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ASTROLOGICA

52

Colloque “Astrologie et Destinées”


Sommaire :

1 - Compte rendu, par J. Halbronn
2 - Réaction de G. Verrier


1

Compte-rendu
par Jacques Halbronn

    Le dernier colloque astrologique (25 octobre 2003) vient de se terminer à Lyon, organisé par le RAO (Rassemblement des Astrologues Occidentaux). Le terme de Destinées dans l’intitulé annonçait des exposés consacrés à la prévision, sous différents angles.

   Comment en 2003 parlent les astrologues français, au bout de trente années riches en congrès - on célébrera en 2004 le premier de cette série unique dans l’histoire de l’astrologie française et qui ne semble d’ailleurs pas prête de s’interrompre - on n’est pas loin d’une centaine de ces événements ?

   Pour l’acteur-observateur que nous sommes, un astrologue des années Trente n’aurait pas vraiment été dépaysé, une fois effectués quelques ajustements mineurs. On a discuté allègrement sur la maison XII, ce qu’elle était et n’était pas, sur les bons et les mauvais aspects et ce qu’il fallait en attendre, sur les planètes en exil, sans parler des bonnes et mauvaises planètes “que l’on sent passer”, comme Uranus ou Pluton, et tout à l’avenant.

   Autrement dit, les bases restent fondamentalement les mêmes et on en est encore à disserter sur la meilleure façon de vivre son thème, sans bien entendu que le langage astrologique ait été remanié et que ses composantes aient été élaguées de l’apport divinatoire.

   On a donc définitivement l’impression que l’astrologie s’est installée dans un ronronnement. Le seul problème ne serait donc pas dans le discours de l’astrologie immuable mais dans sa traduction en langage contemporain.

   Cela dit, la tendance qui domine semble être de gommer autant que faire se peut les distinctions, de montrer que du bon peut sortir du mauvais et vice versa.

   De même on ne réfléchit plus sur la nature de la relation entre l’homme et les astres, on se contente de parler d’intégration de la planète, sans chercher à comprendre comment s’effectue un tel processus et surtout comment il a pu se mettre en place à l’échelle du destin collectif de l’Humanité, puisque, selon l’astrologie, les astres sont un élément constitutif du destin de notre planète Terre. Point donc de considérations d’ordre anthropologique ou historique sur le savoir astrologique et son évolution. Nous étions dans une sorte d’intemporalité, l’astrologie se réduisant désormais à un langage, ni plus ni moins.

   Ce qui nous a le plus frappé, en fait, c’est qu’à aucun moment au cours de cette journée d’études, on ait parlé de la différence de destin entre l’homme et la femme. Silence d’autant plus assourdissant que les intervenants étaient répartis assez également entre les deux sexes.

   On aura donc fait l’impasse sur le masculin et le féminin, ce qui signifie, en pratique, que l’astrologue se soucie, a priori, comme d’une guigne que son client soit un homme ou une femme. On nous dira que ce refus de la différence est bien dans l’air du temps, celui de l’ “ère de la ressemblance”, selon l’expression d’Elisabeth Badinter. Mais il ne nous semble pas que l’astrologie ait beaucoup à gagner à suivre une telle pente.

   En réalité, cela ne fait que souligner la toute puissance du thème natal qui relativise toute autre considération. Si quelque chose existe, c’est dans le thème DONC pas la peine d’introduire des éléments extérieurs à l’astrologie: tout est et doit être dans ce “noyau dur” qu’est le thème, selon une formule entendue. Et de toute façon, ne sommes-nous pas avant tout des individus, n’est-ce pas ?

