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ASTROLOGICA

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Qu’est-ce qu’un congrès d’astrologie ?

par Jacques Halbronn

    En quelques jours, nous avons assisté à deux congrès, celui, annuel, de Paris, organisé, depuis 1990, par Yves Lenoble (Sep Hermès) et celui de Bâle, en Suisse, organisé par le bâlois Claude Weiss (Astrodata), et dont c’est la huitième édition depuis 1981 (1984, 1987, 1990, 1993, 1996 et 2000). Deux rencontres, en quelque sorte institutionnalisées et qui font pendant, sur le continent, aux congrès annuels de l’Astrological Association britannique, qui débutèrent bien avant. Au congrès de Bâle, nous retrouvâmes les Américain(e)s de l’ISAR (International Society for Astrological Research), association fondée dans les années 1960 et qui avait organisé, il y a trente ans, en 1974, du temps de Julienne Mulette Sturm, un congrès “historique” à Paris1, à l’occasion duquel nous avions d’ailleurs fait la connaissance de Bruno et Luise Huber, longtemps associés à Claude Weiss dans la tenue des congrès en Suisse alémanique (Zurich, Lucerne et donc Bâle).

   On nous excusera de préciser un point d’histoire quant à la formule utilisée par Weiss : “8. Astrologie-Weltkongress in der Schweiz”, que l’on traduira par huitième congrès mondial d’astrologie en Suisse. En effet, avant que des congrès commencent à se tenir en Suisse alémanique, à partir de 1981, il s’en était tenu deux à Genève, en Suisse Romande, en 1979 et 1980, à l’initiative du MAU (Mouvement Astrologique Universitaire), que nous avions fondé en 1975, tout comme chacun sait que les congrès organisés par Yves Lenoble ne sont pas les premiers du genre en France et furent précédés par de nombreux congrès dont notamment ceux du MAU. Il conviendrait d’ailleurs de s’interroger sur l’influence du MAU en Belgique, en Espagne, en Italie, en Grèce, en Israël voire en Angleterre. Peut-être un jour un chercheur y consacrera une thèse de sociologie.

   Mais restons-en pour l’heure à la Suisse. D’emblée, reconnaissons que les rencontres de Genève n’eurent pas la même ampleur que celles qui débutèrent en 1981 ; pour notre part, nous avons suivi tous les congrès de Weiss, depuis 1987 (puis 1990, 1993, 1996, 2000, 2004) et effectivement, il faudrait s’interroger sur le concept de“Weltkongress” ou de “World congress”, surtout quand on observe, du moins pour le congrès de Bâle, que tout se fait en deux langues seulement anglais et allemand et que les astrologues latins n’y sont guère présents - longtemps considérés comme des parents pauvres - ce qui explique probablement la création, en 2000, sauf erreur, de la FAES (Fédération des Astrologues de l’Europe du Sud) regroupant français, espagnols, italiens et grecs et dont le prochain congrès se tiendra à Milan au mois de novembre 2004. Mais il fut un temps où une telle cassure n’existait pas et où les Français étaient fortement présents notamment à Lucerne, dans les années 1990. Faut-il voir dans cette évolution l’effet de ce que nous appelons une phase de cloisonnement ?2

