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ASTROLOGICA

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Les Juifs et l’astrologie

par Jacques Halbronn

    Un juif pratiquant peut-il recourir à l’astrologie ? On entend souvent dire dans les milieux juifs que l’astrologie n’est pas pour les juifs et, cependant, les juifs ont un mot particulier pour désigner ce domaine, c’est le MAZAL. Et lors des mariages juifs, on se souhaite un MAZAL TOV, c’est à un dire un BON MAZAL. Comment expliquer une telle contradiction ?

   Dans la mesure où le judaïsme est né dans l’orbite de l’Egypte et de la Mésopotamie, on peut raisonnablement supposer qu’il en a subi les influences, d’une façon ou d’une autre. Que le judaïsme ait pu chercher à s’émanciper d’un tel environnement se conçoit tout aussi bien. Qu’il y ait eu des tensions entre les pratiques populaires et les directives des responsables religieux, également. Le Mazal Tov est une réminiscence de telles croyances, même si l’expression a fini par ne plus signifier, en hébreu moderne, que “bonne chance” alors que, littéralement, il s’agissait de “bon astre”, de bon “signe zodiacal”, “bonne étoile” au sens de bonne planète à moins qu’il ne faille entendre plutôt planète bien disposée, un astre pouvant être favorable ou non selon les conjonctures.

   Or, si cette pratique n’avait pas sévi, à certaines époques, point n’aurait été besoin de telles mises en garde que l’on trouve dans la Bible (Ancien Testament) Mais dans le texte hébraïque (Deutéronome, notamment) est-ce l’astrologie proprement dite qui est visée comme certaines traductions n’hésitent pas à le dire ou bien diverses pratiques divinatoires et magiques ?

   Il convient également d’accepter l’hypothèse d’un certain élagage, d’une censure, à une certaine époque, des textes bibliques et le rôle des commentaires aurait été d’y remédier. Combien de textes ont pu se voir dépouiller de leur connotation astrologique ? Force est donc de s’intéresser à certains vestiges, à des traces comme dans le cas des Douze Tribus qui renverraient aux douze signes du zodiaque. Il y a là une topologie que l’on retrouve dans la description de Jérusalem. Le rôle des commentateurs s’avère dès lors essentiel d’où l’importance incontournable de l’astrologie dans le cadre exégétique. Combien de commentaires du texte biblique, en effet, ont été marqués par une grille astrologique.

   Il importe par ailleurs de ne pas confondre tout à fait astronomie et astrologie. L’astrologie n’a pas le monopole du recours au zodiaque. Elle est initialement un commentaire du ciel, tel qu’exploré et balisé par les astronomes. Il ne faut pas non plus systématiquement assimiler le calendrier à l’astrologie. Le fait qu’on trouve des documents faisant correspondre les douze mois aux douze signes ne saurait suffire à justifier des conclusions dans le sens d’un impact de l’astrologie sur la vie juive. On trouve certes des synagogues, comme à Beth Alpha, en Galilée, qui sont ornées d’un zodiaque mais, encore une fois, le zodiaque appartient à l’astrologie mais pas uniquement à elle.

   Encore faut-il distinguer entre plusieurs formes d’astrologie : de nos jours, on ne fait pas de différence et tout ce qui est astrologique est assimilé à une seule et même pseudo-science. Il n’en a pas toujours été ainsi : on avait, autrefois, l’habitude de distinguer une vraie d’une fausse astrologie. L’astrologie relative à la médecine n’était pas visée de la même faon que celle qui traitait de l’influence des astres sur le destin de l’homme. Seule la seconde était réprouvée. Ce n’était pas tant l’astrologie en soi qui était mise en cause mais certaines de ses applications.

