory sees ancient people behaving according to celestial positions at birth because that was the custom. People wished such connections to exist. Thus neo-astrology is actually an archaeo-astrology, where the necessary celestial hypno-knowledge arose as an arbitrary choice made long ago, not as something transmitted from stars to men by means unknown.
OK, but this seems like speculation. Why should we prefer the hypno - knowledge to have lasted in an unspecified way from unspecified ancients when it is there in the almanacs ? Rather than reconciling Ertel’s objections it would seem to make them worse.
Also, your original idea was that men’s beliefs have become genetically imprinted (Halbronn 1986). Muller’s idea was that men born under prominent planets were given high status and were expected to have more offspring. This biological advantage became naturally selected (Muller 1990). The problem of course is that the inheritance of acquired characteristics may have been championed by Lamarck, but today it is largely discredited. We would want to see much more evidence for its existence before we can accept its role in your ideas. These points aside, I was relieved to see that you found no mistakes in my general arguments ! ”

   La différence entre l’approche de Dean et la nôtre tient probablement au fait que votre réflexion ne concerne que les résultats liés aux recherches de Gauquelin et l’explication du chercheur australien concernant le savoir disponible dans les almanachs ne vaut que pour ce cas de figure.

   En revanche, si l’on cherche à inclure d’autres données que celles de Gauquelin et notamment celles que nous avons réunies dans le domaine de l’astrologie mondiale, l’explication de Dean ne suffit plus car l’importance accordée à Saturne dans ses rapports avec l’axe stellaire Aldébaran / Antarès ne fait pas partie du bagage astrologique accessible au public. Il convient donc bien dans ce cas de parler d’un hypno-savoir, c’est-à-dire d’un savoir à la fois à l’oeuvre et cependant non transmis de façon livresque. Bien évidemment, on a le droit de contester la validité de nos résultats concernant ce que nous appelons l’astrologie axiale.2

   Dean situe notre théorie explicative du côté de Lamarck et il a tout à fait raison. Nous pensons, en effet, que l’astrologie ne parviendra pas à se justifier épistémologiquement sans une reconsidération de la question de la transmission des caractères acquis et toute tentative pour contourner ce problème conduit à passer de Charybde en Scylla. On peut même dire que l’astrologie est le fer de lance du néo-lamarkisme et qu’elle doit se poser comme telle car là est le vrai challenge, le nouveau front, beaucoup plus que la question de l’influence des astres sur l’homme, que l’on peut expliquer, selon nous, par un processus d’instrumentalisation, qui n’exige aucune capacité intrinsèque des astres à nous influencer.

   Ce qui est intéressant, anthropologiquement, avec l’astrologie, c’est le décalage entre l’astrologie telle qu’elle est actuellement répandue et les résultats de la recherche astrologique qui font apparaître une autre forme d’astrologie. Et c’est justement un tel gap qui apporte un certain crédit à la thèse de l’hypno-savoir. Le cas le plus remarquable est l’importance accordée par l’astrologie dominante aux signes solaires zodiacaux et l’absence de ces signes des travaux de recherche astrologique les plus sérieux, tant en astrologie liée à la naissance qu’en ce qui concerne l’astrologie mondiale (mundane astrology).

   Une autre différence existant entre nous, c’est que l’astrologie n’est pas notre seul sujet de préoccupation3 et que nous cherchons à expliciter bien d’autres phénomènes que la seule question des rapports entre l’homme et les astres.

   Mais restons dans ce domaine : si l’on s’intéresse par exemple au fait que certains organismes sont réceptifs au cycle lunaire (mollusques, végétaux etc), on peut évidemment dire qu’ils sont avertis de ce cycle et qu’ils s’y conforment. A la différence de l’humanité, nous n’avons pas de moyens de faire apparaître le gap> entre savoir conscient et savoir inconscient. On se contente donc, le plus souvent, d’affirmer que ces organismes ont pris l’habitude de se diriger selon la Lune et par conséquent qu’il n’est pas nécessaire qu’il existe pour eux un hypno-savoir. Cependant, ce qu’on appelle instinct nous semble assez proche de l’idée d’hypno-savoir et en fait nous pensons que les animaux fonctionnent essentiellement de façon hypnologique. Ce qui caractérise, a contrario, l’humanité, c’est que coexistent deux niveaux de savoir4 qui se croisent et alternent.

   Autrement dit, nous pensons que les travaux de Gauquelin sont un argument très fort en faveur de l’hypno-savoir néo-lamarckien et que vos explications tendent, en effet, à éviter ce type d’explication, du moins pour le cas précis des dits travaux.

   En ce qui nous concerne, si l’on fait abstraction de l'approche de l’auteur de Recent Advances, des résultats Gauquelin, ces résultats seraient précisément la preuve de la validité du néo-lamarckisme et ne peuvent donc être réfutés en raison de l’impossibilité d’une telle représentation des choses.

   On notera d’ailleurs que parmi les adversaires de l’astrologie, nous n’avons pas connaissance de l’argument anti-lamarckiste et il nous semble intéressant que le débat se déplace sur ce terrain car l’astrologie n’y serait plus seule et serait englobée dans tout un ensemble de phénomènes. L’astrologie doit, selon nous, prendre le “train” du néo-lamarckisme, c’est là un enjeu épistémologique majeur.