   Pour notre part, nous revendiquons la paternité des congrès internationaux en Suisse et il conviendrait donc de fournir ici quelques précisions avant de passer aux problèmes de contenu des communications. En 1979, le premier congrès astrologique jamais tenu en Suisse comportait les intervenants suivants : Claude Weiss (Suisse), soi-même, Joachim Teixidor (Espagne), Sandor Belcsak (Autriche), Dimitri Theoktistu (Grèce), Vranken (Belgique), L’Eclair-Carelli (Italie), Jean Hoyoux (Belgique), Eric Weil (Suisse), Charles Aubert (Suisse), Robert Werner (Suisse) et plusieurs astrologues français, Pierre Heckel, Jean-Charles Pichon, Pierre Delebarre, Jacques Halbronn. L’année suivante, 1980, c’est toute une semaine d’astrologie que le MAU organisa à Genève avec à nouveau la participation de Claude Weiss, lequel en 1978 participa au Congrès international de Saint Maximin, près d’Aix en Provence. On y accueillit Dani Hermann (Israël), Alex Ruperti, Jean-Charles Pichon, Robert Gouiran, Guy Jourdan, Eric Weil, Pierre Delebarre, Maurice Charvet, Ernst Meier, Timothy Smith (USA) et quelques autres.3 On peut certes discuter du fait que le Congrès de Zurich qui se tient l’année suivante, sous la direction de Claude Weiss et de Bruno Huber, était plus important mais il conviendrait de rappeler que le congrès de Genève 1980 s’inscrivait dans le cadre d’une série de congrès qui s’étalèrent sur une quinzaine de jours et couvrirent Strasbourg, Genève, Nice et Tours et qu’en tout état de cause le MAU avait bel et bien à l’époque une stature internationale : il organisera en 1980 un congrès à Bruxelles et en 1981 à Luxembourg et à Londres. Excusez du peu ! Nous pensons donc que Claude Weiss devrait préciser que sa série de congrès ne vaut que pour la Suisse alémanique ; rappelons que l’astrologie de Suisse Romande fut notamment marquée par le travail de Werner Hirsig et de la Revue Destin, à Lausanne, lequel Hirsig ira par la suite, avec sa femme Huguette, s’installer au Québec, en 1956. C’est comme si on annonçait un congrès flamand à Anvers comme étant le premier jamais organisé en Belgique en faisant abstraction de tout ce qui s’est fait en Wallonie ou à Bruxelles ! Idem pour le Canada par rapport au Québec. On pourrait d’ailleurs avoir le même type de débat avec Yves Lenoble sur le fait que nos congrès qui se déroulèrent (depuis 1974) pendant plus de quinze ans avant qu’il n’en organise un, à partir de 1990, auraient été moins “importants” que les siens, moins “suivis”. On se fera une idée de nos activités en prenant connaissance de notre DVD (cf. supra).

   Dans cette étude, nous voudrions aborder la question des congrès d’astrologie dans le cadre de nos travaux sur le mimétisme, les contrefaçons, les emprunts et également du point de vue de la genèse des phénomènes.

   Pour un observateur qui aurait assisté aux congres organisés par Claude Weiss, Yves Lenoble et nous-même - ou qui, du moins, aurait visionné des cassettes - il semble bien que certaines différences soient susceptibles de ressortir dans le déroulement des opérations à commencer par la passivité, dans les manifestations animées par Weiss et Lenoble de nombre des personnes présentes se comportant comme si elles assistaient à un spectacle auquel elles resteraient extérieures, sans parler de l’absence presque totale de débat entre les intervenants eux-mêmes. Or, tel n’était pas le cas dans les congres du MAU auxquels avaient assisté Weiss et Lenoble, notamment à la fin des années Soixante-dix : pourquoi un tel changement ?

   Il semble que l’on ait perdu de vue les véritables enjeux des congres ou que l’on ait évacué, en croyant bien faire, la partie essentielle, probablement du fait qu’elle n’était pas forcément facile à gérer et pouvait faire désordre, on veut parler ici du travail de brassage, de confrontation, qui doit s’accomplir à l’occasion d’un congrès qui se respecte, où il n’est pas question que chacun reste sur ses positions. Un congres, en effet, est un instrument de progrès, un vecteur d’avancement pour ceux qui y participent et non pas seulement une accumulation de connaissances plus ou moins disparates. Qu’il s’agisse d’un congres politique - comme un congres du PS (parti socialiste), on pense au fameux congrès de Rennes au lendemain de l’avènement de François Mitterrand à la présidence de la République - ou d’un congrès scientifique, il doit en sortir une certaine ligne.

   Or, force est de constater que les Congrès de Weiss et de Lenoble n’auront jusqu’à présent, au bout de toute une série de rencontres, guère contribué à une certaine décantation des choses. Jamais l’astrologie ne nous est apparue, en cette année 2004, aussi lourde des notions les plus diverses, sans qu’aucun tri ne vienne s’opérer. Les Congrès semblent être devenues une sorte de bazar où l’on “trouve tout” - comme à la Samaritaine - au lieu d’être des lieux où des choix sont faits, où une ligne l’emporte sur une autre, du fait même du débat.

   Un congrès permet en effet de juger de la bonne santé, de la vigueur de tel ou tel point de vue, de son impact, à condition que l’on n’enferme, n’enveloppe chaque orateur dans une sorte de cocon protecteur. Le Congrès permet ainsi de constater que telle position est en perte de vitesse alors que telle autre gagne du terrain. Encore faut-il pour cela que l’on laisse à tous les courants voix au chapitre et que l’on ne pratique pas une censure au niveau même de la sélection des intervenants. Si l’on choisit en outre des gens qui ne savent pas ou qui n’ont pas le goût de l’argumentation, la discussion risque de tourner court. Encore faut-il choisir des thèmes porteurs et surtout en revenir au niveau des théories, des hypothèses, des principes, sans se perdre dans des applications qui ne prouvent pas grand chose, sauf à un niveau statistique, quantitatif. Nous avons, pour notre part, éprouvé un sentiment de sclérose à l’écoute des exposés se tenant en diverses enceintes, du fait d’un manque de goût pour la polémique, d’une inertie voire d’une indifférence dans la présentation des idées. Il est vrai que les congrès sont menacés par l’essor de l’Internet et des forums qui se tiennent sur certains sites astrologiques mais précisément, toute cette effervescence, si elle n’était pas factice, ne devrait-elle pas tout au contraire booster les Congrès, rendre le public plus exigeant ?

