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ASTROLOGICA

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L’Astrologie : faisons le point ! Tribune n° 1

par Jacques Halbronn

    En vue du colloque “L’astrologie : faisons le point !” des 12-13 novembre 2004, nous ouvrons une tribune, liée aux débats organisés lors de réunions préparatoires avec des intervenants. Elle pourra susciter des réactions qui seront également mises en ligne, à la suite de chaque tribune. La prochaine réunion devrait avoir lieu le mardi 20 juillet. D’autres intervenants se joindront à nous, comme Richard Rongier.

   Notre première tribune sera consacrée à la réunion qui se tint le 17 juin 2004, chez Daniel Cobbi, à laquelle participèrent Roger Hequet, Raymond Mercier, Didier Lustig, Daniel Cobbi et nous-mêmes, les trois derniers participants ayant par ailleurs une pratique pianistique et la réunion se tenant autour d’un piano à queue.

   Ce fut l’occasion de cerner l’existence d’un certain nombre de clivages entre astrologues avec parfois le maintien de certaines thèses déjà fort anciennes et qui n’ont guère fait l’objet de reformulations. On pense notamment à l’analogie, qui est devenue l’argument préféré de nombre d’astrologues pour “expliquer” le fait astrologique. Avec ce concept, il n’est en effet plus besoin de s’interroger sur la genèse de la relation Hommes/astres, puisqu’il s’agirait d’un phénomène “naturel”. Au nom d’ailleurs de cette analogie, on peut fort bien adopter de nouvelles planètes et celles que l’on découvrira ultérieurement puisque l’analogie ne saurait se réduire au savoir humain, tel qu’il se présente en un temps T, l’analogie revêtant une dimension universelle. L’émergence de nouvelles planètes, dûment baptisées, constituerait une donnée majeure de l’astrologie mondiale, dans la mesure où chaque nouvelle planète correspondrait à l'accès de l’humanité à une nouvelle strate de la conscience.

   Pour notre part, nous sommes fort sceptiques quant à une telle présentation des choses. L’astrologie mondiale a fonctionné depuis le Moyen Age jusqu’au XIXe siècle, soit pendant environ un millénaire, essentiellement autour du cycle Jupiter-Saturne, de 20 ans, connu sous le nom de Grande Conjonction. Les travaux de Gauquelin montrent d’ailleurs que les planètes au delà de Saturne ne donnent pas de résultats statistiques probants. Nous pensons que l’astrologie est née d’une instrumentalisation par les Anciens du ciel tel qu’il leur apparaissait, c’est à dire sans les planètes au delà de Saturne ni les astéroïdes. C’est sous cette forme que l’astrologie est entrée dans l’Inconscient Collectif et celui-ci ne saurait être renouvelé en l’espace de quelques générations, d’autant que pour nous l’astrologie se constitue sur du concret mais aussi sur du visuel. Une astrologie en quelque sorte abstraite, ne s’appuyant pas sur des corps visibles par tous au même titre que les luminaires ne saurait, selon nous, prendre racine dans le psychisme humain, sinon dans la tête de quelques astrologues. Le progrès de l’astrologie passe plus par une conscience renouvelée que par une science augmentée. C’est pourquoi nous n’acceptons pas le principe d’analogie universelle qui voudrait que tout ce qui a une quelconque réalité astronomique, du moins au niveau du système solaire, ait sa place ipso facto au sein de l’arsenal astrologique. Nous pensons, au contraire, que les sociétés ont choisi dans le ciel ce dont elles avaient besoin pour organiser leur temps social, ni plus ni moins. Si analogie, il y a, c’est sur une base bien délimitée et qui n’implique nullement la prise en compte du cosmos tout entier, connu ou à découvrir. Par ailleurs, la quasi disparition en astrologie mondiale du recours aux étoiles fixes nous semble une grave erreur car elles devaient servir à structurer la course des planètes. Le fait que ces étoiles n’appartiennent pas à notre système solaire, qu’elles soient beaucoup plus éloignées que les planètes satellites du soleil ne saurait être un argument, dans la mesure où ce qui importe ici c’est qu’on puisse les voir et situer les planètes par rapport à elles et également l’important est que ces étoiles constituent un cadre “fixe” et bien plus concret que les axes équinoxiaux et solsticiaux.

