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JUDAICA

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La vraie question juive

par Jacques Halbronn

    Il n’est pas aisé de déterminer comment l’humanité “fonctionne”, c’est-à-dire, dans notre vocabulaire, de la consciencialiser, ce qui ne signifie pas tant la rendre consciente que de devenir conscient de ce qu’elle est.

   Le principal obstacle à une telle quête conscientielle est celui du mimétisme, c’est-à-dire du partage, de la communication et finalement d’une certaine contrefaçon. L’imitation est un mobile et un moteur puissant qui permet avec finalement très peu d’ingrédients d’irriguer un espace et un temps considérables. Et cela suscite bien des illusions et flatte bien des vanités. Il n’est pas aisé de remonter à la source qui n’est pas le lit du torrent.

   D’autant qu’il existe ce que l’on peut appeler une marge mimétique. Prenons les noirs, ils ont longtemps été exclus de toutes sortes de tâches qu’ils assument désormais.. En Afrique, il y a des présidents de la République noirs. Et il en est de même pour les femmes qui occupent de nouveaux postes. Mais n’est-on pas là précisément dans une démarche mimétique. Même le perroquet peut prononcer des phrases compréhensibles, cela n’en fait pas un homme et ne parlons pas des voix dont sont dotées certaines machines, lesquelles remplacent avantageusement les hommes sans le devenir pour autant. Partager quelque chose avec quelqu’un ne nous fait pas le devenir, sinon au prix d’un certain sophisme. Dire: je fais ce que tu fais donc nous sommes égaux est une plaisanterie, dans la plupart des cas, dès lors que l’on est dans le registre de l’imitation. On nous objectera peut-être que tout est affaire de mimétisme et qu’il n’y a pas à aller voir plus loin.

   C’est dire combien le mimétisme - on n’a cessé de le répéter dans nos travaux - brouille les pistes et est l’obstacle épistémologique par excellence à toute quête d’ordre ontologique et consciencialiste. On pourrait parler, en termes boursiers, d’une énorme “bulle” mimétique qui survalorise les performances générales de l’Humanité alors qu’elle n’est alimentée, en pratique, que par un nombre très réduit d’acteurs. Et cette bulle peut crever et provoquer un grave choc civilisationnel. D’ailleurs, dans le débat sur les rapports Monde arabe / monde occidental, cette question mériterait d’être posée, tant il est flagrant que le monde arabe est dans un rapport mimétique avec le monde occidental, que les armes dont il se sert sont des armes occidentales sans parler de technologie ou de science, au sens large et en ce sens ce monde arabe n’existe sur le plan militaire qu’en se servant des armes fournies, fabriquées ou inventées par les occidentaux.

   D’où vient d’ailleurs cette carence du monde islamique qui le met à la traîne du monde occidental ? On peut se demander si la question juive ne joue pas un rôle significatif dans ce domaine. Est-ce que le monde chrétien n’a pas su mieux utiliser, du moins à partir de la Renaissance, ses Juifs que le monde arabe ? Tout se passe en tout cas comme si la consciencialité occidentale, largement alimentée par les juifs, dans sa dimension épistémologique, aurait conquis un certain monopole au niveau mondial. On dira aussi d’ailleurs que le déclin de l’Europe pourrait être du à un certain exode juif vers le Nouveau Monde, quantitatif certes mais par là même, statistiquement, qualitatif. Les sociétés qui savent gérer leurs ressources “judaïques” sont favorisées par rapport à celles qui ne savent pas ou plus le faire et d’une certaine façon, la situation des juifs en URSS était moins favorable qu’aux Etats Unis, ce qui expliquerait que les soviétiques n’aient pu, comme ils l’avaient escompté dans les années Cinquante-soixante.1

   Certes, à la suite de nos travaux sur la consciencialité juive, il y a le risque que chaque juif se découvre conscientiel mais aussi que tout un chacun, juif ou non, s’affirme comme tel, tant les choses s’approprient vite, se répandent et se mimétisent.

   La question de la consciencialité est liée à l’identification de celui qui a été le premier à formuler une nouvelle découverte ontologique. Une fois cette formulation effectuée, celui qui la reprend à son compte entre ipso facto dans le champ mimétique, il ne fait que répéter, amplifier, s’emparer; au fond, il est comme une femme fécondée par un homme et qui va “porter”, capturer l’embryon. La consciencialité, dans sa dimension créatrice, est de nature embryonnaire.

   Si tous ceux qui ont la maîtrise de la consciencialité cessaient de communiquer avec autrui, à terme, l’humanité dépérirait tout comme certaines civilisations ont dépéri ou dépérissent ou se satellisent par rapport à d’autres. Après tout, s’il y a eu colonisation des uns par les autres, ce n’est quand même pas tout à fait par hasard, cela tient à l’évidence à une certaine carence des colonisés, il faudrait quand même le souligner.

