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ASTROLOGICA |
73
La crise de l'astrologisme |
Le diagnostic que l’on peut porter sur l’astrologie moderne se résume à la formule suivante : elle ne sait pas éviter les hypothèses inutiles et tend même à les collectionner.
C’est ainsi que l’adoption de nouvelles planètes si elle peut apparaître comme un enrichissement affaiblit sensiblement ses positions puisque cela conduit l’astrologie à supposer que les astres agissent à l’insu des hommes, puisque ces astres sont invisibles à l’oeil nu. En en restant à Saturne, on pouvait admettre que les sociétés avaient projeté dans le ciel tel qu’il était connu dans l’Antiquité un certain nombre de valeurs ou en tout cas de besoins en matière de structuration du temps. Mais une telle position devenait intenable à partir du moment où l’on parlait du rapport avec des astres inconnus et que l’on supposait que toute planète était nécessairement porteuse de signification, notamment du fait qu’elle portait un nom emprunté à la mythologie. Ajoutons le fait de supposer que les astronomes confèrent aux astres nouvellement découverts des noms mythologiques reflétant leur nature constitue également une hypothèse bien inutile et nullement indispensable.
Autre point non tranché, celui de savoir si quand l’astrologue élabore quelque grille, il faut que celle-ci soit nécessairement préexistante à l’astrologie. Autrement dit, il serait plus simple et plus économique du point de vue des hypothèses de ne pas poser une telle condition et d’admettre que l’astrologie est faite par l’homme et pour l’homme. Cela est aisé dans le cas de la consultation dans la mesure où l’astrologue est en contact direct avec son client ou en tout cas s’adresse à lui et peut l’influencer et le programmer comme il le juge bon. Cela est vrai aussi, de façon plus complexe, en astrologie mondiale quand il faut supposer que les astres agissent au niveau collectif et sans que les gens en soient avertis ni qu’ils aient exprimé une quelconque demande par rapport à l’astrologie. En réalité, dans ce second cas de figure, on admettra que les sociétés ont généré un certain lien avec les astres sans que celui-ci ait eu à exister préalablement.
Pourquoi supposer que les hommes sont parvenu à décrypter la signification des planètes alors qu’il suffit de dire qu’ils se sont contenté de la fixer, à leur guise, ce qui est quand même plus facile à imaginer.
Pourquoi en affirmant que l’humanité a été marquée par des planètes dont elle ignorait l’existence laisser entendre que l’astrologie en tant que savoir n’a pas pu se constituer de façon satisfaisante avant le XXe siècle et la découverte de Pluton ? Ce faisant, ne se prive-t-on pas en effet, du bénéfice du facteur Temps qui permet à un phénomène quel qu’il soit de s’enraciner dans le psychisme humain ?
Pourquoi, par ailleurs, s’encombrer de l’hypothèse selon laquelle l’humanité aurait eu besoin de plus d’une planète pour structurer son Temps ? A quoi sert-il de multiplier les cycles planétaires alors qu’un seul a probablement pu suffire ? Le Temps n’a-t-il pas vocation à unifier des entités sociales qui pourraient par ailleurs se différencier par la diversité de leurs activités ? Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Pourquoi supposer que l’astrologie explique tout ce qui se passe, ce qui fait un peu beaucoup au lieu de se contenter de dire qu’elle rend compte de certaines problématiques et pas d’autres ? Pourquoi donc la charger inconsidérément de coller à tout ce qui arrive à chacun d’entre nous ?
Pourquoi quand on met en évidence une certaine tendance au niveau mondial, faut-il essayer de préciser dans quelle partie du monde l’impact se fera en recourant à des critères astrologiques et non par l’étude proprement sociopolitique des différents acteurs concernés ? Pourquoi recourir au thème natal et notamment aux maisons astrologiques pour savoir quel sera l’effet d’une configuration sur telle personne en particulier alors que l’on doit prendre en compte des données extra-astrologiques ? Ne voit-on point à quel point tout cela alourdit considérablement l’astrologie au prix d’une volonté de tout expliquer dans le monde, au moyen d’un seul et unique système qui en réalité est excessivement hétérogène malgré une seule et même étiquette Astrologie ?