   Un tel débat confond d’ailleurs arguments religieux et scientifiques. L’astrologie est-elle fausse parce qu’interdite ou interdite parce que fausse ? Le Talmud ne nie pas nécessairement la réalité de l’astrologie mais affirme que l’homme pieux peut vaincre son influence, ce qui est bien une façon d’en reconnaître la réalité. Dès lors, on pourrait parler d’un “miracle” consistant à empêcher les lois astrales - le mazal - de s’exercer. Mais est-ce que la traversée de la Mer Rouge met en cause les lois générales de la nature ? Or, à partir du moment où l’astrologie serait une pseudo-science, ne s’agirait-il pas d’un pseudo-miracle que d’échapper à son influence ? En fait, tant que l’astrologie a été considérée comme une science, elle a été largement pratiquée par les juifs et quand son image a décliné, elle a été rejetée par eux, d’autant que le judaïsme se voyait reprocher, notamment au XIXe siècle, son obscurantisme par des antisémites au fait du Talmud. C’est ainsi que les sacrifices d’animaux, qui ont été abandonnées avec la destruction du Temple de Jérusalem, en l’an 70 de notre ère, étaient très probablement effectués sous certaines configurations astrales et d’ailleurs tout semble indiquer que la vie religieuse juive a un rapport avec le ciel, sorte de livre ouvert.

   En tout état de cause, l’astrologie pose nettement le problème d’un savoir laïc car le juif est aussi dans le monde. Longtemps, le judaïsme n’a pas séparé science et religion, la science devant se conformer à la religion et notamment au principe du monothéisme, censé s’opposer à un polythéisme astral. La question de la laïcité est celle d’une pratique qui n’aurait pas de compte à rendre à l’autorité religieuse. Mais comme l’astrologie a perdu son statut scientifique, elle est retombée sous l’empire du religieux. D’où son statut très particulier au sein du judaïsme. Il n’en reste pas moins que l’astrologie symbolise fort bien la tension qui peut exister entre les pratiques populaires juives et les principes des maîtres à penser, des guides religieux, tel un Maïmonide. L’astrologie serait un enjeu que se disputeraient les deux milieux, le laïc et le religieux, qui parfois, d’ailleurs, la rejettent tous deux. En fait, selon que la cote de l’astrologie est bonne ou mauvaise, le judaïsme adopte une attitude différente. Il est facile, en effet, le cas échéant, de rejeter une influence dont, de toute façon, on conteste la réalité par ailleurs. L’intérêt de croire en quelque chose est qu’on peut cesser d’y croire.

Le recyclage des textes

   Nombreux sont les commentateurs , avons-nous dit, qui puisent leur inspiration dans l’astrologie, allant même jusqu’à faire de Dieu un astrologue. Dès qu’un passage est obscur ou invraisemblable, on met l’astrologie, en tant que pré-science, à contribution, en expliquant que l’avenir rend compte rétrospectivement de ce qui s’est passé et que celui qui a agi comme il a agi savait ce qu’il adviendrait.

   D’ailleurs, bien des naissances comme celle de Moïse, revêtent un caractère dramatique du fait que la naissance d’un sauveur est annoncée par les astrologues, ce qui conduit à faire mourir les nouveaux nés.

   Il s’agit bien là d’un recyclage de récits appartenant à toute la région du Croissant Fertile. Au judaïsme d’y apporter sa touche spécifique en remaniant les éléments existants.

   L’historien des textes est souvent en mesure de retrouver des sources plus anciennes mas qu’est-ce que cela signifie ? Ce n’est pas parce que l’on peut montrer que tel texte est issu de tel autre qu’il joue le même rôle dans les deux cas et qu’il revêt la même signification. D’un point de vue herméneutique, un texte peut signifier une chose et son contraire, pour peu que l’on ajoute un mot ou que l’on en retire un. On peut ainsi récupérer le texte d’un adversaire et le retourner contre lui. Il en est de même de certaines fêtes païennes reprises par les Chrétiens pour leur propre liturgie. Il faut être conscient que la marge d’innovation est plus faible au niveau du signifiant que du signifié, c’est à dire que nous sommes condamnés à employer les mêmes expressions pour désigner des réalités et des intentions différentes si bien qu’on est amené à faire du neuf avec du vieux.

   La civilisation hébraïque n’a évidemment pas tout inventé et le cas de l’astrologie, mais aussi du calendrier avec ses noms de mois babyloniens en témoigne. Il existe des filiations sinon de fond du moins de forme. Même le temps juif n’est pas original: on a assigné de nouvelles significations à une temporalité ancienne et antérieure, au sein d’un nouvel espace structurel. On notera que le calendrier juif, comme le musulman d’ailleurs, reste ancré sur les nouvelles lunes - le mois, en hébreu, étant le Hodesh, c’est à dire ce qui est nouveau - tandis que le calendrier chrétien a un rapport sensiblement plus vague avec le ciel, hormis le respect du cycle des saisons.

