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JUDAICA

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Les juifs entre francisation et francité

par Jacques Halbronn

    La France a fasciné longtemps le monde et cela a laissé d’innombrables traces que l’on pourrait tenter de recueillir et d’analyser au sein d’une discipline que l’on pourrait appeler francologie.

   Le champ francologique comporte selon nous une certaine vertu heuristique pour une recherche sur l’emprunt, l’étranger, la contrefaçon, le mimétisme.

   Par francisation, nous entendons une tentative de rendre ou de devenir français voire de se faire passer pour français. De même que nous distinguons entre langues latines comme l’espagnol ou l’italien et langues latinisées comme l’anglais. Ce suffise “isation” marque un processus de transformation non pas par filiation mais par adoption. On pourrait aussi parler de judaïsation pour entendre des religions qui se référent au judaïsme, qui s’en revendiquent tout en s’appuyant sur des éléments qui lui sont étrangers, ce qui implique un certain mode de translation, de traduction, de transmission.

   Un cas qui nous retiendra ici plus spécialement est celui des juifs francisés. Tous les juifs qui vivent en France ne sont pas francisés et bien des juifs francisés ne vivent pas en France. Les juifs de souche française ne sont pas, stricto sensu, francisés car cela laisserait entendre qu’ils viennent d’ailleurs, que dans leur mémoire familiale il y a un ailleurs géographique que la France. Cela dit, une grande proportion de la communauté juive de France peut être dite “francisée”. Il s’agit là de populations culturellement, linguistiquement, historiquement et géographiquement étrangères à la France mais qui se sont francisé soit par le fait de l’immigration / émigration, soit par une certaine francisation sur place. Dans ce dernier cas, on pense à ces juifs de Salonique, d’Istamboul, d’Alexandrie, du Maghreb qui ont été assez fortement marqués par la culture française de plus ou moins loin, à distance, non sans que cela ne suscite quelque confusion et ne vienne brouiller en tout cas compliquer l’analyse tant à leurs yeux qu’aux yeux d’autres populations elles-mêmes francisées ou non et cela tout particulièrement quand par la suite ces populations juives ont été conduites à venir s’installer en France, en métropole.1

   Les juifs francisés, le plus souvent “séfarades” ne sauraient se confondre avec les juifs de France mais leur rapport à la culture française n’est pas non plus le même que les juifs issus de pays, le plus souvent ashkénazes, n’ayant que peu été imprégnés par la culture française d’exportation, notamment par le biais de l’Alliance Israélite Universelle.

   Déjà dans leurs pays d’origine, ces juifs francisés se mirent en porte à faux par rapport aux populations non juives locales. Leur francisation leur permettait de se différencie et de conférer une forme plus lisible à leur identité juive. Autrement dit, la francisation était associée, quelque part, à une façon de manifester sa différence juive. C’est singulièrement vrai pour les juifs d’Algérie, qui purent se faire naturaliser à partir du décret Crémieux d’octobre 1870 et qui en se francisant juridiquement se désignaient comme juifs par rapport aux musulmans qu’ils côtoyaient depuis des siècles. On assiste donc à une étrange judéo-francisation hors de France ou en tout cas hors de la Métropole.

   Ces juifs francisés émigrèrent pour la plupart, du fait des indépendances, soit vers la France, soit vers Israël et parfois après une expérience israélienne plus ou moins prolongée, aboutirent en France. Comment un tel déplacement allait-il fonctionner en d’autres lieux que ceux où ces juifs avaient renouvelé leur identité juive par le truchement de la culture française ? En Israël, parler français ne pouvait évidemment être un signe de judéité. Et on l’imagine, pas davantage en France. Cela dit, en Israël, des juifs francisés - et notamment ceux venant du Maroc - en vinrent à constituer le gros des troupes de ce qu’on appela le Second Israël, situation en quelque sorte intermédiaire entre celle des arabes israéliens et des Israéliens ashkénazes, yiddishophones. La francisation de ces Juifs permettait ainsi de les identifier socialement, pour le pire et / ou pour le meilleur.