Pourquoi vouloir que l’astrologie prévoie des événements à des dates précises alors que l’on pourrait se contenter de dire que l’astrologie découpe des périodes plus ou moins longues au cours desquelles certains types d’événements ont tendance à se répéter ?
Pourquoi vouloir expliquer chaque événement par une configuration différente au lieu d’admettre que certaines configurations déterminent toute une série d’événements relativement rapprochés ?
En quoi d’ailleurs, une seule confirmation serait-elle concluante de l’importance d’une configuration alors que ce qui compte c’est un faisceau de preuves et d’ailleurs parler de tendance n’implique-t-il pas la répétition ? Ne conviendrait-il pas de ne réserver à l’astrologie que ce qui relève de la répétition, donc d’un processus de régulation et de convergence des activités humaines ?
Pourquoi vouloir que l’astrologie étudie le caractère de chaque individu alors que ce serait déjà bien qu’elle rende compte des grandes orientations socioprofessionnelles qui structurent depuis bien longtemps nos sociétés ?
Pourquoi supposer qu’un cycle est constitué de deux astres en mouvement quand on peut se contenter d’un seul qui soit en mouvement, le second restant fixe, en recourant à une étoile fixe ? Ainsi, au lieu de devoir la course de deux astres, il suffit de suivre la course d’un seul.
Pourquoi chercher à déterminer plus de deux types de phases en alternance comme si cela ne suffisait pas et qu’il fallait subdiviser un cycle en un plus grand nombre de divisions et d’échéances ?
Pourquoi vouloir que chacun ait un temps astrologique qui lui soit propre au lieu de partager le temps de toute la société ?
Pourquoi vouloir étudier de façon spécifique le destin de millions de personnes quand on peut supposer raisonnablement que nous avons un destin commun et unique pour tous les êtres humains vivant sur notre Terre ?
Pourquoi supposer que nous conservons toute notre vie la mémoire de notre thème natal et que nous le confrontons (transits) au cours changeant des astres alors qu’il est plus simple d’admettre que l’Humanité a appris à se repérer dans le ciel au fur et à mesure de la formation de certaines configurations astrales ? Et d’ailleurs, pourquoi supposer que le futur de l’individu est défini par son thème natal ?
Pourquoi s’encombrer de positions fictives des planètes en établissant des domiciles, des exaltations, des décans etc quand on peut étudier les véritables positions de celles-ci ? Pourquoi faire progresser les astres de façon artificielle et uniforme (directions) alors que l’on est en mesure de connaître et de suivre leur progression réelle dans le ciel ?
Pourquoi multiplier les aspects (60°, 120°, 150° etc) quand on peut se contenter de la conjonction, de l’opposition et de la quadrature (90°) ?
Pourquoi se casser la tête à étudier le passage d’une planète dans une constellation ou dans un signe, avec le lancinant problème de la précession des équinoxes, quand il suffirait d’étudier les aspects se formant entre telle planète et telle étoile ? Le Zodiaque n’est-il pas simplement une échelle pour calculer les distances, l’intervalle, entre une position planétaire et un point de repère initial (dit point oméga) ? A quoi bon accorder une quelconque signification à chaque signe ?
Pourquoi vouloir expliquer par l’intervention d’une planète (Uranus, par exemple) ce qui peut s’expliquer par un changement de phase, marqué par un aspect au sein du cycle considéré ?
Pourquoi considérer chaque événement comme un cas particulier plutôt que d’établir une typologie limitant considérablement les cas de figure et permettant de mettre en évidence des séries, des répétitions à bref intervalle, en plusieurs lieux, ce qui aurait évidemment l’inconvénient, il est vrai, de mettre bien des facteurs au chômage, comme étant superflus ?
Pourquoi ne pas relativiser au niveau astrologique l’importance des divisions politiques et considérer l’humanité comme un tout solidaire plutôt que de chercher à distribuer les astres et leurs configurations entre les différents découpages géographiques existants ?
Pourquoi choisir un point oméga mobile par rapport aux étoiles, comme le point vernal ou comme une conjonction de deux planètes quand on peut en disposer d’un qui soit fixe, à savoir une des dites étoiles ? Pourquoi choisir plusieurs points fixes quand un seul suffit dès lors que l’on peut calculer des intervalles (aspects) ?
