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SYMBOLICA

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Tarot, Zodiaque, Planètes, quatrains centuriques :
des miettes de savoir

par Jacques Halbronn

    Nous voudrions montrer dans cette étude que, contrairement à ce qui est généralement affirmé, certaines séries ne sont pas le fait de projections mais que c’est l’interprétation des dites séries qui en relève. Autrement dit, ni le Tarot, ni le Zodiaque, ni les Centuries, à la base, ne sont des projections de la psyché humaine ou de quelque illumination mais bien plutôt des compilations assez laborieuses ou aléatoires; en revanche, le travail exégétique qui s’est greffé sur les dites séries est probablement de type projectif. Dès lors, les tentatives désespérées pour démontrer l’unité d’inspiration des matériaux utilisés.1 ne font plus guère sens, l’enjeu se situant plus en aval, au niveau de l’interprétation, laquelle est véritablement fondatriceLe travail de recherche des sources se trouve dès lors dédouané et dédramatisé, ce qui devrait éviter à l’avenir des gesticulations visant à montrer que certains savoirs sont révélés puisque ce ne sont plus les signifiants qui importent mais bel et bien les signifiés qui leur sont attribués. Ajoutons cependant que face à une exégèse savante existe une approche populaire qui tend à privilégier le symbole brut, non réinterprété et intégré au sein d’un système, on le voit, tout particulièrement, dans le cas du Zodiaque qui est abordé au premier degré par l’homme de la rue. Or, force est de constater qu’à l’époque moderne, ces deux approches, la savante et la profane, tendent à s’amalgamer.2

   Le Tarot et le Zodiaque constituent deux séries, respectivement de 22 (si l’on ne considère que les arcanes majeurs) et de 12 unités. Nous voudrions montrer dans cette étude qu’ils pourraient avoir une même origine et être extraits d’ensembles plus vastes à l’instar des planètes dont les noms, comme chacun sait, relèvent d’une série singulièrement plus importante correspondant au Panthéon, série d’ailleurs continuée à l’époque moderne lors de la découverte de nouvelles planètes, en puisant à la même source. On appelle Livres d’Heures - dont un des plus célèbres est celui connu sous le nom de Très Riches Heures du Duc de Berry (Musée Condé, à Chantilly) - des recueils d’illustrations comportant une partie calendrier, mois par mois, signe par signe, ainsi que des motifs souvent religieux.

   Le Tarot et le Zodiaque constituent deux séries, respectivement de 22 (si l’on ne considère que les arcanes majeurs) et de 12 unités. Nous voudrions montrer dans cette étude qu’ils pourraient avoir une même origine et être extraits d’ensembles plus vastes à l’instar des planètes dont les noms, comme chacun sait, relèvent d’une série singulièrement plus importante correspondant au Panthéon, série d’ailleurs continuée à l’époque moderne lors de la découverte de nouvelles planètes, en puisant à la même source. On appelle Livres d’Heures - dont un des plus célèbres est celui connu sous le nom de Très Riches Heures du Duc de Berry (Musée Condé, à Chantilly) - des recueils d’illustrations comportant une partie calendrier, mois par mois, signe par signe, ainsi que des motifs souvent religieux.

Sommaire :

1 - La formation du Tarot
2 - La formation du Zodiaque


1

La formation du Tarot

    Un de nos sujets privilégiés de recherche concerne la formation du jeu de Tarot. En 1993, nous avions publié une étude en postface à L’Astrologie du Livre de Toth d’Etteilla, Paris, Trédaniel, La Grande Conjonction, laquelle étude comportait des éléments de réponse, à partir de l’iconographie liée aux maisons astrologiques, montrant ainsi l’origine astrologique de certaines arcanes majeurs, étude exploitée en 1996, par Thierry Depaulis, Michael Dummett et R. Decker, dans A wicked pack of cards. The origins of the Occult Tarot, Londres, Duckworth. Nous nous étions notamment intéressé à un ouvrage paru à Nuremberg, en 1515, le Nativität Kalender de Leonhard Reymann comportant un ensemble de trois roues. Ce document se trouverait aussi - mais nous n’avons pu le vérifier - chez Georg von Peurbach(1423-1461) si l’on en croit la légende du document ainsi reproduit.3 En fait, nous disposons de deux versions (Reymann et Peurbach) quelque peu différentes en ce que la succession est inversée, ce qui est classique quand un document est la duplication d’un autre. A l’évidence, c’est le document Reymann qui a été copié par le document Peurbach car la forme des chiffres est inversée dans le document Peurbach, à moins qu’il ne se soit agi d’une négligence des éditions du Vecchi qui le reproduisent. Il est vrai que la légende indique “représente les signes du zodiaque et les Maisons” oubliant d’ajouter les sept “planètes” ! Il est remarquable que ce document iconographique majeur, comportant trois roues, reste aussi peu connu en France et n’ait jamais, à notre connaissance, interpellé les historiens du Tarot, qui se sont cantonné au corpus déjà établi. Si l’on prend Peurbach comme référence, nous nous situons grosso modo au milieu du XVe siècle.

