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JUDAICA

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La question juive au regard de Dieu et de l’Etat

par Jacques Halbronn

    Dans L’Etat Juif, Herzl dressa, en 1896, le bilan des “Essais de solution (de la question juive) tentés jusqu’à ce jour”1, et il a la lucidité de mettre le doigt sur la question des juifs étrangers : “Suffit-il donc de transporter quelques milliers de juifs dans une autre contrée ? De deux choses l’une : ou ils prospèrent et alors, avec leur fortune, naît l’antisémitisme ou bien ils échouent aussitôt.” Ce sont les conséquences de la “dérivation” condamnée par Herzl qui ne voit comme issue que d’envoyer les juifs là où il n’y aura que des Juifs.

   Par cette formule, on s’en doute, nous n’entendons pas, du moins a priori, que le Juif serait, par essence, un étranger. Certes, il est bien des Juifs qui le pensent eux-mêmes et c’est justement cela qui fait problème.

   Ils le pensent parce qu’étant eux-mêmes et juifs et étrangers, ils ne parviennent pas à distinguer entre leurs deux conditions et prennent l’une pour l’autre. Exercice difficile, il est vrai, reconnaissons-le, que de parvenir à faire le tri au sein de notre personnalité entre divers paramètres. Ce n’est pas, en effet, parce qu’on est juif que tout ce qu’on fait ou ressent serait ipso facto juif. Et on pourrait en dire autant pour une femme qui pense que tout ce qui lui arrive tient au fait qu’elle soit femme et ainsi de suite.

   Or, il se trouve que de nos jours la condition juive cohabite souvent avec la condition d’étranger, étant entendu que tout étranger n’est pas juif et que tout juif n’est pas non plus étranger.

   Ce n’est pas parce qu’un juif allemand est bien intégré en Allemagne qu’il le sera en France, du jour au lendemain. Minimiser la difficulté à devenir “juif français”, c’est, en fait, hypothéquer - ou tenter de le faire - la condition du dit juif français, ou en tout cas la réduire à peu de chose.

   Le juif étranger, c’est-à-dire celui qui “débarque”, est une occasion bénie pour l’antisémite et cela n’est guère compliqué à comprendre. Par sa présence même, il affaiblit en effet la position du juif “local”, “autochtone”, il favorise de fâcheux amalgames, accentue inutilement un sentiment de différence qui en effet existe mais peine à se définir.

   Au lieu de penser vraiment la question juive dans sa signification profonde, la présence du juif étranger fournit une matière ô combien plus accessible, qui est en fait celui de l’étranger, avec ses stigmates. On est donc bien dans l’amalgame !

   Il y a au demeurant une instrumentalisation de l’étranger dès lors que l’on se heurte à un problème de sens. C’est ainsi que dans les relations de couple, se choisir un partenaire étranger, c’est-à-dire d’une autre culture, d’une autre langue, est une façon de ne pas avoir à penser le rapport homme / femme, de le transposer sur un autre plan plus accessible. C’est dire de quelle façon toute interférence avec un facteur d’étrangeté peut brouiller les pistes et apporter de fausses réponses.

   Etre étranger, quelque part, c’est aussi substituer à sa différence en tant que membre du groupe, un distinguo d’un autre type. Celui qui s’expatrie est parfois celui qui se cherche en tant qu’individu, qui se sent opprimé par son groupe d’origine, qui craint parfois de s’y dissoudre. Il va donc se transformer en étranger, ce qui va lui conférer une différence qu’il va pouvoir percevoir comme étant “sa” différence. En tant qu’étranger, quelque part, il est inassimilable, donc il n’a plus à avoir peur d’être assimilé.

   Le XXe siècle a précipité une proportion considérable de juifs dans une condition d’étranger, et ce y compris en Israël avec les flux migratoires que l’existence du projet sioniste a suscités, directement ou indirectement. Quant à la communauté juive de France, elle est composée à 80% d’étrangers, qu’ils viennent d’Europe centrale, pour ceux qu’on appelle Ashkénazes ou des pays musulmans (Turquie, Maghreb) pour ceux qu’on appelle Séfarades. Le fait que certaines de ces populations aient été francisées, juridiquement, linguistiquement, ne change rien à l’affaire : elles vivaient là où elles vivaient et dans des conditions qui leur étaient propres et qui n’étaient pas celles des Juifs de la Métropole et dans un environnement sensiblement différent. A quoi bon le nier ou jouer sur les mots ?

