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JUDAICA

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Le juif et la femme, êtres de résistance

par Jacques Halbronn

    Un concept clef de l’anthropologie (fonctionnelle) pourrait être celui de résistance qui est au coeur même de l’idée de dualité. Car comment rester distinct sans une forme de résistance de la part de l’autre ou par rapport à l’autre ?

   Pour nous la femme est celle qui résiste psychiquement au collectif, qui lui met en quelque sorte des bâtons dans les roues, qui en refuse les règles et les verdicts, au nom d’une certaine idée de l’individu. Pour ce faire, elle paie le prix cher, se coupant de certaines dynamiques historiques au profit d’un itinéraire personnel et qui n’implique finalement qu’elle-même.

   On a dit aussi à quel point le juif résistait à l’assimilation, en assumant une altérité radicale et au fond une alternative, dans un certain esprit de contradiction.

   La question qui se pose est comment un tel comportement peut-il être programmé ? Comment, par delà toute consigne culturelle explicite, certaines populations se situent en porte à faux ou du moins cultivent leur différence, par principe ?

   On peut cependant essayer de comprendre qu’il puisse y avoir une certaine utilité sociale à tout cela.

   Mais tout de même, comment vit-on une telle attitude de distance, de refus ? Et qu’est ce qui distingue le “fonctionnement” du juif de celui de la femme ?1 Dans les deux cas, nous rencontrons des formes distinctes de marginalité, de marginalisation, de positionnement à la marge.

   La femme est à la marge en ce qu’elle se situe, synchroniquement, dans une sorte de monde parallèle, dont elle peut être prisonnière alors que le juif serait dans une marginalité - diachronique - d’avant-garde ou d’arrière-garde. Dans un cas comme dans l’autre, une certaine solitude assumée.

   Ces deux populations sont amenées à vivre dans une certaine souffrance, du fait même qu’ils ne sont pas vraiment en phase avec ce qui se joue, dans l’orchestre, qu’ils n’ont pas peur des fausses notes. Un entêtement à faire autrement.

   C’est certainement ce qui fait le charme des femmes, auprès des hommes, que cette prééminence du sujet sur le consensus (objet), du signifiant sur le signifié, du contenant sur le contenu, du porteur sur le transporté.

   Quel rapport dira-t-on avec la sexuation ? C’est que la femme est chargée de corvées dont celle de l’enfantement2 et que pour les subir sans trop de peine, il importe qu’elle les relativise, qu’elle s’en distancie, qu’elle se mette à distance, qu’elle soit quelque peu indifférente à la tâche qui lui est impartie.

   Nous avons dit ailleurs3 que le juif a vocation d’émissaire, à porter la bonne parole au loin, il lui faut donc accepter de partir, de s’éloigner, tout en restant fidèle à la culture dont il s’est imprégné, étant bien entendu que pour nous il n’est pas de culture intrinsèquement juive, que le judaïsme est transculturel.

   Ces deux populations ont du mal à entrer dans la ronde et quand elles le font, ce n’est souvent qu’une apparence, en donnant le change, avec quelque arrière-pensée. Quelque part, ces gens là ne jouent pas le jeu ! C’est au demeurant, ce qui leur confère une signification particulière, ce qu’on leur demande.

   On notera que leur émancipation, c’est-à-dire la tentative de les dé-marginaliser eut lieu simultanément, à partir du XVIIIe siècle, au nom d’un principe d’égalité qui prétendait nier leur différence, alors que la misogynie et l’antisémitisme sont des notions bien ancrées dans le langage.

   En fait, la thèse la plus probable, selon nous, permettant de rendre compte de ces résistances serait liée à la réaction / sensibilité à certains signes / signaux.

   Nous entendons par là que nous sommes en présence de populations qui sont programmées à réagir en présence de certains signes. Si ces signes ne sont pas perçus, le programme n’est pas mis en oeuvre mais si ces signes existent sans programme pour les décrypter, il ne se passe rien non plus. Nécessité donc d’un émetteur et d’un récepteur l’un et l’autre spécifiques.

