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Editions RAMKAT




JUDAICA

21

La question du dieu des juifs

par Jacques Halbronn

 

Sommaire :

1 - Un dieu inaliénable
2 - Une religion céleste
3 - Un seul peuple
4 - Une dimension universelle


1

Un dieu inaliénable

    Le vrai problème des Juifs par rapport à Dieu, ce n’est pas la Shoa. C’est l’appropriation de Dieu à bon compte par les Chrétiens et les Musulmans. Les Juifs doivent se méfier des prophètes, non pas parce qu’ils prétendent parler de l’avenir, mais parce qu’ils affirment s’exprimer au nom de Dieu. Les prophètes sont des voleurs de Dieu, ils lui font dire ce qu’ils veulent. Il est vrai que les juifs ont inventé le prophétisme et qu’ils ont ainsi ouvert la boîte à Pandore. Car tôt ou tard, ces prophètes allaient faire entrer le loup dans la bergerie. Et le prophète Jésus, et le prophète Mahomet, rassoul Allah. Luther eut au moins le mérite de ne pas se déclarer prophète. Et pourquoi ne viendrait-il pas un nouveau prophète juif qui mettrait les choses au point, toujours au nom de Dieu.1

   Qu’est-ce que le monothéisme ? Sous ce titre, il faut en fait entendre un certain philojudaïsme mais on préfère généralement dire “monothéisme”, c’est plus neutre. Et surtout, c’est une jolie façon de passer par dessus la tête des Juifs, lesquels ne sont pas supposés avoir le monopole du monothéisme. La présente étude vise précisément à affirmer que si. Il faut se méfier des mots en isme, ils ont souvent quelque chose à cacher de moins noble.

   Pour nous, les chrétiens ont volé le Dieu des Juifs. Ni plus ni moins. En fait, sans les Juifs, il n’y a pas Dieu. L’un ne va pas sans l’autre. Dieu est la création des Juifs. Les Juifs sont les fils de Dieu. C’est une symbiose.

   Quand un peuple invente un Dieu, ce Dieu n’existe que par ce peuple, il est son instrument, son prolongement. En fait, c’est l’existence même des Juifs qui fonde Dieu et c’est à travers les Juifs que l’on accède à ce qu’on appelle Dieu I.

   On nous dit que le judaïsme est une “religion”, au même titre que le christianisme ou l’Islam religion parmi d’autres, probablement. Le mot religion, c’est aussi une façon, comme le monothéisme, de parler d’un certain mimétisme à l’égard des Juifs.

   En fait, si l’on parle beaucoup des problèmes dus à l’antisémitisme, il faudrait tout autant sinon davantage aborder ceux qui sont dus au philosémitisme. Garde-moi de mes amis, de mes ennemis, je me garde.

   Car tous ces adeptes de “la” religion, du monothéisme, se réfèrent implicitement aux Juifs tout comme ceux qui se disent “antisémites” ou “antisionistes”. Il y a là un parallèle qu’il convient de mettre en évidence.

   Car si la “religion”, au sens occidental du terme, comme il y a un vie politique au sens occidental du terme, fondée sur un certain parlementarisme, est au départ une affaire juive, par quel processus, les juifs en ont-ils perdu le contrôle ?

   Peut-on contester le fait que la légitimité des religions dites monothéistes passe par les Juifs. Ce sont les juifs qui ont fait exister cette entité qu’on appelle Dieu et qui devrait en fait s’appeler Dieu des Juifs. Là encore, derrière des formules générales, il y a une histoire bien spécifique, laquelle d’ailleurs, constitue la substance de ce qu’on nomme “Ancien Testament”, ce qui est déjà tout un programme. L’antijudaïsme ne tient-il pas à une mauvaise conscience de la part de ceux qui ont fait parler Dieu - le Dieu des Juifs - à leur guise ? Et de quel droit ?

   Il y a là visiblement une solution de continuité : le vrai “miracle” de Jésus et de Saint Paul, c’est d’avoir “démontré” que le Dieu des Juifs pouvait devenir le Dieu des non juifs. Si pour être “relié” à Dieu (c’est le premier sens du mot religion), il faut être juif, alors comment devenir “juif” ? C’est là que l’on commence habituellement à s’embrouiller. Est-ce que, par hasard, le baptême ne serait pas un rituel visant à rendre juif celui qui ne l’est pas ? Ce qui complique les choses, c’est que celui qui est ainsi “devenu” juif se dise chrétien et non pas juif.

   Mais qu’est-ce qu’être juif ? Peut-on le devenir ? Il semble que l’on ait fini par renoncer à vouloir être juif pour se “contenter” de s’intéresser au Dieu juif, passant ainsi par dessus la tête des juifs. C’était là une sorte de compromis historique qui conduisit à découpler les juifs de “leur” Dieu et n’était-ce pas là comme une sorte de péché originel que de recourir à de tels procédés un peu cavaliers ?

   La question qui se pose est la suivante : celui que l’on appelle Dieu est-il universel comme on le prétend, ce qui reviendrait à dire qu’il appartient à tout le monde. Il faut se méfier de ce qu’on met à la sauce universelle, c’est surtout une façon de nier les clivages quand cela nous arrange : cela signifie, autrement dit : ce qui est à toi est à moi mais ce qui est à moi reste à moi. On peut aussi, dans le même ordre d’idée, affirmer que l’être humain est “universel”, surtout quand on est un émigré ou un déracine, cela peut aider !

   Ainsi, affirmer que le Dieu des Juifs est universel constitue ni plus ni moins qu’un vol auquel les Juifs se sont tellement habitués qu’ils ne réagissent plus. Ils ont fini par adopter cette version des choses, peut être cela les flatte-t-il. Or, le problème, avec le mimétisme, c’est que l’emprunt reste souvent superficiel et en fait celui qui emprunte ne sait jamais si ce qu’il emprunte est exhaustif, on peut se faire des illusions, surtout dans certains domaines.

   Un de nos amis définissait Dieu comme quelque chose qu’on ne peut pas vous prendre comme on peut vous voler une bicyclette. Comme il se trompait, comme il était naïf, lui qui par ailleurs déclarait ne pas croire en Dieu comme s’il savait ce que cela signifiait ! Il ne comprenait pas que l’on peut voler quelqu’un sans qu’il se sente dépossédé, en quelque sorte par duplication. L’idée de Dieu peut-elle être plagiée ?

   Au fond, ce ne serait pas une si mauvaise définition de l’être juif que dire que c’est celui qui est en ligne avec Dieu. Mais qu’est-ce à dire ? Il faut pour cela aussi repenser - excusez du peu - ce qu’il faut entendre par Dieu. Et Dieu existe-t-il sans les juifs ou les juifs sans Dieu ?

   Et sur notre chemin, nous trouvons Spinoza. Car pour le juif Spinoza, Dieu ne se trouve pas dans les livres, il est en nous, et ce disant, il se situe dans la ligne d’un Saint Paul. Il fut d’ailleurs excommunié pour des propos de ce genre.

   Parlons d’instrumentalisation ! Par ce concept, nous entendrons le fait de conférer du sens à ce qui n’en a pas ou à ce qui n’en a plus, ce qui a été vidé de son sens premier. Mais est-ce que ne pas croire en Dieu, c’est autre chose que de décider que le sens attribué au signifiant Dieu est nul, ce qui est une forme d’instrumentalisation, dans la mesure où parmi toutes les significations auxquelles je fais équivaloir Dieu, j’en choisis une qui est zéro, ce qui est un cas limite.

   Il convient ici d’approfondir cette notion d’instrumentalisation, qui pose le problème de la relation sujet-objet. Il est clair que l’objet qui est instrumentalisé n’existe que par rapport à celui qui l’a ainsi instrumentalisé. Quelque part, l’instrumentalisant et l’instrumentalisé vivent en symbiose, dans une certaine interdépendance.

   Prenons l’exemple du rapport des hommes aux astres, dont on avouera qu’il n’est pas si étranger au problème de Dieu, ne serait-ce que parce que certains astres ont été considérés comme les demeures de certains dieux. D’ailleurs, si l’on admet que ces dieux là ne sont pas le Dieu des Juifs ou plus largement le Dieu des religions monothéistes, l’on peut commencer à se demander si l’on doit mettre ensemble, syncrétiquement, tout ce qui s’appelle, d’une façon ou d’une autre, Dieu. Existe-t-il un lien privilégié entre tel peuple et tel Dieu ? N’est ce pas là le sens du mot alliance ? Et peut-on précisément envisager avec tel Dieu une nouvelle alliance qui implique un autre partenaire, un partenaire de plus ou un partenaire qui viendrait se substituer au précédent ?

   Pour notre part, nous ne pensons pas que le Dieu des Juifs soit le Dieu des non Juifs sinon par procuration. Il convient, avec Jean Bottéro2 de parler plutôt d’un hénothéisme, “c’est-à-dire, une forme de polythéisme qui implique l’attachement du groupe à un seul dieu sans pour autant renier l’existence des autres.”3 Cela dit, il est possible que Jésus Christ soit le Dieu des Chrétiens, soit une invention, une création des non Juifs. Mais on ne voit pas pourquoi ce J. C. serait assimilable ou assimilé en quoi que ce soit au Dieu des Juifs, sinon par quelque artifice. Quant aux Musulmans, rien ne les empêche d’avoir aussi “leur” dieu et on ne voit pas pourquoi ce serait le même dieu que celui des Juifs. Chaque peuple a le dieu qu’il mérite. Nous ne pensons pas que le Allah des Musulmans soit le Elohim des Juifs, quand bien même ce serait ce que les Musulmans affirmeraient, ce qui n’engage qu’eux. Ce qui pose la question de la capacité à se connecter avec une entité existant dans un autre contexte, pour une autre population. Ne vaudrait-il pas mieux de parler d’un Panthéon comportant divers dieux, Jéhovah, Christ, Allah plutôt que d’un monothéisme prétendument unitaire ? Qui sait d’ailleurs si ce qu’on appelle Panthéon pour les religions dites païennes ne rassemblait pas également divers dieux, reliés à divers peuples, et réunis syncrétiquement et structurellement en un ensemble ne constituant qu’une seule et même famille ? Jupiter, Neptune et Pluton ne sont-ils pas dits les fils de Saturne, par exemple ? Cette façon de faire du Christ le fils du dieu des juifs, Jéhovah, est-elle vraiment différente ?