En fait, un des grands problèmes de l’astrologie, c’est la fixation du point Oméga, cause de bien des aléas : le zodiaque n’est en fait qu’un balisage à partir d’un certain point oméga si bien qu’il y a plusieurs zodiaques (tropical, sidéral); les conjonctions de deux planètes peuvent aussi constituer un point oméga. Certains points oméga sont fixes (conjonction planète/étoile), d’autres sont mobiles (point vernal, conjonction planétaire). Cette mobilité à donné lieu respectivement à la théorie des ères précessionnelles (avec un cycle de près de 26000 ans) et à la théorie des grandes conjonctions.(Jupiter-Saturne, avec un cycle de 800 ans). Le thème natal sert aussi de point oméga puisque l’on étudie les transits des planètes par rapport au radix, c’est à dire aux positions natales.
Initialement, la détermination du point oméga a pu être tout à fait arbitraire, l’important étant que ce point soit aisément perceptible, visible par tous les membres d’une société et de préférence parfaitement fixe par rapport aux autres étoiles.
On aura compris que nous suggérons d’adopter l’idée d’une astrologie ne s’embarrassant pas d’hypothèses inutiles.
Opérons une révolution copernicienne en accordant aux hommes une certaine créativité, ce qui évite de conférer le mérite des structures existantes aux astres, d’avoir à supposer que ceux-ci émettent d’eux-mêmes des forces.
Quelle différence entre affirmer que l’astrologie préexiste à l’Homme et qu’elle n’existe que par l’Homme !
Ceux qui ne croient pas en l’Homme se croient donc obligés d’en faire un pantin tiré par un faisceau de ficelles cosmiques.
Ceux qui ne croient pas en l’Homme se croient donc obligés d’en faire un pantin tiré par un faisceau de ficelles cosmiques.
Conclusions
Notre audit est formel: l’entreprise astrologique est marquée par une incurie certaine, elle multiplie inconsidérément les hypothèses, qui sont autant de dettes à couvrir. Mais au delà d’un certain seuil d’endettement, on n’en est plus à une dette de plus ou de moins. L’afflux de nouvelles planètes et astéroïdes fait songer à l’or du Pérou et cela crée un certain effet d’euphorie qui débouche sur une fuite en avant.
Toute la question, ces bases étant posées, au prix d’un élagage certain, est de déterminer quelle étoile a pu servir de repère et quelle planète a pu servir pour structurer des phases par rapport au dit repère. Comment parvenir à préciser cette question ? La meilleure formule nous parait consister à cerner des phases suffisamment longues pour être significatives. Ce n’est qu’en observant la répétition d’un même type d’événement que l’on peut accéder à la conscience astrologique. A partir de là ces phases ayant été cernées, il convient d’étudier si le passage d’une phase à une autre est marqué chaque fois par la présence d’une seule et même planète en aspect avec un seul et même point fixe.
Quel type d’événement entre dans le champ de l’astrologie ? Il serait en revanche trop simple de supposer que les événements tels que nous les percevons généralement soient pertinents pour l’astrologie car ils sont la résultante de divers paramètres, tout en s’inscrivant dans un cadre astrologique qu’il importe de déterminer.
Si l’on admet que le phénomène astrologique est l’expression d’une volonté d’organisation sociale, il va de soi qu’il ne saurait être question d’y englober des guerres ou des catastrophes à l’instar du prophétisme (Nostradamus notamment). L’astrologie doit se polariser sur une alternance de situations correspondant aux besoins des sociétés, sans aucun manichéisme entre bonnes et mauvaises périodes. Tout changement de phase correspond à un passage critique, il ne saurait donc y avoir des phases spécifiquement critiques, marquées par quelque carré ou opposition.
En ce qui nous concerne, nous pensons pouvoir apporter certaines réponses : à partir du constat de l’alternance d’événements allant dans le sens d’une expansion tendant à relativiser les clivages et les frontières de tous ordres (notamment formation d’empires) et d’événements allant dans celui d’une rétraction, conduisant au rétablissement des dits clivages et frontières, nous avons pu observer que :
- Saturne serait la planète récurrente en ce qu’elle forme chaque fois un aspect de conjonction, de carré ou d’opposition, avec l’étoile fixe Antarès ou avec l’étoile fixe Aldébaran qui lui est symétrique.
