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Esquisse d’une Histoire du nostradamisme
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Les textes sont à l’instar des Etats voués à certaines vicissitudes à caractère cyclique. Nous voudrions ici montrer ce qui s’est passé dans les années 1580.1 En fait, il nous semble possible de recourir à nos travaux sur l’astrologie pour consolider nos recherches nostradamologiques.
Il nous semble assez évident que les Centuries vont subir le contrecoup des événements de cette période et passer successivement par une phase hypno + puis par une phase hypno - pour employer notre jargon.2
La phase hypno + est marquée par un processus d’expansion, et donc par une certaine démesure. Elle débute, à l’époque, avec les années 1581 - 82, lorsque Saturne s’approche du signe tropique des Poissons, ce qui le place au carré (90°) de l’axe Aldébaran - Antarés, c’est-à-dire à mi chemin de ces deux étoiles fixes diamétralement opposées.
C’est alors que va paraître pour la première fois un ensemble à mille quatrains, alors que jusque là il n’y avait eu que sept centuries. Mais la Roche Tarpéienne est proche du Capitole et ce bel ensemble allait très vite se fissurer à l’approche de la phase hypno -. Lorsque Saturne atteint le signe des Gémeaux, et se rapproche de la conjonction avec Aldébaran, en 1588.3
En effet, à partir de 1588 et peut-être déjà de 1587, l’édifice centurique part en morceaux, à l’image d’ailleurs du consensus politique qui débouche sur une véritable guerre civile, notamment à la suite de l’assassinat du duc de Guise.
A la lumière de cette analyse propre à l’astrologie axiale, il n’y a plus rien d’étonnant à ce que l’on ait ainsi basculé d’une ère centurique à une autre, l’une étant marquée par des centuries complètes, l’autre par des centuries tronquées ou coupées en deux, tant et si bien que les éditions parisiennes ne comprennent plus les Centuries VIII à X ni l’Epître à Henri II.
Autrement dit, la dynamique centurique obéirait, logiquement, au cycle saturnien tel que nous l’avons repensé - en dehors de la Tradition astrologique - et aurait ainsi alterné des phases de flux et de reflux, d’expansion et de repli.
A la suite de la phase de repli, on retrouvera bien entendu une nouvelle phase d’expansion, conduisant notamment à annexer les sixains et à remplir un vide. On pourrait ainsi utiliser la grille astrologique pour dater certains textes caractéristiques de la phase hypno + ou au contraire hypno - ou pour refuser une chronologie improbable, à la lumière du dit cycle binaire. Les années 1611 - 1612 semblent ainsi avoir pu favoriser une nouvelle période expansive des Centuries, la production d’éditions troyennes (Chevillot et Du Ruau) datées de 1568, et comportant les Sixains, voire les Présages (quatrains des almanachs), avec l’approche de Saturne à nouveau du carré à l’axe Aldébaran-Antarés mais c’est aussi l’époque où l’on parle du mariage de Louis XIII avec une princesse espagnole, attitude caractéristique d’une phase hypno +.4
Les phases hypno + sont donc des phases expansives, martiennes5 elles favorisent le syncrétisme et les Centuries sont bel et bien marquées par un tel processus. A ces moments là, tout ce qui ressemble à du Nostradamus, surtout si c’est versifié, se voit ainsi aggloméré, quelle qu’en soit l’origine.
Inversement, en phase hypno -, on devient beaucoup plus regardant et on évacue ce qui semble incompatible, ce qui appartient à un autre camp religieux notamment.
On comprend mieux ainsi cette alternance dans l’Histoire des Centuries, du moins telle que nous la décrivons par ailleurs, de périodes de gonflement et de dégonflement. Mais il ne faudrait pas imaginer que telle phase ramène les choses où elles étaient précédemment. Il y a chaque fois transformation : thèse et antithèse. Les Centuries à dix quatrains de 1584, antidatées à 1568 n’ont pas exactement, loin de là, le même contenu que d’autres éditions ultérieures également antidatées à 1568, même si l’on cherche à donner l’illusion de la continuité.
Il nous apparaît donc qu’une histoire des Centuries en liaison avec l’Histoire de France, sous l’angle de l’astrologie axiale, sur environ un siècle, de la mort de Michel de Nostredame (1566) jusqu’aux éditions hollandaises, parues 100 ans plus tard (1667 - 1668) serait doublement utile, tant au niveau de la recherche nostradamologique qu’à celui de la recherche astrologique et singulièrement accordée au personnage même de Michel de Nostredame, astrophile à sa façon.
Un second volet pourrait d’ailleurs concerner l’Histoire contemporaine de la recherche nostradamologique qui subit, elle aussi, les effets du cycle saturnien. La période actuelle s’inscrit bel et bien dans la même dynamique d’alternance.
La parution de l’ouvrage de Pierre Brind’amour, Nostradamus astrophile (Ottawa, 1993) voit l’expression d’un certain consensualisme nostradamique et fait parfaitement contraste avec nos travaux.6 Or, en 2000, on est passé d’une phase hypno + à une phase hypno -, avec la conjonction Saturne / Aldébaran, à nouveau formée comme en 1588. Le phénomène est d’autant plus marquant qu’en 2003, les projecteurs sont concentrés sur Nostradamus dont c’est le 500e anniversaire de la naissance.
Le contexte actuel est effectivement caractéristique d’une phase hypno -, marquée politiquement en France par la fin de la cohabitation, à partir de 2002. Et ce à double titre : d’une part, parce que la représentation du corpus nostradamique fait l’objet de notre part d’une reconsidération radicale, de l’autre parce que cela suscite, de ce fait même, de vives réactions et contribue à scinder le milieu des nostradamologues, désormais, lui-même, clivé comme on peut le voir notamment dans le n° 26 du CURA, en des camps apparemment irréconciliables.