   On est loin du conditionalisme à la Jean-Pierre Nicola, tant par l’absence totale d’approche critique des données astrologiques que par l’indifférence à ce qui n’est pas stricto sensu astrologique. Avant d’aller plus loin, constatons donc ce que 30 ans de colloques astrologiques français ont donné et demandons-nous comment une telle situation est possible. Rappelons aussi que les travaux de Gauquelin dont les premières publications atteignent les 50 ans n’ont eu finalement aucun impact sur le milieu astrologique tel qu’il se présente aujourd’hui. Bien plus, de nombreux chercheurs, tels Yves Lenoble ou Patrice Guinard, pourtant formés à bonne école, sont venus mettre leur talent au service d’une astrologie pléthorique et contente de l’être. Il semble d’ailleurs que pour certains d’entre eux, une certaine imprégnation en Histoire de l’Astrologie aurait contribué à les convaincre de l’existence d’une astrologie éternelle (prisca astrologia) où tout serait bon, rien ne serait à jeter, comme dans le cochon. Les astrologues seraient donc constipés, ils ne sauraient plus évacuer et cela ne sent pas très bon !

   En fait, à propos de congrès, il n’y a pas eu continuité dans la qualité et ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Il suffit de mettre quelques noms à la suite sur un programme et le tour est joué. Les congrès sont à la mode mais comme toute mode, elle n’est faite que d’apparences quand il n’y a pas un meneur de jeu suffisamment tonique et capable de lancer et de relancer, de faire rebondir, le débat. Même les tables rondes sont détournées de leur sens : d’abord parce qu’elles sont un prétexte à ne pas poser de questions après chaque exposé et ensuite parce qu’en laissant la parole à la salle, on renonce à conduire un vrai débat, digne de ce nom. On peut donc dire que l’ère des congrès aura connu dans les années 70 - 80, une phase évolutive et dans les années 90 - 2000, une phase involutive. On ne s’étonnera pas dès lors de la crise du recrutement, des vocations chez des jeunes esprits de qualité, qui sévit dans le milieu astrologique et qui fait dire à certains, à juste titre, qu’il n’y a pas de relève et que le niveau baisse. Il est vrai que nous-mêmes ne nous serions probablement engagés dans cette voie si les réunions astrologiques des années Soixante n’avaient montré un autre visage de la recherche et de la réflexion dans le champ astrologique.

   Mais revenons à l’impasse faite consciemment ou inconsciemment sur le destin au masculin et au féminin et que personne ne traita parce que cela ne lui fut pas demandé par les responsables du dit Colloque. Un Gilles Verrier en eut été capable, ne serait-ce que par son rapport à Jung et aux archétypes mais il n’en a pas traité.

   A la différence des précédents colloques du RAO, celui-ci n’avait même pas de prétention interdisciplinaire. On peut se demander pourquoi: comme si la notion de destinée était réservée aux astrologues ! Il eut été éminemment tonique de s’informer sur la représentation de la destinée chez des psychologues, des sociologues, des anthropologues, voire des théologiens. On a donc eu droit à une astrologie unisexe et aucun astrologue ayant pris la parole n’a aucune moment signalé que la femme avait un autre destin que l’homme, ce qui est quand même assez sidérant et révèle à quel point ces astrologues sont enfermés dans leur ghetto et ne voient le monde qu’au travers du thème astral. Sont-ils dès lors en mesure d’aider leurs clients / patients ? On peut sérieusement en douter !

   Il se trouve que nous nous sommes longuement intéressés à la condition d’homme et à celle de femme et à ce qui les distingue.1 Nous avons montré que la vie d’une femme ne se construisait pas comme celle d’un homme, qu’elle ne progressait pas selon la même logique. On devrait donc s’attendre au minimum à ce que les configurations astrales (transits, directions, thème horaire, voire planètes en maisons etc) n’aient point les mêmes effets, sur un homme ou sur une femme.

