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PROPHETICA

1

Naissance d'un prophète : Merlin

par Jacques Halbronn

    Si Nostradamus va devenir le prototype du prophète moderne, il se situe, quelque part, dans la succession de Merlin. Si l'on consulte une « Vie » de Nostradamus (voir Livre III), la naissance du Mage de Salon ne semble cependant pas avoir été narrée comme ayant été miraculeuse. Outre néanmoins ses prophéties qui auraient marqué les esprits de son temps, Nostradamus partage avec l'Antéchrist, une ascendance juive : de famille convertie, il descendait des Juifs du Pape.

   Est-ce que sans le précédent merlinien, Nostradamus aurait pu trouver une telle place en France ? Nous ouvrirons donc notre travail par une étude consacrée à l' « enchanteur » Merlin.

    Vers 1199, le bourguignon Robert de Boron développe la partie merlinienne de l'Historia Regum Britanniae 1, axée autour de la Prophetia Merlini ; l'ouvrage se fera connaître sous le nom de Roman des Prophecies Merlin, puis Roman de Merlin ; on y trouve quelques pages de type prophétique, mais le personnage de Merlin confère à l'ensemble une dimension qui n'est pas sans évoquer un Samuel, face à Saül et à David, qu'il a fait rois. Il s'agit en fait d'une trilogie, Merlin se situant entre un Joseph d'Arimathie et un Perceval. 2

   C'est donc bien par le truchement du français que Merlin va accéder aux langues vernaculaires et à la littérature populaire 3, Roman dont le texte original français aurait été en vers, puis § translaté » en prose 4 - nous verrons plus loin ce qu'il faut en penser - et dont il ne se serait conservé qu’un peu plus de 500 vers (BNF, MS Fr 20047).

   En fait, qu'est-ce que l'Angleterre normande aurait connu des prophéties du « devin » Merlin au delà du XIIe siècle et en dehors de leur enclavement au sein d'Histoires des rois bretons ? Probablement le Merlin du Noble and joyous booke entytled, Le Morte Darthur de Thomas Malory - ouvrage rédigé en anglais, en dépit de son nom et qui accorde une certaine place à un Merlin prophète. 5 Il sera édité par William Caxton (1485), précédant de peu un Antoine Vérard, A. qui publie, à Paris, de pseudo Prophécies Merlin. 6 Il faudrait citer le cas du Brut de Lawamon, toujours marqué par la présence de Merlin, au sein du discours historique anglais ; il s'agirait de la traduction anglaise du Roman de Brut français et versifié de Wace, lui-même issu de l'Historia Regum Britanniae, ouvrage en prose latine de Geoffroy de Monmouth.

   Merlin est un prophète dont la naissance comporte des aspects qui s'apparentent à celle de Jésus. En cela, Merlin n'est pas sans évoquer l'Antéchrist, également né d'une vierge. La thèse généralement répandue est celle d'un Antéchrist qui serait une sorte de réplique du Christ, sur un mode diabolique. Mais l'on peut aussi inverser la proposition et se demander si la naissance de Jésus n'a pas été inspirée par un mythe démoniaque qui aurait été retourné et récupéré.

   Ce type de questionnement se justifie dans la mesure où un emprunt peut fort bien se faire à l'ennemi, la filiation entre les textes relevant au moins autant du signifiant que du signifié. Entendons par là que tout texte se situe dans une double histoire : celle du parti qu'il défend, dont il relève idéologiquement - c'est le champ du signifié - mais aussi celle des motifs textuels utilisés et qui peuvent à la limite concerner l'ensemble des textes produits antérieurement, tous domaines confondus, pourvu que matériellement il y ait des superpositions - c'est le champ du signifiant. Le cas est fréquent de cultures qui se disputent l'usage des mêmes formules, des langues qui se sont accaparé les mêmes termes, comme si l'important était la touche finale et non les éléments constitutifs.

   Avec Merlin, le prophète apparaît comme né d'une autre essence, et c'est ce qui rendrait compte de ses pouvoirs. C'est un être prédestiné, marqué dès sa naissance, tel Jésus annoncé par l'Etoile des Mages. Plus tard, il semble que l'on ait évolué vers l'idée d'une « grâce prophétique » accordée à tel personnage, à un moment de sa vie à l'instar d'un Michel de Nostredame (voir Livre III) qui d'astrologue point trop sourcilleux 7 se mit à produire rien de moins que des « prophéties » selon ses propres termes.

I. Merlin à la Cour d'Angleterre

   Du Merlin français on connaît des traductions anglaises manuscrites, tant en vers qu'en prose, éditées par la Early English Texts Society 8 :

       - Merlin or the early history of King Arthur. A prose roman (1450 - 1480), Ed. H. B. Wheatley, Intr. D. W. Nash, Londres, Early English texts society, 1865. 9

   Manuscrit de l'University of Cambridge Library, identifié comme traduction du Roman de Merlin, par H. O. Sommer 10, alors que le titre de cette étude de Wheatley ne mentionne pas qu'il s'agit d'une traduction du français.