   En ce qui concerne les femmes, la rencontre d’hommes pourrait être un facteur déclenchant, c’est à dire plus précisément du sexe masculin et la découverte de ce qui le distingue du sexe féminin, comme l’a montré Freud.

   La réciproque n’est pas forcément vraie: c’est à la population qui réagit; qui se distingue du groupe, de vivre l’impact de ces signes, non pas à l’autre population dont elle tend à se démarquer. Freud aurait intuitivement décrit ce processus de différenciation psychique, liée à l’absence, en quelque sorte, de pénis / phallus.

   En ce qui concerne les juifs, nous pensons que leur spécificité serait liée à une sensibilité particulière à certaines configurations célestes. La présence de certaines figures astrales déclencherait chez eux un certain programme.4 Rappelons que les femmes sont également marquées par un processus périodique avec la menstruation, cycle des règles et de la fécondation - permettant à la femme d’assurer une de ses fonctions principales - qui, par sa durée, est comparable à celui de la Lune. Les Juifs accordent une certaine importance à ce cycle au niveau des relations sexuelles entre l’homme et la femme.

   Dans nos travaux consacrés à l’astrologie ou plutôt à l’astro-histoire5, nous avons montré qu’un des enjeux principaux du rapport des hommes aux astres concernait les enjeux diplomatiques (astro-diplomatie), et plus spécifiquement le jeu cyclique des alliances entre Etats. Si nous rapprochons cette analyse du fait que pour nous les juifs ont une vocation diplomatique, de par leur vocation d’ambassadeur, d’émissaire, on peut raisonnablement se demander s’ils ne seraient pas les vecteurs du processus cosmique ainsi décrit.

   Bien entendu, au niveau phénoménologique, les choses ne sont pas si simples, du fait même que la dimension ontologique est considérablement occultée. En pratique, cela peut se manifester par des crises sociales impliquant des Juifs, dans un processus de rejet. Mais ce rejet ne doit pas, selon nous, être perçu comme négatif, il importe de lui conférer du sens. Il s’agit en fait d’un signal impliquant de la part des Juifs qu’ils assument, périodiquement; un certain rôle qui peut d’ailleurs être celui du bouc émissaire, au sens propre.

   Est-ce à dire que toute l’activité diplomatique dépend des Juifs ? Force est de constater la part significative, pas forcément positive d’ailleurs, de l’Etat d’Israël dans le champ des relations internationales, ne serait-ce que par les liens que les juifs qui s’y trouvent entretiennent avec les juifs de différents pays et notamment aux Etats Unis, sans aller jusqu’à dire, comme le font certains observateurs, que l’intervention anglo-américaine actuelle en Irak serait liée au lobby judéo-américain.

   Il nous semble en tout cas que les relations internationales ne seraient pas les mêmes sans les Juifs, que sans eux, chaque Etat - voire chaque région - car un Etat est déjà souvent le résultat d’un processus d’expansion à partir d’une région donnée - seraient davantage repliés sur eux-mêmes.

   Pour ce qui est du rôle social des femmes, on peut dire qu’il est l’inverse de celui des Juifs, tout en offrant certaines similitudes formelles, comme deux outils ayant des fonctions différentes mais un même mode de fonctionnement (exemple un couteau et une fourchette, tous deux articulés par la main). Leur rôle serait en effet plutôt de favoriser un certain repli par rapport à de larges ensembles, ne serait-ce qu’au niveau familial. La femme a vocation à soustraire l’homme à son milieu, “pour ses beaux yeux”. Quelque part, elle est aussi marquée par l’étranger (exogamie). A telle enseigne, que l’on pourrait percevoir comme une dialectique entre le juif et la femme.

   La femme résisterait au groupe pour ménager ce que l’on peut appeler une vie privée mais aussi une individualité tandis que le juif résisterait au groupe pour ménager son expansion, son prolongement, son relais au delà de ses frontières, de ses limites du moment.