   On nous rétorquera : qu’est ce que ce Dieu qui n’existe pas en soi mais uniquement pour un peuple donné ? Mais n’est ce pas là vouloir que telle femme qu’aime un homme appartienne ipso facto à tout le monde puisque elle doit être “la” femme en soi. C’est souvent une erreur que l’on commet en “empruntant” la femme d’autrui et en croyant qu’elle nous apportera ce qu’elle apportait ou apporte à l’autre ? Parmi les Dix Commandements, il en est un, le onzième, qui manque : “tu ne convoiteras pas le Dieu de ton prochain”.

   Peut-être est-ce précisément cette confusion des dieux qui a fini par les décrédibiliser les uns comme les autres, peut-être si chaque dieu retrouvait sa place, il y gagnerait un nouveau souffle.

   La notion de conversion est singulièrement complexe : les Chrétiens et les Musulmans ne sont-ils pas, en effet, des convertis au Dieu d’Israël ? D’où une attitude de leur part singulièrement ambiguë qui passe volontiers par la dénégation, avec ce mélange de philojudaïsme et d’antijudaïsme correspondant à ce que les psychiatres appellent le double bind. On attend des juifs - et on leur reproche - des choses contradictoires. On rappelle que les juifs ont pratiqué la conversion et qu’en fait, ils sont tous ipso facto des convertis car dire qu’être juif est un acte religieux ne prouve-t-il pas que les juifs n’ont pas tout le temps été juifs, qu’eux aussi ils le sont devenus. Ce que l’on oublie, c’est que cet engagement religieux a fait d’eux un peuple à part et que rien ne prouve que l’on puisse s’y joindre si ce n’est par la filiation, non par l’adoption. Cette religion juive, en tout état de cause, fait dès lors partie de leur être de façon consciente mais aussi et surtout de façon subconsciente.4 Au coeur de cette religion juive, il y a une entité qui s’appelle Dieu. De même que les juifs existaient avant de constituer cette religion à moins qu’ils n’aient constitué un peuple que par elle - ce qui est assez improbable - de même, il est difficile de déterminer si Dieu existait avant sa rencontre avec les Juifs, s’il n’est pas ainsi devenu Dieu d’Israël, au prix d’une certaine métamorphose. Au bout du compte, un nouveau peuple et un nouveau Dieu.

   On sait à quel point ce peuple et ce Dieu d’Israël ont suscité de fascination chez ceux qui n’étaient pas partie prenante. On peut parler d’une israélisation, d’une judaïsation du monde; autour d’un noyau de quelques millions de juifs, des centaines de millions de chrétiens et de musulmans lesquels d’ailleurs ne se rejoignent que par leur rapport aux Juifs dont les uns et les autres revendiquent l’héritage et qui en même temps savent pertinemment que les Juifs sont toujours là et que l’heure du règlement du viager n’est pas encore venue. C’est dire que la dialectique rejet / fascination marche ici à fond, tout comme d’ailleurs, sur un autre plan, au sein même de la communauté juive le rapport ambigu entre juifs francisés et juifs de souche française.5

   Si la conversion ou tout simplement le mariage avec des éléments étrangers et notamment féminins (cf. infra), a contribué à diversifier à l'extrême l’apparence juive au niveau ethnique, en revanche, force est de constater qu’une entité juive persiste à exister au sein de divers ensembles.6 Chacun sait que ceux qui ont voulu devenir juifs ne le sont pas devenus, on les appelle les Chrétiens et que les juifs ne les ont pas absorbé pas plus qu’ils n’ont été absorbés par eux. Les Chrétiens témoignent, à grande échelle, d’une telle impuissance. Tout au plus, peuvent-ils déclarer que Jésus était juif et après ? Qu’à l’origine du christianisme, il y ait eu un contresens, selon lequel on pouvait devenir juif n’a rien d’extraordinaire. Après tout, on a aussi voulu croire à l’égalité entre hommes et femmes, grâce à la toute puissance de l’Etat et de ses Déclarations. Tout le monde peut se tromper. Que des femmes se veulent l’égal des hommes signifie-t-il que c’est la même chose ? Il faut faire la part du mimétisme et de ses limites dont on prend conscience petit à petit. Les conversions au judaïsme et au dieu d’Israël font de moins en moins sens, à mesure que le temps passe car en effet le Temps n’arrange rien à l’affaire, il ne fait que radicaliser la situation et la rendre en quelque sorte irréversible.

   Le XXIe siècle sera peut être le siècle où l’on cessera de parler du monothéisme comme s’articulant autour d’un seul et même dieu. Nul ne conteste que le Christ puisse être le dieu du peuple “chrétien” ou qu’Allah puisse être le dieu d’un certain peuple. On devra d’ailleurs se demander si la politique de conversion menée par les arabes à l’intention d’autres peuples est un succès. Car on ne saurait séparer peuple et dieu, sans pérennité de l’un, le peuple, il ne saurait y avoir pérennité de l’autre, le dieu. Ce sont les membres du peuple de ce dieu qui permettent à ce dieu d’exister. Tuer ce peuple, c’est tuer leur dieu. La Shoah ne fut pas seulement une volonté de tuer les juifs mais aussi, de la part d’un peuple allemand resourcé dans son paganisme, d’exterminer le dieu dont ils étaient les porteurs privilégiés. Dire que les juifs sont le peuple élu, qu’est-ce à dire ? Cela ne signifie nullement que le dieu des Juifs soit celui des Chrétiens ou des Musulmans mais que ces derniers ne sauraient s’approprier le dieu des Juifs. Qu’ils aient leurs propres dieux s’articulant sur des peuples spécifiques qui en sont les dépositaires. Il est possible que l’Islam ne fasse vraiment sens que pour les arabes et que la conversion à l’Islam de la part de peuples non arabes fasse autant problème que la prétendue conversion de populations non juives au Dieu d’Israël. La prière du “Ecoute Israël” ( Schema Israël) est explicite : Israël a “son” Dieu. Point.

   Il nous semble que l’astrologie est une clef essentielle pour comprendre le Dieu d’Israël et d’ailleurs chacun sait que le monothéisme juif est issu de sociétés accordant la plus grande importance aux planètes et aux étoiles. Dans le songe de Pharaon interprété par Joseph, il est question de phases de sept ans (vaches grasses, vaches maigres), ce qui correspond probablement à un découpage du cycle de Saturne de 28 ans environ.7 Le choix de Saturne serait du au fait que c’était dans l’Antiquité la planète la plus lente et que son cycle rappelait numériquement celui de la Lune : on peut donc parler d’une semaine d’années. Il est possible que certains aient préféré Jupiter, l’autre choix concevable, soit un cycle de 12 ans divisé en périodes de 3 ans environ. Or, Jupiter, dans la mythologie grecque, détrône Saturne, son père. On peut se demander si le christianisme ne serait pas marqué par une religion qui fait gagner le Fils sur le Père. Quant à Saturne, lui-même, chez les Grecs, il descend d’Ouranos, le Ciel, c’est-à-dire un ensemble d’astres, donc une démarche polythéiste / polyplanétariste contre laquelle le dit Saturne s’oppose, au nom d’un monoplanétarisme / monothéisme. On aurait donc bien là trois stades : polyplanétarisme / polythéisme / monoplanétarisme / hénothéisme / monothéisme saturnien et enfin un monothéisme ne se référant plus qu’à un ciel et à un dieu abstrait, ce qui est propre au christianisme et à l’Islam.

   Si les Chrétiens ont lourdement emprunté aux Juifs et ont tenté par tous les moyens de disqualifier les juifs à leur profit, en les opposant à leur dieu, comme s’ils avaient le droit d’interférer dans la relation des juifs avec le dieu d’Israël, en prétendant parler en son nom, le cas des Musulmans est également caractérisé par une volonté de se relier non seulement au même Dieu mais au même peuple, autour du personnage d’Abraham qui est pour les Musulmans l’interface entre eux et les juifs tout comme Jésus l’est pour les Chrétiens. Les arabes seraient ainsi descendants d’Abraham / Ibrahim (en arabe), par Ismaël et par ailleurs, la langue arabe n’est-elle pas cousine de l’hébreu et la terre des Juifs n’est-elle pas enclavée au sein du monde arabe ? Une telle argumentation n’est d’ailleurs nullement incompatible avec un farouche antisionisme niant aux juifs tous droits à s’installer en Palestine. On est en pleine schizophrénie ! Précisons que le fait que les juifs parlent l’hébreu n’en fait pas pour autant les cousins des arabes, la langue n’est pas un critère définitif de parenté, une langue est avant tout un mode de communication et tant qu’à faire, autant communiquer entre peuples différents en recourant à une même langue, sinon c’est la Tour de Babel ! Les musulmans et leur dieu se situent dans la banlieue du judaïsme, dans sa périphérie, il leur revient d’assumer leur propre monde.

