BIBLIOTHECA HERMETICA


Accueil ASTROLOGICA NOSTRADAMICA PROPHETICA

PALESTINICA JUDAICA ANTISEMITICA KABBALAH

AQUARICA HYPNOLOGICA GALLICA

Editions RAMKAT




ASTROLOGICA

7

Pour une astro-polémologie

par Jacques Halbronn

   Tant que l’astrologie - et nous prenons ici ce terme dans un sens très général, bien au delà de la tradition constituée autour de ce terme - n’aura pas défini son objet, elle sera la proie de toutes les manipulations et de toutes les dérives, et n’évitera pas l’écueil - la tentation - du divinatoire.

   Débattre de l’objet de l’astrologie - un excellent thème de colloque au demeurant ! - permettrait probablement de faciliter le dialogue interdisciplinaire en conduisant l’astrologie à parler d’autre chose que des astres. Car dire que l’astrologie se singularise par le recours aux astres ne constitue pas une vraie réponse.

   Si l’astrologie étudie certains changements, encore faudrait-il savoir des changements de quoi : quel est le paramètre qui serait ainsi sujet à variations ? Il ne suffit pas de répondre - confondant objet et objectif - : les changements tenant au mouvement des astres. Car si les astres déterminent / signifient des changements, on peut légitimement espérer que ceux-ci soient identifiables au niveau socio-historique à moins de se réfugier derrière la spécificité irréductible de chaque événement : l’Histoire des hommes serait inconsistante et seuls les astres en fourniraient une clef. Une telle position relèverait de la fuite en avant.

   Pour notre part, nous nous faisons une idée assez claire, nous semble-t-il, de cet objet de l’astrologie. Cet objet serait de l’ordre de la communication entre communautés. Entendons par là les relations qui se constituent entre divers groupes et structures et notamment entre Etats. L’objet de l’astrologie serait d’appréhender les changements dans l’approche de ce qui est perçu comme autre et on pourrait parler d’une astrologie de l’altérité.

   Les guerres sont évidemment une des manifestations les plus fortes de ce rapport à l’autre sachant que l’autre est autre de par son appartenance réelle ou supposée avec une certaine catégorie de gens, plus ou moins bien délimitée. Est- ce qu’une altérité qui serait strictement individuelle est d’ailleurs envisageable ?

   Mais les guerres ne permettent pas de cerner une périodicité en soi : il est toutes sortes de guerres et il serait aberrant, comme d’aucuns l’ont cru, de tenter de distinguer phases de guerre et phases de non-guerre. Il nous semble plus heureux de présenter une typologie des guerres. Nous pensons que l’astrologie peut apporter sa contribution au domaine connu sous le nom de polémologie et donc souhaitable de fonder une astro-polémologie.

   Toutes les guerres ne se ressemblent pas dans leur objet sinon dans leurs moyens, lesquels sont relativement identifiables. La motivation des guerres est, en tout état de cause, une certaine gestion du rapport à autrui que l’on veuille s’en rapprocher, l’englober (cas de figure 1) ou au contraire s’en éloigner, s’en séparer (cas de figure 2). Par autrui, nous entendons ici ceux qu’à tort ou à raison nous considérons comme différents de nous. En phase 1, nous aurions tendance à éviter tant que faire se peut ceux qui ne sont pas de notre bord et en phase 2 à préférer ceux qui nous sont étrangers à ceux qui nous sont proches, quittant la proie pour l’ombre.

   Dans le cas n° 1, si on prend, pour simplifier, le cas d’une armée, celle-ci aura pour mission d’investir un territoire et de s’y installer à demeure, selon un processus d’annexion plus ou moins déclaré. Dans le cas n° 2, les troupes auront une mission ponctuelle, à savoir créer un cordon sanitaire autour de la région concernée pour éviter toute interférence.