      - Merlin, A middle english metrical version of a French roman, Intr. E. Kock, Londres, Oxford, 3 vol., 1904 - 1932 ; Early English texts society, extra series, n° XCIII et al.

   Il s'agit là de l'édition (à partir du manuscrit du Corpus Christi College, Cambridge, MS 80) d'une traduction anglaise versifiée de la prose française, issue du poème de Robert de Boron ; elle est due à un certain Henry Lovelich ou Lonelich, dit « the Skinner », connu pour sa traduction anglaise de l'Histoire du Graal - c'est-à-dire du premier volet en vers, le Joseph - de Robert de Boron 11, mais sans que l'on indique un travail effectué à partir du français ; il daterait d'environ 1450. 12 Le titre de l'étude de Kock ne précise pas qu'il s'agit d'un ouvrage de Robert de Boron mais indique cependant que l'original est français.

Le prologue du Roma

   Nous qualifierons de Prologue la partie du Roman de Merlin qui précède le récit proprement historique de la succession des rois bretons. La présence de ce « prologue » suivie de l'élection du roi Constantin est le signe caractéristique du Roman de Merlin et de ses traductions anglaises. 13

   C'est ainsi que le récit de la naissance de Merlin ne figure pas dans l'Historia Regum Britaniae. Dans le Roman, même juxtaposition du privé, du surnaturel et du royal.

   L'ouvrage de Robert de Boron est ainsi facilement identifiable - comme le note Sommer - et le rapprochement des textes anglais et français est en tout cas tout à fait frappant, tous débutent, tant manuscrits qu'imprimés, par un « parlement » - pour employer un terme d'une version anglaise 14 - des « deables », des « ennemis » - « courciez » (courroucés) par la visite de Jésus en enfer 15, venant libérer Adam et Eve, avec une nouvelle scène de la tentation du péché de chair. C'est dans ce contexte qu'aura lieu la naissance merveilleuse de Merlin (Mellin), lui aussi né d'une vierge 16 dont la grossesse fait scandale, ce qui reprend peu ou prou la structure du récit de l'Evangile selon Luc, en son premier chapitre. Or, on trouve cette scène - ce que Sommer ne semble pas avoir remarqué - dans la traduction de Lonelich 17 qui n'a pu l'emprunter à Geoffrey de Monmouth, chez qui elle ne figure pas.

   Est-ce qu'au delà du passage d'une langue vers une autre, certains détails furent modifiés ? On remarquera simplement que pour Robert de Boron, dans le Roman de Merlin, la « senefiance » des dragons rouge (rous) et blanc correspond non plus respectivement, comme chez Geoffroy de Monmouth, aux Bretons et aux Saxons 18, mais au roi Vertigiers et aux enfants de celui qu'il aurait fait assassiner, le roi Constant, en 443. 19 En fait, le blanc est ici la couleur de l'ennemi, de celui qui incarne une menace ; il n'y a d'ailleurs pas de contradiction, le texte de G. de Monmouth se poursuivant quelques pages plus loin ainsi, Merlin déclarant : « Fuis la colère des fils de Constantin, tu as trahi leur père et accueilli les Saxons sur l'île » (Trad. Mathey-Maille, p. 173). En fait, Merlin rappelle au roi breton Wortiger la double menace « blanche » - de la couleur du dragon qui leur correspond - celle extérieure des Saxons d'une part qui menacent les positions celtes, celle intérieure des fils de l'ancien roi, d'autre part.

   Les deux fils survivants porteront l'un et l'autre, à tour de rôle, se succédant sur le trône, le nom de Pandragon, du fait de la prophétie des dragons : « Ce nom lui était venu - lit-on à propos de Uitiers 20 - de ce que Merlin avait prédit son accession à la royauté par le dragon » (HRB, trad. Mathey-Maille, p. 192). En effet, Merlin avait annoncé : « Aurèle Ambroise sera couronné. Il pacifiera les nations, restaurera les églises, mais mourra empoisonné. Son frère Uther lui succédera mais ses jours seront également abrégés par le poison » (HRB, trad. Mathey-Maille, p. 174). Cette prophétie de la succession des deux frères ne figure pas dans le Roman de Merlin et seul le second passage est repris : « Lors dist Merlin (...) la senefiance dou dragon. Il dist que li dragons estoit venus senefier la mort le roi et l'essaucement de Uitier et que il fust mais toz jorz por honor de son frere et por la senefiance dou mostre dou dragon qui pendoit en l'air. Einsi se fist apeler Uitierpandragons » (Micha, 1979, pp. 177 - 178). Il y a là un certain appauvrissement de la tension prophétique par rapport à HRB. Cela dit, il semble peu concevable que Robert de Boron n'ait pas eu une copie du manuscrit de Geoffrey de Monmouth, ou d'un texte qui le suit de près, sous les yeux ; la thèse d'une reconstruction de mémoire nous semble très discutable - tant parfois les textes se superposent - on opterait plutôt pour des omissions, des maladresses et des coupures, qui ne sont pas nécessairement le fait de Robert de Boron mais de ceux qui, par exemple, convertirent les vers en prose.

