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ASTROLOGICA

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Astrologie et Nouvelle Histoire : le double écueil

par Jacques Halbronn

    L’école française des Annales, née dans l’Entre Deux Guerres, est mieux connue sous le terme “Nouvelle Histoire”, on lui associe généralement la notion de “longue durée”. Certains chercheurs en astrologie ont cru pouvoir s’y référer, sans prendre apparemment la dimension d’une telle approche, croyant ainsi pouvoir renforcer leur cause. Pour notre part, un tel rapprochement interpelle l’épistémologie de l’astrologie, selon que l’astrologie se veut un outil prévisionnel devant intégrer de nombreux paramètres pour parvenir à cerner une praxis ou qu’elle est le résultat d’un certain ordre social avant d’en être un des fondements. Autrement dit, l’Histoire de l’astrologie nous renvoie à l’Histoire des sociétés tandis que la réalité astrologique est constitutive de ce que l’on pourrait qualifier d’anthropologie historique (A. H.) plus encore que sociale. L’A. H. accorde toute son importance à la créativité ; or toute créativité est gestion et instrumentalisation du contingent. Le problème de notre humanité, c’est que l’on manque d’éléments de comparaison puisque nous n’en connaissons pas d’autre, à ce jour, dans l’univers. Le jour où nous rencontrerons d’autres “humanités”, nous prendrons alors conscience de ce que d’autres parcours sont possibles, même à partir de données comparables. Comprenons donc que l’astrologie serait à la fois un processus à l’origine historique puisque arbitraire, contingent mais qu’elle devient un phénomène déterminant sur le plan social à partir du moment où cette contingence s’enracine dans la psyché humaine. Une telle dualité peut dérouter mais combien d’autres phénomènes offrent le même profil d’une subjectivité transmutée en objectivité ?

L’écueil prédictif

   Rechercher dans les faits historiques l’expression de lois historiques relève de la gageure en ce que les faits en question sont la résultante de nombreux paramètres, dont il est bien improbable que l’on puisse réaliser un recensement exhaustif.1 Nous avons déjà souligné cet obstacle à savoir la tentation de vouloir conformer un modèle aux dits faits historiques pris comme l’expression d’un seul et unique paramètre.2 Seule l’approche statistique permet de faire ressortir le poids d’un paramètre précis au travers d’une série de situations par ailleurs spécifiques, ce que ne saurait aucunement permettre une analyse ponctuelle.

   La “Nouvelle Histoire”, en rejetant l’événementialité, en en faisant un épiphénomène, résout le problème à sa manière mais ce faisant, elle conduit à ignorer la spécificité de l’épistémologie de l’Histoire, à savoir la reconstitution de la contingence, l’appréciation de son poids dans le cours des choses. Sur sa lancée, la Nouvelle Histoire pourrait arriver à prétendre reconstituer le passé à partir de quelques paramètres et ce sans faire la part de l’aléa et de l’arbitraire dont c’est justement le rôle de l’Historien d’explorer l’incidence.

   Il semble bien que restituer le passé ne soit pas tâche plus aisée que de baliser l’avenir. Que peut signifier, au demeurant, une prévision à long terme sinon s’exposer nécessairement à une pénurie de paramètres ? En effet, plus la période abordée est lointaine, plus je risque, en effet, de ne pas tenir compte de certains paramètres. Plus la période est rapprochée, moins ce risque est grand et ce quand bien même ignorerait-on ou négligerait-on de considérer des paramètres fonctionnant sur la longue durée. C’est pour cette raison qu’une prévision au delà d’une quinzaine d’années nous semble assez peu concluante. Rappelons qu’un résultat positif peut être du à une coïncidence, à l’intersection entre plusieurs paramètres. De même d’ailleurs pour un résultat négatif. Ce genre d’expériences ne saurait valider un seul et unique paramètre.