   Lors d’une récente visite à la Bibliotheca Philosophica Hermetica-Ritman, à Amsterdam, on nous présenta un document4 qui attira immédiatement notre attention, il s’agissait de la Kunst Ciromantia (sic) de Johann Hartlieb, datant de 1448 - issu d’un texte latin5 - et dont à l’évidence personne n’avait avant nous noté le rapport avec le Tarot, en dépit d’un reprint comportant une introduction d’Ernst Weil. “Die Chiromantie des Dr. Hartlieb. Ein Augsburger Blockbuch” qui se contente de décrire les personnages sans aucunement les rattacher au Tarot : “Zauberer, Rostaüscher, Betrüger, den Galgen, die Berufe und Tüchtigkeit oder Untüchtigkeit etc”.

   Le document en question appartient à un traité de chiromancie, il est constitué de deux volets bien distincts et sans lien entre eux. Il est précédé d’un bref texte en allemand du XVe siècle qui évoque un certain nombre de situations de la vie des hommes. On peut penser que les gravures qui l’accompagnent peuvent prétendre à l’illustrer. Ces gravures comportent quelques glyphes zodiacaux (verseau et vierge notamment) mais dans de nombreux cas les marques ne sont guère identifiables.

   Avec le K.C., nous obtenons une pièce essentielle de notre puzzle. On pourrait certes supposer que c’est plutôt le tarot qui aurait inspiré l’iconographie du KC mais il semble bien qu’une telle hypothèse puisse être réfutée. Le cas le plus frappant est peut-être celui de l’arcane dite La Papesse et qui semble issue de la première vignette du KC. En réalité, la vignette ne fait que représenter l’auteur du KC, Johann Hartlieb offrant son livre à la duchesse de Bavière, Anna de Braunschwig, seconde épouse d’Albrecht III de Bayern-München.6 La comparaison entre les deux personnages féminins est frappante mais le personnage masculin a disparu et le livre ne se trouve plus dans ses mains mais dans celles de la duchesse. Seule la comparaison des vignettes peut convaincre de la parenté entre les deux vignettes. Or, on voit mal comment la première pièce aurait été influencée par le Tarot. En revanche, le muret qui figure sur cette pièce est étrangement semblable à celui de l’arcane du Tarot dite le Soleil. Mais les enfants qui figurent sur cet arcane 19 ne sont pas sans évoquer la maison V des enfants comme on la trouve sur le document Reymann-Peurbach.

   Passons à la seconde pièce, où notre œil est immédiatement accroché par un pendu, mais un pendu “normal” et non pas tenu par les pieds comme c’est le cas dans le Tarot. On peut aussi, nous semble-t-il retrouver le personnage qui inspirera le Mat/Fou du Tarot dans un des personnages figurant sur cette seconde pièce. Un autre personnage brandissant une sorte de baguette à la main n’est pas non plus sans évoquer le bateleur. Notons que l’iconographie de la maison astrologique II recoupe ce personnage ou en tout cas la scène correspondant au mois de janvier.

   Mais le clou de notre étude concerne vraisemblablement la Maison Dieu, une des cartes les plus étonnantes du Tarot. En effet, dans la partie droite du second document, nous trouvons une pluie de petits ronds qui caractérise l’arcane “Maison Dieu”. Mais une autre carte est selon nous également évoquée, celle dite du Jugement, figurant un personnage céleste. En fait, la scène représentée aurait généré deux cartes, celle de la Maison Dieu et celle du Jugement, deux cartes ayant donc une seule et même origine et que les historiens du Tarot n’ont pas cru bon de rapprocher, faute de disposer de notre document.

