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L’astrologie et la bataille des sexes |
Compte-rendu de Réalité astrale, vérités astrologiques par Christine Oger (Paris, Ed. Lanore, 2003)
Qui a compétence pour parler de l’astrologie ?, demande l’astrologue belge Christine Oger dans son ouvrage, Il nous a semblé intéressant d’étudier d’assez près les propos de cette avocate de l’astrologie et d’apprécier leur pertinence, d’autant qu’assez rares sont les ouvrages de ce type - ici plus de 200 pages - qui paraissent, le dernier en date, à notre connaissance, certes plus ambitieux, étant celui d’Elisabeth Tessier. Notons cependant la récente parution d’un ouvrage plutôt technique de Françoise Hardy et nous constaterons que les femmes se sentent vocation à défendre la cause de l’astrologie. Or, nous pensons qu’elles n’en ont pas la même approche que les hommes. Parler de l’astrologie, c’est aussi peut-être réfléchir sur la psyché féminine.
La conception que semble avoir Christine Oger de l’astrologie et de l’humanité est celle d’individus qui, s’ils participent du grand Tout qu’est l’Univers, n’en sont pas moins, pour chacun d’entre eux, des entités bien distinctes. Tous les cas sont uniques, écrit-elle, il faut pouvoir examiner les différentes cartes du ciel pour pouvoir donner un avis (p. 72) ou encore Il y a autant de réalités que de cartes du ciel (p. 16)
On a vraiment l’impression que l’auteur considère la communication comme devant se réduire à accepter l’autre comme il est, sans chercher à le faire participer à une quelconque dynamique collective. Chacun est en quelque sorte prisonnier de sa carte du ciel et des transits qui s’y inscrivent mathématiquement. On comprend dès lors combien peut paraître aléatoire à Christine Oger toute rencontre entre astrologues et non astrologues, chacun vivant dans sa subjectivité et n’ayant aucun droit, selon elle, à prétendre accéder à une quelconque objectivité, selon ses propres termes.
Or, il y a là, selon nous, une vision très féminine de la communication que Christine Oger plaque sur l’astrologie, sur ce qu’elle est en tant que savoir spécifique et sur la façon dont elle doit se positionner1 et c’est l’occasion de souligner à quel point le distinguo masculin / féminin est secondaire dans le propos de l’auteur, comme si la prédominance du thème astral relativiser totalement un tel clivage.
A l’heure où un John Gray publie une série d’ouvrages sur les relations entre les hommes et les femmes en se servant d’une terminologie mythologique sinon astronomico-astrologique - Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus - et parlant des hommes en tant que Martiens et des femmes en tant que Vénusiennes - il est quand même triste de voir l’astrologie, du moins telle qu’on nous la présente, en ce début de nouveau siècle voire de nouveau millénaire ne pas savoir aborder cette question à bras le corps.
Christine Oger a parfaitement intériorisé la problématique du thème astral : pour elle, tous les cas de figure sont possibles : aucune situation n’est incompatible avec une autre ni ne lui est nécessaire : tout peut se produire puisque chaque planète agit à sa façon sans se concerter avec les autres. Ainsi, donc, même au niveau des planètes, dans leurs relations entre elles, il n’y a de nécessaire convergence, cela dépend des aspects harmonieux ou dissonants, comme le veut une certaine doxa astrologique.
D’ailleurs, l’auteur ne comprend pas comment notre société peut se priver d’un tel outil, si précieux, selon ses dires, notamment en matière de recrutement : Et pourquoi faut-il presque se sentir gêné (...) se cacher pour utiliser cette technique tellement juste, qui donne de si bons résultats ? (...) Les recruteurs (...) obtiendraient des renseignements tellement plus riches, en tout cas plus objectifs (p. 114) Il est vrai que ce n’est pas si facile : Une étude astrologique de qualité exige un effort intellectuel comparable à celui d’études scientifiques pour ne pas dire bien plus important si on veut approfondir (p. 122).