L’écueil moderniste

   Mais il nous faut traiter d’un autre écueil que celui du nombre trop réduit de paramètres pour atteindre la factualité historique, à savoir l’idée selon laquelle il conviendrait de prendre en compte de nouveaux paramètres, récemment mis en évidence. Pour l’anthropologie historique, il est hors de question de s’occuper de notions inconnues au moment des faits étudiés ou du moins dont l’émergence dans la conscience humaine, dans un passé plus ou moins reculé, n’est pas plus ou moins avérée. Dans le champ astrologique, nous avons déjà condamné le recours à des planètes transsaturniennes pour servir de paramètres historiques. Certes, on pourrait être tenté, par assimilation, de raisonner ainsi : si certaines planètes du système solaire sont supposées agir, pourquoi pas toutes et notamment les astres découverts certes depuis peu mais existant depuis toujours, à l’échelle de l’humanité ?

   Nous nous portons en faux à l’encontre d’un certain type de révisionnisme qui voudrait que l’anthropologie - mais aussi l’astrologie - s’enrichît des plus récents acquis de la Science. On songe aux thèses d’une François Héritier sur la nécessité de repenser certains modèles - celui du masculin et du féminin, en l’occurrence - sous prétexte que nous connaissons certaines données mieux que les Anciens.3

   Il ne s’agira donc pas de plaquer un modèle astronomique décalé par rapport à l’anthropologie historique, c’est-à-dire non susceptible d’avoir été intégré dans la représentation antique du monde, comme il ne serait pas heureux de vouloir expliquer le monde au moyen d’une telle grille de lecture. Croire que l’on peut ainsi tenir compte de ce que l’Humanité ignorait est un contresens épistémologique et méthodologique.

   Certes, les facteurs ignorés existaient bel et bien mais n’ayant pas été instrumentalisés, ils ne pouvaient intervenir de la même façon que les facteurs dûment instrumentalisés et ce en temps utile.

   On nous objectera que nous avions souligné l’importance qu’il convenait d’accorder à l’ensemble des paramètres et notamment aux plus immédiats. Certes. Mais cela ne justifie pas pour autant de se servir de n’importe quoi. Or, la présence de planètes du système solaire au delà de Saturne n’est pas censée faire sens pour l’analyse événementielle, dès lors que les dites planètes n’ont pas été en quelque sorte “humanisées”, “historicisées”, sauf à croire, comme le font tant d’astrologues modernes, que le système solaire, d’office, fait sens pour l’Homme, qu’il en ait ou non pris connaissance.

   Bien plus, nous ne concluons pas, pour autant, que toutes les planètes du système solaire connues des Anciens jouent nécessairement un rôle “historique” ou que nous savons d’emblée, quel peut être ce rôle, en s’appuyant sur leur appellation mythologique ou leur signification dans la littérature astrologique, laquelle littérature, quand bien même serait-elle relativement ancienne, n’est pas à l’abri d’un tel aggiornamento sauvage.

   L’humanité ne s’est servi des astres que dans la mesure de ses besoins alors que les astrologues modernes veulent à tout prix que chaque planète existante correspondît à une fonction spécifique, ce qui ne peut qu’avoir un effet inflationniste et pléthorique. Selon nous, ces besoins étaient relativement limités. Ce n’est quand même pas en étudiant le ciel tel qu’il nous est connu de nos jours que l’on sera en mesure de déterminer les structures psychiques de l’humanité, il y a plus de six mille ans !

   Comment donc savoir la représentation du Ciel qui était celle des Anciens à l’époque de l’instrumentalisation qui en fut faite et qui perdure jusqu’à nos jours, dans ce que l’on peut par commodité rattacher à l’Inconscient Collectif ? Nous disposons certes d’un certain nombre de monuments et de documents, mais nous restituent-ils pour autant l’état de la représentation tel qu’il fut lorsque les sociétés s’organisèrent sur cette base ? Force est de constater que le corpus qui nous est parvenu - et qui est généralement désigné par le terme générique d’Astrologie - est très hétérogène, syncrétique, c’est le cas notamment du Tétrabible de Ptolémée (IIe siècle de notre ère) qui n’est nullement un ensemble d’un seul tenant.

   Deux problèmes se posent à nous :

1/ comment l’astrologie nous sert-elle à traiter du futur et
2/ comment déterminer quel discours sur les rapports des hommes aux astres est le plus proche de la programmation humaine existante.