   Notre document nous montre que ces “boules” qui tombent du ciel sont en réalité de l’argent. L’un des personnages recueille cette manne, l’autre s’y refuse ou n’y parvient pas. Il semble d’ailleurs que d’un côté tombent des deniers et de l’autre des cailloux. Il ne s’agit pas ici de repenser la signification de la Maison Dieu mais bien de montrer l’évolution diachronique. Une autre piste pourrait se trouver dans un tableau de Pieter Brueghel l’Ancien7, “Marguerite la Folle”, où “un homme au derrière en forme de coquille expulse des excréments, peut-être des pièces d’or et la foule se presse pour les ramasser”. Ce tableau, conservé à Anvers, est relativement tardif, de 1562, mais reprend un théme certainement plus ancien.

   Signalons l’étude de Claude Darche sur le pape et l’empereur à propos d’une gravure du “jeu des Suisses”8 mais on pourrait plus pertinemment se reporter à la riche iconographie des éditions de la Pronosticatio de Johann Lichtenberger (1488), non reprise dans le Mirabilis Liber français et où l’on trouve, outre l’empereur et le pape, le personnage de l’astrologue fort proche de celui de l’Hermite (arcane IX).

   Les rapprochements entre ce document astro-prophétique est assez saisissant : c’est ainsi que la Sibylle est représentée avec une étoile dans la main, ce qui n’est pas sans évoquer l’arcane XVII, chère à André Breton, représentant une femme et intitulée “L’Etoile”. Dans une édition de 1499, figurent autour de la Sibylle de nombreuses étoiles.9 Une autre gravure comporte une roue portée par deux évêques alors que l’arcane X “La Roue de fortune” présente trois animaux costumés accrochés à une roue. Ajoutons la présence de lions, comme dans l’arcane XI, La Force et bien entendu d’aigles en rapport explicite avec l’empire, ce qui renforce le caractère allemand du Tarot. On notera que la grande vogue du Tarot divinatoire correspond grosso modo, à la période “impériale” de la France au XIXe siècle. La Pronosticatio de Lichtenberger, qui a donné lieu à des variantes iconographiques d’une édition à l’autre (en latin, allemand, italien) - à l’instar du Tarot - comporte aussi une représentation de Sainte Brigitte, tenant un livre à la main, mais debout, qui n’est pas sans évoquer l’arcane II de la Papesse. Une autre gravure représente Adam et Eve et pourrait être rapprochée de l’Arcane VI, L’Amoureux. On trouve dans la Pronosticatio une scène de semailles et on peut se demander si cela n’est pas en rapport avec la Maison Dieu.

   Mais venons à un document qui nous intéresse du fait qu’il comporte une interface avec l’astrologie, il s’agit de la série des “Travaux et des Jours” telle qu’elle figure sous diverses variantes dans les Très Riches Heures de Jean de France, duc de Berry (1340-1416), fils du roi Jean II le Bon10 , ou dans certaines versions du Kalendrier des Bergers connues sous le nom de Kalendrier des Bergères.11