   Il importerait de comprendre que l’on ne peut prévoir dans le vide : si je dis à quelqu’un qu’il va manger, encore faut-il que je connaisse ses habitudes alimentaires et si je dis à quelqu’un que les choses vont changer pour lui, encore convient-il que j’aie une idée assez précise du type de changement qui est susceptible normalement> de se produire pour le type de personne dont il s’agit. Francine Mercier-Gouiran insista sur ce qui pouvait distinguer un astrologue d’un voyant. Nous dirons que l’astrologue se situe dans la normalité des choses. On attend pas d’un astrologue qu’il annonce quelque chose d’exceptionnel, mais la notion d’exceptionnel est fonction d’une définition correcte de ce qui est normal pour la personne considérée. Il y a des évolutions qui sont normales et nécessaires et celles-là entrent dans le champ de la pratique astrologique. C’est dire que l’astrologue a tout intérêt à avoir une représentation approfondie des structures et des clivages sociaux plus que des “accidents de la vie” - comme on dit chez les assureurs - lesquels relèvent davantage du terrain de la voyance et de diverses formes de divination. Le destin au sens astrologique ne nous semble pas avoir été bien cerné par les intervenants à ce Colloque, sinon au niveau des techniques utilisées. Il y a certainement divers éléments proprement divinatoires qui parasitent le discours astrologique et les significations accordées aux facteurs astronomiques et cosmographiques et qu’il conviendrait d’élaguer et qui notamment sont entrés par le biais de l’astrologie des interrogations, faussement appelée horaire - cette dernière se référant au départ aux heures planétaires - astrologie aussi dite questionnaire et qui dresse le thème pour le moment où est posée une question, un peu à la façon dont on fait ponctuellement un tirage de tarot.

   Ce qui distingue l’astrologue du voyant, c’est que l’astrologue s’appuie sur le collectif, sur le général - comme le montrent bien les horoscopes des journaux qui ne comportent que 12 entrées - pour accéder au cas individuel, il a une approche déductive tandis que le voyant a une approche inductive, se branchant d’emblée sur une personne donnée. Ce n’est ainsi que par (re)touches successives que l’astrologue atterrit et accède à la dimension individuelle, quand bien même se servirait-il du thème astral car l’interprétation de celui-ci ne peut faire sens, au bout du compte, qu’en l’articulant sur une personne donnée, ce qui n’est nullement le cas au départ, un même thème pouvant avoir des significations et des implications fort différentes, notamment dans le cas où il s’agit d’un homme ou d’une femme mais aussi selon telle ou telle culture.

   Ajoutons que le public de base de ces rencontres est désormais, en cette phase involutive, essentiellement féminin si bien que l’on peut se demander si subrepticement ce n’est pas la conception féminine du destin qui tend à s’imposer dans la lecture du thème astral, ce qui expliquerait d’ailleurs la défaveur de l’astrologie auprès des hommes, sinon dans la consultation du moins dans les structures de formation dont le colloque fait partie.

   Une autre question n’a pas été posée comme il convenait, à savoir l’opposition entre destin individuel et destin collectif. Aspect certes abordé par Valérie d’Armandy mais sans parvenir à remettre en question un clivage qui nous semble des plus contestables. Il est vrai qu’à la longue, on aboutirait à remettre en question le thème astral dont nous avons depuis bien longtemps contesté la nécessité. Comment l’astrologue praticien peut-il en effet imaginer que son client aurait un destin qui ne serait pas complètement en interrelation avec celui de son environnement ? On retombe sur le vieux problème des catastrophes faisant un grand nombre de victimes et dont certains essaient encore, ô combien vainement, de montrer que c’était écrit dans leur thème, à chacun d’entre eux. On en est encore là !

   C’est dire que le fossé entre chercheurs et amateurs d’astrologie se creuse de plus en plus et que les colloques ne sont plus un haut lieu de la pensée astrologique comme ils le furent en phase évolutive. Il faudrait donc créer de nouveaux espaces où soufflerait l’esprit, le colloque étant désormais galvaudé. Car, à vrai dire, on peut quand même se demander ce qui donne le droit à certains d’employer le mot ““colloque” pour désigner n’importe quelle réunion se tenant sur plus de trois heures. Nous avions nous-même préféré recourir au mot colloque - lors de celui organisé en décembre 2000 et auquel participèrent plusieurs responsables du RAO qui en firent d’ailleurs un enregistrement sur CD - qu’à celui de congrès mais il apparaît que désormais tout le monde veut faire des colloques.