   Dans les deux cas, ces interventions font problème pour le groupe en ce qu’elles perturbent sa dynamique “normale”, introduisant des éléments de retraite, par le biais de la femme - “reste à la maison ! ” - ou au contraire d’aventure au loin, par le biais du juif errant. La femme et le juif apparaissent ainsi comme deux tentations opposées, toutes deux enrichissantes et nécessaires mais déstabilisantes pour l’harmonie du collectif masculin de base.6

   D’où éventuellement une certaine hostilité entre ces deux populations : une certaine misogynie chez les juifs religieux, qui se manifeste par une mise à l’écart symbolique à la synagogue. Quant à l’antisémitisme féminin, c’est une piste qui reste à explorer et à préciser : en insistant sur le clivage juif / non juif, on occulte / oublie parfois le clivage homme / femme, ce qui convient aux féministes prônant l’égalitarisme.

   En effet, le fait que le juif, selon notre présentation, est mu, périodiquement, par un besoin d’exploration n’est pas nécessairement limité à des déplacements d’un pays à l’autre mais peut aussi indiquer un penchant pour la recherche intellectuelle, scientifique, artistique, bref pour le progrès, tous azimuts. Nous dirons que le Juif est le maître du déplacement, de la translatio, c’est-à-dire de l’application d’un domaine à un autre domaine, notamment au niveau scientifique mais aussi commercial et politique.

   En conclusion, nous parvenons à un schéma tripartite : le juif, la femme, le groupe. Le juif et la femme seraient deux aiguillons pour le groupe, lequel peut vouloir se protéger contre ce qu’ils représentent. Mais le groupe peut tout aussi bien et à juste titre refuser leur intégration, c’est-à-dire leur tentation à renoncer à leur spécificité et à leur différence.

   Les juifs sont certes infiniment moins nombreux que les femmes lesquelles constituent peu ou prou la moitié de l’Humanité tandis que les juifs n’en constituent qu’une part infime, sensiblement inférieure à vingt cinq millions d’âmes sur plusieurs milliards de terrestres. Si la femme revendique l'individualité de chacun, le juif met davantage l’accent sur celui qui sort du rang, sur l’émergence de fortes personnalités, bref d’une élite.

   Ce décalage tient probablement au fait que l’Humanité procrée indifféremment mâles et femelles alors que les juifs se reproduisent entre eux, à une petite échelle. La tâche des femmes, dans nos sociétés, est considérable et ne se réduit nullement à des activités familiales, stricto sensu. Nous avons montré, dans d’autres études, de quelle façon la femme - et la sexuation en général - annonçaient / préfiguraient notre monde technologique. En fait, la femme incarnerait des valeurs de mort, de passé - ce qui tend à se figer, à tomber dans une certaine routine, y compris dans l’enfantement et le juif des valeurs de vie, de futur, ce qui est en gestation, en renouvellement; opposition entre une éthique du sujet et une éthique de l’objet. Entre ces deux extrêmes, dans une sorte de purgatoire, le membre du groupe qui existerait dans un présent, à la fois porteur de passé et de futur.

Jacques Halbronn
Paris, 4 avril 2003

Notes

1 Cf. Cahiers du Cerij.org, sur judéité et féminité. Retour

2 Cf. nos études sur le Site Ramkat.free.fr à la rubrique Xenica, et sur Faculte-anthropologie.fr à la rubriques Clivages. Retour

3 Sur le site Ramkat.free.fr. Retour

4 Cf. nos travaux sur l’astrologie axiale, sur le Site Ramkat.free.fr. Voir aussi Le monde juif et l’astrologie, histoire d’un vieux couple, Milan, Arché, 1985. Retour

5 Cf. notre étude “De l’astrologie à l’astro-histoire”, sur le Site Cura.free.fr. Retour

6 Cf. nos études sur le rapport du masculin au collectif, sur le Site Ramkat.free.fr. Retour



 

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