   Nous nous servirons d’un document reproduit dans L’Astrologie de Sheila Geddes.12 Sur la frise extérieure, on a les signes du zodiaque et plus au centre une représentation de chaque mois de l’année. Autrement dit, les mois ont leur propre iconographie qui n’est pas superposable avec le Zodiaque, les uns étant d’ailleurs à cheval sur les autres. C’est ainsi que le moissonneur, au lieu de se servir d’une serpe comme dans certaines illustrations, a une faux à la main - c’est un motif du mois de juin dans les Très Riches Heures du Duc de Berry, ce qui n’est pas sans évoquer l’arcane XIII de la Mort. On notera que Saturne, représenté comme le Temps avec une faux aurait été une “divinité agricole président aux moissons”.13 Mais on retrouve aussi sur ce même document le Bateleur - parfois représenté avec une double face, en l’honneur de Janus, qui a donné son nom au mois - ce qui semble n’être à l’origine qu’une table de banquet, dans les Très Riches Heures du Duc de Berry, pour janvier, mais aussi le Chariot, qui n’est plus ici qu’une charrue (pour le mois de mars, dans les mêmes TRHDB) ou encore l’Amoureux. Mais l’Amoureux n’est pas sans rapport avec les Gémeaux dont nous avons montré qu’à l’origine il était constitué d’un couple homme/femme14 à la différence de ce qui est présenté de nos jours. C’est ainsi que dans la frise zodiacale qui entoure l’Homme Anatomique des Très Riches Heures du duc de Berry, ouvrage datant de 1416 environ, on trouve poir les Gémeaux une vignette très suggestive d’un couple d’amoureux.15 De même, la vignette du signe de la Vierge, au sein de la même frise, avec un personnage féminin tenant dans chacune de ses mains un long épi de blé, ce qui forme un mouvement circulaire évoque irrésistiblement l’arcane XXI, le Monde, où l’on trouve une femme au sein d’un cercle constitué d’épis de blé ! On peut aussi voir dans la “pluie” de la Maison Dieu un rapport avec le Verseau.16 Il est d’ailleurs remarquable que cette iconographie qui est finalement assez répandue et reproduite n’ait pas suscité davantage de rapprochements concernant la formation du Tarot, tant les domaines semblent compartimentés. On voit donc des éléments iconographiques revêtir, dans un autre contexte, une signification nouvelle, tout comme dans les quatrains des Centuries - dont certains sont repris d’un Guide de voyages ou de pélerinages de Charles Estienne, comme l’a montré Chantal Liaroutzos17 - l’interprétation tend à s’éloigner considérablement du sens de la source utilisée et bien vite oubliée. Est-ce à dire que l’interprétation doit, in fine, s’appuyer sur la source ? Nullement. Les sources du Tarot n’en constituent pas pour autant la clef pas plus, d’ailleurs, que celles des Centuries. Dans les deux cas, on a le sentiment que les matériaux utilisés ont été rassemblés sans finalité autre qu’esthétique, voire d’ornement. Ce n’est que dans un deuxième temps que ces ensembles ainsi constitués sans plan rigoureux vont finir par s’inscrire au sein d’un système au point de laisser croire qu’ils obéirent d’entrée de jeu à un projet divinatoire ou prophétique. Il semble au contraire que plus le matériau utilisé est informe et plus il se prête aux projections. Certains historiens qui n’ont pas compris cette règle en sont encore, notamment pour ce qui est de l’astrologie, à rechercher un ordre cosmique que les hommes n’auraient fait que découvrir, décrypter alors que si ordre il y a il émane des hommes et si tant est que l’on ne projette rien par hasard, le support de la projection, lui, est aléatoire et n’a pas, en tout cas, à être recherché dans la nature intrinsèque du dit support. Le cas du Tarot nous semble donc fort précieux au niveau comparatif : on y observe comment une table de victuailles se métamorphose en une sorte d’établi, dans l’arcane du Bateleur, comme une vulgaire charrue se transforme en un chariot de triomphe; c’est dire à quel point opère la polysémie des mots et des formes dans la genèse des documents. Dès lors que l’on a fixé un certain registre commun à un ensemble hétérogène de facteurs - et plus il le sera et moins il résistera à un tel traitement - on n’a pas de mal à constituer un système homogène en faisant converger chacun d’eux vers une certaine tonalité, ce qui relève d’une forme de contrefaçon dont l’historien doit rendre compte, ne serait-ce que pour que l’on n’en admire que mieux, l’ingéniosité.

   Nous avons donc des séries iconographiques (Peurbach, Hartlieb, Très Riches Heures du Duc de Berry) datant de la première moitié du XVe siècle et qui ont été éclipsées et qui ont été maintenues partiellement par le biais du Tarot, lequel a du se mettre en place, forcément un peu plus tard. Il serait évidemment absurde de rechercher dans les pièces citées une influence du Tarot ! La question qui se pose à nous est d’essayer de comprendre dans quel esprit ces divers emprunts à un corpus iconographique assez large, mais toujours associé d’une façon ou d’une autre à l’astrologie, à l’hémérologie, à la divination ont donné naissance à une série de 22 cartes. Force est de constater que le Tarot s’est trouvé de fait mis l’écart de la littérature astrologique à l’instar d’ailleurs des Centuries.

   On ne peut qu’être frappé tout de même par un certain éclectisme, d’autant que la numérotation des lames du Tarot, en ce qui concerne les arcanes majeures ne semble pas obéir à un ordre évident.18 Ajoutons que l’on connaît des Tarots comportant plus de 22 arcanes supérieurs.19

   Le document conservé à Amsterdam ne peut que nous rendre encore un peu plus perplexes, s’il s’agit bien d’une source directe du Tarot car il sort du corpus proprement astrologico-saisonnier pour introduire une typologie psychologique comme cette parabole sur les dons du ciel et ces personnages incarnant un certain discours moral ou moralisant, sans parler de cette Duchesse devenue Papesse qui n’a pas grand chose à voir au départ avec tout cela. En tout état de cause, le Tarot n’est-il pas un ensemble singulièrement éclectique que les commentaires, comme c’est souvent le cas, ont tenté de présenter comme un tout cohérent et d’un seul tenant, à l’instar de ce qui s’est passé pour les Centuries ?