- Saturne est en conjonction ou opposition en cas de phase de rétraction et en carré en phase d’expansion.
La conjonction/opposition remet en quelque sorte à l’heure après une période d’expansion qui contribue à faire une pause dans l’affirmation des différences.
Ce modèle que nous proposons respecte l’économie d’hypothèses que nous avons prônée dans le présent article. Le seul postulat qui fonde notre propos est le suivant : l’Homme a un potentiel créatif et d’auto-détermination considérable, non pas tant au niveau individuel qu’au niveau collectif, non pas dans son espace mais dans son Temps.
L’astrologie est malade de ses redondances, de ses doubles emplois qui en font un outil par trop souple puisque si l’on ne trouve pas une explication par une technique, on est à peu près sûr de la trouver par une autre, ayant la même légitimité : si ce n’est pas du fait d’un aspect d’une planète à un point oméga, ce sera du fait de l’interférence d’une autre planète, ou bien ce sera le passage dans tel signe zodiacal. Si ce n’est pas un aspect dans le ciel au moment considéré, ce sera du fait d’un transit d’un astre sur tel ou tel point du thème astral et ainsi de suite.
Il semble bien d’ailleurs que l’astrologie soit victime d’un processus d’expansion à outrance1 qui lui a fait perdre le sens de ses limites. Elle a les plus grandes difficultés à se recentrer sur ses véritables bases ; il en est ainsi de certains empires qui se sont cristallisé et qui offrent une unité factice et ne fonctionnent en fait qu’en exploitant les territoires ainsi annexés plutôt qu’en disposant d’une énergie, d’une dynamique qui leur soit spécifique.2 On se demandera, en effet, si l’astrologie ne marche pas uniquement en se servant d’autres savoirs : combien d’astrologues ne sont pas d’abord de bons journalistes ou de bons psychologues voire de bons thérapeutes qui tentent de mettre leurs compétences extra-astrologiques au service de la cause astrologique alors que les potentialités spécifiques à l’astrologie sont ignorées !
Il est donc souhaitable qu’il y ait recentrage pour ne pas exister que par le truchement d’autrui, situation aliénante. La pléthore dont souffre l’astrologie est typique d’une économie impériale, colonisatrice, hétérogène du fait de la diversité des ressources ainsi captées sur un mode parasitaire. L’historien de l’astrologie3 et d’autres savoirs divinatoires (Tarot) ou prophétiques (Nostradamus) devra constater l’ampleur des emprunts, des récupérations, qui sont le fait de ce que l’on pourra appeler l’astrologisme, c’est-à-dire l’affirmation du tout-astrologique, tout comme il existe un nostradamisme qui revendique une unicité d’inspiration, tant il est vrai que tout processus impérialisant prône une telle unicité. Cet historien sera conduit à remettre en question le caractère pseudo-unitaire du savoir astrologique.4 Une telle attitude de sa part provoquera des accusations de vouloir déposséder, déconstruire voire démolir, les dits savoirs, tant il est vrai que toute prise de possession génère tôt ou tard un traumatisme de dépossession. On a tôt fait de désigner comme anti-astrologues ou anti-Nostradamus ceux qui dénoncent l’astrologisme et/ou le nostradamisme : il vaudrait mieux parler d’anti-astrologisme et d’anti-nostradamisme. C’est par une telle méthodologie d’élagage que l’astrologie retrouvera son âme au lieu de mettre à contribution pour donner le change des énergies qui lui sont étrangères et qui lui confèrent une assise -notamment dans le champ de la consultation - qui ne doit pas grand chose à ses véritables facultés en grande partie occultées et qui conduisent à déclarer un peu vite que Le Roi est nu.
Jacques Halbronn
Paris, le 30 août 2004
Notes
1 Cf. ce que nous disons plus haut sur le carré (90°). Retour
2 Cf. Transgression palestinienne et mythe arabo-musulman de l’irréversible, Encyclopaedia Hermetica en ligne, rubrique Astrologica. Retour
3 Cf. notre étude : L’Empire déchu ou l’Astrologie au XVIIe siècle, Paris, Politica Hermetica, 11, 1997. Retour
4 Cf. Les Livres d’Heures comme sources du Tarot et du Zodiaque, Encyclopaedia Hermetica en ligne, rubrique Tarotica. Retour
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