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JUDAICA

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Typologie planétaire et judéité

par Jacques Halbronn

    Si nous acceptons par la force des choses que nous naissions hommes ou femmes, il nous est souvent plus difficile d’admettre une différenciation psychologique, quelle qu’elle soit, dont le fondement serait génétique, donc quelque part héréditaire. Tant qu’il s’agit d’un plan physique, pas de problème : on a les yeux bleus ou marrons, on est de couleur de peau noire ou jaune, mais là il peut y avoir du métissage. Une frontière semble donc tracée entre le corps et l’esprit.

   L’astrologie remet en question une telle barrière, ne serait-ce qu’avec sa division en types zodiacaux mais aussi, sous une autre forme, en types planétaires. On serait bélier ou cancer, jupitérien ou martien etc., et cela entraînerait des aptitudes psychologiques voire professionnelles bien spécifiques.

   L’astrologie ne pose donc pas problème seulement en ce qu’elle se réfère aux astres mais aussi en ce qu’elle prétend que les astres rendent compte de certaines différences comportementales que l’on pourrait observer. L’astro-psychologie - complément, pendant, de l’astro-histoire1 - passe d’abord par le constat d’une certaine typologie et cette typologie pourrait éventuellement exister par delà la question de son rapport aux astres. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.

   Dès lors, ne pourrait-on penser que l’idée de typologie planétaire2 puisse aider à la compréhension de la judéité ?

   En effet, si être juif n’est pas seulement lié à une transmission culturelle opérée par le milieu mais comporte un aspect héréditaire, la typologie planétaire irait dans le même sens, à savoir que nous serions de tel ou tel signe ou de telle ou telle planète pour des raisons qui ne relèvent pas du milieu dans lequel nous naissons. Même si l’on nous changeait de milieu, à la naissance, certains traits se maintiendraient. Et quand bien même nous ignorerions notre appartenance à telle ou telle typologie, cela n’y changerait pas grand chose.

   Il reste que l’on a du mal à admettre qu’une certaine “culture” soit transmise par les gènes et ne soit pas le fait d’un certain conditionnement social, familial, dans l’enfance. Et cela vaut de nos jours également pour la réticence à accepter le distinguo masculin / féminin sur un plan autre qu’anatomique, le reste étant fonction de l’environnement. L’idée d’un déterminisme psychosociologique lié au sexe est mal admise, dès lors qu’on ne veut pas réduire ce déterminisme aux conditions de vie imposées, subies. A ce titre, il suffirait de changer ces conditions pour aboutir à des comportements différents: les hommes se comporteraient comme les femmes d’antan et vice versa. Il suffirait de le vouloir, de le décider. Le poids culturel des siècles ne compterait pour rien !

   A l’opposé, l’immigré apparaît à beaucoup comme la référence : on change de pays, on change de langue, on change de culture, est-ce que cela ne montre pas le caractère relatif de bien des comportements ?

   Mais ne voit-on pas que tous ceux qui appartiennent à une même culture ne sont pas pour autant identiques, qu’ils n’y jouent pas le même rôle ? Est-ce que parler une même langue signifie tenir le même discours, s’exprimer pareillement ?

   Selon nous, il existerait plusieurs niveaux de conscience : il y aurait une culture en quelque sorte externe et une culture interne. La culture externe serait à l’échelle d’une génération, la culture interne serait bien plus anciennement ancrée en nous. Les deux se combineraient nécessairement.

   Les relations entre ces deux niveaux de conscience obéiraient à une certaine dialectique, à certains ajustements. On peut fort bien avoir une culture interne distincte de la culture externe, c’est à dire non formalisée par cette dernière. On peut probablement être “juif” sans le savoir ou sans l’admettre tout comme on peut se convertir à la culture externe juive sans acquérir ipso facto la culture interne correspondante. Il y a ce que l’on est et ce que l’on croit être, ce qui est désigné et ce qui ne l’est pas.

   Faut-il donc baigner dans la culture juive pour assurer socialement une fonction de juif - ce que nous avons tenté de cerner dans d’autres textes - est-ce là une condition nécessaire mais est-ce vraiment une condition suffisante ? Pour revenir à l’homme et à la femme, faut-il avoir été élevée ou désignée comme femme pour se comporter comme telle et vice versa ?

   L’ajustement entre les deux niveaux de conscience semble souhaitable encore que la culture externe d’une femme ne coïncide pas forcément avec sa culture interne et de même pour un juif. Ce qui est dit des femmes, ici ou là, est une chose, ce qu’elles sont, en soi, en est une autre et de même pour d’autres catégories. Les deux facettes culturelles d’une même “identité” ne coïncident pas automatiquement - loin de là - quand bien même correspondraient-elles objectivement et historiquement.

   La question est de savoir si nos sociétés sont fondées sur des données aussi précaires et mouvantes que ce que nous appelons ici la culture “externe” ou si cette culture externe ne peut réellement exister et fonctionner qu’articulée sur une culture “interne”, sous jacente. Pour notre part, il apparaît qu’on ne saurait sous estimer, sous évaluer le poids de cette culture “interne”, plus ou moins inconsciente ou du moins s’exerçant sur des plans que nous ne contrôlons pas aussi bien que ceux qui touchent à la culture externe. S’il y a , par exemple, une culture interne au niveau de nos aptitudes, de nos dons, de nos innés (ce avec quoi l’on naît), la culture externe - qui concerne nos acquis après la naissance - qui nous pousserait vers d’autres activités que celles pour lesquelles nous serions en quelque sorte programmés, n’aurait que des effets peu ou prou perturbateurs sur notre orientation. Et ce qui est vrai à un niveau astro-professionnel, par exemple, l’est probablement aussi à d’autres niveaux qui touchent à la sexuation ou à la (non) judéité.