   On serait plutôt tenté de voir dans le choix des images du Tarot le résultat d’un travail bâclé, d’une compilation d’éléments iconographiques appartenant à une bibliothèque. Tout se passe comme s’il se serait agi d’un montage sans grande prétention sinon d’ordre esthétique. Peut-être est-on ici en présence de la décoration de quelque palais par un artiste recourant à divers motifs et les arrangeant à sa guise, au sein de quelque galerie ou de quelque plafond.

   Nos dernières recherches ne permettent pas de conclure mais fournissent pour le moins d’importants éléments de réflexion : nous avions, rappelons-le, dans nos précédents travaux soutenu la thèse d’un emprunt à l’iconographie des maisons. Mais la mort par exemple est-elle à rapprocher de la symbolique de la maison VIII ou bien de celle du faucheur (cf. infra) ? A moins que l’iconographie de la Mort ne dérive de celle de la moisson. Il semble bien que les diverses sources mentionnées aient été combinées et ce d’autant plus qu’elles se recoupaient par endroit. La maison VIII ne correspond-elle pas en effet, du moins à l’origine - avant qu’une inversion de la numérotation ne vienne brouiller les pistes, à l’Automne, en rapport avec la tombée du jour ? Dans ce cas, à l’origine de la symbolique des maisons - processus diurne - on trouverait une symbolique saisonnière, ce qui génère des analogies comme moisson et mort, avec l’image classique de la Mort faucheuse.

   Ainsi, le rapprochement avec l’iconographie des maisons ne nous semble pas suffire, il faut remonter à une source dont elle dérive qui est celle des travaux et des jours et qui comporte davantage d’éléments de recoupement. Toutefois, en ce qui concerne la Roue de Fortune (X), une des images du Nativitäts Kalender nous semble tout à fait appropriée.

   Autrement dit, le Tarot nous apparaît comme une construction arbitraire, aléatoire, à partir d’un corpus qui aurait servi de vivier pour un artiste. Ce ne serait que dans un deuxième temps qu’il aurait acquis une dimension divinatoire, sous une forme bibliomantique car le Tarot n’est-il pas un Livre que l’on ouvrait au hasard avant de devenir une série de cartes faisant l’objet de tirages ?

   Ainsi, comme pour les Centuries, les 22 arcanes majeurs du Tarot devraient beaucoup à un travail de compilation, à partir d’un choix d’ouvrages appartenant à une bibliothèque. L’éclectisme nous apparaît comme un trait déterminant de la littérature ésotérique en raison même du rôle essentiel accordé à l’interprétation et au commentaire qui en seraient le corollaire. Il s’agit chaque fois de faire croire qu’il y a unité d’inspiration là où, précisément, celle-ci est singulièrement improbable. C’est peut être tout l’enjeu, le challenge, d’un ésotérisme que nous considérons comme avant tout comme d’essence féminine, que d’allier, de marier des choses qui n’ont au départ rien à voir tandis que le principe inverse, masculin, consisterait à séparer et à trier et non pas à conserver et à accumuler. Telle est ainsi brièvement formulée la base d’une épistémologie de l’Histoire de l’Esotérisme et en tout cas, pour rester dans notre spécialité, d’une Histoire de la Divination, en incluant par là l’astrologie, les Centuries, le Tarot notamment.

   Les différents savoirs figurant au sein du champ ésotérique ainsi défini par son syncrétisme chronique doivent-ils pour autant renoncer à leur identité propre telle qu’elle existait avant leur ésotérisation ? On pourrait ainsi parler d’une astrologie pré-ésotérique tout comme il existe une astronomie en dehors de l’ésotérisme quand bien même celui-ci intégrerait dans son discours les dernières avancées de l’astronomie.