   Quant à la présence des juifs francisés, en France, elle allait se révéler singulièrement plus complexe voire plus ambiguë. Etant francophones, n’étaient-ils pas ipso facto Français à part entière ? Nous savons à quel point la langue peut apparaître comme un passeport plus ou moins factice de pénétration sociale.2 Ces juifs francisés étaient-ils stricto sensu des étrangers, eux qui appartenaient à une sorte de diaspora, sur le même modèle que les diasporas juives par rapport à Israël, c’est-à-dire non pas une diaspora se situant par rapport à un passé dont on serait issu mais poursuivant quelque fantasme au regard du futur. La France comme terre promise de rechange. Une diaspora précédant le rassemblement et non pas lui faisant suite. Une Alya, une montée, un exode - comme on parle de l’exode rural de la part de paysans qui n’ont jamais vécu en ville - et non une Yerida, une descente, un exil, offrant un passé, un ciment, commun à tous les ressortissants.

   Tous ces juifs francisés ou en voie de francisation qu’avaient-ils en effet de commun, sinon cette francisation précisément, en tant que projet, en tant qu’horizon ? En ce sens, la francisation pouvait apparaître bel et bien comme la marque de nombre de juifs en France, se substituant peu ou prou à une pratique proprement judaïque. A condition de comprendre ce que francisation veut dire et notamment sa dimension de vernis, voire de façade, induisant éventuellement une forme de marranisme, derrière les signes de la modernité à la française.

   Francisation implique en effet, il nous semble, un surinvestissement de l’outil linguistique mais aussi, au niveau juridique, de l’instance étatique. La langue et l’Etat, deux baguettes magiques qui permettent en quelque sorte de court-circuiter la société française, sans passer par les Français, mais par ce qui émane d’eux : leur langue, leur Etat. La langue et l’Etat, deux monstres froids. On pouvait ainsi devenir Français sans les Français et surtout sans les Juifs de souche française. Et le tour était joué !

   Et à partir de là, on était dans la place et français de langue et de nationalité. On avait sa carte d’identité. Liberté, égalité, fraternité. On était citoyen français à part entière, sans même les stigmates d’une langue à apprendre puisque cette langue était déjà investie depuis belle lurette, dans cette diaspora francophone qui n’était pourtant pas celle de ces “Pieds noirs” ayant quitté la France pour les “colonies”, puis ayant du être rapatriés. Et pourtant, ces juifs d’Algérie, notamment, ne les avait-on pas, eux aussi, assimilé à ces rapatriés revenant vers la terre de leurs ancêtres, eux ?

   Cette confusion du concept de diaspora, à double sens, ne faisait donc qu’ajouter à l'ambiguïté de la francisation. D’un côté une diaspora objective, généalogique, celle de français partis outre mer, de l’autre une diaspora subjective, identitaire, celle d’un Outre Mer fasciné par la France comme d’aucuns de nos jours le sont par les Etats Unis et s’américanisant avec les moyens du bord sans pour autant parvenir à devenir Américains, au plein sens du terme, restant largement en surface, prisonniers au fond d’une certaine solitude, victimes d’un certain manque de repères, quand il fallait passer du signifiant au signifié et privilégiant donc le signifiant par rapport au signifié, les mots par rapport aux choses. Juifs francisés et quelque part, tout de même, marginalisés en France, en restant le plus souvent au niveau du flirt.

   Nous avons déjà dit3 combien pour ces populations était délicat le fait de circonscrire leur dimension proprement judaïque, tant elle était intriquée avec d’autres caractères non spécifiquement juifs, comme la condition d’étranger voire celle de l’errance. Cette francisation n’avait-elle pas d’emblée été une sorte d’exil intérieur avant même le véritable exil ? Force serait donc de parler du double exil de ces juifs francisés. Exilés avant même d’être partis puis exilés parce que devant partir, sans que l’on puisse affirmer que le premier exil ne conduisait pas au second. On sait la responsabilité de la France dans cette francisation des juifs d’Algérie et d’ailleurs, créant un fossé avec les populations locales mais aussi des tensions avec les colons peu désireux de cette promiscuité. On a pu alors parler d’une certaine trahison des juifs de par le fait même de cette francisation, tant linguistique qu’administrative, plaçant les juifs en situation fausse. Et on sait qu’un Edouard Drumont, l’auteur de la France Juive (1886) connut un franc succès en Algérie et ce n’était pas par hasard.4