   Le problème, c’est que lorsqu’il y a emprunt, même purement formel, tôt ou tard, il y a tendance à retourner à la source. Entendons par là que, par la suite, des contacts peuvent avoir lieu avec les cultures dont on s’est servi et cela permet à celles-ci de s’infiltrer. Le cas de l’astrologie est à ce propos exemplaire : à partir du moment où la littérature judaïque comporte des références à l’astrologie, il est d’autant plus facile pour l’astrologie de réintégrer des positions qu’elle avait du quitter. Ce qui expliquerait pourquoi l’astrologie aura connu des fortunes si variées au cours de l’histoire juive. Tantôt l’astrologie est évacuée en s’appuyant sur l’esprit du judaïsme, tantôt elle retrouve une certaine place en soulignant l’existence de similitudes formelles. Les deux positions ont leur légitimité.

   Dans un cas, on essaie de démontrer que le judaïsme ne peut pas se concilier avec la croyance astrologique, qui confère aux astres un pouvoir qui ferait écran avec celui de Dieu, faisant ainsi abstraction de la pratique juive sur le terrain, à travers les âges; position quelque peu régressive en ce qu’elle réduit le judaïsme à ses prémisses théologiques d’origine. Dans l’autre, on s’appuie sur le recours à un certain langage, à certaines structures plus ou moins vidées de leur sens initial, pour parler d’un savoir originel qui aurait été évacué abusivement. Dans les deux cas, l’on renvoie à un stade primordial plus ou moins mythique.

Les camps en présence

   Le Talmud n’ignore pas l’astrologie. Les avis y sont partagés comme sur la plupart des sujets qui y sont débattus, d’ailleurs. Certains rabbins affirment qu’Israël a bien un mazal (“Iesh Mazal leIsrael”) et d’autres qu’il n’en a pas (“Ein Mazal le Israel”)

   A l’appui de la première thèse, on nous signale que même les juifs pratiquants n’échappent pas pour autant à une certaine fatalité et que tout ne peut pas être corrigé par une vie pieuse. Ce qui vient s’opposer à la seconde thèse selon laquelle seule une vie observante des règles de vie juive (“mitsvoth, d’où la bar mitzva”) permet d’échapper aux menaces célestes.

   En fait, l’idée que la religion vient mordre sur les lois du monde physique fut longtemps populaire, notamment dans les milieux gnostiques; Après que le Sauveur sera venu, le monde aura changé, les miracles se multiplieront. L’astrologie sert ainsi de repoussoir pour justifier l'avènement d’une nouvelle religion, d’une nouvelle ère où les choses ne seront plus comme avant.

La Kabbale et l’astrologie

   Le livre de la Création (“Sefer Yetsira”) comporte notamment une correspondance entre les lettres de l’alphabet hébraïque et les notions astrologiques telles que les planètes, les signes et surtout les Eléments. Ces derniers, traditionnellement, au nombre de quatre (Feu, terre, air, eau) ne relèvent déjà plus de la seule astronomie qui n’en aurait, a priori, que faire.

   Un autre cas est celui de la Merkaba que l’on trouve dans le Livre d’Ezéchiel, largement commenté dans le Zohar. Il y est question de quatre Hayoth. Or, le mot grec Zoon dans Zodiaque signifie comme le mot Haya (qui a donné Eve) la vie: ces quatre êtres vivants sont le boeuf, le lion, l’aigle et l’homme que l’on relie généralement aux quatre signes zodiacaux, le taureau, le lion, le scorpion et le verseau, que l’on nomme signes “fixes” en astrologie car, situés au milieu de chacune des quatre saisons: on peut évidemment trouver un lien avec les Quatre Eléments dont on parlé plus haut. On retrouve cette combinaison dans le sphinx mais aussi dans le Nouveau Testament et dans l’arcane “Le Monde” du Tarot.