   On pourrait ainsi définir l’ésotérisme comme comportant un certain nombre de savoirs se caractérisant par l’éclectisme de leurs composantes et non point par chaque composante en soi. Ce qui compte ici, ce sont les liens qui s’établissent entre des données éparses et non pas les données en soi, tout comme nous pensons que l’astrologie ne se définit pas par les astres dont elle se sert mais par les relations qu’elle établit entre eux. Mais l’ésotérisme n’est pas tant un discours sur la nature qu’une compilation de discours, il se constitue à partir non pas du signifié mais du signifiant, c’est-à-dire à partir de données déjà codifiées. C’est donc une strate supplémentaire qui obéit à une dynamique de conservation non pas systématique mais aléatoire, la cohérence n’existant pas ici a priori mais a posteriori. Nous ne serons donc pas d’accord avec les critères proposées par Antoine Faivre pour situer la littérature ésotérique, l’historien de l’ésotérisme ayant pour tache principale de montrer

         1° la disparité des documents utilisés
         2° la façon dont cette disparité est niée, occultée

   Si l’ésotériste est dans la dénégation de cette disparité originelle, en revanche, l’historien de l’ésotérisme se doit de la faire apparaître à toute occasion, ne serait-ce que pour mieux faire ressortir les transformations sémantiques et autres entreprises en aval.

   Le cas du Tarot nous paraît particulièrement édifiant de par le caractère assez anecdotique de l’usage qui semble bien avoir été entrepris à partir du KC. La façon dont ces diverses pièces vont être inscrites au sein d’une sorte de système est édifiante et implique une sorte de transmutation du signifiant en signifié. Pour Patrice Guinard et pour d’autres, non seulement le savoir astrologique ne saurait se réduire à ses sources repérables mais encore le dit savoir, du fait même qu’il est alors supposé préexister ne peut en définitive que se manifester que sous une forme idéale. Par une telle approche, bien que cela soit rarement formulé de façon aussi nette, ce que nous appelons les sources ne seraient en fait que le matériau dont se servirait le savoir astrologique pour s’incarner. tel un ruisseau qui emprunterait tel ou tel chemin pour se déployer sans que cela ait grande importance, puisque le contenu, le message transcenderait le médium, les voies suivies. On voit qu’une telle approche ne dispense nullement l’historien d’étudier précisément quels ont été les modes choisis.

   Les travaux existant sur l’Histoire du Tarot comportent des chaînons manquants ; ils démarrent alors que le jeu de Tarot constitue déjà un ensemble bien délimité et ne traitent la question des sources que par des rapprochements par trop vagues et généraux qui dissimulent mal l’échec des investigations. L’approche structuraliste a ses limites, elle permet certes de comprendre comment un certain ordre a pu se mettre en place mais elle donne souvent faussement l’impression d’une cohérence bien factice et tardive.20 Or, l’historien des textes se doit de déterminer les documents réellement utilisés et constituant déjà des sous ensembles qui seront raccordés par la suite. Force est de constater que les documents dont nous avons montré qu’ils avaient été “pillés” pour parvenir, in fine, au Tarot tel que nous le connaissons , que ce soit comme jeu divinatoire ou simplement comme jeu de cartes, ne figurent pas dans les Histoires du Tarot que nous connaissons et notamment pas dans le catalogue de l’exposition, rédigé par Thierry Depaulis qui se tint à la Bibliothèque Nationale, en 1984, Tarot, jeu et magie. La tendance générale est de présenter le Tarot comme n’ayant pas des origines divinatoires mais comme ayant subi, à un certain moment, une certaine ésotérisation, que l’on situe volontiers à la fin du XVIIIe siècle. Tout au contraire, pour notre part, nous pensons que les arcanes majeurs sont extraits d’ouvrages traitant d’astrologie, d’astronomie et, on l’a vu, de chiromancie, ce qui rend l’évolution divinatoire mieux compréhensible : c’est ainsi qu’au XIXe siècle, une certaine astrologie va dominer en France, notamment, qui combiner astrologie et tarot, revenant ainsi à une sorte de pseudo-astrologie qui n’est d’ailleurs que le pendant d’une pseudo-astronomie.21 On notera le cloisonnement qui sévit au niveau des recherches et qui fait que les études consacrées aux almanachs et “kalendriers” n’évoquent pas le Tarot, en dépit de l’influence iconographique évidente. Il est particulièrement frappant que dans des ouvrages abordant conjointement les divers arts divinatoires, on ne relie pas tarot et astrologie au niveau des origines (cf. infra) Nous pensons avoir ainsi désenclavé les études tarologiques, au niveau de la recherche historique, sinon à celui de la pratique divinatoire, laquelle pour sa part, associé allègrement les différents supports. Il reste que pour certaines cartes du Tarot, plusieurs origines sont possibles. Il importe de déterminer quelles furent les sources immédiates et non pas lointaines. Le critère le plus déterminant semble celui consistant à préférer les sources regroupant plusieurs arcanes et non pas une seule, tant il est probable que le Tarot a du récupérer un ensemble en partie déjà constitué mais dont il n’aura adopté qu’une partie. Plus on s’éloigne des sources immédiates et plus on débouche sur un corpus disparate où les éléments concernés sont très dispersés et minoritaires.