I - L’Astrologie appliquée à la connaissance de l’avenir

   On l’a dit, l’astrologie, sous quelque forme qu’on la considère, ne saurait rendre compte de l’événementialité stricto sensu et ce en raison du nombre de paramètres non astrologiques qui entrent en ligne de compte. En revanche, l’astrologie peut compléter très heureusement les éléments connus par ailleurs ou du moins peu ou prou prévisibles et c’est pour cette raison que toute prévision à longue échéance basée par conséquent sur la seule astrologie, laquelle a le privilège du long terme, du fait de ses fondements astronomiques, nous semble tout à fait chimérique. Qu’en revanche, à la veille même de la Seconde Guerre Mondiale, le milieu astrologique, sur la base de toutes les données extra-astrologiques disponibles, n’ait pas été en mesure de cerner l’évolution des événements nous parait l’aveu d’une faillite ; on peut même se demander si le dit milieu n’a pas été plus aveugle que la moyenne des observateurs non astrologues, à ce propos.4

   Aucun événement pris isolément n’est jamais en soi inévitable et inscrit quelque part ; en revanche, si l’on examine une série d’événements, on peut espérer dépasser ce problème, comme c’est le cas pour une population, par delà les cas exceptionnels, par définition, ce qui est exceptionnel échappant à la règle. Cela dit, l’astrologie doit pouvoir déterminer le sens, dans toutes les acceptions du terme, de l’événement, en dégager la partie astrologique et la partie qui ne l’est pas. Somme toute, il est préférable que l’événement s’inscrive dans une logique astrologique dans la mesure du possible plutôt qu’il se situe à contretemps et introduise ainsi un facteur aléatoire à contre-courant.

   L’astrologie serait donc selon nous plus performante sur un ensemble d’événements que sur un cas particulier, aussi frappant soit-il et d’ailleurs d’autant plus frappant qu’il est unique en son genre, comme le 11 septembre. Rien n’est pire pour l’astrologie que de s’obnubiler sur tel ou tel drame et ce d’autant que l’astrologie a vocation à étudier le cycle normal des sociétés bien plus que leur dysfonctionnement, ce qui l’éloigne de la démarche historique traditionnelle et la rapproche de la Nouvelle Histoire.

   Pour que l’astrologie puisse oeuvrer sereinement, il lui faut ce que nous appellerons un espace chronologique, c’est-à-dire un territoire suffisamment ample dans le temps et dans l’espace. Entendons par là que le chercheur en astrologie mondiale doit traiter de la situation en plusieurs régions du globe et pas en une seule et qu’il doit pouvoir suivre son affaire sur une certaine durée, à savoir sur plusieurs années. Or, l’astrologue moyen dispose d’un tel faisceau de configurations qu’il finit par s’embrouiller face à une telle inflation, les aspects planétaires se succédant à un rythme infernal, ce qui limite d’autant le champ que l’on peut conférer à chacun d’entre eux. C’est pourquoi nous pensons que l’astrologie mondiale a un urgent besoin de faire le tri parmi toutes les configurations pléthoriques dont a priori elle dispose, car force est de constater qu’on a là l’embarras du choix.

   En bref, un événement, c’est comme un individu, c’est le résultat de plusieurs facteurs, de nombre de variables et l’astrologie a certes son mot à dire mais elle ne peut être pertinente sur un cas précis que si elle est bien informée des divers enjeux. Ce qui importe, c’est que l’on reconnaisse à l’astrologie qu’elle peut être utile, qu’elle peut contribuer à la synthèse au sein d’équipes transdisciplinaires. Ni plus, ni moins.

II - A la recherche d’une anthropo-astrologie

   Peut-on concevoir, en effet, une humanité d’il y a 10.000 ans et probablement bien plus, avoir besoin d’un tel luxe d’astralités ? On nous objectera évidemment qu’on ne lui a pas demandé son avis. C’est justement sur ce point que nous différons d’avec la plupart des penseurs en astrologie !

   Nous ne croyons absolument pas, en effet, que les hommes aient été, au départ, à leur insu, tributaires d’un quelconque ordre ou désordre cosmique, comportant qui plus est des astres qui leur seraient restés si longtemps inconnus. Notre thèse, désormais bien connue est que les hommes ont utilisé des astres ce dont ils avaient besoin et que les astres auxquels ils n’ont pas assigné de signification ne les concernent pas du moins au niveau influentiel.

