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PALESTINICA

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La Palestine comme enjeu de l’Europe

par Jacques Halbronn

    De longue date, le monde musulman sait qu'il n'a pas la main mise sur les régions de son littoral, en gros délimitées par le Lac de Tibériade, le Jourdain, la Mer Morte et la Mer Rouge, tout comme d'ailleurs sur le littoral de l'Asie Mineure.

   Au XXe siècle, au lendemain de la Première Guerre Mondiale, le littoral d'Asie Mineure est passé des Grecs aux mains des Turcs et plus au Sud, à la même époque, les mandats français sur le Liban et la Syrie et anglais sur la Palestine affirmèrent une présence « occidentale » dans une région qui était, depuis des siècles, contrôlée par l'empire ottoman, mais accueillant une présence chrétienne relativement forte. On pouvait y voir une certaine réminiscence des Croisades où les pays européens avaient affronté, au Moyen Age, les Turcs (dynastie seldjoukide).

   Dès lors, il nous apparaît que la création d'un Etat arabe palestinien, en Cisjordanie, donc à l'Ouest du Jourdain, serait un camouflet historique pour l'Europe. Région en effet qui est en quelque sorte un prolongement de l'Occident méditerranéen. L'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne réintégrerait, au demeurant, l'Asie Mineure, si fortement marquée, on l'a dit, par la Grèce (cf. l'Iliade d'Homère) dans la sphère occidentale.

   En conséquence, la perte de la Cisjordanie avec les lieux saints du christianisme, comme Beth Lehem, nous semble une perspective inacceptable (cf notre étude sur la Palestine et le traité de Sèvres). Le Jourdain est, selon nous, une frontière qui n'est pas négociable. Cela ne signifie pas que des arabes ne puissent vivre en Cisjordanie voire dans toute la Palestine mais point comme Etat indépendant.

   Et on ne saurait davantage apprécier qu'Israël brade cette Cisjordanie, quand bien même cela serait dans le respect des résolutions de l'ONU de novembre 1947, à New York, qui étaient déjà à l'époque un scandale imposé à une Europe exsangue, sortant meurtrie de la Seconde Guerre Mondiale : l'Angleterre - et à travers elle l'Europe - se voyait ainsi dépossédée de son mandat sur la Palestine au profit d'une formule bancale, alors que le Liban maintenait un statut respectant un certain équilibre entre christianisme et Islam, jusqu'à la tête de l'Etat.

   Israël doit trouver, lui aussi, une formule préservant les droits des différentes communautés sans que cela conduise à la création d'un Etat dans l'Etat, c'est-à-dire d'une sécession cisjordanienne. Il semble cependant que beaucoup d'Israéliens préfèrent une séparation radicale, dans l'espoir assez vain de maintenir un Etat à dominante juive. Du point de vue de l'Europe, l'idée d'un tel Etat ne s'impose pas dès lors que la présence juive est maintenue et respectée sous la responsabilité de la dite Europe. L'arrivée massive, depuis une trentaine d'années, de juifs issus de l'ancienne URSS renforce d'ailleurs cette dimension européenne d'Israël.

   L'Europe a ses intérêts à défendre comme c'est le cas, pour d'autres régions d'autres puissances. Elle doit avoir conscience qu'elle se doit de garder un regard vigilant sur une région qui lui a été, implicitement, accordée par les arabes, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il convient d'ailleurs de souligner qu'une telle analyse géopolitique fondée sur l'appartenance de la Mer Méditerranée à la sphère européenne est confirmée par l'influence française au Maghreb et par la présence maghrébine, assez massive, en France, qui équivaut, démographiquement, à la présence juive en Palestine. En outre, une partie de la population juive en Israël vient du Maghreb.

   Israël n'est pas la chose des Juifs. Israël relève de l'influence européenne et si un Etat Juif y a été crée, c'est à l'initiative des Européens, de la guerre qu'ils ont menée en faveur des Arabes mais non sans contre partie. Cet Etat ou plutôt ce Foyer Juif - selon les termes de la Déclaration Balfour - a été constitué pour résoudre, sous la coupe de l'Europe, certains problèmes posés par l'antisémitisme en Europe : une sorte de soupape de sécurité.

   Accepter la formation d'un Etat Palestinien en Cisjordanie - ailleurs, c'est une autre affaire ! - serait céder devant les arguments du panarabisme, c'est un nouveau Munich et la Cisjordanie ne serait rien d'autre que de nouvelles Sudétes, une nouvelle Alsace Lorraine, emportée par le pangermanisme, bafouant la frontière naturelle du Rhin, après le désastre de 1870, aussi sacrée que celle du Jourdain.

   Position étonnante que la nôtre qui voudrait être « plus royaliste que le roi », c'est-à-dire éventuellement plus intransigeante que les Israéliens eux-mêmes, épuisés par la nouvelle Intifada. Paradoxe que de comprendre que ce n'est pas en tant que juifs que nous refusons la formation d'un Etat Palestinien mais en tant qu'Européens, fidèles à l'héritage des Croisades, qui débutèrent à la fin XIe siècle - avec la prise de Jérusalem - voilà bientôt mille ans, au terme de notre XXIe siècle. Siècle important que ce XIe siècle qui fut également celui de la conquête normande de l'Angleterre, en 1066, laquelle paracheva la domination de la langue française en Europe : les Croisés anglais étaient fils de Normands !

   Nul ne doute d'ailleurs que cette reculade en Cisjordanie pourrait se prolonger au Liban et encourager la gourmandise du voisin syrien déjà si présent, encore que de tradition la Syrie reste proche de l'Occident et, malgré l'épisode de la République Arabe Unie, du temps de Nasser, constitue une frontière face à un monde arabe incarné par l'Irak. Rappelons que lors de la Guerre du Golfe, la Syrie était du côté des Alliés, à la différence de la Jordanie, de l'autre côté du Jourdain.

   Revenons sur un autre paradoxe, à savoir que cet Etat Palestinien comprendrait une grande partie des lieux saints des Ecritures, alors que l'Etat d'Israël, dépourvu de la Cisjordanie et peut être de l'ancienne Jérusalem, (re)conquise en 1967, est historiquement d'un plus médiocre intérêt. A terme, il ne faut pas se faire d'illusion, c'est le monde arabe qui s'étendra jusqu'en Cisjordanie et jusqu'à Jérusalem et les Chrétiens devront, pour accéder à ces régions, passer sous les fourches caudines de l'Islam.

   L'indépendance de la Cisjordanie n'est en effet qu'un leurre. Tôt ou tard, cet Etat serait « annexé » par le monde arabe qui revendiquera un jour ou l'autre le littoral israélien. Rappelons que même si un Etat palestinien était crée, il resterait un million d'arabes israéliens, prétexte à de nouvelles revendications de sécession.

   Il est donc urgent de ne pas laisser les Israéliens à eux-mêmes et de rappeler que si existe Israël aujourd'hui, cela tient largement à l'Europe et à ses droits chèrement acquis de longue date. Il ne s'agit donc pas de jouer à Ponce Pilate et de se laver les mains de la situation. Notre civilisation judéo-chrétienne comporte bien deux pôles et une certaine solidarité s'impose de part et d'autre. Aux Israéliens de comprendre qu'ils ne sauraient céder la Cisjordanie sans grave conséquence pour les enjeux géopolitiques de l'Europe.

Jacques Halbronn



 

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