   L'usage de ce nom produit quelque confusion dans les textes car tantôt par Pandragon, on désigne l'un, Aurelius Ambrosius, tantôt l'autre, Uitiers, père d'Arthur, Uterpandragon. Quant à l'aîné, il est qualifié, dans le Roman de Merlin, de Moyne 21 , et dans l'HRB, il se prénomme Constant, comme son père. 22 Mais en ce qui concerne les éditions et les manuscrits que nous avons pu consulter, le texte du Roman de Merlin évacue le prénom Constant du moine mais aussi le nom d'Aurelius Ambrosius, le deuxième frère, désigné uniquement sous son surnom de Pandragon. Seul le dernier des frères - d'ailleurs oublié par Sommer dans son commentaire en marge - est désigné par son prénom d'origine et non sous celui d'Uterpandragon qui lui sera attribué ultérieurement.

   Qu'est-ce que ce premier fils de Constant qui ne serait connu à en croire la traduction anglaise en prose, éditée par Wheatley, prénommé Moyne, (MS University of Cambridge Library), que sous le nom de Moynes (Wheatley, op. cit. p. 24), mais aussi dans le MS BL Add 10292 sous la forme Maines (Ed. Sommer, p. 18) 23 qui ne permet plus guère, même pour un lecteur d'expression française, d'y retrouver la trace du premier état monacal du roi ? Toujours est-il que le traducteur anglais du Roman de Merlin (voir Ed. Wheatley), sous sa forme en prose, a cru que « Moine » désignait un nom propre qu'il n'a donc pas jugé bon de rendre par « monke ». 24 C'est aussi « Moine » - et non « monaco » - qui figure dans la traduction italienne, notamment dans les impressions vénitiennes, comme celle de 1480, la Historia di Merlino (BNF, Res. Y2 355) : « il re Moine » (fol. XIIr). 25 Que ce nom de Moine(s) ait pu être attribué à un prince breton du Ve siècle par un traducteur du XVe siècle, est assez significatif d'un certain rapport à l'Histoire de l'Angleterre, que ce point n'ait pas été relevé par les éditeurs successifs tant du Roman de Merlin que de l'HRB, à propos de déviances toujours intéressantes à relever, également.

   Or, en lisant le texte de Geoffroy de Monmouth, nous apprenons que l'aîné du roi Constant ou Constantin - également prénommé Constant - se vit orienter, pour quelque raison 26, vers la vie monastique. A la mort de son père, Wortiger aurait conclu un pacte avec ce moine pour que celui-ci renonce à son état et lui succède en échange du gouvernement.

   Roman de Wace 27 :

« Fist le rois apeler Costant
A Guincestre le fist norir
Là le fist moine devenir
Après, fu nés Aurelius
Ses sornons 28 fu Ambrosius
Darainement Uter nasqui
Et ce fu cil qui plus vesqui »

   Mais, pour devenir roi lui-même - meditabatur (...) Constantem monachum deponere - il fera, par la suite, également assassiner ce nouveau Constant dont les frères se réfugieront en Bretagne, et c'est d'eux que Merlin, selon la version Boron, annonce le retour proche, incarné par le dragon blanc.

   En fait, si l'on considère le débat « jobien » entre les diables et les tentations qu'ils déclenchent aboutissant à la naissance merveilleuse de Merlin, l'Historia Regum Britanniae n'est mise à contribution qu'ensuite, à propos du grand-père d'Arthur, Constantin :

« Un roi ot en Engleterre qui avoit non Costanz / Icist Costanz reigna grant piece et avoit III filz ; s'en i ot I qui avoit non Moynes et li autres avoit non Pandragon et li tiers avoit non Uitiers. »

   Roman de Merlin (prose) :

« Icist Costanz reigna grant piece et avoit III filz; s'en i ot I qui avoit non Moines et li autres avoit non Pandragon (initialement Aurelius Ambrosius) et li tiers avoit non Utiers. »
(Micha, 1979, p. 76)

   Micha note sans autre explication : « ils trouvèrent le roi Moine », à aucun moment, il ne rappelle que ce Moine se prénomme Constant et ne fait référence à la traduction de Lovelich qui aurait pu le conduire à le faire, dès lors qu'il n'exploitait pas une source probable du Roman de Merlin, accessible en français, comme le Brut de Wace. 29

   Or, le texte en vers de Lonelich (Notes de Kock, op. cit., p. 79) ne comporte nullement, à cet endroit, cette mention de Moine pour l'aîné : les fils de Constant sont tous mentionnés selon leur prénom d'origine : Constans, Ambrosius et Uter. Autrement dit, la version en vers de Lonelich ne comporte pas ou plus les erreurs de la « translation » en prose, tant en français qu'en anglais. 30

   Tout se passe comme si l'auteur du texte versifié, traduit par Lovelich, avait « relu » l'oeuvre de Geoffrey de Monmouth ou celle de Wace.

