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Que faut-il entendre par Shoah ? Président du Centre d’Etude et de Recherche sur l’Identité Juive (CERIJ) |
On a tendance actuellement à vouloir relativiser la signification de la Shoah en la comparant avec d’autres événements ayant donné lieu à l’extermination massive de populations, tel celui mis en scène dans un film récent, Hotel Rwanda.
Qu’est ce qui constitue, en vérité, le caractère tout à fait unique de la Shoah ? Il semble que même les Juifs, les premiers concernés, ne soient pas ou plus en mesure de répondre à une telle question, ce qui, évidemment, ne contribue guère à clarifier le débat. Or, il est essentiel de réagir tant la tendance est grande de vouloir relativiser ou minimiser le fait juif dans son ensemble et pas seulement d’ailleurs à propos de la Shoah. Une forme larvée du négationisme ne consiste-t-elle pas justement à ne pas vouloir isoler la Shoah (Seconde Guerre Mondiale) d’autres massacres proférés, notamment contre les Arméniens, au cours de la première guerre mondiale.
Il convient d’abord de rappeler que l’antijudaïsme et l’antisémitisme ont entretenu une littérature autrement plus importante et que quelque part la Shoah avait été préparée ou en tout cas envisagée de très longue date et qu’elle correspondait à un fort vieux fantasme qui avait été alimenté au début du siècle par les Protocoles des Sages de Sion.1
Par ailleurs, l’importance des Juifs pour l’Occident est sans commune mesure avec celle des Arméniens, ce qui signifie que l’enjeu n’est pas le même. Si pour les Arméniens, on a commis un assassinat, pour les Juifs, il s’agirait plutôt d’un suicide, un peu comme si l’on décidait d’exterminer toutes les femmes.
Si le génocide arménien est une affaire locale, la Shoah se situe à l’échelle de tout un continent, l’Europe. Si l’un concerne une population revendiquant un territoire historique et menaçant à terme de faire sécession - les Turcs parlèrent alors d’un mouvement séparatiste2 - il n’en était pas non plus de même pour les Juifs. Il est en tout cas remarquable que deux populations rattachées géographiquement à l’empire ottoman aient l’une et l’autre subi des destructions massives.
Certes, les Juifs - du moins ceux du mouvement sioniste de Theodor Herzl - aussi avaient demandé qu’on les installât dans une autre région de l’empire ottoman, à savoir la Palestine mais pendant la première guerre mondiale, ils restaient encore fort minoritaires. Et en tout état de cause, la Shoah n’est pas liée à ce projet qui ne mettait aucunement en cause les intérêts de l’Allemagne. Bien au contraire, l’Allemagne aurait bien aimé pouvoir envoyer ses Juifs en Palestine, hors d’Europe (cf. Eric Nguyen), ce que l’Angleterre n’accepta pas, les Allemands pensèrent un temps demander à la France de mettre l’île de Madagascar au service d’un tel projet d’émigration massive des Juifs d’Europe.3
En vérité, la caractéristique principale de la Shoah est d’être supranationale : il ne s’agissait pas d’éliminer les Juifs d’un pays donné, plus ou moins homogène, mais de procéder ainsi simultanément dans un ensemble de pays culturellement, historiquement, linguistiquement bien différents. On peut dire que Hitler favorise à sa manière la concentration des Juifs dans une logique de destruction alors que Herzl voulait les rassembler pour les sauvegarder.
La Shoah ne correspond donc à aucun enjeu territorial. Elle ne vise pas à acquérir de nouvelles terres ou à empêcher la perte de terres ancienne, par l’élimination de populations locales. Les enjeux ne se situent pas dans un rapport d’Etat à Etat, comme dans une guerre traditionnelle. La Shoah vise à l’élimination et d’abord à la mise hors circuit, du fait de toute une série d”interdictions (cf. les lois de Nuremberg) d’une certaine partie de la population en divers Etats. Un peu comme si l’on interdisait dans un pays aux femmes d’exercer certaines activités. Pour nous la Shoah commence déjà avec l’élimination morale des Juifs avant même leur élimination physique, tant il est vrai que les Juifs, à partir du moment où on ne les laisse pas jouer leur rôle au sein de la société qui est (aussi) la leur, se trouvent privés d'occuper les fonctions qui leur reviennent.