   Dans l’état actuel des choses, trois modèles sont en présence en ce qui concerne l’explication de l’astrologie :

   1° - le modèle grec n°1 “platonicien / néo-platonicien”
La thèse principale est que nous participons à une même structure que le cosmos et que le ciel est “en nous”. En lisant les astres, comme un livre ouvert, c’est en nous que nous lisons. L’homme serait, par essence, un être cosmique.
Objection : l’astrologie serait condamnée à considérer que tout ce qui existe aurait un rapport avec le cosmos et, ce faisant, ce serait un savoir virtuel, sans limites et impossible à circonscrire.

   2° le modèle grec n° 2 “aristotélicien”
La thèse principale est que les hommes sont marquées par des structures qui s’imposent à eux et qui appartiennent à l’univers cosmique. Les astres agissent sur les hommes, de façon inconsciente et peu importe l’importance qu’ils leur accordent. L’astrologie, en tant que science, aurait peu à peu pris conscience de cette influence.
Objection : Cette position implique que les astres soient capables d’agir, du moins dans certains domaines, sur les hommes, en dépit de leur distance, et qu’ils ont des vertus spécifiques selon un certain ordre cosmique.

   3° le modèle franco-allemand “Halbronn-Müller”
La thèse principale que nous avons résumée par le concept d’hypno-savoir - de savoir en quelque sorte endormi (en anglais dormant) est que les astres n’agissent que par la volonté des hommes mais qu’au bout d’un certain temps, les hommes ne contrôlent plus le système.
Objection : cela suppose la transmission de caractères acquis ou du moins d’une habitude innée à rechercher certaines informations et à s’y conformer.

   4° le modèle australien “Geoffrey Dean”
La thèse principale en est que c’est le savoir astrologique qui agit sur les comportements de la population laquelle cherche à se conformer à certaines configurations astrales.
Objection : ce modèle n’est pas stable et ne s’inscrit pas dans une temporalité longue. On peut imaginer, du jour au lendemain, d’autres croyances astrales conduisant à d’autres résultats statistiques. Pourquoi, par exemple, les hommes, dans ce cas, ne tiendraient-ils pas compte de Mercure, qui fait partie intégrante du savoir astrologique des almanachs ? Dans le système de Dean, il n’est pas nécessaire d’observer le ciel, il suffit de consulter des livres. En revanche, dans notre système, une observation hypnologique du ciel est indispensable et l’absence de Mercure peut très bien s’expliquer par le fait qu’il est difficilement observable, repérable, en raison de sa proximité par rapport au soleil. Mercure nous semble donc le point faible du modèle de Geoffrey Dean.

   Conclusion : nous ne contestons pas qu’il y ait plusieurs niveaux de savoirs et de conscience et que ces différents niveaux soient susceptibles d’interférer les uns par rapport aux autres. Il est tout à fait intéressant, en tout cas, de placer cette interférence entre plusieurs types d’astrologies, ce qui conduit à une sorte d’archéologie du savoir astrologique.

   Nous voudrions insister, pour finir, sur un point qui pourrait prêter à confusion : il ne s’agit nullement pour nous de supposer que le ciel circule dans nos veines et qu’il imprime en nous sa structure. Il n’est nullement nécessaire de supposer que nous ayons en nous la mémoire ou la connaissance des mouvements célestes.

   La théorie de l’hypno-savoir est plus économique: elle implique simplement un savoir-faire (un know-how), elle suppose que nous ayons un tropisme qui nous pousse à nous renseigner, à capter certaines informations, à observer le ciel pour nous orienter. Les travaux de Gauquelin nous semblent confirmer ce point de vue : le processus de la naissance serait lié à une prise en compte de certains signes célestes bien définis et ne pouvant être modifié par la prise en compte d’autres données planétaires ; c’est cette quête d’ information qui constitue le rôle de facteur déclenchant (trigger effect).

   Et de ce fait, les astronomes seraient en quelque sorte ceux qui seraient les plus marqués par cet hypno-savoir, du fait de leur intérêt conscient pour le ciel. Il est possible que sans cet hypno-savoir l’astronomie ne serait pas ce qu’elle est et ne passionnerait pas autant de gens. On aurait donc là un paradoxe : les plus farouches adversaires de l’astrologie seraient ces astronomes qui seraient en fait la meilleure illustration du lien qui s’est crée entre les hommes et les astres et d’ailleurs un des arguments récurrents chez les astronomes à l’encontre des astrologues, c’est que les astrologues ne connaissent pas le ciel, ne l’observent pas.5

Jacques Halbronn
Paris, le 10 juillet 2003

Notes

1 Cf. Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr; rubrique Astrologica. Retour

2 Cf. nos présentations dans l’Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr, rubrique Astrologica. Retour

3 Cf. la rubrique Hypnologica, dans l’Encyclopaedia Hermetica . Retour

4 Cf. notre étude sur “hypno + et hypno -”, sur E. H.. Retour

5 Cf. notre article sur “le dialogue entre astronomes et astrologues”, sur E.H.. Retour



 

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