   Historia Regum Britanniaew (HRB) :

« genuit (...) tres filios quorum nomina fuerunt Constans, Aurelius Ambrosius, Uterpendragon (initialement Uter) : Constantem vero primogenitum, tradidit in ecclesia (...) ut monachilem ordinem susciperet ». 31

   Dans le Brut anglais de Lawamon 32, tiré du Brut français de Wace, le récit se présente ainsi :

« L'aîné avait presque le même nom que son père : le roi s'appelait Constantin et l'enfant Constance. Son père en fit un moine suivant le conseil de mauvais hommes. L'enfant devint moine à Winchester. »
(trad. Alamichel 33)

   Chez Lovelich, Constant / Constance n'est pas ou plus appelé Moine, Aurelius Ambrosius est pleinement nommé et on précise qu'il se nomme Pandragon, enfin Uter est nommé comme dans le Roman de Merlin, comme si le texte était antérieur à l'avènement du dernier fils :

« Eldest Sone Costantyn Hyghte 34
The secund Awrely Ambros
Owther Pendragon 35
The thrydde hyghte uter »

   En fait, non seulement il n'est pas précisé à cet endroit que le fils aîné est moine, mais cela ne l'est pas davantage dans la suite de l'histoire. En fait, si l'on compare le Merlin en prose et le Brut rimé, il est assez clair qu'il y a un refus de rappeler, dans le Merlin, ce que souligne amplement l'ouvrage de Wace, qu'un moine quitta son abbaye pour devenir roi et laisser tout le pouvoir à un sénéchal. 36 Pourtant des traces du texte d'origine subsistent : « quant li Moines fu rois » (p. 77), l'article défini étant ici significatif, plus que dans l'expression, le « roi Moyne », qui n'est pas nécessairement un Rex monachus.

   Micha (1979) parle de la « translation » en prose d'un poème en vers, mais il existe entre autres hypothèses, celle d'une nouvelle traduction partielle du latin vers le français et pas nécessairement à partir de la même version. On objectera certes que le Roman de Merlin ne se réduit pas à une simple traduction, qu'il comporte notamment un prologue - jusqu'à preuve du contraire - qui lui est propre. 37 Mais l'affaire ne nous semble pas pour autant entendue et l'on a peut-être exagéré ou mal apprécié la valeur ajoutée du Roman de Merlin. C'est ainsi que le texte en vers de Lovelich, qui se présente, rappelons-le, comme traduit du français diffère parfois sensiblement sur le fond de la version française en prose : à aucun moment, il n'est précisé dans le manuscrit du Corpus Christi College que Constant(in) était moine (Lovelich, pp. 46 et seq.). Or, dans l'hypothèse où le dit manuscrit correspondrait à la version versifiée du Roman de Merlin, on voit mal comment la « translation » en prose aurait pu rétablir le fait que Constant était moine, sans repasser par certaines sources comme l'HRB latin ou le Roman de Brut, compilation en français de 1155, de Wace, ouvrage adressé à Aliénor d'Aquitaine, épouse d'Henri II Plantagenet, devenu roi d'Angleterre, l'année précédente. Or, c'est bien à partir de la version « moine » que les traductions italienne ou anglaise - celle de Lovelich exceptée - se sont établies.

II. Merlin en prose et en vers

   Est-ce que l'historien des textes est totalement démuni au regard de la question de la filiation d'un texte par rapport à un autre, doit-il se résoudre à avaliser les affirmations des uns ou des autres ? Quand peut-on affirmer qu'un texte est traduit d'un autre ou qu'une version en prose dérive de telle version versifiée ? Dans le cas de passage au sein de la même langue ou entre langues ayant de nombreux mots en commun, du fait des emprunts de l'une à l'autre, comme l'anglais et le français, on devrait normalement s'attendre à un grand nombre de signifiants très proches, dans les mêmes conditions. 38

   La lecture de la prose et des vers du Roman de Merlin ne produit certes pas à chaque ligne un sentiment absolu de similitude. Toutefois, dans certains cas, le rapprochement est frappant et nous permet de conclure à une filiation, mais dans quel sens ?

   C'est le cas d'un passage relatif aux prophètes, où force est de constater que les mots sont largement les mêmes, mais dans un ordre différent voulu par le genre poétique :

« Membre vos que li prophète pallèrent et disoient que le filz Dieu viendroit en terre pour sauver le pechié d'Eve et d'Adan et des autres pecheors cels qui li plairoit »
(Micha, 1979, p. 19)

« Membre vous de ce que palloient
Li bon prophete et qu'ils disoient
Que le filz Dieu venroit en terre
Et que il osteroit la guerre
Qu'Adans et Eve feit avoient
Et pecheeur sauvé seroient »
(Micha, 1979, p. 2)

   Hormis un vers sur la guerre qui n'aurait pas été retenu dans la version en prose, et qui semble avoir été inséré pour rimer avec terre, on retrouve : membre, palloient / pallèrent, filz Dieu, venroit / viendroit en terre, sauvé / sauver, pecheors / pecheeur.