On nous précise que le sentiment d’étrangeté que l’on peut ressentir à l’endroit de l’astrologie n’est pas différent d’un ces langages, elle est incompréhensible pour celui qui ne la connaît pas, lumineuse et parlante pour ceux qui la connaissent (p. 210). D’ailleurs, poursuite Madame Oger, un scientifique honnête, capable de comprendre l’astrologie, de l’étudier des années, de la confronter à l’expérience ne pensera jamais qu’elle n’a pas de valeur. Le problème, c’est d’oser le dire et au départ d’y passer des années, sérieusement. (p. 121) L’essayer, c’est l’adopter ! Toujours dans cette logique de cloisonnement, on peut lire cette fin de non recevoir : Les astrologues qui ne connaissent pas l’astronomie, la psychanalyse etc, n’écrivent pas de livres, ne participent pas à des débats sur ces sujets. C’est normal tout de même. A contrario, certains psys, certains astronomes ou scientifiques écrivent des livres, participent à des débats sur l’astrologie, sans rien y connaître, est-cela l’éthique, la rigueur ? (p. 121) Que chacun s’occupe de ses affaires et les oies seront bien gardées !
Certes, Christine Oger ne s’aventure pas à expliquer comment les astres agissent sur nous : L’idée de départ de l’astrologie est aussi simple que géniale. Il y a identité, correspondance entre le ciel et la terre, le ciel et l’homme (...) En étudiant, analysant et expliquant ce qui se passe dans le ciel, on peut donc expliquer ce qui se passe sur terre car ce sont les mêmes énergies, les mêmes vibrations cosmiques qui sont présentes (p. 21). Comment ne pas comprendre la chance pour l’individu confronté à une société opaque et un avenir qui l’est encore plus, de pouvoir compter sur l’astrologie ? L’astrologie en inscrivant ce que nous sommes à l’image des planètes présentes à notre naissance nous permet de nous connaître de façon claire et mathématique, de connaître notre schéma de base, de pouvoir nous situer par rapport à des forces, des faiblesses, des traits de caractère bien précis (p. 60).
D’ailleurs, demande-t-on sur la quatrième de couverture : Qu’y a-t-il de si important dans l’astrologie pour que les personnes qui s’y intéressent sérieusement soient de plus en plus convaincues de sa réelle valeur ? Christine Oger confond le tropisme qui conduit l’humanité à chercher dans les astres quelque clef et la validation de ce qu’elle appelle astrologie - et qui n’est qu’un modèle parmi d’autres, axé sur le moment de la naissance et sur l’individualité - et qui n’est qu’une réponse à cette attente : il n’y a pas une astrologie, on ne peut donc parler de l’astrologie, sauf à éviter d’entrer dans une technicité propre à une certaine Tradition, ce dont Christine Oger ne se prive pas. Il est bien délicat de philosopher sur l’astrologie et en même temps de basculer dans des recettes plus ou moins éculées et dont le caractère divinatoire nous apparaît assez flagrant, dès lors que l’on prétend appréhender un destin individuel. De la carte du ciel à la carte du Tarot, la Roche Tarpéienne est près du Capitole.
Christine Oger est-elle vraiment compétente pour parler au nom de l’astrologie, elle qui, par ses propos, démontre que l’astrologie n’a pas évolué depuis les années Trente du siècle passé, avec la découverte de Pluton ? Elle réussit surtout à enclaver l’astrologie alors qu’il s’agirait, tout au contraire, de la désenclaver ? Il nous apparaît de plus en plus que l’avenir de l’astrologie, du moins au niveau du dialogue entre disciplines diverses, passe par ce qu’on appelle l’astrologie mondiale et que nous préférons qualifier d’astro-histoire. Il serait temps que l’on commence à abandonner la thèse d’un thème astral rendant compte de l’individu. Il n’existe pas et n’existera jamais de science qui puisse accéder à notre subjectivité individuelle et irréductible, sur une base déductive; l’approche de la personne est avant tout inductive. C’est là l’erreur commise par l’astro-psychologie et l’astro-psychanalyse qui ne sont finalement parvenu qu’à perpétuer, sous des oripeaux modernisants, une pratique de cabinet. C’est de l’acharnement thérapeutique que de tenter de maintenir en vie un tel monstre qui voudrait mettre les astres au service du narcissisme. Et à ce propos, cette importance accordée à l’ego nous semble typiquement féminine, les femmes, selon nous, ayant difficulté à vivre dans la collégialité. En tant que femme, Christine Oger tend à rester sur ses positions et sur son particularisme d’astrologue plutôt qu’elle n’est en mesure de trouver un langage commun avec des spécialistes d’autres disciplines. Car s’il y a , éventuellement, une certaine technicité dans tout domaine, il serait faux de croire que l’astrologie est un cas à part, une sorte d’OVNI ! Nous pensons que l’astrologie s’inscrit au sein d’une anthropologie sociale et que les problèmes qui se posent à elle ou qu’elle pose peuvent interpeller d’autres champs de recherche. Si Christine Oger avait réfléchi sur les conditions qui ont permis aux hommes et aux astres d’établir un lien, elle aurait compris que cette question du rapport des sociétés avec leur environnement dépasse largement le cas de la seule astrologie. Le problème, c’est que pour cette astrographologue, les origines de l’astrologie ne l’intéressent pas, elle se situe en aval et en faisant l’impasse sur le problème de la genèse de l’influence astrale et d’ailleurs sur celui de l’histoire du savoir astrologique, elle se prive, par là même, d’un certain nombre de passerelles. Au lieu de relier les astres entre eux dans le thème astral, elle ferait mieux de relier l’astrologie à différents pans de la connaissance.