   Mais parlons-en du public ! On pourrait dire ironiquement que c’est un “bon” public, avide d’apprendre, de croire et qui n’apprécierait peut-être pas certaines joutes verbales, risquant de le déstabiliser, de le faire douter. Mais précisément, le public n’est plus le même que du temps du MAU ! Les Congrès du MAU rassemblaient plutôt des chercheurs assez aguerris que des étudiants ou des enseignants, la preuve en est que la structure d’enseignement du MAU, la FLAP (Faculté Libre d’Astrologie de Paris) ne se confondait nullement, par son personnel, avec celle des congrès MAU. Les enseignants à la FLAP n’intervenaient guère dans les congrès en question et leurs élèves ne constituaient pas une part significative du public des dits congrès. On ne mélangeait pas les genres comme c’est le cas désormais.

   On nous dira que rien ne forçait les Congrès du MAU à cesser et qu’ils constituaient ainsi un pôle complémentaire. En effet, les congrès MAU se sont raréfié : un en 1995, concluant une série ininterrompue de 20 ans de rencontres, deux en 2000 et probablement un à la fin de 2004, soit en moyenne un tous les cinq ans. C’est bien peu sur les dix dernières années, même si Weiss au cours de cette période n’en a organisé qu’un en 1996, un en 2000 et un en 2004. Car peut-on dire que les congrès de Weiss ou de Lenoble continuent la tradition MAU ? Par certains côtés probablement : le programme des interventions, les week ends, les stands, le thème commun traité par tous les intervenants, les tables de ronde, l’estrade, les présidents de séance, on retrouve là tout un cérémonial mais il y a la lettre sans l’esprit.

   En fait, les congrès MAU étaient des occasions de se remettre en question, de prendre un peu de hauteur : il fallait y apprendre à écouter l’autre pour pouvoir réagir, interagir. En parlant sur un même sujet, au lieu de passer du coq à l’âne, l’on était ainsi conduit à ne pas se répéter, donc à prendre du champ et surtout à ne pas traiter un sujet de façon “bateau”, ce qui aurait conduit tout le monde à dire la même chose. Il faudrait comparer les titres des exposés choisis dans les divers congrès pour faire sentir la différence mais les thèmes du MAU déterminaient d’autres orientations comme ce congrès d’Amiens, en 1986, sur Cohérence de l’astrologie ou le congrès interdisciplinaire de Paris, en l’An 2000, sur la Dualité ou celui de 1988 sur “la raison des maisons”. Les congrès MAU incitent à la réflexion, à l’interrogation en conduisant les intervenants à parler entre eux et non à pontifier devant des assemblées avides de savoir. Les congrès MAU ont vocation à déconstruire l’Astrologie plus qu’à la consolider. Encore faut-il pour ce faire qu’il y ait des animateurs, des meneurs de jeu, à la hauteur et cela ne s’improvise pas car sans personnes compétentes pour lancer des problématiques, pour capter ce qui peut interpeller mais aussi pour réorienter des prises de parole, on ne va pas bien loin. Dans les Congrès Weiss ou Lenoble, l’orateur a son exposé tout tracé dont il ne vas pas se démarquer à telle enseigne qu’à Montpellier en 2002, le CD des exposés du Congrès de la FAES (Fédération des Astrologues de l’Europe du Sud), animé par Yves Lenoble, était déjà prêt avant le début du congrès ! Quelle marge a dans ce cas le président de séance pour mieux centrer une intervention, pour la situer par rapport à une autre ? On peut même se demander pourquoi les intervenants se sont déplacé, si en plus il n’y a même pas de temps pour les questions de la part des personnes compétentes. Le terme même de “question” finit par perdre son sens : n’importe qui pose n’importe quelle question et au lieu de chercher à maîtriser ce moment crucial du congrès, le temps passe très vite et généralement sans grand résultat, surtout si on limite les échanges à peu de choses.