   On est quand même surpris de voir la suppression dans la version en prose du passage sur la guerre car si la poésie a ses contraintes, l'inverse ne nous semble pas ici patent. Le poème peut chercher à s'enrichir par rapport à la prose mais pourquoi celle-ci renoncerait-elle à une idée forte ? Au demeurant, ne pourrait-on envisager que le texte en prose ait précédé le texte, en partie perdu, en vers ? Dans ce cas, l'on comprendrait que la version en vers - telle que nous la déduisons de la traduction de Lovelich - ait pu éliminer la mention de l'état de moine de Constant. Et dans ce cas, c'est à partir de la version en prose, qui comporte « Moine » que la plupart des traductions auraient eu lieu. Qui serait l'auteur de cet original en prose ? Pas nécessairement Robert de Boron qui l'aurait simplement versifié et dont ne nous resteraient qu'un fragment du Merlin car, nous le verrons, la traduction de Lovelich ne serait pas issue de la version en vers.

   Comparons d'abord le début du texte du Roman de Merlin 39, en vers et avec sa contrepartie en prose (voir Micha, 1979, pp. 1 et 18) en plaçant désormais la prose en premier :

« Mout fu iriez li ennemis quand Nostre Sire ot esté en enfer et il en ot gité Adan et Eve et des autres tant comme il plot »

« Mout fu li ennemis 40 courciez
Quant enfer fut ainsi brisiez
Car Jhésus de mort suscita
En enfer vint et le brisa
Adam et Eve en ha gité
Ki la furent een grant viuté
O lui emmena ses amis »

   On observe cette symétrie ennemis / amis qui ne figure pas dans le texte en prose et qui s'y serait probablement trouvée si la prose était venue après le vers. On a gardé dans le poème, le passage « il en ot gité Adan et Eve ».

   A présent, il est vrai, quand on passe à la traduction anglaise en vers, le rapprochement n'est pas vraiment saisissant mais il faut faire la part, répétons-le de certaines contraintes qui conduisent ainsi Lovelich a opter pour le mot « Entente » pour rimer avec le verbe anglais « went » :

« Now gyveth the devel to wrath him sore (...)
When that our lord to hell went
And took out Adam with good Entente
And also Eve and other more. »

   Mais si l'on considère un autre passage, les similitudes sont singulièrement plus évidentes tant entre les textes français, en prose comme en vers qu'avec la version Lonelich et il nous apparaît que nous pourrions fort bien avoir affaire à deux « translations » en vers, l'une en français de Robert de Boron (XIIIe siècle), l'autre en anglais de H. Lovelich (XVe siècle), à partir d'un même texte en prose ; il s'agit, au sein du « prologue », de la présentation des futurs parents de Merlin - en un mélange de l'Evangile de Luc et du Livre de Job - qui figure aussi dans le fragment en vers :

« Einsi se departent de cest conseil et sont a ceste euvre acordé. Et cil qui dist qu'il avoit pooir [pouvoir] de la fame ne s'atarda pas (...) Et celle meismes (femme) estoit moilliers a un riche home. Cil riches hom avoit molt grant planté de bestes et d'autres granz richesces ; et si avoit I fill [fils] et III filles de celle femme ou dyables avoit si grant part. »
(Le Roman de Merlin, Ed. Micha, pp. 23 et seq.)

« De ce conseil sunt departi
Leur uuevre unt acordée ainsi
Et cil qui avoit seignourie
Seur la femme ne targe mie (...)
A un riche homme femme estoit
Qui granz possessions avoit
Vaches, brebiz eut a plenté
Chevaus et autre richeté
Trois filles avoit et un fil
Bel et courtois et mout gentil
Si estoient les trois puceles
Gentius et avenanz et beles
Li ennemis [diable] pas ne s'oublie »
(R. de Boron, Merlin, fragment en vers. Ed. Micha, pp. 7-8)

« Thus departyd they [les diables] from here conseylle
This werk to begynne, with owten faille
Thanne he, that seide, that he hadde powere
On women in erthe to engendren there
He taryed there non lengere thanne
But cam into erthe to this wommanne

And hir [her] lord was a worthy man
& moche more good hadde, thanne I tell kan
This rich man hadde moche of worldly good
More thanne ony man tho undistood
Of bestes and of other richesse
Of kameilles, of jewels & of othr worthyness
This worthy man hadde dowhtren [daughters] thre [three]
The fayrest wommen that myhte be
And a sone, that scholde ben his eyr
Both a gentilmanly child and a fayr
And alle he hadde be this womman
That the devel [devil] so mochel part hadde of than »
(Lovelitch, vers 119 et seq., in Koelbig, p. 375)

   Il convient de remarquer non seulement les convergences flagrantes sur le fond, notamment pour le nombre de fils et de filles du couple, mais aussi le recours aux mêmes signifiants, au prix de variantes assez superficielles. 41 Le fait qu'il s'agisse de formes archaïques ne nuit nullement au rapprochement entre français et anglais. 42 Nous ne pensons pas que la traduction anglaise de Lovelich se soit bâtie sur le texte versifié français car dans plusieurs cas, elle se rapproche davantage du texte en prose. C'est ainsi que l'on trouve power pour « pouvoir »43, alors que le texte français versifié préfère, pour la rime, « seigneurie ».