   Une autre ligne de clivage concerne la méthodologie de la recherche en Astrologie Mondiale.

   Faut-il partir des cycles astronomiques pour rechercher des correspondances historiques ou bien convient-il de déterminer des périodicités historiques, de par l’observation du monde et de remonter ensuite vers les facteurs célestes susceptibles d’en rendre compte ? Il semble que Roger Hequet ait opté pour la seconde formule, dans l’élaboration de son astrochronobiologie, en ce qu’il découpe l’Histoire en phases de quinze ans, puis “accroche” les débuts de chaque phase, à un point mathématique, donc invisible. On est loin, ici, d’une astrologie aux multiples cycles se croisant et se recoupant, hachant ainsi le Temps sans faire pour autant apparaître une périodicité globale, dépassant ainsi le cas de chaque cycle en particulier. En fait, il s’agirait plutôt d’une cyclologie et d’une chronologie se référant accessoirement au cosmos et non pas d’une astrologie percevant le monde au travers de lunettes planétaires. Cela dit, Roger Hequet n’hésite pas à dresser le thème astral de ces “points”, ce qui le renseigne astrologiquement et en quelque sorte horoscopiquement sur l’évolution des choses au cours d’une période de quinze ans.

   Peut-on ainsi partir, comme le fait André Barbault, du cycle Saturne-Neptune et rechercher des corrélations historiques, pour une année donnée, et qui, plus est, propres à un pays donné ? Ou bien doit-on préférer de disposer d’ une typologie des événements qui dépasse les frontières politiques et qui s’inscrive dans une certaine durée, au delà du cadre d’une année ?

   Nous avons montré que les événements relatifs à 1989 - conjonction Saturne-Neptune - appartenaient à une typologie bien précise, celle du démembrement des empires, et sous cette étiquette, nous incluons aussi bien les empires coloniaux que les empires par extension des frontières à des peuples différents, comme dans le cas de l’Austro-Hongrie. Or, si 1989 correspond au cycle “impérial” - constitution et démembrement en alternance - en est-il de même de 1953, avec la mort de Staline, laquelle est mise en correspondance par A. Barbault avec le même cycle Saturne-Neptune, 36 ans plus tôt ? On se demandera donc si les événements reliés au cycle en question ne relèvent pas plutôt de typologies événementielles différentes et donc, ipso facto, de structures cosmiques différentes ? Suffit-il que l’on annonce des événements “importants” pour un pays donné ? Que penser d’un classement entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas ? Nous préférons, pour notre part, recourir à une typologie dont les manifestations peuvent être parfois considérables et parfois beaucoup plus atténuées, tout en restant reconnaissables et comparables en ajoutant que ces manifestations ne sont nullement censées rester circonscrites à un pays ou à un empire mais concernent et affectent la terre entière, ce qui autorise une approche statistique.

   Pour notre part, notre travail en astrologie mondiale s’est greffé sur l’observation de certaines cyclicités historiques, à savoir l’alternance de phases de sept ans favorables à la formation des empires et de phases provoquant leur dislocation. Ce n’est qu’ensuite que nous recherchâmes la configuration céleste pouvant rendre compte de ces observations et nous considérâmes pour ce faire des hypothèses successives, préférant finalement nous référer à des configurations astrales - en l'occurrence associant une planète avec une série d’étoiles fixes - qu’à des points mathématiques, à la différence de Roger Hequet.

   Il nous semble bien plus probable que l’astrologie concerne des typologies psychosociologiques basiques plutôt qu’elle n’ait à rendre compte du découpage arbitraire qui sont le fait de langues, de cultures, à travers le monde.