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La formation du Zodiaque

    Les Livres d’Heures semblent pouvoir expliciter la genèse de certains arcanes tels que le Bateleur, l’Amoureux, la Mort, le Chariot. Mais les Livres d’Heures comportent également des correspondances avec les signes du Zodiaque et c’est à une comparaison entre les douze scènes “mensuelles” des Travaux et des Jours et les douze signes, souvent représentés de deux façons différentes, étant donné qu’ils sont à cheval sur deux mois, l’iconographie ne se répétant pas à l’identique, que nous allons à présent nous atteler.

   On abordera d’abord le cas des Gémeaux. Comme nous l’avons noté, la fonction interprétative et exégétique consiste en partie à faire converger et donc à infléchir la signification première des pièces ainsi rassemblées en vue de les inscrire dans un nouveau cadre/canevas, or. avec les Gémeaux, nous avons la preuve que le Zodiaque, à l’origine, n’était pas un ensemble homogène, sinon il n’y aurait pas eu besoin de recourir à certains subterfuges. Visiblement, l’iconographie zodiacale, comme pour le Tarot, précède le discours bien plutôt qu’elle n’en est l’expression.

   On ne prend toute la mesure de l’ingéniosité des auteurs d’ouvrages astrologiques que si l’on a conscience de la nécessité de tels ajustements visant à gommer les traces d’un syncrétisme quasiment omniprésent. Par curiosité, nous avons consulté un certain nombre de livrets consacrés au signe des Gémeaux pour étudier comment l’hétérosexualité iconographique du signe était gérée vue qu’elle correspondait assez mal à certains paramètres associés au dit signe. A la différence du Tarot qui ne prétend pas à opérer un quelconque classement des 22 arcanes majeurs, le zodiaque fait au contraire l’objet d’un savant quadrillage à base de triplicités, quadruplicités, dignités planétaires; c’est ainsi que les Gémeaux sont un signe masculin, d’air, mutable, de printemps, régi par Mercure. Et il faut bien que l’iconographie des Gémeaux s’intègre dans un tel cadre puisque les signes ont des noms dont la signification va devoir s’accommoder des dites classifications plaquées sur le zodiaque. Le nom même de Gémeaux est déjà tout un programme puisqu’il ne correspond déjà plus à l’idée de couple largement attestée par ailleurs par l’iconographie; une solution consiste à basculer vers l’homosexualité et de laisser entendre que l’intimité amoureuse propre au couple n’est plus que l’expression d’une amitié entre hommes, d’où des personnages plus ou moins androgynes prenant parfois la place du couple homme/femme, le personnage féminin étant voué à être sensiblement édulcoré pour ne plus être qu’un double du personnage masculin. Bien entendu, dans les “historiques” du signe, il n’est jamais question de ce glissement qui pourrait déstabiliser le lecteur. On nous parle, avec André Barbault (Les Gémeaux, Paris, Ed. Seuil, 1957) de Castor et Pollux, dont on exhume l’iconographie aux dépends de celle du couple et de tout le volet sexuel, autrement important, commun à tant de civilisations. Parfois, la solution consiste à renoncer à reproduire des documents anciens et de les faire redessiner dans le sens voulu.22