La Shoah, en ce sens, ne se définit pas selon nous en termes de génocide. L’exil des Juifs ou leur maintien sur place mais dans des conditions déplorables, appartiennent tout à fait au champ de la Shoah. Réduire la Shoah à l’extermination physique des Juifs, c’est commettre un contresens, c’est en fait ne rien comprendre au fait juif ou du moins à sa perception par certains antisémites. La Shoah, c’est le refus de laisser les Juifs s’exprimer, apporter aux sociétés dont ils sont un élément constitutif les éléments qui justifient leur présence en leur sein, bref c’est les empêcher de faire ce qu’ils ont à faire.
Si la Shoah a un enseignement, c’est de souligner la spécificité juive. Si les Juifs ne constituaient pas une population radicalement différente des autres populations - on pourrait préférer ce terme à celui de peuple qui est trop connoté - pourquoi y aurait-il eu Shoah ? La Shoah est l’expression à la fois d’une reconnaissance et d’un refus de cette différence; elle appartient à l’ensemble des tentatives pour régler la question juive, une fois pour toutes, pour trouver la solution finale : soit supprimer les Juifs, soit supprimer les privilèges des Juifs en mettant en place un processus de conversion.4 Si l’on peut devenir juif, notamment en étant chrétien, les Juifs ne sont plus ce qu’ils sont. Mais si les Juifs se maintiennent, en dépit de l’essor de religions du Livre (christianisme, Islam) qui prétendent disposer de son héritage, alors ne reste plus que la solution de la Shoah. C’est d’ailleurs pourquoi Hitler ne demandait pas aux Juifs de se convertir - ce qui est également une solution - à la différence de ce qui se produisit par exemple en Espagne à la fin du XVe siècle - c’est parce que le processus de conversion avait fait long feu, avait montré que ce n’était pas la bonne formule. Qu’est-ce donc que le monde post Shoah si ce n’est un temps d’acceptation du fait juif en tant que radicalement autre ? Or, précisément, la tentation est grande, pour certaines populations, de nier la Shoah pour en refuser l’enseignement concernant les Juifs. Mais à force de nier que les Juifs soient différents ou à force d’inventer des systèmes pour fabriquer des Juifs avec des non Juifs ou des non Juifs avec des Juifs, sans parler des moyens engagés pour carrément les éliminer de la surface de la planète, tant en Europe qu’au Moyen Orient, à force de revendiquer une filiation mythique par rapport à eux tout en affirmant que les Juifs ne sont qu’un peuple parmi d’autres, à force de leur conférer un pouvoir tentaculaire tout en croyant pouvoir liquider le problème vite fait, il nous semble bien que l’on ne fait jamais que confirmer l’existence d’un clivage fondamental inhérent à la structure même de l’Humanité, à l’instar de la sexuation, un très ancien clivage dont on ne peut faire l’économie. Il est d’ailleurs remarquable que la Shoah soit intervenue à l’initiative d’une Allemagne qui était bien placée pour apprécier ce que les Juifs pouvaient (encore) apporter au monde. Le paradoxe, c’est que la différence juive s’exprime infiniment mieux quand les Juifs sont immergés dans le monde que lorsque ils se rassemblent en quelque sanctuaire israélien. La Shoah, de par son caractère supranational, à l’échelle de l’Europe, aura finalement surtout montré à quel point les Juifs s’inscrivaient dans sa diversité culturelle et donc à quel point, les Juifs ne se réduisaient pas à une culture parmi d’autres mais étaient partie prenante de toute culture, ce qui se manifeste par les extrêmes différences entre les Juifs de par le monde. Même l’existence de l’Etat d’Israël et avant lui du Foyer Juif en Palestine - existence qui n’a pas su ou pu empêcher ou enrayer la Shoah - n’est point parvenue à résorber la question juive - rappelons que pour Herzl, la création d’un Etat Juif était la solution - tant et si bien que nous abordons le XXIe siècle - le XXe siècle ayant été marqué par diverses expérimentations dont il faut tirer les leçons - avec suffisamment d'éléments pour repenser le fait Juif en tenant compte des tentatives et des échecs visant à neutraliser - dans tous les sens du terme, celui-ci. La Shoah nous aura appris et rappelé que l’on ne devient pas Juif mais que l’on naît Juif, qu’être Juif se joue dès la naissance et que l’on est Juif même si l’on n’est pas conscient de l’être, que le clivage entre nature et culture (nurture, selon la formule anglo-saxonne, c’est-à-dire ce dont on se nourrit) doit être repensé : la culture n’est pas seulement ce qui s’apprend dans l’enfance, elle est aussi dans nos gènes. Si l’Humanité devait dépendre uniquement de l’ordre du monde tel qu’il est ou n’est pas, à un moment donné, elle aurait déjà disparu dans le chaos; heureusement pour elle, elle est aussi largement tributaire de programmations très anciennement transmises et qui ne relèvent pas d’un conditionnement au niveau de l'ontogenèse mais bien de la phylogenèse : le temps de l’Humanité n’est pas celui de telle ou telle génération, c’est un temps de bien plus longue durée et le progrés ne réside pas uniquement dans le progrés ininterrompu de la Science mais aussi dans l’exploration permanente de la Conscience.