   Mais on peut aussi penser que ces Juifs francisés, sans être tout à fait français, ne pouvaient que brouiller l’image du Juif en France. Mais c’est le problème général de toute métropole par rapport à ses colonies au lendemain de la décolonisation. Voilà donc des étrangers qui ressemblaient à s’y méprendre à des Français, ce qui ôtait à la langue sa faculté à discriminer entre autochtones et étrangers. L’étranger écorchant la langue rassurait davantage. Le juifs ashkénaze avec son accent à couper au couteau était repérable. Jusque dans les années Cinquante, le juif francophone était ipso facto un Juif de souche française, non pas un juif francisé mais véritablement un Juif imprégné profondément, viscéralement et sans autre apport, de la France. Et voilà qu’à cause de l'impérialisme français, on allait voir déferler des populations plus ou moins bien francisées, issues, notamment, de longue date, de ce monde musulman avec lequel la Chrétienté avait été en guerre pendant plus d’un millénaire - depuis Poitiers (732) en passant par la Chanson de Roland et les Croisades - et ce jusqu’à l’obsession prophétique, siècle après siècle, bref un phénomène qui empoisonna le monde européen, en fait jusqu’à la Première Guerre Mondiale et l’écroulement de l’empire ottoman. Ces juifs francisés héritiers donc d’un monde hostile à l’Occident et qui, après notamment l’Expulsion des Juifs d’Espagne (1492), étaient les héritiers de populations passées à l’ennemi.

   Faut-il aussi rappeler à quel point ces juifs francisés font problème par rapport, précisément, à la communauté musulmane en France, laquelle, elle aussi, se veut peu ou prou francisée de longue date ? Toutes ces populations francisées, juive ou musulmane, nous démontrent à quel point la francisation peut être un leurre, à quel point la francisation n’est pas nécessairement un ciment suffisant. De plus en plus, la signification du français est en crise au niveau identitaire. D’ailleurs, est-ce que tout ce qui est francophone appartient à un seul et même ensemble ? Le français n’est pas une langue à vocation identitaire, mais un vecteur international. Les ennemis de la France ont souvent parlé français, tant à Londres qu’à Bruxelles. Le français a eu vocation à s’exporter et ce faisant parler français n’a plus grand chose à voir avec l’être français. L’Afrique est un continent fortement marqué par l’outil linguistique français sans que l’Afrique soit la France. Tout comme l’Algérie avait beau être juridiquement française sans pour autant l’être sérieusement et en profondeur. A contrario, le judaïsme de souche française doit, pour des raisons historiques, beaucoup à l’Alsace qui n’en reste pas moins marquée par le monde germanique.

   C’est pourquoi nous pensons que la référence linguistique doit être repensée. La langue est vouée à être de plus en plus un outil mis au service des cultures les plus diverses. Maîtriser cet outil signifiera de moins en moins une appartenance culturelle spécifique. Quant au passeport - on pense à celui de l’Union Européenne, bientôt à 25 Etats - il sera lui aussi, de moins en moins signifiant sur le plan identitaire, tout comme d’ailleurs la monnaie, l’euro. Désormais, celui qui parle français n’est pas forcément du même bord que moi, tout comme d’ailleurs celui qui se dit Juif, s’il ne s’inscrit pas dans les mêmes repères, s’il ne “sent” pas les choses comme moi.