   Il importe peu, ici, au demeurant de déterminer ce qu’étaient les juifs à l’origine, ce qui nous intéresse, c’est ce qu’ils sont devenus et en insistant sur le fait que tout montre qu’ils sont parvenus à constituer une entité à part entière, irréductible à d’autres entités et qu’ils sont porteurs, dans leur Inconscient Collectif, d’un Dieu qui n’a aucune vocation à être universel, qui est et restera leur Dieu, tant qu’il y aura des Juifs. Croire que ce Dieu pourrait exister sans les Juifs est une illusion dont il conviendrait qu’elle soit une fois pour toutes dissipée. Méfions nous des oecuménismes, de ces Fraternités d’Abraham qui sont victimes du syncrétisme et d’une histoire mythique. L’heure est à la clarification, non à la confusion. A chacun son dieu. D’ailleurs, est-ce que les lois d’une société ne sont pas généralement placées sous l’autorité de Dieu et comment un seul et même Dieu pourrait-il vouloir faire respecter des lois aussi différentes les unes des autres ? On ne peut opposer Dieu au peuple dont il émane. On ne peut parler d’une ancienne alliance et d’une nouvelle alliance avec le même Dieu mais de deux dieux bien distincts. Le dieu des juifs n’a pas disparu, les juifs n’ont pas disparu donc le dieu des Chrétiens n’est pas celui des Juifs. Cela dit, la question est de savoir si effectivement le dieu des Chrétiens a la même réalité que celui des Juifs ou s’il n’en est qu’une sorte de clone. A quoi reconnaît-on qu’il s’agit d’un vrai Dieu ou d’une ombre de Dieu, d’un faux Dieu ? Il est clair que Dieu n’est pas une affaire individuelle mais celle d’une société mais en même temps, chaque membre de cette société est consciemment ou non porteur de ce qui constitue ce Dieu. Ceux qui disent que sans leur religion, les juifs auraient disparu n’ont pas tort, mais il vaudrait mieux qu’ils disent “sans leur Dieu”. Etrange façon de formuler les choses: on veut bien qu’il y ait plusieurs religions mais on affirme qu’il y a un dieu unique, pourquoi ne pas admettre que chaque religion génère son propre Dieu et qu’une religion qui n’est pas sous-tendue par un peuple, c’est-à-dire par une population qui maintient sa spécificité, son lignage, sa filiation ne peut donner naissance à un Dieu ? Car Dieu ne saurait dépendre des aléas de l’Histoire de ce peuple, il ne peut être dans la durée que si le rapport de ce peuple avec ce Dieu passe par des automatismes, par un certain inconscient collectif. Le Dieu d’Israël n’a pas besoin que les juifs croient consciemment en lui, qu’ils pratiquent en toute connaissance de cause, il se nourrit de l’existence de chaque Juif porteur, malgré lui, des énergies dont il a besoin pour exister. Le seul reproche que l’on pourrait faire aux Juifs serait de laisser croire que leur Dieu est aussi celui des autres peuples car ce faisant, ces peuples pourraient croire que ce Dieu peut exister sans les Juifs. Or, ce faisant, en menaçant l’existence des Juifs, c’est celle de leur Dieu qui est en cause. Touche pas à mon Dieu !

   Peut-on en effet emprunter le dieu de l’autre ? Selon nous le dieu d’Israël n’est pas statique, il est porteur d’une cyclicité, il est vecteur de progrès, il évite la sclérose et en tout état de cause, il est porteur de dualité. Du un on passe inévitablement au deux, tout comme le soleil est à la fois jour et nuit, par sa présence ou son absence. Celui qui emprunte est comme un homosexuel qui adopterait un comportement, un discours féminins sans pour autant pouvoir enfanter, sans avoir ce que nous avons appelé la neutralité de la femme8, qui accède au signifiant mais pas au signifié, qui prétend assumer un rôle à la place d’autrui, sans en avoir les moyens, en croyant qu’il suffit de vouloir et de se positionner.

   Faut-il donc considérer l’appartenance juive comme étant à caractère essentiellement religieux ? Nous pensons que ce n’est pas une formule heureuse. D’abord parce que cela réduit le judaïsme à n’être qu’une religion parmi d’autres et notamment comme les religions qui revendiquent le même dieu que le sien. Il y a là un malentendu auquel il faut mettre fin et si le mot religion implique que l’on partage un même et unique Dieu, alors nous ne voulons pas que l’on utilise ce même terme de religion pour qualifier judaïsme, christianisme ou Islam. Par ailleurs, il est clair que les juifs sont marqués par le christianisme et l’Islam, du fait qu’ils vivent au milieu de nations qui appartiennent à ces cultes. Nous pensons que le christianisme et l’Islam sont des civilisations plus encore que des religions et que les juifs relèvent de ces civilisations, tout comme ils sont liés à diverses cultures nationales. Nous dirons qu’il existe des juifs christianisés ou islamisés alors qu’il n’existe pas, de la même façon, des Chrétiens ou des Musulmans judaïsés - même si à l’origine ces cultures se rattachent à une sorte de mythologie juive - sinon peut-être en Israël, où les juifs sont dominants. En ce sens, nous dirons que le terme de “religion” ne convient que pour les juifs alors que pour les autres prétendues religions, il s’agit de civilisations somme toute géographiquement bien délimitées. On comprend certes qu’il peut être tentant pour les Musulmans de masquer leur appartenance à une civilisation étrangère à la civilisation occidentalo-chrétienne en mettant en avant la seule dimension religieuse de façon à pouvoir s’intégrer en France, en se présentant sous le même profil que les juifs mais la présence juive en France n’a rien à voir avec la présence musulmane en France, les juifs ayant participé aussi bien des civilisations chrétienne que musulmane. D’ailleurs, il importe pour les juifs de France de ne pas nier la disparité même de leurs origines et d’assumer le fait d’être marqués par telle ou telle civilisation : les juifs issus des pays arabo-musulmans sont différents des juifs issus des pays de la Chrétienté et encore conviendrait-il de distinguer entre les environnements catholiques, protestants ou orthodoxes. La meilleure parade contre une certaine présentation des choses, c’est précisément de montrer que le christianisme et l’islamisme sont des mondes, des sociétés et non des religions et que les juifs sont marqués par ces ensembles, ce qui montre bien que les dits ensembles ne sauraient être présentés comme des religions au même titre que le judaïsme. Les juifs sont donc nécessairement marqués par telle ou telle civilisation, et le fait pour un juif de se “convertir” au christianisme ou à l’Islam ne saurait être considéré comme un acte religieux mais comme un processus d’assimilation ne remettant nullement en cause sa dimension de juif mais exprimant là un inévitable enracinement au sein d’un certain milieu où il est nécessairement minoritaire. Il importe donc, stratégiquement, de banaliser ces phénomènes d’intégration et surtout de ne pas les présenter comme un quelconque renoncement à la judéité, du fait que précisément christianisme et islam ne se situent pas sur le même plan que le judaïsme, qu’ils sont en quelque sorte complémentaires, dans un rapport de contenant et de contenu, le juif étant le contenu.

   Il semble donc que les arabo-musulmans, sous couvert de laïcité, essaient de faire accepter l’idée qu’il n’y a pas plus de différence entre un catholique et un musulman qu’entre un catholique et un protestant ou encore qu’un juif de souche française n’est pas plus proche d’un Chrétien que d’un musulman. Formuler les problèmes en termes de religion, c’est se situer au niveau de l’engagement individuel, c’est donc minimiser la dimension familiale, l’enracinement des générations, c’est une stratégie d’immigré et d’étranger qui est d’autant plus vaine que ceux qui la mettent en avant restent fortement marqués par leurs origines étrangères non pas seulement à la France, comme le seraient des tchèques ou des italiens, mais au monde occidental. En réalité, la laïcité à la française, au départ, ne visait qu’à faciliter les relations entre des gens qui avaient partagé depuis des siècles le même espace et quelque part la même histoire, c’était là un présupposé qui n’avait pas été assez explicité. Il est important aujourd’hui de souligner cette condition nécessaire à l'accès à la laïcité avant de considérer les conditions suffisantes : la laïcité française ne s’adresse pas aux musulmans ni à ceux qui sont marqués par le monde oriental. Certes, le monde occidental - et notamment la France, par sa politique coloniale, par son prosélytisme linguistique, a probablement eu le tort d’investir ce monde musulman et islamisé - et cela vaut pour les juifs de ces régions - et c’est là un peu un choc en retour, dans tous les sens du terme; on est désormais en plein syncrétisme, en plein mimétisme, en pleine confusion. Il est urgent de se ressaisir. Il est encore temps. C’est d’ailleurs aux juifs de montrer l’exemple et de reconnaître les différences qui existent entre eux, entre juifs du monde chrétien et juifs du monde musulman. D’ailleurs, les termes d’ashkénaze et de séfarade n’ont-ils pas fini par évoluer dans le sens d’un tel distinguo ?

2

Une religion céleste

    Peut-on emprunter aux juifs leur dieu ? Dieu existerait-il, existe-t-il, sans les juifs ? Et quid des Juifs sans leur Dieu ? Est-ce que tuer les juifs, c’est tuer Dieu ? Doit-on encore parler de Dieu ou d’un dieu, de dieux ? L’homme est-il à l’image de Dieu ou Dieu à l’image de l’homme ?

   Nous souhaiterions parvenir à une représentation plus concrète de Dieu et n’est-ce pas parce que ce qu’on appelle Dieu est un phénomène syncrétique que sa perception est de plus en plus confuse et floue ? Mieux comprendre le fait juif, n’est-ce pas mieux cerner ce qu’on entend par Dieu ?