En ce qui nous concerne, nous fréquentons l’astrologie depuis près de 40 ans et cela ne signifie pas pour autant que nous acceptions L’astrologie comme telle, avec son savoir sclérosé et figé sous la forme qui est celle dont nous parle Christine Oger. Laisser entendre que tout critique de l’astrologie est nécessairement quelqu’un qui l’ignore est parfaitement abusif. Un spécialiste du cancer n’est pas pour autant un cancéreux.
L’horoscopie est une hérésie qui perdure au sein de l’astrologie et qui la mine. Il ne s’agit de construire un modèle pour chaque personne mais d’adapter un modèle unique à chacun, comme le fait la psychanalyse. L’astrologie mondiale n’ignore pas l’individu, car les événements sont liés au fait que pendant une certaine période un grand nombre de gens sont emportés par le même tropisme, ce qui aboutit à une résultante qui est l’événement, qui est le leader, porté par ce mouvement de population. Là où nous rejoignons Christine Oger, c’est sur le fait que l’individu n’est pas simplement fonction de la société où il se trouve mais hérite d’un bagage héréditaire lequel comporte, entre autres, une certaine sensibilité aux astres. Mais le bagage ne diffère pas pour autant d’individu à individu ; nous appartenons à une certaine famille psychique, à une certaine caste, ce qui peut éventuellement - si l’on s’appuie sur les travaux de Gauquelin - référer à un certain astre. Or, le thème astral mélange tout, est polythéiste, part dans tous les sens- faisant de l’individu un microcosme, et, ce faisant, on sépare, à tort, destin individuel et destin collectif. Autrement dit, la réalité sociale dépend de l’apport héréditaire de chacun de nous, en tant que partie d’un tout. Pour qu’une force puisse s’incarner, il faut qu’elle puisse se manifester au travers de milliers de canaux - les individus - qui en convergeant produisent un fleuve. Mais cela implique que tout cela aille dans une seule et même direction alors que l’individu, vu au travers de l’horoscopie, est un électron libre qui ne peut s’additionner et converger avec d’autres, qui résiste au courant de l’Histoire et cela, encore une fois, nous apparaît comme une vision très féminine. Christine Oger le dit d’ailleurs à sa façon : Les violences de ceux qui ne sont pas brutaux d’eux-mêmes mais malléables, influençables ou animés de passion religieuse, idéologique et donc poussés à agir par un autre ou une cause ne sont pas nécessairement présentes dans la carte du ciel etc. (p. 150) Il convient en effet de distinguer ceux qui sont entraînés malgré eux dans un processus social et ceux qui y trouvent l’expression de leur intériorité. Il est possible que les femmes ne se sentent pas vraiment concernées intérieurement par les grands enjeux sociaux sans pouvoir pour autant y échapper, d’où l’instrumentalisation de l’astrologie par l’horoscopie pour faire barrage en détournant la dite astrologie de sa vocation première. C’est la malléabilité même de la femme - pour reprendre l’expression de l’auteur - qui la met paradoxalement, en tant qu’individu, en porte à faux avec le monde. Il y a là une dialectique qui conduit la femme tantôt à s’imprégner de son environnement, tantôt à s’en abstraire, d’où une alternance du plein et du vide, dont l’accouchement est la forme emblématique. Sans une anthropologie, qui a cruellement manqué à l’astrologie conditionaliste de J. P. Nicola, il n’est pas possible de repenser l’astrologie. Ce n’est pas en fouillant dans le grenier de la tradition astrologique et son bric à brac que l’on établira une telle anthropologie : est-ce que la tradition astrologique nous explique ce qu’est un homme et une femme ? Nous ne le pensons pas, tout au plus apprend-on que le masculin est 1 et le féminin 2, et effectivement la femme est un être double et cyclique mais cette cyclicité ne signifie pas qu’elle soit sensible au même ciel que l’homme. Le rapport de l’Humanité aux astres passe-t-il par les hommes ou par les femmes ? On nous répondra évidemment par les deux au nom d’un certain égalitarisme à la mode dont l’astrologie fait les frais. Il est grand temps d’admettre qu’il existe des différences fonctionnelles : s’il y a couple homme / femme, pourquoi les uns et les autres vivraient-ils les choses pareillement ? Nous pensons qu’une population peut en impulser une autre, qu’une cyclicité peut se répercuter à plusieurs niveaux en cercles concentriques à partir d’une source d’énergie. La femme joue un rôle majeur lors de la naissance de l’enfant, selon les travaux de Gauquelin, c’est par elle que l’enfant naît sous une configuration donnée. En revanche, au niveau des grands cycles socio-historiques, il est probable que ce soit l’homme qui ait le premier rôle.