   Cela dit, si on admet la nécessité d’une assise structurelle en profondeur qui assure le bon fonctionnement de nos sociétés, lequel ne dépendrait pas d’initiatives à court terme, cela nous amène à nous demander comment une telle structuration s'opère au niveau de la conscience- ou des consciences, interne et externe - de chacun.

   Comment, par exemple, découvre-t-on sa vocation professionnelle, ses dons artistiques par exemple et cela sans être nécessairement influencé par le milieu familial ou autre, tant il est vrai que les enfants d’une même famille ne choisissent pas la même voie et que la société exige et prévoit sinon programme des vocations diverses et variées de ses membres.

   Ce que l’on appelle ici vocation, d’appel (en allemand Beruf), pourrait avoir affaire à cette notion de culture “interne” que nous avons introduite. Une voix intérieure qui, en quelque sorte, nous mettrait sur notre voie.

   Il devrait donc bien exister quelque mécanisme qui nous permette, petit à petit, de mieux cerner qui nous sommes et qui ne dépend pas de ce qu’on nous en dit. Il conviendrait, là comme ailleurs, de rétablir une certaine dualité.

   Et si être juif relève d’une certaine fonctionnalité - ce que nous pensons car aucun clivage n’est gratuit, n’est fortuit - que nous avons tenté par ailleurs de définir - il faut bien admettre que les juifs devraient, individuellement, en prendre conscience et finir par se repérer au sein de la société, quelle qu’elle soit, où ils vivent.

   Nous avons parlé de conscience individuelle pour désigner le rapport à la culture interne. En effet, autant la culture externe est vécue au niveau collectif, autant la culture externe est à découvrir au niveau personnel, même si elle renvoie à un plan qui ne l’est nullement. Selon nous, en effet, le collectif est la résultant de processus individuels, cela est vrai notamment au niveau des événements sociaux qui n’existent que par la conjonction de nombreux élans individuels qui vont converger.

   Se connaître comme juif serait donc aussi oeuvre personnelle dès lors qu’il n’est d’autre accès à la culture interne qu’un tel parcours, étant bien entendu que le terme “juif” est ici à prendre avec précaution. Nous avons en effet signalé le décalage entre culture interne et externe, la culture interne n’étant pas, a priori, nommée mais du moins peu ou prou reconnue. Il reste que l’on peut être “juif” sans se savoir tel, ce qui n’empêchera pas, pour autant, de jouer individuellement un certain rôle socioprofessionnel, en cette qualité.

   Toujours est-il que grosso modo, il existerait et subsisterait un noyau de juifs ayant cette double conscience, même si, on l’a noté, les deux plans ne coïncident que très imparfaitement. Entendons par là que le contenu de la culture juive externe n’est que d’une médiocre utilité - relative en tout cas - pour appréhender la culture juive interne. Ce serait trop beau, trop facile !

   Toutefois, une régulation s’opère: quand on est juif, on s’intéresse ipso facto à ce que deviennent les juifs, ce qu’ils ont fait d’eux-mêmes individuellement, ce qui leur est arrivé collectivement, ici et là et cela par delà ce qu’en disent les Ecritures, l’ “Ancien” Testament. Autrement dit, nous avons affaire à une histoire “réelle” des Juifs quelque peu distincte de leur histoire mythique. Au vrai, les deux Histoires ne s’ajustent que malaisément et les récits de l’apparition du “peuple” juif - autour de Moïse, notamment - nous laisseraient plutôt perplexe. Pour notre part, les juifs - sous un nom ou sous un autre - préexisteraient à l’historicité du récit biblique.

   Nous avons introduit, dans un autre texte (“le juif et l’immigré”), le concept de partenariat juif qui correspondrait à une forme de symbiose avec le monde non juif, impliquant d’y assumer certaines tâches qui leur incomberaient. Une fois de plus, il y a là affirmation d’une dualité, d’une complémentarité, bref d’une altérité. En quoi consisterait cette judéité “interne”, sous-tendant une judéité “externe” ? Il importe de préciser (Cf. aussi notre texte sur “l’Inconscient Collectif”) que la culture “interne” - en creux - correspond à une sensibilité, à une perception, à un certain décodage de l’environnement, qu’elle se nourrit donc de celui-ci et en est fonction, ce qui explique que l’on ne peut être opérationnel en tant que juif, que lorsque l’on est pleinement en phase avec le dit environnement tout comme on ne peut décoder le ciel que si on en a une connaissance approfondie qui, elle, n’est pas “interne”. A l’opposé, la culture “externe”, elle, est de l’ordre du discours, de la transmission de savoirs, elle n’échappe pas à un certain syncrétisme, à une certaine accumulation de données éparses, elle est forcément moins structurée, plus touffue, plus foisonnante. On pourrait comparer, en électricité, la culture “interne” à la prise mâle et la culture “externe” à la prise femelle.

   On aura compris que nous avons essayé de désenclaver le phénomène juif en le resituant, de façon transdisciplinaire, au sein d’un ensemble plus vaste et d’ailleurs inversement, le cas juif permettra-t-il de mieux appréhender d’autres catégories qui structurent nos sociétés en profondeur et dans la durée, échappant aux aléas des modes et à la dégradation des informations transmises “en externe”.

Jacques Halbronn
Paris, le 20 février 2003

Notes

1 Voir nos travaux à ce sujet. Retour

2 Cf. nos études en postface aux Personnalités Planétaires de l’astro-statisticien français Michel Gauquelin (1929 - 1991), Paris, Trédaniel, 1992. Retour



 

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