   Dans d’autres études, nous avons traité de la consciencialité propre aux juifs.9 En quoi cette faculté s’articule-t-elle sur le principe de Dieu ?

   Si on entend par consciencialité, l’aptitude à savoir ce qu’il y a sous la surface des choses, à remonter le temps, à retrouver les processus dans leur pureté initiale, oui, il nous semble bien que cela a à voir avec une certaine façon d’appréhender le divin.

   Dans le Livre de Job, au chapitre 38, Dieu ne déclare-t-il pas : “Où étais-tu lorsque je fondais la terre ? Dis-le si tu en as quelque connaissance ? ” Etre en contact avec Dieu, n’est ce pas avoir accès aux secrets des choses, au plan initial de la Création du monde ? Et dès lors ne sommes-nous pas, ce faisant, dans la consciencialité ?

   En se branchant sur Dieu, nous accéderions à la conscience des choses, un peu à la façon des prophètes car connaître l’ordre des choses, n’est-ce pas aussi se donner les moyens de prévoir ?

   On a sous-estimé le lien qui existait entre les juifs et Dieu. On a cru que Dieu existait en soi, sans les juifs et qu’il pouvait se retourner éventuellement contre les juifs - c’est ce qu’ont notamment soutenu les Chrétiens - puisqu’il leur préexistait. Mais en est-on si sûr ? Et si le Dieu d’Israël était indissociable des juifs ?

   En tant qu’historien de l’astrologie, nous avons une approche particulière de cette question en ce que nous pensons que les astres n’agissent sur l’homme que du fait de leur instrumentalisation par certaines sociétés. Et dès lors la puissance des astres ne ferait sens qu’au travers des descendants de ceux qui se sont reliés aux astres. Ceux-là bénéficient d’une cyclicité qui les fait vivre en quelque sorte au rythme des astres. Imaginons que des extra-terrestres décident de s’approprier ce lien avec les astres en observant que les dits astres existent bien sans les hommes. Ils risqueraient fort d’être déçus car ils ne sont pas programmés pour ressentir le déplacement des astres. Il faudrait donc qu’ils établissent ce contact par le truchement de ces hommes dont les ancêtres se branchèrent sur le cours des astres.

   Peut-on recourir à cet exemple en ce qui concerne le dieu des Juifs ? Ceux qui ne comprendraient pas l’émergence du lien entre hommes et astres seraient-ils en mesure de répondre à une telle question ?

   Il est a priori plus facile, en effet, de comprendre comment les hommes pourraient s’être déterminés à réagir à certaines configurations astrales repérables dans le ciel, que de concevoir de quelle façon l’homme serait lié à Dieu, dès lors que Dieu serait invisible et immatériel, échappant donc aux sens de l’Homme. Voire.

   Il ne faudrait pas, en effet, sous estimer, l’aptitude des hommes à se programmer, à se structurer, à se déclencher, en s’appuyant sur leur environnement. Mais est-ce que le dieu des Juifs est différent d’un dieu astral, d’un dieu céleste ? Ne dit-on pas en parlant de dieu, des dieux, qu’il est, qu’ils sont “au ciel”, “dans les cieux” et faut-il prendre de telles expressions comme une réalité qui nous échappe ? Est-ce que - question sacrilège - le Dieu des Juifs ne serait pas associé, lié, à un astre et à un seul ?

   Le fait d’être relié à un astre, qui pourrait être Saturne10, l’astre du Samedi, du Shabat (en anglais Saturday) détermine une cyclicité et c’est d’ailleurs là tout l’intérêt de la chose. Quel est le sens d’un dieu qui ne serait pas générateur d’une temporalité ?11 A quoi servent les astres sinon à marquer le Temps ?

   Dans toute relation à un astre, il y a dualité, il y a périodicité, il y a un temps pour chaque chose, comme il est dit dans l’Ecclésiaste. Car comprendre le plan divin, c’est en saisir à la fois la structure temporelle et spatiale et notamment la raison d’être du masculin et du féminin. En effet, s’il y a alternance de phases, cela implique qu’il y ait également deux populations qui alternent, comme en politique où l’alternance exige qu’il y ait deux partis, l’un au pouvoir, l’autre dans l’opposition (le shadow cabinet anglais).

   Dans un système duel, les juifs occupent un des pôles, les non juifs l’autre pôle.12 Une phase passe par le recentrage, le resourcement, tandis que l’autre encourage les dépassements et les mélanges. La présence juive au monde serait donc, elle aussi, cyclique. Quand la phase en cours n’est pas celle des juifs, ceux-ci sont considérés comme inutiles, comme gênants13, ils appartiennent, dit-on, au passé, à un passé à dépasser. En revanche, quand on est dans leur phase, à savoir tous les sept ans, - chaque phase durant 7 ans - ils pèsent davantage, se rendent plus utiles mais ils sont aussi plus visibles, pouvant générer de l’hostilité, de la judéophobie.

   Ce système aura permis aux juifs, à travers les siècles, de ne jamais perdre le contact avec leur point de départ dans la mesure où ils se sont programmés pour y revenir régulièrement, en une sorte d'anamnèse, d’involution. Or, est-ce que la démarche scientifique n’est pas avant tout un retour à un état initial, virginal, avant toute corruption et interférence ? A l’opposé, une approche philosophique viserait à privilégier un mouvement vers le dépassement, sous différentes formes, qui serait en contradiction avec le génie juif de consciencialité.

   Le monothéisme consisterait, en fait, à opter pour un seul astre non fixe et de ne pas considérer les autres (Mercure, Vénus, Mars et Jupiter, selon leur appellation scientifique actuelle) et notamment pas le soleil et la lune. Or nous retrouvons un tel clivage de nos jours entre les astrologues qui veulent se servir de tous les astres et ceux qui pensent que l’Humanité ne s’est programmée que pour fonctionner avec une seule planète, en l'occurrence Saturne. Autrement dit, le débat qui s’instaure actuellement entre astrologues ne ferait que relancer une très ancienne question relative au monothéisme face au polythéisme.

   Selon nous, en effet, tenter de penser le divin sans se référer aux astres est voué à l’échec. Notons d’ailleurs que le terme divination est lié étymologiquement au divin.14

   On ne peut penser Dieu, sans penser au / le Temps et donc sans s’inscrire dans une approche dite divinatoire, la divination visant, sous ses diverses formes, à “deviner” le cours des choses mais le passé n’est pas plus aisé à cerner que l’avenir à partir d’un présent qui est soit un aboutissement, soit un point de départ.

   A partir d’un tel modèle, on comprend que la relation des hommes aux astres est une affaire de très longue haleine car cette relation n’est pas d’ordre intellectuel ou du moins ne fait sens quand elle est passée au stade de l’Inconscient Collectif ou du subconscient individuel. Elle ne s’improvise pas, elle ne se transmet pas par les livres, elle s’hérite plus qu’elle ne s’adopte.15 Comme disait Spinoza, le vrai judaïsme est intérieur et non extérieur, non pas dans des pratiques apprises mais dans des comportements légués par une lignée, par le sang, par la race.

   Ceux qui s’imaginent pouvoir devenir juifs en lisant ce qui a trait au judaïsme se leurrent16 ceux qui croient que le Dieu des Juifs va les accueillir dans l’alliance sans passer par les Juifs font fausse route. Ils ont changé la représentation de Dieu pour parvenir à leurs fins. Soutenir que Dieu n’est pas notre rapport au cosmos plus que le cosmos lui-même, qui est en soi vide, est adopter un point de vue chrétien, c’est dire que nombre de Juifs, de nos jours, sont christianisés, c’est-à-dire appartiennent à une déviance. Rappelons que les Chrétiens, comme nous l’avions exposé au Colloque de Cerisy, “Métaphysique du Diable”, en 1997, se revendiquèrent d’abord comme les “vrais” juifs, rejetant les autres comme appartenant à Satan. Par la suite, ces Chrétiens renoncèrent à se dire Juifs, ce qui était déjà le constat d’un échec. Même leur dieu n’est pas stricto sensu le dieu des Juifs, en dépit de la filiation affirmée. Pour les Chrétiens, le Christ est Dieu et à ce titre, nous nous souvenons que certains Chrétiens, sortant du catéchisme, affirmaient que les Juifs ne croyaient pas en Dieu, puisqu’ils n’acceptaient pas le Christ.

   Notre modèle vise à éviter toute idée d’extermination des Juifs. Car éliminer les Juifs, c’est briser le lien qui relie l’Humanité à la structure céleste, c’est se priver d’une dynamique dont la dite Humanité a bénéficié depuis des millénaires. Les astrologues, de leur côté, diffusent la thèse selon laquelle le cosmos constituerait un environnement qui s’imposerait aux hommes, bon gré mal gré. Nous nous portons en faux contre cette position : le rapport des hommes aux planètes n’a rien d’automatique, c’est un artefact qui a été mis en place à un stade déjà très ancien de l’évolution et qui a perduré par un processus de transmission des caractères acquis, conduisant à une programmation inconsciente.

   En conclusion, nous n’acceptons ni la représentation des astrologues, ni celle des Chrétiens ou des Musulmans quant à leur représentation du ciel.17 Il faut repenser la signification du Ciel. En tout état de cause, on ne peut plus, selon nous, séparer Dieu et le Ciel en tant que réalité matérielle, perçue depuis des millénaires par l’Humanité de même qu’on ne peut plus découpler les Juifs de Dieu ou du Ciel. Il y a là un triptyque essentiel à respecter. Dieu est le lien que certains hommes ont conçu avec certains astres : il n’est ni homme, ni astre.