   Si l’on considère l’intervention américaine en Afghanistan, on a bien affaire au cas n° 2 : les Etats Unis n’avaient nullement l’intention de faire de ce pays une de leurs colonies. Il s’agissait tout au contraire de neutraliser des risques d’interférence entre ce pays et les Etats Unis (un territoire, des citoyens etc.) au lendemain de la destruction des Twin Towers du World Trade Center en septembre 2001. Cela n’a rien à voir, en son projet, on en conviendra, avec une politique de conquête. En revanche, en 1967, quand les Israéliens envahirent la Cisjordanie, partie devenue intégrante du Royaume de Jordanie, il semble bien - en tout cas l’avenir le démontra suffisamment - que l’on ait été dans le cas n° 1. En revanche, en 1948, Israël avait accepté qu’une partie de la Palestine soit cédée à la Jordanie :on était alors dans le cas n° 2, c’est-à-dire dans une logique de partage, de séparation entre des communautés qui souhaitaient limiter au maximum leurs relations. Quand, en revanche, Israël construit un mur autour des territoires palestiniens, on a affaire à une mesure de séparation qui relève du cas n° 2 et qui a lieu, à peu près à la même époque que l’opération américaine en Afghanistan. Quant aux interventions israéliennes, en Palestine, il semble qu’il s’agisse plus - du moins pour le moment, car tôt ou tard - et c’est précisément là l’objet de l’astrologie - on passe d’une phase vers une autre - d’opérations de représailles et de sécurité que d’une volonté de récupérer des territoires, ce qui ramènerait au cas n° 1. Pour l’Irak, en ce qui concerne la crise actuelle, au début de 2003, il en est de même et c’était déjà vrai lors de la Guerre du Golfe à savoir neutraliser une menace réelle ou supposée, ce qui conduisit entre autres à protéger Israël, avec des missiles patriots contre l’envoi de scuds : il s’agissait de circonscrire l’Irak dans son territoire et de le séparer du Koweit qu’il avait envahi, mais il n’y eut pas d’interférence avec la situation intérieure de l’Irak et Saddam Hussein resta en place.

   Il y a donc dans le cas n° 1 une action motivée par une crainte de l’autre, une volonté de l’empêcher de nuire alors que dans le cas n° 2, on peut tout à fait s’en prendre à un pays faible et inoffensif comme ce fut le cas dans les années 1938 - 1940, de la part des nazis, à l’encontre de l’Autriche, de la Tchécoslovaquie ou de la Pologne : il s’agissait là d’une question d’expansion, d’espace vital (Lebensraum).

   Si l’on prend le cas des campagnes napoléoniennes, on notera que l’intention des alliés opposés à la France n’était pas, à la fin (en 1814 - 1815) de s’approprier le territoire français, mais de le contenir dans ses frontières (cas n° 2), selon une logique radicalement différente de celle qui avait présidé quelques années plus tôt, dans la démarche de l’empereur. En revanche, en 1870, la Prusse annexa - définitivement du moins jusqu’à la Grande Guerre de 1914 - 18 - l’Alsace et une partie de la Lorraine, ce qui correspondait au cas n° 1, sans parler du fait que, selon certains, que le programme de la Commune de Paris aurait pris le relais de la politique sociale de Bismarck.

   Dans le cas n° 2, il y a donc sentiment que l’autre représente un danger dont il importe de se protéger. Ce danger ne peut venir, cependant, de la volonté d’invasion de la part de cet autre, puisque dans ce cas là il serait dans le cas n° 1 et, selon notre postulat implicite, l’Humanité ne peut être au même moment en phase 1 ici et en phase 2 là. Aucun des protagonistes ne souhaite véritablement s’emparer du territoire de l’autre, chacun cherche à se débarrasser, avec les moyens qui lui sont propres, de la présence de cet autre, quitte, en effet, à pénétrer dans son territoire à titre dissuasif ou comme monnaie d’échange. La phase 2 cherche avant tout à cantonner, à réduire, unpéril et à mettre fin à une présence devenue / jugée insupportable. En ce sens, les deux Intifadas s’inscrivent-elles dans ce cas de figure, mais aussi les réactions qu’elles provoquèrent : chaque camp, à sa manière, veut repousser / expulser l’autre de son territoire et ne souhaite nullement, en principe, l’avoir à sa charge.