   Ces populations privilégient le choix subjectif sur le respect des données objectives. C’est d’ailleurs le propre de l’étranger, lequel décide de sa destination voire de son destin, de sa destinée. Il se convertit, en quelque sorte, à une autre culture, à un autre mode de vie, il veut être adopté par le pays d’accueil. Il est un enfant adoptif, il change de statut par la volonté de ceux qui cèdent à sa requête. On est donc dans une double subjectivité : celle de celui qui croit pouvoir s’assimiler et celle de celui qui croit pouvoir assimiler. Double illusion, d’une certaine façon, double chimère avec le risque d’une double désillusion.

   La notion d’adoption fait singulièrement problème pour le juif car lui-même a été victime des étrangers. Ce qui a donné le christianisme se présente en effet comme un processus d’adoption (“qu’il nous soit donné d’être fils adoptifs”.2 Enfants adoptifs qui prétendent être mieux aimés que les enfants “naturels” parce qu’ils relèvent davantage, de part et d’autre, du côté des hommes comme de celui de Dieu, d’un choix et non d’une obligation, d’une contrainte subie.

   On voit tout ce qu’il peut y avoir de démagogique dans le couple de celui qui reçoit et de celui qui est reçu face au couple qui existe objectivement, par une sorte de fatalité.

   Nous sommes donc bien là confrontés à deux logiques, à deux itinéraires qui ne peuvent à terme que se confronter et s’affronter.

   L’étranger, c’est donc le syndrome de l’enfant adoptif, de l’ouvrier de la onzième heure, pour parler comme dans l’Evangile, image qui caractérise à merveille le Chrétien par rapport au Juif.

   C’est dire que chez le juif étranger, on retrouve une problématique chrétienne. Le juif “local” jouant ici le rôle du Juif et le juif étranger celui du Chrétien qui veut qu’on l’adopte, en l’occurrence ici Dieu, c’est l’Etat et la naturalisation, c’est le baptême.

   Il y aura dès lors télescopage du juif de souche française par le juif immigré en France comme il y eut télescopage du juif par le non juif devenant juif. Car ne l’oublions pas, les premiers Chrétiens non juifs se voulaient plus “juifs” que les juifs et opposaient leur “synagogue” à la “synagogue de Satan” (cf. Apocalypse), c’est-à-dire celle des juifs non convertis. La Chrétienté se déclara le nouvel, le vrai Israël et l’Ancien Testament dut laisser la place à un Nouveau Testament.

   Pour en revenir aux juifs étrangers en France, certains ne sont pas loin de penser qu’ils sont plus “juifs” que les juifs de souche française, qu’ils ont engagé une démarche et qu’ils ont été reçus alors que les juifs de souche française ont été imposés comme un héritage, voire comme une dette légués par les générations précédentes.

   Mais les faits sont têtus et on ne joue pas impunément avec le temps, en le bafouant. Ces juifs étrangers constituent en tout état de cause un ensemble singulièrement hétérogène face aux juifs de souche française. Et puis, ces juifs étrangers sont confrontés à d’autres étrangers, non juifs, qui entendent eux aussi profiter de l’aubaine. Puisque il suffit de vouloir. Or, face à ce vouloir, il y a précisément un savoir, voire un pouvoir. On ne s’improvise pas juif de souche française car chaque culture a ses Juifs, sa présence, son partenariat juif et cela n’est pas transposable ailleurs.

   Il ne suffit pas d’apprendre la langue, de lire des livres, il y a des choses qui sont ancrées plus profondément, plus inconsciemment.

   Dès lors, le juif étranger devrait adopter un profil bas, c’est-à-dire ne pas essayer de passer par dessus la tête du juif de souche française pour trouver un arrangement directement avec l’Etat. Il ne peut pas revendiquer d’être l’héritier d’une présence juive en France sans prendre la peine de passer par les juifs de souche française qui constituent en fin de compte sa légitimité.

   Tout comme de nos jours, les Chrétiens se rendent compte que seule la reconnaissance du fait juif peut leur permettre de véritablement s’inscrire dans une théologie cohérente et non au prix de quelque raccourci qui s’apparente à une forme d’usurpation voire d’imposture.