   Encore faut-il préciser que si une société refuse la consciencialité, elle ne sera pas à l’écoute de ceux qui sont en mesure de l’enrichir. Quelque part, la consciencialité se situe à l’encontre d’un certain progressisme qui ne veut pas s’enfermer dans l’être et finalement d’un certain mimétisme. Ce qui conduirait à penser que certaines populations seraient anti-conscientielles (ce qui pourrait devenir un synonyme d’antisémites tout comme “conscientiel” pourrait devenir synonyme de juif) et parmi elles celles qui souhaitent changer le cours des choses: les immigrés, les femmes, notamment.

   Il semble bien en effet que l’antisémitisme soit l’expression d’un rejet de la consciencialité, c’est-à-dire du dévoilement, du démasquement. Il y a là comme une sorte de cercle vicieux : celui qui imite trompe sur son être et donc est menacé par la consciencialité qu’il s’était arrogée. La psychanalyse est certainement une forme de consciencialité.

   Le génie conscientiel a accès à l’être, de façon en quelque sorte radioscopique, il contemple le réel avec des rayons X, percevant ainsi l’armature des choses là où la plupart, s’ils étaient laissés à eux-mêmes, resteraient à leur surface. Bien entendu, celui qui répète et reproduit et s’approprie un discours conscientiel peut faire croire que c’est son oeuvre chez ceux qui ne sont pas au courant de ce qui a déjà été dit. Celui qui vole, qui plagie, vit dans la peur d’être dénoncé. Dans un monde aussi conscientisé par la présence juive que le germanique, devrait-on être surpris d’un tel processus de rejet ?

   Mais qu’on y songe, dans la confrontation entre Etats, entre sociétés, il faut être à la pointe de la recherche et non pas à la traîne, d’où d’ailleurs l’importance de l'espionnage. Sinon on a un métro de retard et cela peut être fatal.

   L’humanité continue à conférer la palme aux pionniers, notamment en décernant des prix Nobel. C’est là un rappel que l’excellence, c’est d’abord et avant tout celle de celui qui ouvre la voie et non de celui qui se contente de suivre le mouvement. Et là, force est de constater que la manoeuvre mimétique atteint ses limites qui sont loin d’accéder à un certain niveau vital pour l’avenir de l’Humanité. Le roman de science fiction de Frank Herbert, Dune, parle d’une épice que l’on ne trouve que sur un seul astre et convoitée par les habitants de tout l’univers. On peut se demander si l’on n’a pas là une transposition, avec cette épice vitale, de ce que nous appelons la consciencialité.

   Parmi ces populations qui prétendent que rien ne leur est inaccessible, il est clair que les Juifs sont le rappel d’une certaine frontière. Car on ne se convertit pas au judaïsme ou du moins on ne devient pas juif de par sa volonté mais par l’hérédité, vecteur de l’ontologie. Pour rejoindre l’être, il ne s’agit de se mouvoir dans l’espace, en changeant de vie, mais bien dans le temps car ce n’est qu’en remontant le temps, que l’on atteint le moment où les choses commencent à être. Le juif peut aller vers le non juif dans son travail de conscientisation mais le non-juif n’a pas de légitimité à “devenir” juif puisqu’il ne peut prétendre lui apporter la conscience de lui-même, n’étant pas porteur de consciencialité, encore que parfois l’antisémite s’y essaie.

   On aura compris que toute tentative pour apporter de la conscience à l’autre peut être interprétée comme une sorte de viol, d’où le terme misogynie qui revient chaque fois que l’on ose parler de ce qu’est la femme. Or, force est de constater que la consciencialité manque sévèrement aux femmes au niveau de leur réflexivité et elles ne sont guère disposées davantage à entendre les propos qui leur sont destinés aux fins de description de leur être collectif. Elles voudraient que chaque femme ait un être différent, ce qui rendrait toute tentative / entreprise de traiter de “la” femme, impossible. Car bien entendu, les principaux enjeux de la consciencialité sont à l’échelle des groupes bien plus que des individus, ce qui montre à quel point la dimension individuelle est non pertinente en tant qu’objet d’étude alors qu’elle l’est puissamment au niveau de la qualité des chercheurs conscientiels ; comme nous l’avons dit plus haut, pour la consciencialité, il est essentiel d’identifier la source individuelle de la conscience de telle ou telle chose et de ne pas la confondre avec une autre. Dans le camp opposé à la consciencialité, c’est l’inverse qui se produit: on revendique une essence individuelle mais on se satisfait avec une certaine complaisance d’un savoir collectif.

   Autant est-il dans l’ordre des choses de véhiculer la conscience à l’intérieur de l’organisme social et en ce sens le mimétisme est-une nécessité, autant est-il inadmissible que l’on cherche à nier l’existence d’une consciencialité centrale qui irrigue l’ensemble, au point de refuser la dualité. Autrement dit, ce n’est pas parce que je suis porteur de la parole de l’autre que je deviens l’autre et que je n’ai plus besoin de lui.

   Certes, on pourrait décréter que l’ère de la consciencialité est achevée, que l’humanité est devenue suffisamment consciente, qu’elle n’est plus demandeuse de conscience, qu’elle peut évacuer ceux qui la fournissent en cette énergie, les remiser dans quelque réserve. On ne peut que relever à quel point la pensée de Hitler fait écho à celle de Herzl dans la recherche d’une “solution_; pour la question juive: il faut isoler les juifs. Or, les isoler, cela revient à les empêcher de respecter le cahier de charges de leur sacerdoce, à la fois collectif et individuel.