   On a ainsi l’impression d’une sorte de consensus mou entre astrologues, si bien qu’on pourrait penser que tout le monde est d’accord, que les débats appartiennent au passé ; les gens se sont habitué, les différences se sont estompé. A quoi sert donc le Congrès dans ce cas ? A affirmer un pouvoir, celui de l’organisateur. Cela fait penser à la société médiévale, avec ses suzerains et ses vassaux. Le Congrès montre la capacité à mobiliser des troupes, on y fait acte d’allégeance. Au fond, le congrès c’est un peu la Cour du Roi Soleil ! On ne saurait contester, il est vrai, un tel rôle pour les Congrès et il est clair que le MAU démontrait par ses Congrès sa force. Apparemment, c’est cette dimension qui est restée et qui permet ainsi d’organiser un certain pouvoir non pas doctrinal mais personnel. Celui qui est invité au Congrès reçoit une onction d’honorabilité de la part du Prince et dès lors peu importe ce qu’il dira lors de son intervention, ce qui compte, c’est qu’il participe en bonne place à la célébration, à la Grand Messe. Il y a d’ailleurs, dans le fait d’être à la tribune, quelque chose de religieux : on songe à ces sectes où tour à tour on vient témoigner de sa foi. Et bien désormais, les congrès astrologiques relèvent d’une telle sociabilité. Le congrès de la FAES dont on a parlé avait d’ailleurs pour raison d’être de montrer l’existence de cette Fédération face aux astrologues du Nord de l’Europe, réunis précisément autour d’un Weiss, il avait, au fond, une valeur symbolique voire politique. On ne saurait là encore contester que les congrès MAU poursuivaient également de tels enjeux, comme celui de Lille en 1978, s’achevant sur un axe réunissant français, espagnols, allemands et belges ou celui de Bruxelles en 1980 débouchant sur une fédération des astrologues francophones d’Europe sans parler de celui de Nice en 1980, où se constitua une Fédération Internationale Méditerranéenne d’Astrologie (FIMA), regroupant Italiens, Espagnols, Israéliens, Grecs et Français - ancêtre de la FAES, vingt ans plus tôt - et qui se poursuivra par un congrès à Athènes en 1982.

   Ces congrès qui sont trop souvent des coquilles vides servant de prétexte à des enjeux de pouvoir qui ne se situent même pas sur le plan des idées mais des clientèles, tant au sens romain, pour désigner ceux qui sont des fidèles du seigneur des lieux que pour désigner les élèves fort nombreux qui constituent stricto sensu une clientèle qu’il ne faut pas échauder. On pourrait donc parler de déviance des congrès, de perte de substance et ce, malheureusement est un luxe que l’astrologie ne peut pas se permettre, elle, qui plus que jamais, a besoin de sortir de sa sclérose et de sa pléthore. Ce n’est en tout cas pas de Bâle, ville protestante, que viendra la Réforme de l’Astrologie. Du temps de Reinhold Ebertin, on aurait pu espérer la mise en place d’une astrologie épurée - nous nous souvenons du Congrès de Aalen, en 1971, organisé avec l’ISAR, avant celui de Paris, trois ans plus tard. Mais trente ans après, mondialisation oblige, on assiste à l’étalage d’une astrologie baroque, truffée de gadgets et qui ne sait pas se mettre au régime. La vocation des congrès de demain est de faire partir les marchands du Temple.

   Le premier congres astrologique de Bâle n’aura pas l’importance du Congrès sioniste qui se tint dans cette même ville en 1897, au Casino, sous la présidence de Theodor Herzl (1860-1904). Nous nous sommes rendu dans cette salle qui accueille désormais des concerts et avons eu la chance d’assister à une représentation, en matinée, du Requiem allemand de Johannes Brahms, à 107 ans d’intervalle. Un Congrès, quant à lui, digne de ce nom, qui rassembla sous une même bannière des Juifs venus d’un peu partout. Or, dans les années Soixante-dix, quand nous organisions les premiers congrès du MAU, nous avions ressenti également que nous rassemblions des astrologues qui n’avaient pas l’habitude de se retrouver ainsi en dehors de tout enjeu financier, à qui l’on ne demandait pas de prostituer leurs connaissances mais de débattre entre eux. N’était-ce pas précisément le but du sionisme de constituer un espace pour les Juifs sans qu’ils soient à la merci de la société dans laquelle ils étaient tolérés ? Rappelons que nous avons également, dans le cadre du Centre d’Etude et de Recherche sur l’Identité Juive, organisé - de 1991 à 1996 - une série de congrès consacrés au judaïsme, en parallèle avec les congrès astrologiques (cf. le Site CERIJ.org) et rassemblant des Juifs laïcs. Le congrès astrologique, une façon offerte aux astrologues de se ressourcer, une sorte de contrôle des uns sur les autres, comme le font les psychanalystes, une façon d’éliminer les éléments les plus douteux et qui ne supportaient pas de se retrouver en congrès au milieu de leurs pairs. C'est d’ailleurs du fait des congrès astrologiques que nous avons réalisé nos sélections d’astrologues telle qu’elles apparaissent dans nos Guides.4 Certainement, le congrès est marqué par la devise L’Union fait la force, il permet à une communauté de prendre conscience qu’elle constitue une certaine entité, qu’elle est plus que la somme des individus qui la composent. Nous avons d’ailleurs affirmé, en son temps, l’existence d’une communauté astrologique et considérons que les Congrès MAU ont contribué à renforcer un certain sentiment d’un passé, d’un présent et d’un avenir communs.