   A propos de francisation, comment, en effet, ne pas parler de mimétisme avec ce que cela peut revêtir de caricatural mais aussi de substitutif ? Comment d’ailleurs ne pas observer que ces juifs francisés ont pris la place des juifs de souche française, non sans une certaine désinvolture face à un passé du judaïsme français que l’on s’approprie un peu cavalièrement. Il y a là certainement un défi qui n’a peut-être pas été relevé et qui nous contraint à approfondir ce qu’est la francité, par opposition à la francisation et cette francité est le fruit du temps, d’une patiente osmose, d’un savoir vivre particulier. Comment être juif aujourd’hui en France ? Beaucoup s’interrogent sans avoir l’élémentaire courtoisie de s’enquérir auprès de ceux dont les aïeux ont inventé la présence juive citoyenne en France. Comment ces juifs francisés qui font partie, qu’on le veuille ou non, de ce que certains appellent les “nouveaux Français”, ne comprennent-ils pas qu’il est grand temps de renoncer aux faux semblants, aux fantasmes identitaires, aux assimilations factices et fictives ? L’assimilation, encore en gestation, quoi qu’ils puissent prétendre, des Juifs francisés ne peut faire l’impasse sur la mise en place d’un nouveau leadership s’ancrant dans un judaïsme français le moins mâtiné possible d’apports étrangers, le moins enclin aux gesticulations et aux acrobaties. Comment ce judaïsme francisé ne serait-il pas marqué par la mixité et la conversion (dans les deux sens), comme l’a montré le récent film, le Tango des Rashevski (de Sam Garbarski), quand on a le sentiment et l’expérience de pouvoir changer de peau à volonté ? On est puni par où on a péché.

   Un tel défi est une invitation à désinvestir la place du texte, la place de la langue, la place du Droit, au profit de valeurs plus souterraines, plus profondes qui ne s’empruntent pas, qui impliquent un brassage non pas des mots mais des êtres. Ces juifs francisés n’ont pas compris que la seule vraie assimilation implique la fréquentation, au quotidien, de ceux qui incarnent une longue présence et que cela ne peut pas se faire par dessus leur tête. Pour dire les choses, de façon assez abrupte, ces juifs francisés sont restés entre eux, ils ne se sont pas fondu - ils ne l’ont pas su ni voulu - dans le creuset du judaïsme de souche française puisqu’ils n’avaient même pas conscience du chemin à parcourir, allant parfois jusqu’à nier son existence ou en tout cas sa spécificité, quand ils ne prétendaient pas carrément l’assumer eux-mêmes, au nom de la sacro-sainte francisation.. Et c’est peut-être cette incapacité à prendre la mesure de la tâche à accomplir, par des moyens radicaux impliquant sa disparition à terme par un processus fusionnel, qui est la cause d’un certain échec. Ils ont le plus souvent plaqué sur la réalité judéo-française des façons d’être juif inadéquates et qui n’étaient pas appropriées. Ils ont mangé leur pain blanc. Ils n’ont pas vu venir la vague musulmane en France, qui les menace directement - car ils sont le maillon faible. Or, ils risquent de le payer très cher et de le faire payer très cher à l’ensemble de la communauté juive de France, par voie d’amalgame.