   Il convient évidemment de repenser les origines du peuple juif, dans le cadre de la civilisation mésopotamienne et son rapport évident à l’astronomie. Ce n’est qu’avec la découverte de Saturne perdu au milieu de la voûte étoilée qu’un tel système a pu exister, bien plus tardivement donc que tout ce qui a à voir avec les luminaires, soleil et lune. Il s’agit donc d’une religion fondée sur un progrès scientifique.18

   Le récit biblique concernant Abraham a certainement subi bien des retouches et ne fait plus guère sens. Le judaïsme est né, on l’a dit, de l’idée de construire le temps social sur le rythme de Saturne. D’ailleurs, le Shabat - dont le respect constitue un des Dix Commandements - est bien la marque d’une dualité temporelle tout comme d’ailleurs le récit de la Création. Ce n’est donc pas d’hier que les Juifs affirment la dualité du Temps. Mais cette dualité ne fait sens que dans le cadre d’une religion cyclique, d’un dieu voué à une périodicité. Elle ne correspond pas à un dieu figé et n’impulsant pas son rythme au monde.

   Il serait donc souhaitable de rétablir un judaïsme astral, de refonder l’alliance entre le peuple juif et le dieu qui émane de lui mais qui désormais le dépasse et le transcende. Les philosophes juifs ont longtemps débattu notamment sur la nature de Dieu, et en particulier sur la question des miracles. Selon nous, Dieu n’accomplit pas de miracle, il est voué à un plan immuable. C’est aux hommes d’en tirer le meilleur parti dans la mesure où un tel plan laisse une grande part de libre-arbitre aux hommes, ne fixant que les grandes lignes, ne déterminant que des tendances fortes, qui n’excluent nullement que l’on puisse les ignorer, à ses risques et périls.

   Cette astrologie hébraïque monoplanétaire se serait constituée en opposition avec une astrologie pluriplanétaire, constituée autour de Vénus, Mars, Jupiter, Saturne et la Lune et dont l’existence est confirmée par les travaux statistiques de Michel Gauquelin.19 Cette astrologie, à la différence de l’astrologie hébraïque, n’était pas prédictive, n’organisait pas le temps social mais bel et bien l’espace social entre un certain nombre de secteurs professionnels. Avec les Hébreux, l’accent est mis sur le Temps cosmique.

   Certes, à certaines époques, les Juifs ont-ils pris leurs distances à l’égard de l’astrologie20, jetant ainsi le bébé avec l’eau du bain. On ne saurait opposer Dieu aux astres car les astres n’existent pas sans Dieu, non pas parce que Dieu a crée les astres, ce que nous ne pensons pas puisque le Dieu des Juifs est apparu tardivement, du fait du génie humain, mais parce que les astres ne font sens pour l’homme que dans la mesure où on a posé Dieu comme interface entre le Ciel et l’Humanité, par le fait d’une instrumentalisation de l’univers par l’Homme. Il y a en effet dans le Talmud une controverse à propos du Mazal d’Israël, c’est-à-dire l’astre d’Israël. Mais encore aujourd’hui, nous entendons souvent quelqu’un disant qu’il cherche son mazal, c’est-à-dire son âme soeur. Le peuple juif doit retrouver en vérité son mazal. Iesh Mazal le Israël.

   Ce faisant, en recentrant l’idée du Dieu des Juifs, le débat avec les Chrétiens revêt une toute autre signification. Il ne s’agit plus de partager Dieu entre les uns et les autres. On a affaire à deux dieux différents, l’un, celui d’Israël, s’articulant sur un peuple doué de pouvoirs particuliers qui tiennent précisément au lien ainsi généré avec le Ciel, l’autre, celui du monde chrétien qui est d’une autre substance, relève d’une autre logique dont il ne nous appartient pas ici de juger. Nous pensons cependant que des dieux qui ne sont pas articulés sur des objets célestes n’ont pas la même prégnance et restent virtuels. En cela, la religion juive nous semble plus proche des religions astrales babyloniennes et grecques, avec néanmoins l’affirmation de l’existence d’un monoplanétarisme / monothéisme tandis que le christianisme et l’Islam constitueraient une autre forme de phénomène religieux, ce qui ne permet donc en aucune façon d’assimiler leur idée de la divinité, quand bien même serait-elle monothéistique, à celle du Dieu d’Israël.

   Les Hébreux, d’où l’importance accordée au prophétisme, auraient donc en quelque sorte fondé l’astrologie cyclique et se seraient structuré génération après génération au travers de ce modèle, acquérant une spécificité par rapport aux autres sociétés. On pourrait parler d’une sorte de création constitutionnelle, d’une sorte d’idée juive de l’Etat, s’articulant sur une périodicité ou - pour faire écho à Theodor Herzl, d’un Etat Juif (Judenstaat) à l’instar des constitutions qui se succéderont en France, au XIXe siècle, notamment, lesquelles s’efforcèrent également de fixer une certaine organisation du temps socio-politique. Cette astrologie cyclique pouvait fort bien ne recourir qu’à un seul astre dont le cycle était découpé en phases alors que l’astrologie associée à un découpage social exigeait de se servir de plusieurs astres, chacun désignant une activité spécifique.

   On a donc raison de dire que sans leur religion, il n’y aurait pas de Juifs mais il ne s’agit nullement ici - et nous rejoignons ici Spinoza, comme on l’a dit - d’un savoir qui s’apprend, qui s’enseigne mais d’une intériorité structurée autrement et que chaque juif reçoit en naissant, par la voie encore mystérieuse des gènes, de ses aïeux. Mais à l’origine, lorsque cette religion était encore de l’ordre du conscient, l’on pouvait devenir Juif. De nos jours, on peut éventuellement cesser de l’être mais certainement pas le devenir. Celui qui veut faire partie du peuple juif ne peut le faire qu’à travers les enfants qu’il aura d’un Juif ou d’une Juive, par les liens du sang.

   En tout état de cause, force est de constater que l’astrologie n’a pas disparu, des millions de gens de par le monde s’y référent et cela est le signe d’un lien très ancien qui marque l’Inconscient Collectif. Il y a un rapport entre les hommes et les astres qui reste à préciser et à redéfinir. Car si les Juifs ont un lien privilégié avec le Ciel, la place des juifs dans le monde n’est nullement celle d’un peuple isolé mais présent dans le monde, au sein de chaque civilisation, de chaque culture. Et tant qu’il y aura des Juifs, les astres dialogueront avec les Hommes par le truchement du Dieu d’Israël. L’astrologie n’est pas une affaire individuelle, elle est un processus collectif, une synergie. En reformulant l’astrologie, on reformule Dieu, on reformule Israël et vice versa.

3

Un seul peuple

    Quand on étudie ce que les arabes disent sur les juifs et notamment sur ceux qui vivent en Israël, on observe que la question de l’apparence générale est déterminante. Ils pensaient que tous les juifs se ressemblaient et quelque part leur ressemblaient et ils s’aperçoivent qu’on trouve des populations juives très différentes, comme d’ailleurs en Islam, où il y a de nombreux noirs africains, par exemple. Ce qui conduit les arabes à considérer les juifs comme les adeptes d’une religion. D’ailleurs, dans le monde arabe comme ailleurs, on a souvent imposé aux juifs le port de marques distinctives, comme la couleur noire en milieu musulman ou la couleur jaune (la fameuse étoile jaune, la rouelle) en milieu chrétien - le ghetto aussi vise à la différenciation - ce qui montre bien que sans celles-ci, il était bien difficile de savoir qui était et n’était pas juif.

   La réalité est certainement plus complexe mais encore faut-il avoir les outils pour l’appréhender. Elle est liée au statut de la femme.

   Nous avons dit21 que le changement était un facteur essentiel du destin féminin si on entend par changement le passage d’un milieu à un autre, d’une société à une autre, d’une langue à une autre, d’une profession à une autre etc. Mais une question se pose dès lors : n’est-ce pas là justifier les mariages mixtes, les conversions, les naturalisations et est-ce que cela ne va pas à l’encontre de l’endogamie ? Si l’on prend le cas d’une population réduite, dans tous les sens du terme, comme c’est le cas des Juifs, la femme juive peut-elle aller vivre avec un homme non juif ou la femme non juive avec un homme juif ? Si l’on admet qu’il y a transmission des caractères acquis22, que se passe-t-il lors du croisement entre un homme et une femme dépositaires de programmes très différents ? Il nous semble que l’on en arrive à la conclusion suivante, à savoir que ce que transmet l’homme compte davantage que ce que transmet la femme sur le plan de l’héritage génético-culturel ou socio-biologique. Les habitudes exogamiques supposent que la femme soit en quelque sorte neutre. C’est pourquoi, dans le judaïsme, le fait que l’on soit juif par les femmes nous apparaît comme une aberration qu’il convient de dénoncer, d’autant qu’elles ne transmettent même pas le nom. Il est de l’intérêt des femmes de revendiquer cette neutralité qui est en soi une virginité génétique, cette absence de traces, ce qui les autorise, ipso facto, à circuler d’un monde à l’autre sans créer d’interférences. Ce n’est que lorsque la femme aura acquis une sorte de transparence, celle du caméléon, si l’on veut, qu’il n’y aura plus de quiproquo quant à sa place dans le monde. Dans de nombreuses sociétés, le fait d’avoir une fille n’était pas satisfaisant. L’héritier était le garçon. En France, la loi salique écartait les femmes de la succession au trône, quel que soit le prix à payer pour un tel principe. Les princesses allaient au loin épouser des princes et très rarement l’inverse, sauf précisément dans le cas anglais, qui ne respectait pas la loi salique. Dans la pratique religieuse juive, la femme ne compte pas dans le calcul du minian, c’est-à-dire dans le nombre nécessaire de participants pour que le culte puisse avoir lieu dans toute son ampleur. La femme est un produit d’exportation et d’importation, d’échange, elle n’est pas faite pour rester en place, pour assurer la continuité. Seul l’homme est juif est porteur, avec la circoncision, du signe de l’alliance, pas la femme. Cela peut sembler un paradoxe, puisque c’est la femme qui met les enfants au monde, mais ce sont les enfants d’une autre famille, d’une autre tribu. Il y a chez la femme quelque chose du mercenaire, elle a d’ailleurs vocation à se mouvoir comme une planète alors que l’homme est fixe comme une étoile. La femme est interface entre l’homme et son fils tout comme Dieu est interface entre l’homme et le ciel. La Vierge est interface entre le Père et le Fils, chez les Chrétiens.