Par ailleurs, il eut également convenu que Christine Oger s’interrogeât sur la formation du savoir astrologique et il lui serait apparu qu’en tout état de cause, l’astrologie en tant que science n’a pu naître que d’une approche statistique ou d’un code social adopté par l’ensemble d’un groupe. Ce n’est que dans un deuxième temps que l’on peut accéder au niveau individuel mais cela n’est déjà plus que de l’astrologie appliquée à des cas précis et l’on sort, de ce fait, du champ de l’astrologie au sens mathématique et systématique du terme pour se situer sur un plan existentiel qui échappe et dépasse précisément les généralités. Quant aux transits qui sont chers à Mme Oger, ils supposent carrément que chaque organisme humain soit muni d’un logiciel lui permettant de réagir, au degré près, à tout mouvement céleste, au cours de son existence : on nage en pleine utopie mécanique ! Mais de tout cela apparemment, Christine Oger n’a pas conscience.
Nous n’empêchons pas les astrologues d’avoir une approche individuelle mais il conviendrait alors qu’ils se rendent bien compte que ce n’est plus l’astrologie qui est en oeuvre mais un fantasme d’astrologie, une instrumentalisation qui ne tient pas compte de la véritable astrologie.2 Christine Oger fait de l’astrologie au premier degré, elle n’a absolument pas conscience de ce qui se passe entre le client et l’astrologue et qui dépasse complètement la vérité objective de cette astrologie qu’elle brandit et qui parasite la vraie astrologie, qui concerne les grands nombres et non les cas particuliers. Tout chercheur sait que sur un cas donné, on ne peut rien conclure : parfois, une théorie fausse peut marcher par hasard et une théorie correcte peut ponctuellement ne pas présenter de lisibilité en raison d’interférences. Il est temps que l’on comprenne que l’astrologie ne sera pas sauvée par les praticiens de l’astrologie, qui fonctionnent au coup par coup et que l’astrologie est une chose, l’astrologue en est une autre. Ce dont nous a parlé Christine Oger c’est du métier d’astrologue de terrain, pas de l’astrologie. On pourrait, au risque d’être traité de misogyne, dire qu’il n’est pas de champ où se fait plus sentir ce que pourrait une science dominée par les femmes et où elles seraient laissées à elles-mêmes. Dans d’autres domaines où les hommes, stricto sensu, ont mieux balisé le terrain, le problème est moins criant car il y a des garde-fous mais on voit ce qui se passe quand un terrain est en friche, à l’écart des grands investissements universitaires et qu’il est récupéré par de bonnes âmes qui font ce qu’elles peuvent : c’est ce qu’on appelle tomber en quenouille.3
Il y a un temps pour appréhender les grandes lois du monde - et l’astrologie a sa place dans cette entreprise - et un autre pour connaître notre prochain, dans sa singularité. Peut être est-ce là la différence entre cerveau droit et cerveau gauche; certains, apparemment, seraient tentés de les confondre. Pour l’amour du ciel, ne mélangeons pas les genres !
Jacques Halbronn
Paris, le 6 janvier 2004
Notes
1 Cf. nos études sur Encyclopaedia Hermetica, rubrique Hypnologica. Retour
2 Cf. notre étude L’astrologue face à son client,. Les ficelles du métier, Paris, La Grande Conjonction, 1996. Retour
3 Voir nos études sur la pathologie de l’epistémé, Site www. hommes-et-faits.com. Retour
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