   On nous objectera que le monde peut tourner sans les juifs puisque les juifs ne sont pas partout, étant ethniquement cantonnés dans le monde “blanc”. Cet argument ne vaut guère de nos jours, à l’heure de la mondialisation : ce qui émerge en tel endroit a vite fait de faire le tour de la planète. Nous avons également montré que le “coeur” intellectuel de l’Humanité avait pu se déplacer en même temps que les juifs passaient d’un environnement à un autre plus favorable. Il est clair aussi que nombreux sont ceux qui sont juifs sans le savoir. Ce n’est pas parce qu’il existe un ensemble qui se dit juif, que seuls ceux qui sont conscients d’être juifs en font objectivement partie et vice versa, tous ceux qui se disent juifs ne le sont pas nécessairement. Cela étant, c’est bien en se concentrant sur ceux qui sont dits juifs que la recherche doit d’abord être conduite, d’où l’importance d’écoles juives, notamment en Israël, ayant pour mission d’épanouir cette consciencialité et d’orienter chaque jeune juif vers les fronts conscientiels les plus significatifs, dans le monde, aux antipodes de la transmission d’une “culture” juive au sens classique du terme.

   On fera également remarquer que l’humanité ne vit pas constamment au même niveau de consciencialité, que l’humanité n’a pas besoin d’être en permanence dans une dynamique de consciencialité, que des contacts ont toujours eu lieu d’un continent à l’autre, du fait des empires ou du commerce.

   Et enfin, par delà l’expansion conscientielle, insistons sur l’existence d’une pseudo-consciencialité, imitant la vraie consciencialité sans en avoir les vertus. Force est de constater que l’humanité jusqu’à présent s’est montré apte à reconnaître la vraie consciencialité. Tant que l’on ne refusera pas, comme crurent pouvoir le faire les nazis, et ce à leurs dépens, d’accorder à certains penseurs juifs l’importance de leur contribution conscientielle, sous prétexte qu’ils sont juifs - ce qui relativise sensiblement la nuisance de l’antisémitisme - cette question restera une hypothèse d’école. Le scandale n’est pas tant que l’on tue un juif parce qu’il est juif mais que l’on refuse de l’entendre car une fois qu’il est entendu, qu’il a pu s’exprimer, la mort n’a pas d’importance : il y a quelque chose d’immortel dans la consciencialité et d’autres le relaieront. On sait d’ailleurs à quel point la postérité est un dépassement de la mort du sujet, ne retenant que la vitalité de l’objet.

   Quelque part, le débat sur la démocratie et son absence dans le monde arabe, est en rapport avec la question de la consciencialité: car le refus de la démocratie, c’est avant tout la volonté d’empêcher le verbe de circuler librement et surtout de laisser les meilleurs parvenir au sommet, et ce refus est singulièrement appauvrissant surtout quand il exclue les juifs et ce sous quelque prétexte que cela soit. Il est important que l’on retienne que les juifs ne sont pas au service des juifs mais du monde. C’est ce que la création de l’Etat d’Israël a fait oublier et c’est ce qui a notamment conduit à priver le monde arabe au XXe siècle de ses juifs. Qu’on le veuille ou non, le refus tant de fois exprimé par les arabes de la présence juive en leur sein, et notamment, en Palestine / Israël, constitue un contresens historique majeur. Les arabes n’ont pas compris que l’Europe en se débarrassant de ses juifs et en les envoyant dans le monde arabe leur faisait un magnifique cadeau, à l’instar de ce qui se produisit lors de l’Expulsion des Juifs d’Espagne, en 1492, quand une partie de ceux-ci furent accueillis et recueillis dans l’Empire Ottoman. Cinq cents ans plus tard, à la fin du XIXe siècle, un tel processus aurait pu se reproduire. Herzl eut beau insisté, assez maladroitement il est vrai, auprès du sultan Abdul Hamid, sur les avantages d’une présence juive accrue au sein de son empire, ce fut peine perdue et l’on sait par ailleurs que l’émigration juive vers la Palestine, à la veille ou lors de la Shoa, fut enrayée de par l’incompréhension arabe des enjeux propres à la question juive. Précisons que le sultan était d’accord pour les juifs viennent s’installer dans l’ensemble de son empire mais sans se focaliser sur la Palestine, sa position nous semble plus raisonnable que celle de Herzl. Le rejet des Juifs par le monde arabe ne concerne pas les juifs en tant que tels mais l’idée d’une concentration juive restaurant l’ancien royaume de David. L’existence même d’un Etat Juif fait de tous les juifs dans le monde des représentants présumés de celui-ci et déstabilise profondément l'écosystème de l’Humanité. Le remède est souvent pire que le mal.

Jacques Halbronn
Paris, 20 avril 2003

Note

1 Cf. notre étude “Heurs et malheurs de l’astrologie mondiale au XXe siècle”, sur le Site Cura.free.fr. Retour



 

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