   Nous pourrions être certes honorés en tant que “père” des congrès astrologiques français du dernier quart du XXe siècle de voir que le concept a bel et bien pris racine en France. Mais il nous est bien difficile de reconnaître cette nouvelle génération qui n’a retenu que la lettre, l’enveloppe, la présentation extérieure au mépris de l’esprit et du contenu. Voilà qui montre bien les méfaits du mimétisme.

   Pourquoi ne pas espérer qu’au bout de trente ans de congrès - cycle saturnien - les congrès français ne trouvent un nouveau souffle ? Certes, il y a toujours eu dans les colloques un côté mimétique de la part des astrologues, lesquels montraient ainsi qu’eux aussi ils pouvaient en tenir comme les autres professions. Le Congrès était en effet un vecteur d’honorabilité, de respectabilité, et il l’est resté. Mais il n’était pas que cela, il était un espace de sociabilité en quelque sorte thérapeutique, permettant aux astrologues de sortir de leurs coquilles, de leurs certitudes et non comme c’est aujourd’hui le cas l’occasion de messes, de cours magistraux, où l’on assène ses vérités, en une sorte de consensus mou. Avant l’ère des colloques, donc avant 1974, l’astrologue était un personnage qui n’aimait guère rencontrer ses confrères et qui voulait avant tout consulter et enseigner, en assumant le rôle du porteur d’un supposé savoir. Relation verticale et non horizontale. La fonction du congrès / colloque était de revaloriser la dimension horizontale, de créer une véritable cité astrologique capable de penser en commun et d’avancer en reconnaissant les meilleurs d’entre ses membre, comme cela se pratique ailleurs.

   Le rôle de l’animateur n’est certainement pas de se contenter de faire respecter les temps de parole et s’il assure une permanence du commencement à la fin, il importe qu’il sache maîtriser les débats, qu’il ait su aussi éventuellement les préparer avant même que ne commence le colloque, par des réunions préparatoires qui permettent une certaine décantation. Il faut pour cela une certaine envergure d’enfant terrible, reconnaissons-le, savoir créer un certain climat, ne pas être impressionné par les uns ou par les autres et mettre les pieds dans le plat, voire cracher dans la soupe, quand il le faut. Il faudrait peut-être former des gens pour cela, ce qui pose le problème d’une école des cadres, des ingénieurs en astrologie parallèlement à la formation pléthorique de techniciens. Le Colloque auquel nous avons assisté était une réunion de techniciens satisfaits parfois un peu bornés et sclérosés, appliquant des recettes avec plus ou moins d’intelligence, avec le risque d’un surinvestissement voire une sacralisation de leur outil. Voilà en tout cas une génération qui a oublié, de façon quelque peu schizophrénique, que l’astrologie est contestée, rejetée et qui ne cherche même pas / plus à la présenter sous une forme acceptable pour l’intelligentsia, se contentant de satisfaire les personnes en demande, vivant dans une certaine misère psychique et intellectuelle.

Jacques Halbronn
Paris, le 1er novembre 2003

2

Réaction
de Gilles Verrier

    Ce colloque n’était pas une réflexion philosophique sur la place de l’astrologie dans notre société, etc. Le sujet que j’ai traité était déterminé par les organisateurs et ce n’est pas en 20 minutes que je pouvais faire un lien entre les planètes et les images archétypales chez Jung. Je traitais d’astrologie et de généalogie.

   Quant à ne pas faire la différence entre la destinée d’un homme et d’une femme, il n’y avait pas de conférence pour traiter cette question. Dans ma pratique et mon enseignement, j’attache beaucoup d’importance à cette différence ne serait ce qu’au niveau des images du sujet (moi, ombre et persona) qu’au niveau des représentations des images de l’inconscient (animus ou anima).

   Les critiques formulées m’ont semblées un peu facile, même si sur le fondement de la démarche astrologique, les réflexions de Jacques Halbronn me semblent très pertinentes.

Gilles Verrier
26 novembre 2003

Note

1 Cf. nos travaux dans l’Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr et notamment nos derniers textes “la femme caméléon” et “l’arbre et l’oiseau”. Retour



 

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