   Bien entendu, nous avons exposé dans d’autres textes, le référentiel astronomique qui sous-tendrait selon nous l’alternance de ces deux cas de figure - autour du concept d’astrologie axiale et de la combinatoire trinitaire stellaro-planétaire Aldébaran / Antarés / Saturne. Car il va de soi qu’une fois de telles observations effectuées sur le terrain, il importe de montrer que ces phases respectent un schéma astronomique - c’est le principe même de ce que nous appelons l’Astro-Histoire.

   Comment passe-t-on d’une phase à l’autre, du cas 1 au cas 2 et du cas 2 au cas 1 ? On conçoit qu’après avoir envahi un territoire (cas 1), la situation finisse par devenir intenable, qu’une résistance (cas 2) s’organise, comme ce sera le cas en France, à un certain stade de l’Occupation allemande. Et inversement, face à un adversaire de plus en plus menaçant, on peut être amené à envahir et à contrôler son territoire pour le mettre hors d’état de nuire, ce qui fait basculer, à terme, vers le cas 1, c’est ce qui s’est passé en 1967, avec la Guerre des Six Jours, qui se voulait préventive mais qui aboutit à une présence prolongée de l’armée israélienne dans les “territoires”, sans parler de l’enjeu historique représenté par la conquête de Jérusalem et notamment du Mur des Lamentations (faisant partie de l’enceinte du Temple d’Hérode), lequel était devenu inaccessible aux Israéliens, depuis près de 20 ans.

   On peut ainsi tenter quelque prévision, concernant l’évolution de la situation actuelle au Proche Orient. Avec le passage de Saturne, au début du signe de la Vierge (tropique) au carré de l’axe stellaire - dans les années 2006 - 2007 à la fin du signe du Lion (tropique), en prenant une marge pour tenir compte d’un certain effet d’anticipation - on passerait du cas 2 au cas 1, c’est-à-dire d’une phase dissuasive à une phase expansive.

   L’arrivée d’Arafat dans les années 1993 - 94 en Palestine correspondit de la part des Palestiniens à une phase 1, à savoir la reconquête - par la diplomatie qui est un prolongement de la guerre (ici la première Intifada) - de territoires auxquels ils considéraient avoir droit. Mais vint un temps, avec la conjonction de Saturne avec Aldébaran dont les effets commencèrent dès l’an 2000, où les Israéliens se ressaisirent et résistèrent à un tel processus (phase 2), tout en provoquant, dans le camp adverse, une nouvelle Intifada (El Aqsa). Situation, pour des raisons historiques et géographiques, extrêmement embrouillée, on l’admettra mais, dans l’ensemble, chaque camp cherche à s’isoler par rapport à l’autre, même si les moyens conduisent à interférer par des attentats suicide en territoire israélien ou par des interventions musclées en territoire palestinien.

   Or, une telle situation ne saurait perdurer indéfiniment : à terme, la réticence des Israeliens à assumer la présence arabe peut diminuer, ce qui pourrait conduire - si cela est alors encore de l’ordre du possible - à une solution binationale ou fédérale et du côté arabe, il peut y avoir soit la tentation panarabe d’une nouvelle guerre avec Israël visant à annexer cet Etat et à prendre le contrôle, soit l’acceptation d’une solution qui permettrait aux arabes de se réapproprier leurs terres ancestrales mais dans une cohabitation avec la population juive, à l’instar des arabes israéliens de Galilée, région qui aurait du, en partie, selon le plan de partage de 1947 (ONU), revenir à un Etat arabe palestinien (cf. V. Féron, Palestine(s). Les déchirures, Paris, Ed. Du Félin, 2001, p. 26). Mais en 1948, on commençait à basculer de la phase 2 vers la phase 1.

   On comprend que le temps joue un rôle essentiel dans nos analyses et c’est ce qui manque aux polémologues habituels qui ne disposent pas d’un “calendrier” comme le nôtre. Le temps perdu peut se payer très cher, en effet et ce qui était possible finit tôt ou tard par ne plus l’être : il y a là une course contre la montre, un compte à rebours, une bombe à retardement. Il apparaît également que ces analyses sont à suivre sur des cartes géographiques, des atlas, dans la mesure où le temps astro-historique s’inscrit dans l’espace sociopolitique et le transforme.

Jacques Halbronn
Paris, le 3 février 2003



 

Retour Astrologica



Tous droits réservés © 2003 Jacques Halbronn