   Prose du Roman de Merlin :
         « de bestes et d'autres granz richesces »

   Translation versifiée anglaise :
         « Of bestes and of other richesse »

   Lovelich se sera donc exercé à rendre en vers le texte français en prose du « Roman de Merlin » - si tant est qu'on puisse l'appeler ainsi - non sans rétablir le nom du « roi Moine », Constant, ce qui n'implique dès lors nullement que Lovelich ait traduit du latin son poème : il se sera simplement documenté pour opérer certaines retouches, afin de rétablir - sans grand succès d'ailleurs puisque son texte semble avoir eu peu de retentissement - une certaine rigueur historique dans le Merlin. Ce passage de la prose française vers des vers français n'est-il pas le pendant de ce qui s'est produit lorsque Wace a repris en vers français, dans son Brut de 1155, un texte latin en prose d'origine anglaise, le HRB ? Robert de Boron pourrait d'ailleurs fort bien avoir produit une première version en prose de son Roman de Merlin 44, même si son Joseph d'Arimathie nous est connu en vers. Ce passage de la prose au vers ou l'inverse est bel et bien, en tout cas, un enjeu proxémique. 45

Les dragons et les roses

   Les traductions de c.1450 qui nous sont parvenues tiennent visiblement à un climat de guerre civile, souvent aussi favorable sinon plus, que les conflits entre royaumes. 46 C'est ainsi qu'une invasion à partir du continent par des prétendants, bretons ou non, au trône d'Angleterre est bel et bien véhiculée par le Roman de Merlin, en un temps où la Guerre des Deux Roses, la rouge de Lancastre et la blanche d'York, aux couleurs des deux dragons, déchire l'île. 47 Les parallèles ne manquent pas, en tout cas et Vortiger n'est pas sans évoquer Warwick, le « faise ur de rois ». La bataille de Bosworth en 1485 fut remportée par le futur Henri VII 48, un Tudor, ayant débarqué ; il s'était réfugié en Bretagne, après avoir été d'abord battu par Richard III, accusé d'avoir fait assassiner, en 1483, à la Tour de Londres, les enfants d'Edouard IV 49, un York, à la rose blanche : Edouard V et son frère Richard. A priori, le Roman de Merlin, pour le lecteur de la seconde moitié du XVe siècle, annonce la victoire finale de la maison d'York. En fait, Henri Tudor n'est pas de cette maison mais il épousera la fille aînée d'Edouard IV. Un imposteur, Perkin Warbeck 50 se fera passer, quelque temps, pour le jeune Richard d'York, qui aurait survécu, ce qui annonce les faux dauphins français du XIXe siècle (voir Livre II).

   La question qui se pose à nous est la suivante : si l'on a réactualisé un texte du début du XIIIe siècle qui correspondait à la situation politique de l'Angleterre de la seconde moitié du XVe siècle et favorisait un parti plutôt qu'un autre, est-ce que cela s'est fait au prix de retouches plus ou moins substantielles du Roman de Merlin ? Nous avons signalé des différences appréciables entre HRB et le texte en prose du Merlin boronien : certes, dans un cas, il est question des Saxons contre les Bretons, dans l'autre, des enfants d'un roi assassiné contre celui qui a conduit au meurtre de leur frère, mais à en croire les spécialistes de Merlin 51, certains manuscrits conservés du Roman de Merlin dateraient bel et bien du XIIIe siècle et d'ailleurs l'archaïsme de langue n'en témoigne-t-il pas, et quid du poème traduit par Lovelich ? En tout cas, nous comprenons désormais ce qui a pu conduire à un regain d'intérêt pour cet ouvrage, des deux côtés de la Manche. 52 Le Roman relate, en son début, l'arrivée en provenance du continent des deux princes et la mort de Wortiger. 53 Et c'est ainsi qu'à la mort du premier Pandragon qu'Uter fut roi sous le nom d'Uterpandragon ; il est le père du roi Arthur. L'on peut se demander si à ce jeu généalogique, ce n'est pas Henri VIII, succédant à Henri VII / Pandragon II en 1509, qui se trouverait correspondre au Gallois légendaire. 54 Nous avons signalé une impression vénitienne de 1480, à partir du français, ce qui nous situe à la fin du règne de Richard III.