On notera que la fin des années 1980, en phase hypno - avait correspondu à la rivalité entre les deux entreprises bibliographiques des chercheurs lyonnais, Robert Benazra et Michel Chomarat, à laquelle nous avions contribué en éditant le RCN, en 1990, peu de temps après l’ouvrage de Chomarat et Laroche. Une sorte de clivage s’instaurait entre exégètes, commentateurs plus ou moins prophétisants d’une part et bibliographes et universitaires de l’autre. et le Colloque de Salon en 1989, en plein milieu de phase hypno -, avait consacré une telle fracture qui en préparait une nouvelle pour quinze ans plus tard.
Que se passera-t-il lorsque Saturne entrera à nouveau en phase hypno +, à partir de 2006 - 2007 ? On peut penser que les esprits commenceront à se calmer et qu’un nouveau consensus entre nostradamologues s’établira, sur des bases plus saines.
On pourrait d’ailleurs faire les mêmes observations au niveau des chercheurs en astrologie, d’autant que le clivage semble en partie coïncider avec celui qui concerne les nostradamologues, d’où d’ailleurs la signification de la présente étude.
Dans ce milieu également, les fractures se font jour, ce qui, au demeurant est tout à fait sain et normal. Menant également un combat visant à dégager l’astrologie d’une tradition syncrétique et entérinée au sein d’un certain canon, nous avons en face de nous, entre autres, un Patrice Guinard, le patron du CURA, Site très fréquenté, comme dans le domaine nostradamique, avocat d’une astrologie7 d’une seule pièce, caractéristique d’une approche hypno + penchant vers le syncrétisme et qui plaide pour la conservation de tout ce qui s’est accumulé au cours des siècles alors que nous pensons que l’hypno-savoir astrologique est clôturé depuis belle lurette.8
Les travaux statistiques de Gauquelin ont été perçu en leur temps comme appartenant à ce que nous appelons un courant hypno -., à partir des années 1955 - 56, quand Saturne approchait d’Antarés, au début du Sagittaire. Ils tendaient en effet à introduire un clivage au sein des chercheurs en astrologie entre ceux qui acceptaient la Tradition globalement et ceux qui ne voulaient entendre parler que des données vérifiées par le calcul des probabilités. Mais, par la suite, en phase hypno +, de telles recherches furent intégrées et récupérées.
En ce qui nous concerne, dans une optique hypno -, nous pensons nous situer dans la continuité de la démarche gauquelinienne, mais en explorant une cyclicité stellaro-planétaire qu’il n’avait guère prise en considération.
Qu’est-ce qui conduit les uns à se situer plus en phase avec hypno + et d’autres avec hypno - ? Nous pensons que cela correspond à des tempéraments différents qui pourraient correspondre au type martien et au type saturnien, au sens Gauquelin du terme.9 Le saturnien tend à restreindre son champ, à le rendre plus homogène, tandis que le martien chercherait plutôt à le laisser aussi ouvert que possible, se sentant à l’étroit dans un certain cloisonnement tant diachronique que synchronique. On peut certes penser que l’approche hypno - se méfie de la modernité, veut faire prévaloir les premiers acquis aux dépends de nouveaux éléments, chers à l’approche hypno +. Cette quête de nouveauté est parfaitement légitime à condition cependant de ne pas tenter de la nier en prétendant que ce qui est nouveau a toujours été, dès l’origine, comme dans le cas Nostradamus. Or, c’est précisément de telles positions qui nient, en fait, qu’il y ait eu des solutions de continuité, que nous combattons car il s’agit là d’un moyen terme assez bâtard.
La dénonciation des faussaires, des contrefaçons, des notions astronomiques factices, conduit, en phase hypno -, à une certaine décantation, à un dégraissage alors que la phase hypno + est plutôt inflationniste et volontariste, refusant de se limiter et de se restreindre. A l’arrière-plan des controverses, il y a bien des différences de philosophies, de valeurs existentielles. Chacun, finalement, défend des principes opposés qui ont tous leurs raisons d’être mais qui ont aussi leurs excès et leurs dérapages. L’alternance entre ces différentes sensibilités est nécessaire.
Jacques Halbronn
Paris, le 16 juillet 2003
Notes
1 Cf. notre étude sur les ères centuriques, Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr. Retour
2 Cf. notre étude sur la cyclicité hypno plus et hypno moins, E. H.. Retour
3 Cf. Les grandes Ephémérides de Gabriel, Tome I; 1500 - 1699, Paris, Trédaniel, s. d., pp. 178 et seq. Retour
4 Cf. nos Documents inexploités sur le phénomène Nostradamus, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002, pp. 160 et seq. Retour
5 Cf. notre étude sur l’astrologie et les classifications populaires, dans l’E. H.. Retour
6 Cf. Le texte prophétique en France, thèse soutenue en 1999, diffusion Atelier National de Reproduction des Thèses, Lille, 2003, les Documents Inexploités, janvier 2002 et toute l’activité sur le web, sur les Sites du Cura.free.fr et Ramkat.free.fr, à partir de l’Eté 2002. Retour
7 Cf nos observation sur son Manifeste, in E. H.. Retour
8 Cf notamment notre débat avec Geoffrey Dean, sur E. H. , rubrique Astrologica. Retour
9 Cf. notre étude sur les classifications populaires, op. cit. Retour
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