Il est une épidémie terrible dont Nostradamus nous a fait l’effrayant récit. C’est celle qui s’est déclaré au printemps 1546, à Aix-en-Provence.

La peste vaincue
(1546)

   Nous allons retrouver Nostradamus à Aix-en-Provence en 1546, où il va combattre le terrible fléau pendant neuf mois.

   A la Renaissance, la ville d’Aix était réputée par son manque d’hygiène, à l’instar des villes d’Avignon et de Marseille. En effet, faute d’égouts, les habitants déposaient leur ordures sur le toit des maisons, ce qui empestait fort dans tous les quartiers de la ville, principalement lorsqu’il pleuvait, l’eau entraînant dans la rue toute cette ordure. Ceci explique ce vieux dicton provençal : « A Aix il pleut comme m... ». Aussi, ne faut-il pas s’étonner si la peste fit des progrès terrifiants.

   Dès l'annonce de la peste, le Parlement se retira sagement à Pertuis, la plupart de ses membres ayant fuit dès les premiers jours. Quant aux médecins, ceux qui ne s’étaient pas enfuis moururent, pour la plupart. En pareille situation, les villes faisaient appel à tous les médecins disponibles. Nostradamus faisait partie de ces médecins volontaires. Il sera engagé par la ville d’Aix-en-Provence pour lutter contre la terrible maladie. Il écrira plus tard dans son Traité des Fardements :

   « ... & qu’il soit vray, l’an mil cinq cens quarante six, que je feus esleu & stipendié de la cité d’Aix en Provence, ou par le Senat & peuple je fus mis pour la conservation de la cité, où la peste etoit tant grande, & tant espouventable, qui commença le dernier de may, & dura neuf mois tous entier. »

   Il existe une confirmation officielle de la présence de Nostradamus à Aix dans les archives communales cette ville. Le trésorier de la cité inscrivait une note de frais sur son registre comptable, dans le courant du mois de juin 1546, à l'adresse de « Me Micheou de Nostredame ». Nous sommes donc assuré de la présence de Michel à Aix-en-Provence en juin 1546.

   Michel de Nostredame a observé cette peste, et sa description est remarquable. Le médecin nous a dépeint, à la manière d’un clinicien, la peste d’Aix en 1546. Il a décrit des scènes atroces qu'il a vu se dérouler sous ses yeux.

   Pour se préserver de la peste, Nostradamus avait préconisé l’utilisation d’une « poudre de senteur souveraine pour chasser les odeurs pestilentielles », un incomparable médicament qui ne peut se fabriquer qu’une fois par an, au temps de roses.

   Cette préparation nostradamienne a été fabriquée, il y a quelques années, par un laboratoire pharmaceutique, puis testé in-vitro. Les résultats démontent un très faible effet thérapeutique !

   La peste de 1546 fut nommé « charbon provençal » parce que les malades se couvraient de taches et devenaient noirs comme charbons. On notera que presque toutes les épidémies étaient alors ainsi nommées, de même que l’on cherchait une cause surnaturelle à ces fléaux épidémiques : contre « l’ire de Dieu », la médecine la plus efficace n’était-elle pas de s’en remettre à la grâce du Christ !

   La peste deviendra moins virulente après quelques mois, avec l’arrivée des premiers froids. Nostradamus annoncera alors, avec joie et soulagement, l’arrêt du terrible mal.

   Cette pernicieuse peste d’Aix contribua certainement à établir la réputation de médecin courageux et compétent de Nostradamus.

 

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