   Face au juif qui a scellé l’alliance avec Dieu, le chrétien n’a d’autre choix que de s’allier au juif et face au juif français qui a scellé son alliance avec la France, le juifs étranger en France n’a d’autre choix que de reconnaître toute son importance au juif de souche française. Faute de quoi, le judaïsme français dans son ensemble est probablement condamné tout comme le sera le christianisme s’il ne tisse pas des liens authentiques avec le peuple juif.

   En effet, on ne peut pas se contenter de volontarisme, même si à certains moments cela semble pouvoir “marcher”, c’est construire là sur du sable. Car ce qui caractérise cette démarche, c’est que l’on peut défaire ce que l’on a construit, tout comme on peut divorcer de celui ou de celle que l’on a épousé (e). Il n’en est pas de même des phénomènes dont l’existence s’ancre dans la longue durée, au point d’être devenu une réalité en soi, incontournable, irréversible.

   Or, sur le plan du religieux, du monothéisme, le seul axe véritablement solide est celui incarné par les Juifs. Que les autres religions puissent revendiquer d’avoir été adoptées par Dieu, au nom de ses envoyés, de ses prophètes, de son Fils, nous apparaît comme un subterfuge. On ressuscite Dieu pour le faire parler comme on ferait croire que tel aïeul n’est pas mort pour qu’il puisse changer son testament, déshériter ses enfants. Pourquoi dans ce cas ne viendrait-il pas se constituer une nouvelle religion qui prétendrait, elle aussi, avoir reçu l’approbation du Dieu d’Israël, et est-ce que cela n’a pas à voir avec certaines sectes comme la Secte Moon, dont le fondateur est coréen, qui veut s’inscrire dans une filiation chrétienne, un peu à la façon d’un Mahomet, au VIIe siècle voire d’un Luther ?

   On comprend mieux dès lors cette insistance à affirmer que toutes ces religions révèrent un même Dieu. Il y a là à l’évidence un piège pour les Juifs tout comme il y en a de la part des juifs étrangers qui ne jurent que par l’Etat voire la Nation de France de façon à ce qui a été fait puisse être défait, qu’un nouveau processus puisse s’imposer en remplacement.

   Cette éternité de Dieu, cette pérennité de l’Etat nous apparaissent dès lors comme suspectes car elles sont un facteur, paradoxalement, d’instabilité voire de chaos. Si Dieu est éternel, il est donc nécessairement présent et il va pouvoir réaménager le monde sur de nouvelles bases. Idem pour l’Etat qui va pouvoir accueillir dans son creuset des éléments étrangers, venus d’ailleurs, c’est-à-dire qui ont fui d’autres réalités dans lesquelles ils étaient ancrés pour s’aventurer à pénétrer dans une nouvelle réalité. Mais un tel pari est-il jouable ? Nous en doutons. Ou du moins, il ne l’est pas de cette façon là qui consiste à revenir à la source mais bien en assumant son rapport avec ce que le monde est devenu et qui n’est plus la source mais le lit d’un fleuve. Quelque part, il n’y a plus de Dieu, il n’y a plus de Nation, il y a les fruits qui sont issus de Dieu et de la Nation, au fil des siècles et qui en sont l’incarnation. En ce sens, on pourrait dire que les juifs sont les fils de ce Dieu que revendiquent les autres monothéismes.