   Revenons sur un point essentiel, à savoir celui du congrès en tant qu’espace d’expression, ouvert à tous, où chacun peut prendre la parole, sans droit d’entrée prohibitif, dissuasif, comme c’est le cas désormais, sans programme clos d’entrée et ne pouvant plus accepter de nouveaux venus ou des orateurs de passage, bref pour nous le congrès est un forum, c’est à dire une place publique, où l’on peut faire la connaissance de nouvelles têtes, de nouvelles idées et où le programme n’est qu’indicatif, prétexte à la rencontre. Le milieu astrologique a bien besoin de mobiliser toutes ses ressources, toutes ses énergies, d’être irrigué par ceux qui ont le plus grand potentiel ; il ne saurait se payer le luxe de se fermer à qui que ce soit de valable. Dans les congrès MAU, certains chercheurs non prévus, non inscrits, s’invitaient, tel Jean Carteret, en 1976; on leur faisait une place, on se serrait un peu. Le congrès, c’est une quête en commun de l’excellence, c’est l’occasion pour des inconnus de se révéler lors d’une prise de parole et les organisateurs se réservaient le droit de modifier le programme en conséquence car tout débat est fonction de la qualité de ceux qui y participent : il n’y avait pas de fossé entre la salle et les orateurs, il y avait de la fluidité, on pouvait devenir orateur par la grâce de l’animateur si celui-ci le jugeait bon et inversement celui qui n’assurait pas par sa prestation ce qu’on attendait de lui devait céder la place à une personne dont la valeur était plus évidente. Il y a quelque chose de darwinien, de stimulant, dans les Congrès MAU et qui a contribué à affirmer et à imposer des vocations soit de nouveaux venus, soit d’anciens un peu trop vite oubliés. On aura donc compris qu’à la limite un congrès ne devrait pas reposer sur la liste des intervenants mais sur son mode d’organisation, sur la qualité de ceux qui en ont la charge, bref sur l’encadrement. Si l’encadrement est défectueux, déficient, rien d’intéressant ne se passera; si l’accès au Congrès n’est pas libre, facilité, on risque de décourager des gens de qualité, quel que soit leur âge, d’y être présents. Or, force est de constater que l’on assiste depuis une quinzaine d’années, environ, à un total manque de renouvellement des responsables associatifs, communautaires, il n’y a pas de nouvelles têtes, et cela tient notamment à un certain verrouillage dans le mode de fonctionnement des rencontres astrologiques.

   En conclusion, le congrès astrologique a vocation à créer un espace où le milieu astrologique doit trouver ses lignes de force, ses leaders, ses cadres ; il serait bon qu’il s’étendît sur une semaine de façon à permettre véritablement que se dégagent des rapports de force, des forces émergentes et que des passages de relais s'opèrent. C’est la responsabilité des dirigeants, des responsables d’aujourd’hui de préparer la relève. Le Congrès, véritable village, doit devenir ou redevenir cet outil à condition, soulignons-le, qu’il constitue un fort pole de rassemblement, sans exclusive et qu’on laisse les confrontations se dérouler sans restriction et sans ménagement, en sachant fournir les outils et les concepts pour que le débat fasse sens.

Jacques Halbronn
Paris, le 27 avril 2004

Notes

1 Cf. notre DVD, L’épopée du MAU (1974-1994), Paris, Ed. La Grande Conjonction, 2004. Retour

2 Cf. nos études sur Encyclopaedia Hermetica, rubrique Astrologica. Retour

3 Cf. Guide de la Vie Astrologique, Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel, 1984, pp. 93-94. Retour

4 Cf. Guide de la vie astrologique, Paris, Trédaniel, 1984, Guide astrologique, Paris, Olivier Laurens, 1997. Retour



 

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