   A partir d’une telle observation, on conçoit qu’il y ait un certain mélange des races et que, notamment, les juifs ne se ressemblent guère entre eux, du fait qu’ils se sont croisé avec diverses populations et pourtant ils n’en constituent pas moins, en dépit de leur diversité extérieure (ashkénazes, séfarades) un ensemble offrant des similitudes à différents niveaux. Ce qui conduit à penser qu’il existe des populations qui sont bel et bien d’un seul tenant et qui, en même temps, offrent en surface un aspect très disparate, ce qui tient aux éléments féminins qui ont été intégrés au cours des siècles, sans modifier en profondeur la spécificité juive. Il y a des juifs noirs, les falachas, les juifs de l’Inde, cela ne signifie pas qu’il s’agisse de convertis mais qu’il y a eu des mariages mixtes avec des femmes non juives, converties ou non car il fut un temps où le mariage était la seule façon d’entrer dans un groupe et cela était réservé aux femmes. Autrement dit, la judéité ne passe ni par une pratique religieuse spécifique, ni par un faciès particulier mais par d’autres éléments plus complexes.23 Il ne faut donc pas se fier aux apparences et croire que les races sont caractérisées par une même apparence; du fait des brassages, celle-ci peut-être trompeuse car ces ensembles ont reçu de nombreux apports extérieurs qui peuvent correspondre à des vertus particulières. D’ailleurs, au sein d’une même “race” n’établit-on pas des différences, par exemple en ce qui concerne la noblesse, l’aristocratie ? Ne parle-t-on pas de “sang bleu” pour les lignées royales ?

   Il y a un seul peuple juif avec diverses variantes féminines - divers croisements avec de nombreuses cultures et de nombreuses races. Mais cette diversité n’est nullement due à la conversion de populations non juives mais bien au croisement des juifs avec ces populations et ce n’est que de ce fait que le peuple juif s’est perpétué. Celui qui ne descend du peuple juif que par les femmes n’appartient pas pour autant à ce peuple et c’est une grossière erreur que de laisser croire le contraire. Celui, en revanche, dont le père est juif aura des fils juifs même s’il les a avec une femme non juive car la femme, en tant que telle, ne peut avoir que des effets superficiels sur l’héritage propre à un peuple, son apport ne se situera qu’à un niveau linguistique ou ethnique. Rien de ce qui est aliénable, rien de ce qu’on peut lui emprunter, à commencer par une image édulcorée de son Dieu, ou par ses femmes, n’appartient spécifiquement au peuple juif, seul l’inaliénable est sien.

   Il est donc important de saisir le fait juif autrement qu’avec des catégories inadéquates. Il est tout à fait normal que de par sa dispersion les juifs tendent à se présenter sous les aspects les plus variés et c’est pourquoi le religieux est mis en avant comme un élément commun à tous les juifs, à cela près que bien des aspects de ce religieux ont fait l’objet d’emprunts par le christianisme et l’Islam. Et puis tant de juifs, de nos jours, ne pratiquent pas et ne fréquentent pas des lieux “juifs”, la synagogue ou Israël, ne serait-ce que de façon intermittente.

   Ce qui nous semble être la preuve d’une spécificité juive au monde ne saurait donc résider ni dans une apparence, ni dans une pratique rituelle. C’est bien plutôt au niveau de l’Histoire que le destin juif trouve son profil particulier et cela, sous toutes les latitudes.24 C’est aussi probablement dans le dynamisme des juifs dans toutes les sociétés dont ils sont membres, leur participation au progrès.

   Encore faut-il distinguer un mode de présence au masculin et au féminin. Si, au masculin, le juif est celui qui est à l’avant-garde, au féminin, il serait alors dans l’errance. La dimension féminine du destin juif nous intéresse moins. C’est bien cette aptitude des juifs, au contraire, à s’enraciner dans des cultures, dans des savoirs, qui nous paraît l’aspect le plus intéressant de la condition juive bien que cette contribution ne puisse être mise en évidence que par son excellence. Deux images donc complètement opposées des juifs: celle de l'intelligentsia et celle de la marginalité de l’immigration, qui ferait du juif un étranger. La communauté juive est d’ailleurs traversée par ces deux aspects: d’un côté le juif de souche française, de l’autre le juif immigré, féminisé par le processus même de son changement de repères. Ce qui ne contribue pas vraiment à clarifier l’image des juifs. Il serait bon que l’aspect féminin que l’on vient d’évoquer ne prît pas le dessus car on a vu qu’il contribuait également à brouiller la perception des juifs du fait des brassages liés aux unions entre juifs et femmes non juives. Cela dit, cet aspect existe et il faut l’intégrer et le cerner, dans une dialectique animus / anima, pour parler comme Jung, sans qu’il en vienne à fausser les analyses.

   Nous avons associé aux juifs dans d’autres écrits25 l’idée de consciencialité, qui nous semble puissamment masculine mais celle-ci ne saurait être dissociée de l’idée de dieu, à condition, bien entendu, de la redéfinir. Vouloir associer nécessairement tous les discours sur Dieu nous apparaît comme une aberration, qui ne tient pas compte des mimétismes et des déviances. C’est la meilleure façon de brouiller l’idée de Dieu que de ne pas prendre la mesure des risques de syncrétisme.

   Il nous semble donc temps de dégager l’idée juive de Dieu de celle d’autres religions dites monothéistes. Il y a une coupure épistémologique entre le Dieu des Juifs et le Dieu christiano-musulman. Le Dieu des Juifs est l’alliance d’un peuple avec un astre, Dieu étant le lien crée entre le peuple et l’astre instrumentalisé. Il est essentiel pour qu’un lien corresponde à une réalité qu’il s’établisse avec un objet concret, reconnaissable, visualisable sinon on reste dans le virtuel. Nous avons déjà exposé l’intérêt d’une telle alliance pour assurer au peuple qui s’y soumet une certaine rythmicité impliquant une dualité. Il peut certes surprendre que l’unicité de Dieu s’articule sur une dualité mais à quoi bon un Dieu qui n’imprime pas un mouvement, une dialectique ? En revanche, le dieu christiano-islamique nous apparaît comme statique, comme un dieu philosophique qui n’intervient pas vraiment dans l’Histoire, qui lui serait en quelque sorte extérieur. En revanche, le Dieu des Juifs serait en quelque sorte le moteur même de l’Histoire, du Temps. Il nous semble urgent de mettre fin à ce malentendu grave car peu à peu le judaïsme est marquée par une image de Dieu qui est celle des religions christiano-musulmanes. Ce judaïsme26 a été tenté d’évacuer sa dimension cosmique, ce qui est carrément suicidaire et explique les confusions qui se sont succédé. Une forme d’anti-astrologie a visé à vider le judaïsme de sa substance et il y a là un clivage majeur au sein même du monde juif que l’on tend à éluder voire à occulter. Cette dimension cosmique du divin n’est pas pour autant un polythéisme. La diversité des astres a vocation à constituer synchroniquement des castes tandis que l’idée d’astre unique .se situe sur un axe diachronique. En ce sens, les juifs seraient agi par une dynamique dialectique.27 En tout état de cause, la religion juive - c’est-à-dire littéralement un lien spécifique avec une entité matérielle, Dieu étant l’interface - telle que nous la redéfinissons, n’est nullement désormais affaire de croyance ou de foi. Elle est enracinée au coeur de la psyché juive. Il y a lieu par conséquent d’inverser les représentations telles qu’elles sont exprimées dans la Kabbale : il n’y a pas d’interface (sefiroth) à chercher entre le juif et Dieu puisque Dieu est lui-même l’interface entre le juif qui est matière et l’astre qui est, lui aussi matière, un lien ne pouvant s’établir qu’entre deux entités matérielles par le biais de ce que l’on pourrait appeler l’amour qui est Dieu. Mais un Dieu qui ne ferait pas le lien entre de telles entités n’aurait qu’une existence à jamais virtuelle.

   On nous objectera que cette dispersion des juifs parmi les nations a quelque chose de féminin plutôt que de masculin, le juif apparaissant comme constituant l’élément mobile. Tout est ici question de perspective : Ce sont les nations qui permettent au peuple juif de féconder le monde. On pourrait dire que le peuple juif a un rapport polygamique au monde, que le monde est son harem et l’on sait qu’il faut peu d’hommes pour ensemencer un nombre infini de femmes. Il reste que, comme on l’a dit, que l’essence de la femme se rapproche de celle de Dieu : dans les deux cas nous avons parlé d’interface. Dans l’histoire du vivant, le passage du stade androgynal à celui de la sexuation pour se déployer dans l’Espace a été aussi déterminant que celui où l’homme a su se relier au cosmos pour conquérir le Temps. Il est donc urgent au XXIe siècle de repenser ces deux “inventions” que sont la Femme et Dieu et de dénoncer les dérives quant à leur appréhension.