   Dans son ouvrage, Berl, un juif de France (Paris, Grasset, 2003), Louis-Albert Revah nous rappelle un certain nombre de faits : que les Juifs qui vinrent d’Allemagne avant la Seconde Guerre Mondiale, étaient des juifs polonais, fuyant la Pologne et bien mal assimilés en Allemagne. Que ces Juifs arrivant en France contribuèrent à durcir l’antisémitisme et faut-il rappeler que le régime de Vichy ne devait pas ses lois antijuives aux nazis. On traitait Blum de “juif bulgare”, ce qui signifiait en fait que seul le juif de souche française avait une vraie légitimité en France pour représenter ses valeurs. Rien n’a plus choqué un Maurras, durant l’Entre Deux Guerres, que l’accueil qu’offraient généreusement les juifs de souche française à leurs coreligionnaires de Salonique ou de Galicie. Ceux des dirigeants communautaires qui firent de telles déclarations n’étaient-ils pas des irresponsables ? Se doutaient-ils que quelques décennies plus tard, ces juifs immigrés considéreraient les juifs de souche française comme quantité négligeable ? On apprend aussi dans ce livre que ces juifs étrangers étaient considérés comme des faiseurs de guerre, souhaitant se venger de Hitler et assez indifférents à ce qui pourrait advenir de la France, au cours d’un tel conflit. Ils furent d’ailleurs les principales victimes des persécutions et des déportations, incapables de se fondre dans la société française alors que les juifs de souche française pouvaient bien plus facilement passer inaperçus. Berl avait raison, en outre, de craindre l’effet des guerres au niveau migratoire, il se rendait compte que la France ne pourrait combler les vides occasionnés par la Première Guerre Mondiale que par un afflux d’étrangers, il se rendait compte de ce que l’immigration posait au moins autant de problèmes qu’elle n’en résolvait.

   Nous disions, au début de cette étude, que le juif étranger ne parvenait pas à déterminer ce qui était juif en lui, sauf bien entendu en passant par des pratiques dites juives qui ne constituent pas une vraie réponse et qui peuvent être aisément imitées, reproduites. Le judaïsme laïque, par delà les rites et par delà les mimétismes, est probablement le lieu d’une quête authentique de la judéité, laquelle privilégie, en tout état de cause, la filiation et non l’adoption, le signifié et non le signifiant. Or, qui contestera que dans toute stratégie d’assimilation, il n’y a pas de la dissimulation, du laisser croire, du faire comme si ?

   La Shoah nous enseigne que l’être juif n’est pas une affaire de choix, que l’on ne décide pas d’être ou de ne pas être juif alors que l’on décide d’être ou de ne pas / plus être israélien. Avec la création de l’Etat d’Israël et même déjà avec celle du Foyer Juif (1917), n’a-t-on pas répandu l’idée que le juif pouvait s’autodéterminer à volonté ? Il y a dans l’être juif quelque chose de l’ordre de l’irréversible. Qui sait si la Shoah ne fut pas en réaction face à une trop grande liberté identitaire qui mettait tous les juifs dans le même sac - “nous sommes un seul et même peuple”, déclarait Théodor Herzl - au lieu de les inscrire dans un ensemble d’histoires nationales dont ils seraient les émanations ? Double destin juif, donc, que celui d’être à la fois l’expression la plus enracinée, la plus incarnée de l’idée de Dieu et de celle d’Etat-nation. On comprend à quel point la conversion est mal vue par les juifs, qu’elle concerne l’un ou l’autre de ces grands principes. Refuser la conversion, n’est-ce pas préférer à l’adoption, la filiation légitime, naturelle, celle qui implique une transmission en profondeur, disons subconsciente, et non par une quelconque initiation, un apprentissage par le Livre ? De tels phénomènes, en vérité, ne se situent pas à l’échelle d’une aventure individuelle mais à celle d’un peuple-pole.

   Comment ne pas constater que le monde musulman fait problème pour le monde juif ? Et cela à quatre niveaux :

      1° en tant que religion qui se relie à Abraham comme le christianisme se relie à Jésus. L’Allah des Musulmans n’est que le Dieu d’Israël censé trahir son alliance avec Israël

      2° en tant que minorité en France qui prend modèle sur la communauté juive et en revendique les mêmes droits

      3° en tant que disputant aux Israéliens une partie de la terre que la communauté internationale leur avait accordée au lendemain de la Première Guerre Mondiale, terre au demeurant qui est historiquement celle des Juifs, comme le rappelle l’Ancien Testament, pourtant reconnu par les Musulmans

      4° en tant que partageant avec les Juifs ce qu’on appelle le sémitisme et donc revendiquant quelque part d’être victime de l’antisémitisme, ce qui, à entendre P. A. Taguieff, impliquerait qu’on parlât désormais de judéophobie.

   Il y a, tout de même, dans cette quadruple revendication musulmane à l’égard des Juifs quelque chose d’étouffant, de par son caractère mimétique et qui s’apparente, reconnaissons-le, à une invasion tant sur le plan matériel que spirituel. L’Islam semble contraindre les juifs à l’exil, à l’abandon, et cela dans tous les domaines, à son profit. Face à cette menace islamique, seule la carte de l’historicité la plus radicale fait sens. Or, l’attitude des juifs étrangers par son ambiguïté même prête flanc à la critique et favorise les surenchères mimétiques. On n’entre pas dans le judaïsme comme dans un moulin et on ne passe pas d’une communauté juive à une autre comme si de rien n’était. On risque autrement d’être puni par là où on aura péché.