   Existe-t-il pour autant une astrologie proprement hébraïque ? On notera d’abord que les planètes ont reçu des noms spécifiques en hébreu, qui ont d’ailleurs disparu en hébreu moderne. C’est ainsi que Saturne se dit Shabtaï qui évoque le Sabbat ; par ailleurs, le mois de Shebat correspond au signe du verseau, signe situé à l’opposé du lion estival et attribué, dans l’Antiquité, à Saturne. C’est le septième astre (shéva=sept) astre, le plus lointain dans la représentation ancienne du ciel. Il est probable que les sept jours de la Création se référent au cosmos qui comportait sept astres ou aux phases de la lune dont chacune correspond à sept jours. Mais s’agit-il d’astronomie, d’astrologie ou de calendrier (hémérologie) ? Ce changement de nom des planètes permettait de ne pas utiliser les termes mythologiques habituels. Mais aujourd’hui, le débat semble dépassé et en Israël, c’est la forme allemande des mois qui s’est imposée, parallèlement au maintien de la forme babylonienne, à usage surtout religieux., et ce sans que les esprits se déclarent choqués. Ce qui montre bien qu’à une époque comme la nôtre, le débat a perdu de son acuité, beaucoup de juifs n’étant plus observants et le monde environnant n’étant plus païen.

Les juifs comme traducteurs de textes astrologiques

   Ce qui prouve que l’astrologie faisait partie intégrante de la culture laïque est le rôle joué par les juifs dans la transmission de ce savoir. Les Juifs ne se sont pas contenté de commenter les Ecritures, au moyen de l’astrologie ; parallèlement il existe une littérature astrologique que l’on peut qualifier, dans le contexte de l’époque, de scientifique. Et celle-ci va notamment grâce aux Juifs passer du monde arabe au monde chrétien, au Moyen Age, Et ce non seulement vers le latin mais également vers des langues vernaculaires comme le français. Il est arrivé que des traductions de l’hébreu vers le latin aient été réalisées à partir d’une traduction vers le français. Ce ne sont plus des traductions mais des adaptations d’une langue latine vers une autre. On serait passé de l’arabe vers l’hébreu puis de l’hébreu au français puis du français vers le latin. Le point de jonction entre le monde sémitique et le monde chrétien se situerait au passage de l’hébreu vers le français et en fait au sein du monde juif, entre les juifs vivant en terre d’Islam et ceux vivant dans la Chrétienté. Parmi les auteurs juifs de traités astrologiques, certains ne furent d’ailleurs probablement que des adaptateurs de traités en lange arabe.

L’astrologue et le prophète

   En fait, il semble que l’un des principaux reproches exprimés par les juifs contre l’astrologie ait été son usage dans l’annonce d'événements à venir, notamment de type messianique.

   L’astrologie reste en effet à peu près incontournable dès qu’il s’agit d’avancer des dates, encore que l’on puisse aussi faire des prédictions sur la base du seul calendrier. N’allons-nous pas vers la fin du sixième millénaire selon le calendrier juif ? D’ailleurs, même l’approche de l’An 2000 peut frapper les esprits juifs, comme on le voit dans le film Kadosh d’Amos Gitai, qui se déroule à Jérusalem.

   L’astrologie provoquerait une certaine exaltation des esprits. Non seulement chez les juifs mais plus encore chez les Chrétiens spéculant sur l'avènement de Antéchrist et s’appuyant sur des dates à base astrologique mais aussi à partir de certains chiffres du Livre de Daniel. N’y aurait-il pas quelque contradiction à rejeter l’astrologie et à louer le prophétisme. On ne peut pas dire, en effet, que la projection vers le futur est étrangère au judaïsme. Le prophète est bien un personnage centrale de l’épopée biblique! En quoi se distingue-t-il de l’astrologue? On dit souvent que le prophète connaît l’avenir par la grâce de Dieu tandis que l’astrologue doit y accéder par ses propres moyens, un peu comme un voleur. Mais Prométhée n’a-t-il pas dérobé le feu aux dieux pour l’offrir aux hommes ?