Jacques Halbronn

Notes

1 Geoffrey of Monmouth, The History of the Kings of Britain, Intr. L. Thorpe, Londres, Penguin, 1966, pp. 10 et seq. A propos de R. de Boron, G. Paris & G. Ulrich, Merlin, roman en prose du XIIIe siècle, Paris, Didot, 1896. A partir du MS A. Huth, BL 38117. Mais Boron a pu utiliser un texte plus populaire, comme celui de Wace, voir R. Sherman Loomis, The development of Arthurian romance, Londres, 1962, p. 127 et Zumthor. Retour

2 Voir Micha, 1979, pp. 76, 101, 290. Retour

3 Galfridi de Monemuta Vita Merlini. Vie de Merlin attribuée à Geoffrey de Monmouth suivie des prophéties de ce barde tirées du IVe livre de l'Histoire des Bretons. Etudes de Francisque Michel et Th.Wright, Paris, 1837. Retour

4 A. Micha, 1979, p. 43. Retour

5 Voir Ed. O. Sommer, Le Morte Darthur, Londres, 1891, p. 14. Ouvrage qui commence en réalité à la naissance du roi. Le Roman de Merlin aurait inspiré les premiers chapitres de cet ouvrage. Retour

6 On verra, au livre III, que Vérard publia la première traduction anglaise du Kalendrier des Bergers. Retour

7 Sur la qualité de ses calculs, voir Brind'amour, 1993. Retour

8 Etude sur le Merlin de Robert de Boron, roman du XIIIe siècle, Genève, Droz, 1980, pp. 60 et seq. Retour

9 Voir l'étude de W. E. Mead, dans le vol. IV, 1899. Retour

10 Intr. Le Roman de Merlin, or the early History of King Arthur, faithfully edited from the French Manuscript, Add 10292, of the British Museum, about AD 1316, Londres, 1894, p. XXIX. Retour

11 Il est désigné, dans la même collection (n°s 20 et seq. et 93), et pour des manuscrits tous deux conservés dans la même bibliothèque, comme Lovelich dans la traduction versifiée du Roman de Merlin et comme Lonelich pour sa traduction du Graal du même Robert de Boron, au point que l'on se demande si le directeur de cette société savante, F. J. Furnivall, considéra jamais qu'il s'agissait d'une seule et même personne. Or celui-ci avait précisément édité The History of the Holy Graal, partly in English verse by H. Lonelich, skinner (1422 - 1461) and wholly in French prose by R. de Borron, Londres, 1861, avant de l'introduire, vingt ans plus tard, dans la dite collection des Early English texts. Retour

12 Voir E. Kölbig, Arthur and Merlin nach der Auchinleck Handschrift, nebst zwei Beilagen, Leipzig, 1890. Retour

13 Dans les versions italiennes, ce prologue est sensiblement plus bref. Retour

14 Trad. versifiée de Lovelich. La Prophetia Anglicana éditée à Francfort, au début du XVIIe siècle, avec les commentaires d'Alain de Lille, est un commentaire de la vision des dragons. Retour

15 Voir B. Gillebauld, La Prognostication du siecle advenir, Lyon, O. Arnoulet, 1533, BNF, Res. D 80054. Retour

16 Voir M. Milner, Le diable, dans la littérature française, t. II, Paris, J. Corti, 1960, 269 et seq. Retour

17 Dans la partie qui se situe au delà de la partie versifiée française qui a été conservée. Retour

18 G. de Monmouth, Histoire des Rois de Bretagne, trad. du latin par L. Mathey-Maille, Paris, Belles Lettres, 1992. Retour

19 Voir Micha, 1979, p. 118. Retour

20 « Pandragon [le roi que li Anglois apeloient par son droit nom de batesme Aurelius Ambroisius] », Merlin, roman en prose du XIIIe siècle, ed. de G. Paris, 1886, p. 85. Retour

21 A noter ce nom qui comporte le mot dragon. Retour

22 Selon une traduction galloise de l'HRB, conservée au Jesus College, Oxford, MS LXI, les trois fils de Kystennin (Constantin) se seraient appelé Konstant Vynach (Constant le moine), Emrys (Ambroise) et Ythyr (Utier), voir Historia Regum Britanniae, Londres 1929, Reed. Slatkine, 1977, p. 360. Retour

23 Voir aussi le « roi Moines » in édition Vérard, 1498, vol 3, fol. XVIr et XXXIr, reprint 1977. Retour

24 Sur la question des traductions, voir Halbronn, 1994. 1. Retour

25 L'Historia de Merlino, divisa en VI libri nel quali si discrive prima la nativita di esso Merlino & la vita sua & poi molte prophetie se déclare traduite d'un texte français de 1379, BL, 169 i 4. Or aucune des dates indiquées dans le corps du texte n'est postérieure à cette année. Voir aussi La vita de Merlino & de le sue prophetie, historia de le cose che hanno avenire, Venise, 1516, BNF, Res Y2 558 : « il primo fu chiamato Moines ». Voir en 1507 à Venise, une Vita de Merlino & de le sue prophetie, BL, G 10430. Ces textes se présentent comme traduits du français mais aucune édition frnaçaise imprimée du Roman de Merlin, qui constitue le premier livre, n'est connue. Voir I. Sanesi, intr. La storia di Merlino, di Paolo Pieri, Bergame, Bib. Storica dell Letterature Italiane, vol. 3, 1898; sur le nom de Pietro Delfino associé à ce texte, voir Sanesi, pp. LIII et seq. La version fournie par Sanesi, à partir d'un Ms de Florence, ne fournit pas le nom des fils de Constantin. R. Bossuat, Manuel bibliographique de la littérature française du Moyen Age, Melun, 1951. Retour