   La grande question méthodologique qui nous interpelle nous semble être la suivante: comment démontrer la présence du paramètre astrologique au sein de manifestations complexes et relevant de causes multiples ? En effet, si on admet qu’un événement ponctuel relève d’un ensemble de facteurs et non pas d’un seul, comment isoler la part du facteur proprement astrologique ? Certains des participants à la réunion préparatoire préférèrent considérer que l’astrologie rend compte de l’événement dans sa totalité, se refusant à le décomposer en une série de causes, à plus ou moins long terme et plus ou moins locales. En tout état de cause, une même configuration astrale peut générer des effets fort divers et ne saurait se réduire à une seule application. Le problème qui se pose d’ailleurs est qu’en astrologie mondiale, les astres ne sauraient se réduire à fonctionner dans le seul cadre du thème astral individuel mais ont a priori vocation à se manifester dans un temps et un espace plus amples. Cela n’empêche pas, on l’a vu, Roger Hequet de dresser le thème astral du monde tous les 15 ans, comme une sorte de révolution “solaire”, puisant ainsi dans les ressources de l’astrologie individuelle (maisons, progressions) pour booster l’astrologie mondiale.

   Entre les participants à la réunion, la question se posa s’il fallait considérer que l’Histoire moderne obéissait à d’autres lois, notamment du fait de l’émergence de nouvelles planètes dans la conscience humaine ou bien si l’Histoire, à la base, restait bel et bien la même et donc offrait à l’astrologie les mêmes situations à décrire. Parler de configurations jamais vues auparavant ou d’un ciel différent de celui des Anciens, tout comme considérer le monde actuel comme incomparable avec celui que les hommes ont connu pendant des siècles, n’est-ce pas réduire sensiblement les possibilités de recoupement de l’astrologie à la seule époque moderne et donc de travail statistique ? Daniel Cobbi, pour sa part, a montré au contraire, suivant en cela les travaux de Jean Carigand, que certains événements survenus sous l’empire romain pouvaient se retrouver, toutes proportions gardées, en ce début de Troisième millénaire.

   Toujours est-il que plusieurs participants, Daniel Cobbi et Didier Lustig, notamment, se déclarèrent préoccupés par l’accumulation de configurations significatives, notamment en ce qui concerne les planètes lentes, entrant de nouveaux signes ou formant des aspects importants entre elles, c’est à dire nouvellement découvertes car plus éloignées, à la fin de la première décennie du XXIe siècle, mais selon des critères qui ne sont pas ceux de l’indice cyclique d’A. Barbault et qui impliquent la présence d’un maximum de planètes dans une même région du zodiaque. Daniel Cobbi a rappelé les fausses alertes déclenchées par le dit indice pour les années Quatre Vingt. On mentionna aussi le “passage” de l’étoile fixe Régulus, de la constellation du Lion, dans le signe tropique de la Vierge, ce qui relève d’un certain syncrétisme entre tropicalisme et sidéralisme, caractéristique de la théorie des ères précessionnelles.

   Il nous semble assez évident qu’une idée intéressante peut être accommodée de diverses façons plus ou moins heureuses : une bonne idée peut être mal appliquée, ou l’être dans de mauvaises conditions, associée à des conceptions qui en neutralisent le bien fondé tout comme une idée douteuse peut donner des résultats apparemment concluants, du fait de certaines circonstances. Il apparaît également que certaines approches soient communes à plusieurs chercheurs mais présentées sous des formes qui, au premier abord, ne facilitent pas le rapprochement, d’où la nécessité de discerner des tendances communes par delà les différences. Ce n’est évidemment pas - et ce en dépit des apparences - au niveau de la pratique, niveau d’application singulièrement complexe, dépendant de moult paramètres extra-astrologiques, que les astrologues pourront converger intellectuellement.