   En fait, il y a là un véritable dilemme: d’un côté, il était essentiel d’alimenter une certaine espérance en un avenir meilleur, en un retour à Sion, cela permettait de mieux supporter les épreuves. Mais de l’autre, dès lors que l’attente était déçue, cela ne faisait qu’augmenter le désarroi, le rapport névrotique du judaïsme à l’égard de toute prédiction, tant soit peu précise et l’astrologie est concernée au premier chef par ce phénomène d’attirance / répulsion.

   Le prophétisme moderne est, au XVIe siècle, marqué par un juif descendant de convertis, d’une famille provençale, Michel de Nostredame, dit Nostradamus, Il exerça le métier d’astrologue et publia des almanachs et des pronostications mais son oeuvre la plus célèbre fut, en langue française, son livre de Prophéties, plus connu sous le nom de “Centuries” rassemblant des quatrains. Depuis, plusieurs siècles, additions et commentaires abondent et on a vu, récemment, à propos de l'Eclipse du mois d’août 1999, le rapprochement avec un de ses quatrains comportant l’an 1999. Divers astrologues et voyants en ont profité pour annoncer les pires catastrophes, en se trompant.

   Le texte des Centuries est un des grands textes de l’époque moderne et, toutes proportions gardées, il mérite autant d’attention, de la part de l’historien des textes, que la Bible. Il existe une “critique” nostradamique comme il existe une “critique” biblique, avec ses problèmes de source, ses versions juxtaposées, ses contrefaçons, sa datation, son canon.

L’astrologie, c’est bon pour les autres

   De nos jours, où l’on n’adore plus les étoiles, le risque que les juifs soient tentés de pratiquer le culte des astres est bien faible et on ne peut tout de même pas assimiler la croyance en l’astrologie à un tel culte, sans que l’on puisse exclure évidemment que l’astrologie puisse un jour servir à développer une forme d’astrolâtrie, puisque les signifiants n’ont pas été évacués.

   Quant à soutenir qu’elle est incompatible avec la croyance monothéïstique, cela ne tient pas: l’astrologie, bien au contraire, a trop souvent servi pour rendre compte de la façon dont Dieu communiquait avec les hommes. L’astrologie se trouve, en effet, au carrefour entre le Haut et le Bas, entre le monde spirituel et le monde des hommes. Et d’ailleurs, si l’on ne croit pas en l’astrologie, on peut aussi bien en arriver à ne plus croire en Dieu !

   Il reste que la rumeur veut que l’astrologie ne soit pas tout à fait kasher ! En fait, le judaïsme continue à assimiler l’astrologie à la Avoda Zara (idolâtrie, littéralement : culte étranger) et à considérer que ce qui est bon pour les autres ne l’est pas pour les Juifs. On en est en définitive arrivé à ce que l’on entende souvent dire que les juifs échappent au pouvoir des astres, qu’ils soient ou non observants. Par droit de naissance, si l’on peut dire. On n’en est plus aujourd’hui à chercher à vouloir justifier les pratiques religieuses par le fait que cela porte bonheur ! Ce serait en fait purement et simplement une exception culturelle, une volonté de se distinguer des autres peuples comme tel siècle veut se distinguer du précédent par tel ou tel rejet, qui serait la meilleure explication pour un certain refus de l’astrologie.

   En fait, toute la question est de savoir de quelle astrologie on parle: le débat n’est pas entre accepter ou refuser l’astrologie mais entre une astrologie adéquate ou non, tout comme les juifs ne rejettent pas toute nourriture mais ne se nourrissent pas n’importe comment. Selon nous, il doit exister une astrologie “juive” offrant certaines caractéristiques, en phase avec l’idée de monothéisme face à une astrologie d’inspiration plutôt polythéiste ; c’est le choix entre une astrologie du temps et une astrologie de l’espace. Un des dix Commandements n’est-il pas le respect du repos hebdomadaire qui suppose un certain rapport au temps que l’on retrouve dans le récit de la Création (Genèse) ? Ce qui gêne en revanche, au regard de la pensée juive, c’est l’idée d’une société qui idolâtrerait ses différences internes, au nom d’une typologie zodiacale ou planétaire, alors que la loi doit s’imposer à tous et au même moment, il faut aller voir du côté du Livre de l’Ecclésiaste (Ch. III), exposé de morale attribué fictivement au roi Salomon : “Il y a un temps pour chaque chose”

Jacques Halbronn



 

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