Nous ne sommes pas innocents en naissant5, nous sommes d’emblée porteurs d’un certain potentiel avant même d’avoir ouvert les yeux sur le monde dans lequel nous allons entrer et quelque part nous sommes solidaires de ceux dont nous descendons et qui nous ont précédé, nous léguant certaines aptitudes à assumer certaines fonctions. La modernité juive actuelle nous confirme que le rôle intellectuel des Juifs n’est pas le fait d’un quelconque endoctrinement d’ordre religieux ; il ne faudrait d’ailleurs pas prendre l’effet pour la cause : ce n’est pas la religion qui explique le maintien de la différence juive mais bien cette différence qui explique qu’elle n’a pu être dissoute dans les environnements cultures successifs, dans la mesure même où pour les Juifs, leur intégration culturelle, en un lieu x ou y, n’est jamais entrée, sinon en des cas isolés, en conflit avec leur identité profonde, qui se situait sur un autre plan, à la différence d’autres populations, comme la maghrébine en France.
Comprendre la Shoah, c’est saisir ce qu’elle n’a pas de gratuit. On pourrait croire que la Shoah souligne la précarité juive alors qu’au contraire, elle illustre que la judéité n’est pas un choix volontaire mais une prise de conscience de ce qui est là, en soi. Le juif ne peut échapper à sa judéité, car elle ne dépend pas de lui et ne devient pas Juif qui veut. Seul l’antisémite peut l’en priver en l’exterminant. L’antisémite ne fait pas le juif, contrairement à l’affirmation de Sartre, il peut tout au plus aider le juif à prendre acte, à s’éveiller à sa différence. Peut être est-ce justement un tel constat d’impuissance à devenir juif par le biais du religieux qui aura conduit à vouloir anéantir ce qui n’est pas accessible au non juif ? N’est-ce pas finalement l’échec de l’espérance religieuse à transformer, miraculeusement, un non juif en juif qui aura débouché sur la Shoah ? Au fond, le refus des juifs de devenir autre chose que ce qu'ils sont ou d’accepter que l’autre devienne ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire juif, relève d’une certaine épistémologie qui divise les sciences de l’Homme : opposition entre l’anthropologique, en affinité avec une politique de droite, qui relativise le milieu par rapport aux constantes d’un ordre millénaire, d’un plan originel, et le sociologique, plus proche d’une politique de gauche, pour qui prime l’influence du milieu sur l’individu et qui trouve son assise dans les changements dus au milieu, faisant ainsi de celui-ci un agent tout puissant capable de (re) modeler l’individu. Il ne s’agit pas pour autant, on l’aura compris, d’affirmer que les Juifs existent de toute éternité mais qu’ils sont apparus à un certain moment comme ayant à assumer une fonction sociale particulière permettant un progrès de l’Humanité, tout comme ce fut le cas de la sexuation. En ce sens, il y aura eu Création du Juif, sinon du Monde, il y aura eu création du monde juif au sein du Monde et jusques à nouvel ordre, le Monde n’a pas encore assez changé pour pouvoir se passer des Juifs. C’est peut-être aussi cela que prophétisait la Shoah : la destruction des Juifs annonçait une nouvelle ère pour l’Humanité. Pour la Révolution française, c’était l’intégration des Juifs qui marquait les temps nouveaux mais, au risque de choquer certains, ne s’agissait-il pas, dans les deux cas, de souhaiter leur disparition, sur des modes différents ? Cela dit, en pratique, l’Emancipation des Juifs est infiniment moins grave que ne l’est la Shoah dans la mesure où la judéité se situe dans des couches très profondes de la civilisation