26 La différence d'âge de Constant avec ses frères pourrait laisser supposer qu'ils n'avaient pas la même mère et que la nouvelle reine ait pu obtenir la disgrâce du premier fils du roi. Retour

27 Ed. de Le Roux de Lincy, Paris, 1836, p. 304. Retour

28 Le surnom d'Aurelius serait Ambrosius. Retour

29 La lecture d'E. Kölbig, Arthur and Merlin nach der Auchinleck Handschrift, nebst zwei Beilagen, Leipzig, 1890, pp. CXXII - CXXIII, pouvait également conduire à un tel rapprochement. Retour

30 On trouve même chez ce traducteur Constantin qui semble plus pertinent que Constant pour désigner le père des trois fils. En revanche, on y trouve Fortagere au lieu de Wortiger, Vertigier, dans le texte français. On notera qu'il existe une version italienne - La Storia di Merlino de Paolino Pieri (MS Laurenziana, Pl. 89, inf. 65) - qui ne mentionne même pas Constant et n'attribue que deux fils au roi Gostanzo (comme le remarque Sinesi, op. cit., note infrapaginale, pp. 54 - 57). Retour

31 Ed. crit. et trad. de R. Ellis Jones, Londres, 1929, Reed. Genève, Slatkine, 1977, pp. 360-361. Voir aussi ed. de N. Wright, The Historia Regum Britanniae of Geoffrey of Monmouth, Cambridge, D. S. Brewer; d'après le MS 56 de la Burgerbibliothek de Berne, vol. 1, p. 51. Retour

32 F. W. Madden, Layamon's Brut or Chronicle of Britain, a poerical semi-saxon paraphrase of the Brute of Wace, Londres, 1847. Le Roman de Brut, intr. I. Arnold, Paris, Société des Anciens Textes Français, 1938 - 1940, vol. 1., p. 343. Retour

33 M. F. Alamichel, De Wace à Lawamon, Paris, 2 vol., Public. Ass. des Médiev. anglicistes de l'Enseignt Sup., 1995, pp. 229 et seq. Retour

34 Hyghte : se nomme. Retour

35 Il est ainsi précisé qu'Aurelius Ambrosius porte aussi le nom de Pandragon. Retour

36 On notera l'importance politique en France de l'abbé Suger, mort en 1151. Retour

37 Sur la fortune du prologue en Italie, voir Sanesi, op. cit., pp. LXXII et seq. Retour

38 Voir notre étude, à propos des Protocoles des Sages de Sion.Retour

39 Voir Micha, 1969, pp. 1-2, voir aussi pour le texte en prose, pp. 18 - 19. Retour

40 « Ennemis » équivalent de diables. Retour

41 Voir aussi la variante du texte italien de la Storia di Merlino, Intr. Sinesi, Bergame, 1898, p. 5. Dans les éditions italiennes imprimées (Venise, 1480), la femme porte un nom, ce qui n'est pas le cas des versions françaises ou anglaises. Retour

42 Voir notre étude sur le Kalendrier des Bergers. Retour

43 Nous n'entrons pas ici dans des questions d'étymologie mais de rapprochement formel conduisant le traducteur à opter pour un mot ressemblant. Retour

44 Notons, dans l'éd. de Micha 1979 (p. 76), sur la base du MS BNF 747, que le « prologue » de la version en prose s'achève ainsi « Einsi dist mes sires Roberz de Borron qui cest conte retrait que il se redouble et einsi le dita Mellins que il ne pot savoir le conte dou Graal ». Retour

45 Il serait utile de mieux caractériser les modes de passage dans les deux sens. Retour

46 Voir notamment le cas de la Ligue en France, Halbronn 1998.1. Retour

47 Sur la récupération de Merlin en Angleterre, Voir Zumthor, 1943, pp. 74-76. Retour

48 Voir notre Livre III en ce qui concerne le père d'Henri VIII. Retour

49 Voir R. Marx, Histoire de l'Angleterre, Paris, Fayard, 1993, pp. 149 - 151; Ph. Chassaigne, Histoire de l'Angleterre, Paris, Aubier, 1996, pp. 83 - 84. Retour

50 Voir Chassaigne, Histoire de l'Angleterre, op. cit. Retour

51 Voir Micha, 1979, pp. XIV et seq. Retour

52 Deux siècles plus tard, Les prophéties de Nostradamus (voir notre Livre III) bénéficieront également de la conjoncture anglaise. Retour

53 Voir ed. Micha, 1979, pp. 121 et seq. Retour

54 Voir Sh. L. Jansen, « Prophecy, propaganda and Henry VIII. Arthurian tradition in the XVIth Century » in King Arthur through the Ages, Dir. V. M. Lagorio et M. Leaje Day, New York, Garland Publishing, 1990, pp. 275 et seq. Retour

 

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