   On a suggéré, en ce qui concerne l’astrologie mondiale, de confronter les diverses grilles à une même réalité historique que chacun expliquerait astrologiquement à sa façon, par exemple, l’histoire du conflit israélo-arabe - étudié notamment par Luc Bigé (Ed du Janus) - ou celle du communisme soviétique où s’est illustré un André Barbault. Car ce qui, somme toute, rapproche les chercheurs en ce domaine, c’est bien le matériau historique plus encore parfois que des données astronomiques diversement traitées. Cela dit, encore une fois, vouloir circonscrire l’application d’un modèle à une seule aire géopolitique nous semble discutable. Pour notre part, nous prônons une approche comparative, recourant à une même grille et rendant compte d’un même type d’événements, en des lieux différents. Il nous semble notamment assez évident que certains événements ne peuvent se reproduire indéfiniment en un même lieu, même à des décennies de distance. Quand un empire se dissout quelque part, il ne pourra plus se dissoudre avant de s’être reconstitué. En revanche, un processus de dissolution peut frapper une fois tel empire, une autre fois tel autre empire, en un autre lieu de la Terre.

   On voit que les astrologues tendent à être submergés à la fois par la quantité d’astres dont ils disposent et par la quantité de pays. La tentation est grande de croire que c’est le signe que l’astrologie serait ainsi équipée pour rendre compte de la diversité du monde. Nous pensons, tout au contraire, pour notre part, que l’astrologie aurait plutôt vocation à faire ressortir des invariants et des constantes. De même, l’astrologie est désormais en possession de cycles longs, depuis les ères précessionnelles jusqu’aux planètes transsaturniennes et les combinaisons entre elles ; il nous semble y voir une influence de l’Inde. En ce qui nous concerne, nous pensons que là aussi il faut raison garder et privilégier des cycles courts et les prévisions à court terme, lesquelles sont seules capables de prendre en compte des paramètres non astrologiques susceptibles d’interférer. Nous pensons également que l’astrologie mondiale a plus vocation à déterminer des phases de plusieurs années que de pointer des années clef distantes de plusieurs dizaines d’années, ce qui correspond à une étrange conception de l’Histoire de l’Humanité. Il semble qu’il y ait donc là un clivage entre ceux qui prônent une astrologie du continu et ceux qui défendent une astrologie du discontinu. Il est clair que l’approche statistique, englobant de nombreux pays et couvrant des périodes de plusieurs années peut décevoir les amateurs de prévisions sensationnelles, liées à un pays donné en une année donnée et qui plus est faites longtemps à l’avance, ce qui, au demeurant, n’est pas commode à gérer, sauf à s’appuyer sur des travaux anciens, comme les Centuries de Nostradamus, par exemple, chères à Raymond Mercier ou comme l’Ere du Verseau, censée avoir été programmée, astronomiquement, depuis des millénaires, thèmes faisant également l’objet du présent Colloque. Le débat est ouvert !

   Méditons enfin ce propos du cardinal Jean-Marie Lustiger :

   “La part faite à la démonstration rationnelle me paraissait excessive. Et, à mes yeux, ce type de pensée ne rend pas suffisamment compte de l’histoire qui tient une si grande place dans l’expérience juive et chrétienne. De plus poussée jusqu’au bout, une certaine affirmation de la nature, de sa spécificité et de sa suffisance pouvait conduire à considérer l’affirmation de la relation à Dieu comme superflue, voire comme aliénante.”1

   Ce que Lustiger dénonce quant aux relations entre science et religion, nous paraît valoir tout aussi bien pour les relations entre science et astrologie. On ne peut selon nous réduire l’astrologie à une simple traduction de la réalité cosmique, elle est un artefact historique, une certaine lecture, adoptée en un temps T, parmi bien d’autres possibles et qui s’est imposée, tant il est vrai que l’astrologie n’est pas une mais multiple et que parmi toutes les astrologies possibles, nous importe celle qui a fini en quelque sorte par être élue. Ce problème vaut d’ailleurs tout aussi bien en ce qui concerne la diversité des astrologies actuelles qu’en ce qui concerne les premières cosmogonies à vocation socio-religieuse.

Jacques Halbronn
Paris, le 18 juin 2004

Note

1 Cf. Le choix de Dieu, Entretiens avec J-L. Missika et D. Wolton, Paris, Ed. De Fallois, 1987, p. 157. Retour



 

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