humaine : le juif a moins à craindre de perdre son âme que de perdre sa vie et c’est précisément ce qui fait de la Shoah le lieu de la prise de conscience de cette profondeur de la psyché juive. La création de l’Etat d’Israël suit une logique proche de celle de la Shoah à savoir rassembler - Kiboutz (Galouyoth) signifie concentration (des diasporas) - les juifs, toutes origines confondues. Est-ce que cette idée d’un Retour à Sion, est-ce que cette réduction du juif à ce qui est déjà là à sa naissance, n’est pas l’annonce d’un nouveau départ pour le peuple juif ? En ce cas, le passage par la case Israël ne serait que provisoire, serait de l’ordre du ressourcement. Mais tout étant flux et reflux, cela ne signifie aucunement que ce Retour serait une fin en soi. Ce qui est probablement le plus grave avec le phénomène israélien, c’est qu’il a contribué à déconnecter les Juifs de leurs racines séculaires au profit d’une quête de racines millénaires. Or, si les Juifs s’ancrent dans un passé extrêmement ancien dont ils tirent leur génie, en revanche, ils ne peuvent appliquer celui-ci efficacement que par une immersion dans une culture bien circonscrite qui ne relève pas de l’identification mais exige avant tout une certaine excellence qui n’est guère accessible à l’immigré, et cela vaut pour l’immigré juif en Israël comme pour l’immigré victime de la décolonisation ou pour l’immigré fuyant les persécutions. Hitler en faisant partir les Juifs des pays où ils vivaient depuis des générations et notamment d’Allemagne avait déjà engagé une forme de Shoah, quand bien même cela n’aurait pas abouti aux chambres à gaz. Le pire, c’est que beaucoup de Juifs de nos jours vont jusqu’à considérer la migration comme une condition de l’être juif, ce qui commettre un contresens absolu, comme de définir la condition humaine par la mort. Certes, les juifs ne sont pas cantonnés en un seul pays et dans certains cas ils peuvent être amenés à en changer - tout comme d’ailleurs les non juifs- mais une telle issue est cause d'appauvrissement, sans parler du fait qu’elle est génératrice d’antisémitisme quand des Juifs étrangers arrivent dans un pays, ce qui montre bien, a contrario, que chaque pays a ses propres juifs et que ceux-ci ne sont pas interchangeables. Les guerres de conquête, les annexions, les croisades, sont le plus souvent catastrophiques pour la condition juive en ce qu’elles mettent en contact des communautés juives très différentes, qu’elles génèrent des brassages entre des judaïsmes disparates et l’on ne saurait oublier qu’il n’y aurait pas eu Shoah si Hitler n’avait pu envahir la Pologne, et si au fur et à mesure de sa progression territoriale, il n’avait pu caresser l’espoir de rayer les Juifs de l’Europe qu’il avait fini par contrôler presque toute entière. En fait, la question juive est une réalité très ancienne. Il semble que l’Humanité veuille pouvoir changer le monde non seulement sur le plan technologique mais sur le plan anthropologique. La Shoah nous apparaît comme l’expression d’une volonté de changer le monde, à n’importe quel prix. L’Humanité est-elle capable de se reprogrammer, de modifier ses structures, ses clivages ancestraux ? Il est clair que les Juifs préférent, au niveau des sciences de l’homme, comprendre le monde que le transformer de fond en comble- Marx et Freud ont tenté de fournir des clefs pour saisir un certain nombre de constantes (matérialisme historique, complexe d’Oedipe) - et c’est là encore une cause de conflit avec ceux qui veulent abolir les anciennes différences, sans se demander si celles-ci font sens.
Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser qu’une société qui s’en prend à ses Juifs est malade, s’autodétruit. D’ailleurs Marx voyait dans la Question Juive la manifestation d’un trouble social. Le Juif ne fait sens dans une société que si celle-ci est engagée dans un processus de consciencialité.6 Plus elle se sclérose et moins elle aura besoin de la fonction juive qui s’exerce en elle - on le voit avec l’évolution de la condition juive dans le monde arabe au cours des derniers siécles. Avec le recul, un des drames du sionisme aura probablement été, selon nous7 l’arrivée des Juifs aux confins d’un monde arabe qui ne savait plus, qui avait oublié à quoi servait les Juifs. Rien ne saurait mieux opposer Orient et Occident que leurs rapports aux Juifs. En Occident, les Juifs étaient devenus un moteur essentiel de la vie intellectuelle alors qu’en Orient, ils n’étaient plus perçus que sous l’angle folklorique. En installant les Juifs dans le Tiers Monde, les sionistes du début du XXe siècle ont placé le sionisme dans la mouvance colonialiste. Herzl n’avait-il pas échoué à convaincre le sultan d’Istamboul de l’intérêt qu’il y avait pour l’empire ottoman à accueillir des Juifs venus du monde occidental en Palestine, prenant le relais des Juifs turcs, atteints par le déclin environnant ? Or, les sionistes ne furent pas en mesure de mener à bien un processus colonial au sein du monde arabe, du fait qu’ils refusèrent d’y être minoritaires. C’est un peu comme si les Français, arrivant en Algérie en 1830, s’étaient contenté d’occuper la bande du littoral, refusant de s’engager en profondeur, de peur de se trouver noyés dans la masse arabe. La grande tare du colonialisme, on le sait désormais, ce n’est pas tant d’avoir voulu intégrer les populations que de ne pas l’avoir voulu suffisamment.8 Il nous apparaît que le sionisme a été trahi par l’Angleterre laquelle décida de renoncer à son mandat au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Alors que la France et l’Angleterre avaient, par le biais des mandats, repris le contrôle de ces terres conquises sous les Croisades, au Moyen Age, elles les ont restituées aux Arabes. En fait, la Palestine aurait du évoluer sur le modèle algérien, avec une cohabitation entre Juifs et Arabes, sous la houlette d’une puissance européenne. Il ne s’agissait pas tant pour les Juifs d’avoir un Etat à eux que d’obtenir qu’il existât un Etat dans le monde où leur présence soit garanti par la communauté internationale, quitte à charger telle puissance - la France ou l’Angleterre - de se charger d’une telle mission, d’un tel mandat. On n’a pas compris assez vite, apparemment, que le monde arabe n’était pas mûr pour comprendre le phénomène juif dans sa manifestation moderne tout comme il ne comprenait pas d’ailleurs les ressorts de l’antisémitisme européen. Pour notre part, nous préférons encore une Europe certes stigmatisée par la Shoah, qui a permis aux Juifs, certes à un prix exorbitant, de donner le meilleur d’eux-mêmes, donc de ne pas perdre leur âme à un monde arabe qui certes n’a pas porté atteinte à leur corps mais qui a, en plus d’une façon, menacé leur dimension spirituelle.
Jacques Halbronn
Paris, le 14 avril 2005
Notes
1 Voir notre ouvrage, Le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002 et aussi notre article sur Les Protocoles et Mein Kampf, sur le Site Ramkat.free.fr, rubrique Antisemitica. Retour
2 Cf. Eric Nguyen, Le génocide arménien (1915-1917) , 200 fiches sur les hommes et événements du XXe siècle, Levallois-Perret, Studyrama, 2004, pp. 43-44. Retour
3 Cf. La Shoah (l’holocauste) (1941 -1945), 200 fiches sur les hommes et événements du XXe siècle, op. cit., pp. 136-138. Retour
4 Cf. notre article sur ce sujet, sur Ramkat.free.fr, rubrique Judaica. Retour
5 Cf. Benny Lévy, Etre juif. Etude lévinassienne, Lagrasse, Ed. Verdier, 2003, p. 76. Retour
6 Cf. notre étude sur le Site CERIJ.org. Retour
7 Cf. Le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002. Retour
8 Cf. Denis Sieffert, Israël Palestine. Une passion française. Paris, Ed de la Découverte, 2004. Retour
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