   On nous objectera qu’il faut donc dans ce cas prendre en compte toutes les planètes qui ont reçu un nom, dans l’Antiquité, soit Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Cela n’est pas sûr car une chose est de connaître l’existence d’un astre, une autre de l’instrumentaliser au service de l’ordre sociopolitique. Que par la suite, on ait étendu à tous les astres connus des vertus réservées à seulement certains d’entre eux est probable mais une telle extension ne fait pas sens car elle ne correspond pas à un véritable besoin organisationnel et les hommes ne se sont pas programmé par rapport à des astres certes existants mais laissés de côté. C’est toute la question du choix, de l’élection entre plusieurs possibles.

   Nous sommes bien là à l’interface de l’Histoire et de la Nouvelle Histoire. Est “historique” le choix en question qui selon nous privilégie les aspects de Saturne à certaines étoiles fixes. Est néo-historique, le fait qu’une fois ce choix accompli, celui-ci ne peut plus être modifié et donc se présente comme une loi régissant impérativement les activités humaines, par delà les spécificités événementielles.

   Comment recentrer l’astrologie sur son noyau dur, c’est-à-dire sur les configurations auxquelles l’humanité est la plus sensible, que l’humanité détecte en quelque sorte instinctivement ? Comment la débarrasser de cette mauvaise graisse qui la défigure, la boursoufle ? Nous sommes en faveur d’une astrologie minimale, légère, soft, c’est-à-dire que nous pensons que les sociétés ont emprunté à l’astrologie le strict nécessaire, avec une grande économie de moyens. Or, l’astrologie moderne serait plutôt dans la démesure, son cas étant aggravé par une tentation divinatoire consistant à vouloir tout expliquer par ses propres modèles.

   Quand on observe nos sociétés modernes et singulièrement le fonctionnement des démocraties, l’on s’aperçoit que les règles du jeu en sont simples : des élections à certains intervalles, réguliers sauf en cas de mort des dirigeants - et même dans ce cas, aux Etats Unis, le vice-président termine le mandat du président - conduisant éventuellement à une alternance des équipes et des politiques. Nous pensons que le discours astrologique primordial est du même ordre : petites causes, grands effets.

   Il est temps que l’astrologie se donne les moyens de présenter un modèle aussi dépouillé que possible, que chacun puisse suivre; en ce sens, il n’est pas nécessaire qu’il y ait des astrologues patentés. Il est préférable de conférer une formation astrologique à des personnes ayant déjà certaines qualifications non astrologiques et occupant certaines fonctions. Il serait souhaitable que l’on traitât d’astrologie, comme par le passé, dans des ouvrages s’intéressant au devenir des sociétés et que cela soit un chapitre parmi d’autres. D’ailleurs, est-ce que l’astrologie la plus populaire, celle des signes, occidentaux ou chinois, n’est pas particulièrement simple ? Il faut se mettre à l’écoute des sociétés pour se faire une idée juste de ce que doit devenir ou plutôt redevenir l’astrologie. Il est déplaisant de voir des astrologues ironiser sur des formes jugées par eux trop simples ou simplistes d’astrologie - comme dans le cas des horoscopes de presse - car vox populi vox Dei.

   L’astrologie est certes née de l’arbitraire mais elle est devenue une réalité qui signe plus que toute autre, de façon indélébile, notre humanité. On peut tout à fait imaginer d’autres humanités, dans d’autres mondes, hors de notre système solaire, qui aient fait d’autres choix, ce qui montrerait bien qu’il n’existe pas de déterminisme cosmique universel mais que chaque humanité s’est programmé le sien, avec les moyens du bord.

   Comment, dans ce cas, pouvoir accepter une astrologie qui prendrait en compte un astre comme Neptune, invisible à l’oeil nu et inconnu de l’Humanité, dans son ensemble, jusqu’au milieu du XIXe siècle et souvent bien plus tard ? Qu’auraient d’ailleurs fait les sociétés anciennes avec un astre aussi lent (165 ans pour parcourir tout le zodiaque) alors qu’on a vu que l’astrologie n’est utile que dans des périodicités relativement courtes, Saturne étant l’astre non fixe le plus lent qu’ait connu l’Antiquité, avec en pratique des phases de quinze ans, ce qui est un maximum pour intégrer d’autres paramètres, d’autres tendances, en cours.