   On nous objectera que même les juifs n’ont pas toujours existé, qu’ils n’existent pas de toute éternité, qu’il a bien fallu un temps où ils n’étaient pas encore juifs, bref qu’ils le sont devenus, on nous parle d’Abraham qui aurait inauguré le processus et chacun croit pouvoir s’identifier à Abraham. C’est le type d’argument des nouveaux venus qui consiste à relativiser l’ancienneté de ceux qu’ils veulent imiter ou auxquels ils veulent s’agréger, oubliant, ce faisant, le rôle du temps, à l’échelle des peuples et non des individus, qui confère aux actes les plus arbitraires une dimension irréversible. Quand bien même, Dieu serait-il une invention, le lien que le peuple juif a généré avec cette entité existe et rien ne prouve que d’autres peuples puissent y mettre fin ou s’y substituer, s’y joindre, sous quelque prétexte que ce soit. On naît juif, on ne le devient pas et ce n’est qu’à travers cet être juif que l’on accède à Dieu. Naître juif, précisons-le, ce n’est pas comme naître français, tout simplement parce que l’on est né en France. C’est le droit du sang et non du sol qui préside à l’être juif. Cela dit, nous ne pensons non plus que l’on devienne français si vite que cela, nous pensons aussi qu’il y faut des générations ou si l’on préfère on ne cesse pas si vite que cela de ne plus être ce qu’on a été précédemment et on n’échappe pas non plus si aisément que cela aux stigmates de l’immigration. Il serait temps de ne pas se servir de Dieu et de l’Etat comme d’une baguette magique qui abolirait le temps et l’espace. Dieu et l’Etat sont des entités qui n’existent que par les peuples qui les ont générés. Et qui ne sauraient les trahir.

   Chrétiens et Musulmans font de Dieu un Dieu qui ne respecte pas ses engagements; ils n’existent qu’au prix d’un tel forfait qu’ils mettent ainsi sur le compte de Dieu ! Bien plus, les Chrétiens ne “réveillent”, ne “resuscitent” Dieu de son sommeil métaphysique que pour que les Juifs puissent être accusés de déicide !

   Le Dieu-peuple et l’Etat-nation sont des concepts problématiques : pour faire partie du peuple juif, il faut passer par Dieu de même que pour s’intégrer dans la nation française, il faut qu’il y ait Etat. Dieu et l’Etat sont des passeurs dont on observe qu’ils ont été instrumentalisés par les étrangers au peuple juif et / ou à la nation française, ils sont des chevaux de Troie. On pourrait en dire autant d’un troisième couple, la Langue-société qui permet à celui qui se concilie la langue d’entrer dans la société concernée; et, selon nous, en passant par le français-langue, diverses sociétés ont voulu ainsi, mimétiquement, faire partie de la société française en s’appropriant la langue. Comme d’autres se sont approprié le Dieu d’Israël ou l’Etat français en mettant ainsi en contradiction Dieu et peuple, Etat et nation, Langue et société. Au vrai, les juifs ne sont-ils point devenus citoyens français, à part entière, sous la Révolution, par le seul truchement de l’Etat qui les aura ainsi fait pénétrer au sein de la Nation ? En acceptant ce pacte, les juifs ont rendu aux Chrétiens la monnaie de leur pièce, se servant de l’Etat comme les Chrétiens se servirent de Dieu. Quant au débat sur la parité qui a été tranché par la Loi de l’Etat, n’est-il pas l’exemple exacerbé d’une volonté d’utiliser à tour de rôle ces trois concepts (Dieu, Etat ou Langue) pour abolir les différences, quand bien même concernerait-elle celle qui existe entre hommes et femmes ?

Jacques Halbronn
Paris, 22 septembre 2003

Notes

1 Cf. Le sionisme et ses avatars au tournant du Xxe siècle, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002, p. 333. Retour

2 Cf. Epître de Paul aux Galates, IV, versets 4 - 5. Retour



 

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