   La France n’est pas Israël en ce qu’elle dispose d’un noyau juif historique qui manque en ce qu’on appelait autrefois la Palestine, sans rapport avec le territoire désormais désigné sous ce nom et qui n’en est qu’une petite partie. Et ce noyau juif a établi un certain modus vivendi avec la population française non juive et qu’il faut respecter. Que dire, en comparaison, du modus vivendi judéo-palestinien auquel viennent s’adjoindre les diverses immigrations? Il est peut-être en train de se constituer à présent et dans des conditions problématiques qui tiennent notamment à l’impératif posé par les juifs de rester les plus nombreux dans “leur” Etat. C’est dire que chaque présence juive dans une région donnée détermine un modus operandi spécifique. Le cas des juifs d’Algérie est probablement le plus remarquable dans son genre : ils ont bénéficié en 1870 du décret Crémieux tout comme les Juifs de France avaient profité des lois de la Révolution et comme les juifs de Palestine allaient avoir la Déclaration Balfour. Autant de situations radicalement différentes. Généralement, de telles procédures n’émanent pas des juifs eux-mêmes mais n’en sont pas moins l’expression d’une certaine volonté de leur part. Les juifs français furent consultés sous la Révolution et l’Empire, le sionisme avait posé l’idée d’un foyer juif en Palestine, ce qui n’a fait qu’être ratifié par les Anglais, à la veille d’obtenir un mandat sur cette région. Quant au décret Crémieux, il fut fort bien accueilli par les juifs d’Algérie, quarante ans après la conquéte du pays. Mais précisément, il fut accordé par les conquérants français, juifs de France y compris - Crémieux, lui-même, était juif. Et ce décret ne semble pas avoir arrangé les relations entre juifs et arabes d’Algérie, ces derniers devant se contenter d’un statut d’indigéne. Quoi de surprenant à ce que parmi les musulmans les plus antisémites, résidant en France, on ait des Algériens, arabes ou kabyles ? Le probléme, précisément, c’est que ces musulmans laissés pour compte vont quelques décennies plus tard, notamment après la fin de la Guerre d’Algérie, en 1962, face à ces juifs d’Algérie, les uns et les autres s’étant transportés en métropole. Si on ajoute la question israélienne aux attaques de ces musulmans originaires d’Algérie, cela donne quelque chose d’assez détonant ! On nous dira que ce n’est pas la “faute” des juifs d’Algérie qu’on leur ait proposé de devenir citoyens français, dès 1870. Ils n’en sont pas moins jugés comme des traîtres par le reste de la population algérienne. Quand les juifs de France sont devenus citoyens français, ils n’ont trahi personne. Dans le cas algérien, cette citoyenneté isolait les juifs, dans le cas français, elle montrait leur désir de s’assimiler à ceux dont ils partageaient la vie déjà depuis des siècles. Les juifs d’Algérie ont été confrontés à un dilemme qu’ils ont résolu en leur âme et conscience et dont ils doivent assumer les conséquences et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette affaire n’appartient pas qu’au passé. Car le passé ne s’efface pas ainsi, pas plus que le futur ne s’improvise. Il ne faudrait pas que ces juifs d’Algérie commettent à nouveau la même erreur et se mettent en porte à faux cette fois par rapport aux juifs de souche française, au nom d’une francisation qui gommerait toutes différences et en s’appuyant exclusivement sur les lois de l’Etat.

   Qu’on délaisse la copie pour l’original ! Qu’ils reconnaissent clairement que les juifs francisés ne peuvent pas jouer le rôle des Juifs de souche française - qu’ils cessent leurs simagrées, qu’ils admettent que francisation n’est pas francité, qu’ils ne fassent pas de déclarations démagogiques sur les merveilles de la naturalisation qui abolirait les décalages de temps et d’espace. On est en situation de guerre pour la survie du judaïsme en France. Le temps n’est plus aux expédients. Disons le, ces juifs francisés ne sont pas / plus très crédibles, ils ont mangé à trop de râteliers. Que l’on comprenne enfin que ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on veut être mais ce qu’on est, ce n’est pas l’acquis individuel mais l’inné traversant les générations. Il semble bien que le Xxe siècle ait conduit trop de Juifs à tomber dans les dérives de leurs ennemis et à en adopter les méthodes. Si les juifs ont toujours accordé la priorité à la filiation juive et disons-le au sang juif, c’est bien parce que l’essentiel de ce qui se transmet ne passe pas par on ne sait quel apprentissage qui permettrait de se substituer à l’autre. L’altérité mimétique qui consiste à devenir l’autre doit laisser la place à la reconnaissance de la différence de l’autre. Et si les Juifs veulent qu’on respecte cette différence pour eux-mêmes, il faudrait déjà qu’ils se respectent entre eux, pour ce que chacun incarne.

   A ne pas vouloir comprendre un tel message, nous allons droit dans le mur et comme dans le jugement de Salomon, il y a quelque délectation à ce que l’autre perdre ce qu’on a déjà perdu. On sera bien avancé quand on pourra affirmer allègrement que tous les juifs de France sont francisés. Comme cela, il n’y aura pas de jaloux ! Or, les juifs de souche française sont le seul véritable ancrage de la communauté juive de France. Mais pour comprendre cela, il s’agirait encore d’avoir saisi ce que c’était que l’être juif.

Jacques Halbronn
Paris, 7 octobre 2003

Notes

1 Cf. nos études sur Encyclopaedia Hermetica, rubrique Judaica et Hypnologica. Retour

2 Cf. notre étude sur E. H. “la question juive et les concepts de Dieu et d’Etat”. Retour

3 Cf. notre étude “caractères acquis et socio-biologie”, sur E. H. Retour

4 Cf. notre Sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002. Retour



 

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