Jacques Halbronn
Paris, 9 novembre 2003

4

Une dimension universelle

    Dans la dernière livraison des Cahiers du CERIJ N° 1228, le philosophe chrétien Philippe Forget écrit fort justement :

   “Il est nécessaire de rompre le lien pervers qui unit les juifs au pouvoir archéo-chrétien. Le juif dira à voix haute : “Je ne suis pas ton père ! Tu penses avoir pris mon texte, tu n’as pris qu’une illusion, le miroir de tes phantasmes. Tu veux maintenant me le rendre mais tu n’as rien dans les mains et je l’ai toujours gardé etc.”29

   Il y a en effet certaines idées dans l’air et nous retrouvons encore Forget quand il écrit, dans le même texte : “Ce dieu est génétique et politique ; il ne prétend pas dire et faire l’histoire des autres peuples et dieux”. Il y a là en effet une salutaire prise de conscience des perversions délétères mimétisante et syncrétisante.30 La Kabbale Chrétienne à la Renaissance, bien étudiée par un François Secret31 est l’expression même de cette idée selon laquelle le judaïsme et notamment l’hébreu prépareraient l’avènement du christianisme, en seraient la clef, ce qui est une façon de poser une filiation, là où il n’y a qu’emprunt. Mais en même temps, cette reconnaissance de dette serait une bonne chose si elle ne se présentait précisément comme un héritage légitime et naturel alors qu’il s’agit d’une usurpation.

   Cela dit, si les juifs ont le droit et le devoir de ne pas prêter leur Dieu, qui pour eux est leur Dieu unique, ils n’en ont pas moins une dimension universelle, en tant que peuple. On prend ainsi le contre-pied d’un certain nationalisme juif de type sioniste qui en revanche est prêt à abandonner Dieu aux nations ou en tout cas à le partager avec elles. Cette revendication, cette mise au point théologique ne saurait impliquer un repli des juifs sur eux-mêmes, sur une terre. Bien au contraire !

   En effet, la reconnaissance de la spécificité et de l’unicité du Dieu d’Israël, dont nous avons montré, dans les précédents volets du présent travail, la nature d’interface avec les cieux (Shamaïm), nous permet de prendre la mesure de la mission des juifs dans le monde. Si les juifs ont quelque vocation “motrice”, “cyclique”, celle-ci ne saurait faire sens que dans un brassage continuel avec le monde, par une participation intense à tous les processus culturels. La restitution du cordon ombilical entre les juifs et Dieu devrait bien au contraire en ce XXIe siècle faire comprendre que les hommes n’ont accès au Dieu d'Israël qu’en passant par les Juifs - qu’ils leur donnent leurs femmes qui leur feront de beaux enfants juifs ! - et non en tentant de s’adresser directement à lui ou en le faisant parler par quelque truc de ventriloque qui est probablement la plus belle escroquerie intellectuelle jamais entreprise et cela vaut autant pour les Chrétiens, avec leur déicide - ce qui est tout de même une extraordinaire houtspa (en yiddish, aplomb) - que pour les Musulmans, qui se sont greffé sans état d’âme sur l’arbre généalogique du peuple juif et veulent être plus juifs que les juifs, chacun répétant à l’envi que les juifs ont failli à leur mission et que l’on fera mieux qu’eux. C’est bien l’ouvrier de la onzième heure qui se croit tout permis ! Bien plus, le mimétisme arabe était prononcé dans les premiers siècles de l’Islam lequel resté centre sur les populations arabes, créant ainsi un parallèle avec la religion juive axée sur une population bien définie. Al Birouni ne déclarait-il pas : “Notre culte et notre empire sont arabes et frères jumeaux, l’un protégé par le pouvoir de Dieu, l’autre par le Seigneur du Ciel. Que de fois les tribus des sujets se sont-elles liguées pour imprimer un caractère non arabe à l’Etat. Mais elles ne pouvaient parvenir à leurs fins” ?32

   Ce n’est que progressivement que l’élément arabe fut relativisé tout comme l’élément juif le fut du point de vue de la mouvance chrétienne. Mais alors qu’une coupure radicale allait finir par séparer les juifs des non juifs dans leur rapport à une même référence religieuse, celle-ci ne se produisit pas pour l’Islam à moins de considérer le clivage sunnite / chiite comme pouvant avoir été de cet ordre. On peut même se demander si la mystique de la nation arabe ne serait pas en partie calquée sur celle du peuple juif ? En tout cas, l’idée qu’un religion devait s’articuler sur un dieu et un peuple spécifiques nous semble avoir été clairement consciente dans l’Islam des premiers siècles et par la suite la stratégie suivie s’apparentera davantage à celle du Christianisme, avec son prosélytisme, non centré sur un peuple bien défini.

   Ajoutons pour éviter tout quiproquo que la femme juive n’existe pas. Etre juif est un métier d’homme. Une femme est avant tout un individu compatible avec divers systèmes et c’est d’ailleurs cette caractéristique qui facilite son intégration. Nous dirons que la femme a une faculté d’auto-instrumentalisation qui favorise son talent mimétique. On rappellera que pour nous l’instrumentalisation consiste à ne pas tenir compte de ce qu’est l’objet en soi mais de ce dont attend de lui; autrement dit instrumentalisation et auto-instrumentalisation conduisent à évacuer l’être, à le réduire en tout cas à la portion congrue, celle de sa perception externe, de son enveloppe. Elle n’est porteuse que de ce qu’elle reçoit dans sa rencontre avec l’autre et non de ce qui lui vient de ses aïeux et qui reste épiphénoménal. Dans toute dualité, il y a celui qui donne et celui qui reçoit. C’est l’homme juif qui donne / confère la judéité. Toute femme peut se judaïser si elle le souhaite, qu’elle soit née d’un père juif ou non. Car le mode identitaire féminin est en surface, il relève d’un vernis. La femme est comme une bouteille qui se remplit et qui se vide, ce qui lui confère un caractère hermaphrodite: quand elle est pleine, elle se masculinise, elle est en mesure de transmettre, quand elle est “vide”, quand elle a accouché, quand elle a changé de cadre, de discours, elle retrouve sa féminité et sa disponibilité pour d’autres aventures. La femme serait donc en fait un être androgyne, parfois semblable à l’homme quand elle s’emplit de sa substance et parfois dans un état de vacuité, lorsque son fardeau étranger à son être lui pèse trop lourd et qu’elle a besoin de s’en soulager tant il est vrai que ce que nous prenons tôt ou tard plaisir à nous délester de ce qui ne nous appartient pas et qui finit par nous encombrer. La femme, dont on connaît par ailleurs le cycle de la menstruation (à rapprocher de mensuel) est comme un sablier : quand le sable ne coule plus, il ne sert plus à rien à moins de le retourner. Le sablier, en tant que marqueur du temps, offre en effet une dualité androgynale, à différents moments du processus. En tout état de cause, toute société, aussi homogéne soit-elle, est duelle et c’est ce phénomène qui permet à l’immigré de se faufiler du fait même d’un certain hiatus entre les pôles. Il est essentiel de distinguer dualité et multiplicité : une société a besoin de dualité - elle doit l’assumer - en revanche, la multiplicité est la marque d’une inutile hétérogénéité. On notera, d’ailleurs, que l’on confond souvent l’aptitude à distinguer des signifiants et celle à opposer des signifiés, entre reconnaître un objet et savoir quelle est sa spécificité, c’est le cas pour les mots homme / femme et les réalités qu’ils recouvrent. Le signifiant est l’antichambre du signifié correspondant, il n’en est en fait que le signe précurseur, tant il est vrai que je perçois une chose avant de savoir ce qu’il en est vraiment de cette chose, ce qui la définit intrinsèquement ; on pourrait dire que derrière chaque mot un secret est à découvrir.

   Dès lors, donc, que les juifs assument leur dispersion parmi les nations, il importe, sans avoir à craindre la déperdition de la filiation juive, qu’ils acceptent des femmes sans distinction de religion, de race, en leur sein et qu’ils accroissent ainsi la présence juive. En revanche, il n’est pas souhaitable que des enfants mâles nés d’une femme juive et d’un père qui ne l’est pas se disent juifs, ils sont perdus pour le peuple juif. A quoi bon en effet se dire juifs quand on n’en a pas hérité les vertus par la voie du père qui seule compte ? C’est en fait bel et bien le nom juif qui compte et qui fait référence puisque nos sociétés ont gardé la bonne habitude, le plus souvent, de conférer à l’enfant le nom de famille paternel. Tel est donc selon nous, le nouveau modus vivend à instituer.

   Il est également hautement souhaitable que les juifs se débarrassent de leur prévention, trop longtemps instillée, contre l’astrologie. Non pas que l’astrologie, telle qu’elle existe actuellement soit acceptable mais parce que la clef du peuple juif n’en est pas moins liée à un certain type de lien entre les hommes et les astres. A vrai dire, comment s’étonnerait-on qu’un grand philosophe comme Maimonide (1138 - 1204) ait condamné l’astrologie chez les juifs33, lui qui ne comprenait plus ce qu’était la spécificité du dieu d’Israël ? En s’éloignant de l’astrologie remplacée peu ou prou par la Kabbale, la pensée juive médiévale allait commettre un contresens majeur, en refusant de percevoir Dieu comme interface entre l’humanité et le cosmos. C’est dire que nous sommes invités à refonder le judaïsme et à le sortir de ses errements.