   En conclusion, l’astrologue ne saurait prétendre expliquer le passé des gens au moyen de la seule astrologie à moins de se situer sur un plan statistique et de couvrir un très grand nombre de cas, ce qui n’est pas, on l’avouera, de l’Histoire stricto sensu mais bien plutôt de la sociologie. Pas davantage, l’astrologue ne devra chercher à actualiser son modèle en tenant compte de découvertes scientifiques plus ou moins récente car sans une adhésion sociale massive et prolongée à une horloge cosmique, l’influence astrale risque fort de se réduire à celle des publications astrologiques et du crédit qu’elles peuvent avoir aux yeux de leur lectorat et dans ce cas, il s’agirait d’un simple vernis culturel bien superficiel.

   C’est pourquoi nous pensons que les astrologues ont intérêt à fréquenter les sciences sociales bien plus que les milieux psychologiques lesquels l’entraînent irrésistiblement vers la divination. Il est temps de déclarer que le terrain de l’astrologie ne saurait être celui de l’événement ou de l’individu isolés mais bien plutôt celui des séries, des répétitions. C’est lorsqu’un phénomène tend à se répéter, à se reproduire de façon étonnante que l’astrologie peut intervenir. Ainsi, le propre de l’astrologie n’est pas tant d’annoncer ce qui va se produire que ce qui va se reproduire, de ce qui va recommencer. A l’astrologie de préciser si tel événement est la marque d’une tendance lourde ou s’il est plutôt à contre-courant et aussi quand tel processus va s’inverser de façon générale. C’est à notre humble avis ce que le XXIe siècle attend d’elle.

   Mais pour ce faire, il est urgent qu’une astrologie prenne le pouvoir sur les autres et que cette astrologie soit la plus solide, la plus ancrée dans le psychisme humain. On se prend parfois à regretter que les savoirs ne puissent guerroyer afin que les plus faibles disparaissent au lieu d’encombrer. En astrologie, le problème, on l’a vu, ce n’est pas le vide mais le trop plein !

   Notre approche se situe dans une optique structuraliste.5 Pour l’anthropologue, dans son rapport à l’Histoire, il ne saurait y avoir d’assujettissement aveugle ni au fondement biologique, ni au discours de ceux qui sont concernés socialement. Ce serait trop simple : dans le premier cas, ce serait oublier la créativité sociale qui transcende et dépasse les données naturelles et dans le second cas, ce serait ne pas considérer les possibilités de corruption, les invraisemblances, qu’un savoir peut avoir à subir et à connaître au cours de ses applications. La seule solution passe par une certaine recherche de cohérence qui permet à la fois de restaurer ce qui s’est décomposé et de déterminer les véritables besoins structuraux des sociétés humaines face à leur environnement. Il ne s’agit donc pour les sciences sociales ni de se laisser guider par la science biologique ou astronomique, ni de se cantonner à des textes traditionnels aussi vénérables soient-ils mais décalés par rapport à la praxis sur le terrain mais de parvenir à déterminer de quelle façon les hommes se sont conditionné et programmé et ce qui en perdure. Ce qui compte, ce n’est pas tant ce qui s’est passé que l’interprétation qu’on en a donné, ce n’est pas ce qui est mais ce qui a été perçu.

Jacques Halbronn
Paris, le 30 mai 2004

Notes

1 Cf. G. Charpak, R. Omnès, Soyez savants. Devenez prophètes, Paris, Odile Jacob, 2004, pp. 56-57. Retour

2 Cf. nos travaux sur l’Astrologie Mondiale, sur Encyclopaedia Hermetica. Retour

3 Cf. notre étude “Populations en voie de marginalisation : femmes et maghrébins. ”, Encyclopaedia Hermetica. Retour

4 Cf. notre ouvrage La vie astrologique, années Trente-Cinquante, Paris, Trédaniel, 1995. Retour

5 Cf. Denis Berthollet, Claude Lévi-Strauss, Paris, Plon, 2003, pp. 170-175. Retour



 

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