   Si les Chrétiens ont bien compris qu’ils avaient tout à gagner à laisser les juifs irriguer leur société, en revanche, les Musulmans n’y sont guère parvenus au cours des derniers siècles et ont plutôt stérilisé leur présence, ce qu’ils ont probablement payé d’un certain déclin. Les Musulmans ont désappris à vivre de façon féconde avec les juifs et s’ils avaient compris ce qu’étaient les juifs, on n’aurait pas aujourd’hui cette situation au Moyen Orient. Quand Herzl, à la fin du XIXe siècle proposait une solution au sultan d’Istamboul34, il tenta de lui faire valoir l’intérêt qu’il pouvait y avoir pour son empire de laisser quelques millions de juifs supplémentaires s’installer dans son empire, ce qui incluait alors la Palestine. Le sultan ne donna pas suite et c’est dans un tout autre contexte que celui souhaité par Herzl que les juifs fondèrent - ou que l’on fonda pour eux - un Foyer, puis un Etat, n’ayant plus affaire cette fois aux Turcs, lesquels les avaient accueillis au XVIe siècle, à la suite de l’Expulsion d’Espagne, mais aux Arabes.

   C’est dire que la question de la présence juive au sein du monde arabe se pose aujourd’hui dans des termes autrement plus délicats que pour le monde chrétien occidental, lequel devrait constituer, pour le dit monde arabe, un modèle à suivre et ce en dépit de la Shoa. Ce n’est que par une occidentalisation de l’attitude des arabes à l’égard des juifs que les choses pourront se faire au Mashreq et au Maghreb et on fera remarquer, de façon peut-être inattendue, que c’est peut-être en France que cette relation pourrait se mettre en place, en ce que la communauté musulmane de France a l’opportunité de voir les Juifs sous un autre jour.

   Bien entendu, les Israéliens, eux-mêmes, sont en partie responsables d’un tel blocage et d’un tel gâchis humain. Il importe qu’ils révisent leur stratégie et notamment qu’ils cessent de croire que le destin juif passe par un Etat qui serait contrôlé par une majorité juive. Ce sont là des représentations bien désuètes ! Mais là encore, on n’en serait pas là si les Arabes n’avaient pas un rapport faussé avec les Juifs. La grande erreur du sionisme palestinien aura été de vouloir installer des juifs dans une région où le rapport aux juifs avait évolué, depuis des siècles, de façon improductive. On ajoutera que les revendications arabo-palestiniennes sur la Judée-Samarie (Cisjordanie) ne font que confirmer une volonté de la part du monde islamique de s’approprier des lieux de mémoire juifs, à commencer par le tombeau d’Abraham, à Hébron puisque, comme on le sait, la partie de la Palestine vouée à devenir un Etat Palestinien est celle qui est la plus chargée d’histoire biblique par rapport au reste de la Palestine du mandat.

   Il est clair que les juifs aujourd’hui ne sont pas assez nombreux, surtout si l’on ne prend pas en compte les femmes juives. On pourrait éventuellement envisager une banque du sperme juif à laquelle pourraient s’adresser les femmes désireuses de procréer des enfants mâles juifs. Bien entendu, si les femmes en question viennent d’une famille culturellement et religieusement juive, ce serait probablement préférable. Autrement dit, une femme peut toujours se judaïser du seul fait de recevoir une semence juive, devenant ainsi à terme une mère juive. La situation la plus délicate, on l’a dit, est celle des hommes nés d’un père non juif et considérés comme juifs par le côté maternel, ce qui ferait d’eux pleinement des juifs selon la Halakha en vigueur. Les raisons de la prééminence de la mère juive dans l’établissement de la filiation juive, nous paraissent des plus douteuses. Un argument du type “on sait qui est la mère, on ne sait pas toujours quel est le père” ne nous convainc guère et relève d’un matriarcat de mauvais aloi. Si l’enfant mâle juif est circoncis, recevant ainsi et lui seul la marque de l’alliance (Brit mila, Brit signifiant alliance), cela signifie bien, selon nous, que c’est lui, en tant qu’homme, qui sera le garant et le seul de la transmission du “génie“ juif. Il y aurait autrement un abus de pouvoir de la part de la femme juive, du fait qu’elle porte l’enfant, et le risque qu’elle fasse cet enfant avec un non juif.

   Notre position n’est donc pas celle du rejet de la femme, laquelle, au contraire est invitée, sans aucune discrimination, à s’unir avec un juif, qu’elle soit ou non d’origine juive et cela vaut tant pour une chrétienne que pour une musulmane - phénomène rarissime en Israël - étant bien entendu que la femme adopte ipso facto la religion juive en faisant un enfant mâle à un juif. En revanche, les enfants de sexe féminin, nés de cette union, pourront et devront être élevés dans la religion de la famille de la femme, ce qui nous semble, somme toute, assez équitable. C’est dans de telles conditions que nous pensons que pourra s’instaurer une présence heureuse des juifs parmi les nations et que la démographie juive pourra augmenter sensiblement, étant entendu que l’on pourrait favoriser sinon la polygamie de jure chez les juifs du moins de facto, avec la possibilité pour un homme juif de faire des enfants à plusieurs femmes qui le désirent. L’évolution des moeurs, avec l’accroissement des familles monoparentales, favorise une telle formule. Nous n’avons d’ailleurs aucune objection pour qu’il y ait des unions avec des femmes asiatiques (chinoises ou indiennes) ou africaines et l’on sait notamment que le judaïsme indien a une longue Histoire, notamment autour de Cochin, à condition que la judéité du père soit pleinement établie, sans parler du cas des falachas en Ethiopie. Il vaut mieux adopter une vision très stricte et restrictive du noyau juif opérationnel et de cultiver au mieux ce noyau que de partir d’une base confuse, même si l’on peut nous reprocher un certain eugénisme.

   On aura compris que la question juive est fonction de la solution d’autres questions : tant qu’on n’avait pas clarifié, de façon interdisciplinaire, la dialectique masculin / féminin, celle de Dieu à son peuple, celle des hommes aux astres, il n’était pas possible d’élaborer une représentation satisfaisante de l’être juif au monde de demain.

Jacques Halbronn
Paris, 22 novembre 2003

Notes

1 Cf. notre étude, sur Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr, “les juifs, Dieu et l’Etat”. Retour

2 Cf. Babylone et la Bible, Paris, Les Belles Lettres, 1994, p. 225. Retour

3 Cf. J. Lenglet-Ajchenbaum, Y. M. Ajchenbaum, Les judaïsmes, Paris, Folio, Gallimard, 2000, p. 19. Retour

4 Cf. nos études sur Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr, rubrique Hypnologica. Retour

5 Cf. notre étude sur “francisation et francité des juifs”, sur E. H. Retour

6 Cf. “l’arbre et l’oiseau”, sur E. H. Retour

7 Sur Saturne et les Juifs cf. notre ouvrage Le Monde juif et l’astrologie. Histoire d’un vieux couple, Milan, Arché, 1985, pp. 216 - 217. Retour

8 Cf. notre texte “l’arbre et l’oiseau”, sur E. H. Retour

9 Cf. Cerij.org et sur Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr. Retour

10 Cf. Le Monde Juif et l’astrologie, histoire d’un vieux couple, op. cit. Retour

11 Cf. le dieu Kronos grec, pour le Saturnus latin, le Ninib babylonien, à rapprocher de la ville de Ninive pour laquelle Jonas a prophétisé. Retour

12 Cf. nos études sur l’astrologie axiale, sur E. H. Retour

13 Cf. aussi notre article “Saturne-Pluton et les Juifs”, sur E. H. Retour

14 Cf. R. Tresoldi, Encyclopédie de l’ésotérisme, Paris, Ed. Du Vecci, 2002, p. 139. Retour

15 Cf. nos études sur Saint Paul, sur E. H. Retour

16 Cf. notre étude sur les “Juifs, Dieu et l’Etat”, sur E. H. Retour

17 Cf. “La pensée astrologique”, in S. Hutin, Histoire de l’Astrologie, Paris, Artefact, 1986. Retour

18 Cf. notre étude dans Hommes & Faits, Site Faculte-anthropologie.fr. Retour

19 Cf. notre postface aux Personnalités Planétaires, Paris, Trédaniel, 1992. Retour

20 Cf. Le Monde juif et l’astrologie, op. cit. Retour

21 Cf. nos études “l’arbre et l’oiseau”, “la femme caméléon”, sur Encyclopaedia Hermetica. Retour

22 Cf. nos travaux dans la rubrique Hypnologica, in E. H. Retour

23 Cf. notamment notre étude “Dieu et les Juifs”, sur E. H. Retour

24 Cf. J. Lenglet-Ajchenbaum et Y. M. Ajchenbaum, Les judaismes, op. cit. Retour

25 Cf. notre contribution aux Cahiers du CERIJ, novembre 2003. Retour

26 Cf. notre ouvrage Le Monde Juif et l’Astrologie, op. cit. Retour

27 Cf. nos travaux sur l’astrologie axiale, sur E. H. Retour

28 Singulier et universel juifs. Images et vérités, Paris, novembre 2002. Retour

29 “Mauvais universel ou singularité créatrices : un dilemme de notre temps”. Retour

30 Cf. notre étude “Les juifs face à la question de Dieu et de la nation”, sur Encyclopaedia Hermetica. Retour

31 Cf. son ouvrage Les Kabbalistes Chrétiens de la Renaissance, Milan, Arché, 1987. Retour

32 Cf. A. Hourani, Histoire des peuples arabes, Paris, Ed. Seuil, 1993, p. 89. Retour

33 Cf. Le monde juif et l’astrologie, op. cit. Retour

34 Cf. notre ouvrage Le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle, distribué par Priceminister, sur le Net. Retour



 

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