   Pourquoi ce refus de l’hétérosexualité du troisième signe du zodiaque et qui n’a guère pu évoluer du fait d’une tradition constellationnelle fort ancienne ? C’est que les Gémeaux ne sont pas le signe de Vénus... mais de Mercure, ce qui est bien fâcheux. Etant donné qu’il n’était apparemment pas possible de changer l’ordre des constellations23, et qu’il fallait coûte que coûte appliquer un certain système sur le zodiaque, la seule solution consista à “relire” le signe, en ne conservant que l’idée de dualité, et en oubliant celle de sexualité. Ajoutons que la sexualité constitue une symbolique autrement plus déterminante pour les sociétés agricoles et pour les questions de fécondité que la gémellité. C’est pourquoi dans les calendriers (Kalendrier des Bergers, Très Riches Heures du Duc de Berry), c’est bien un couple qui est représenté. Dans les Gémeaux des Ed. Du Seuil, on a laissé échapper une page du Kalendrier des Bergères qui nous semble bien plus vénusienne que mercurienne, mais l’autre vignette du signe, à la page précédente est encore plus explicite. D’ailleurs, certaines illustrations de Vénus campent des personnages très proches de l’iconographie géminienne. Bien plus, le mois de Mai qui est celui des Gémeaux correspond dans les Livres d’Heures au temps des fiançailles, tout comme le mois du signe de la Vierge, représentée tenant des épis correspond à la moisson. Le rapport des signes zodiacaux avec les travaux du calendrier est assez frappant au point que l’on peut se demander si la symbolique zodiacale n’est pas en partie extraite d’un tel ensemble.24 Le cas du Verseau va dans le même sens: en effet, dans l’illustration du mois de janvier, mois du Verseau, on nous présente un personnage ou plusieurs à table et sur cette table il y a des cruches. On retrouve d’ailleurs ce même motif des (six) jarres dans les Noces de Cana, scène de l’Evangile reprise dans les Livres d’Heures. Or, par ailleurs, la Tempérance (arcane XIV) - une des vertus avec la Force, classiquement associée au Lion dompté, également présente dans le Tarot ainsi que la Justice munie d’une balance25 comporte également une représentation du Verseau, fort proche de celle que l’on trouve dans certains Livres d’Heures (Heures du duc de Bedford) si bien que le Tarot comporte ainsi deux représentations du mois de janvier au travers du Bateleur et de la Tempérance, ce qui semble devoir indiquer la pluralité des sources. Il semble que la Tempérance soit parfois représentée avec une tortue ou avec un pichet d’eau - comme le rappelle Matilde Battistini, d’où cette symbolique aquarienne, source de confusion. Le recours aux Vertus constitue une autre source que celle des activités saisonnières mais la présence du lion et de la balance ainsi que de la cruche d’eau, dans la représentation des dites vertus ouvre des passerelles vers le Zodiaque. On notera que ces attributs zodiacaux - comme apparemment ils le sont - ne sont nullement le fait du Tarot mais sont déjà présents dans les documents empruntés. Avant donc de déterminer le travail propre au Tarot, il importe de savoir l’état de ses sources. C’est dans ce même ensemble consacré aux vices et aux vertus que l’arcane du Diable a pu trouver son origine puisque le Diable avec ses ailes de chauve-souris représente la tyrannie.26

   On notera encore une fois que nous avons affaire avec le Tarot avec un ensemble empruntant de façon partielle et incomplète à un certain nombre de corpus. Il nous apparaît, au demeurant, que les signes du Zodiaque pourraient bel et bien être constitués de quelques morceaux d’un puzzle comportant la riche iconographie des mois de l’année. Isolés de leur ensemble d’origine, ces signes zodiacaux ne feraient guère sens si l’on n’avait pris la peine de constituer une systématique visant à dissimuler cette inconsistance en introduisant une nouvelle cohérence mais il s’agit plutôt d’un placage que d’un véritable travail de refonte symbolique.

   Dès lors, le symbolisme zodiacal se distinguerait radicalement de celui des constellations extra-zodiacales et serait en fait le résultat d’une projection des activités sociales, sur l’écliptique.

   Le rapprochement entre signes et mois est d’autant plus légitime qu’il correspond bel et bien aux intersections entre les deux séries: le signe du Verseau - l’échanson des dieux - est bien le signe des mois de janvier, mois représenté par une table mise et comportant bien entendu des boissons tout comme le signe des Gémeaux est bien le signe de mai, mois représenté par un couple, ce qui met fin une fois pour toutes à la symbolique géminienne du moins comme point de départ. Et il en est de même, on l’a dit pour le mois d’août, la moisson et la Vierge. Peut-on systématiser ces rapprochements pour d’autres signes ou d’autres mois ? La recherche doit se poursuivre mais on ne peut guère parler ici de coïncidences. La thèse d’un rapprochement entre signes du zodiaque et rythme des saisons n’est certes pas nouvelle mais il nous semble qu’elle n’avait pas, jusques alors, été étayée sur le plan iconographique. On rapprochait ainsi le Verseau et les Poissons de la période de la crue du Nil !

   On a vu aussi que certaines significations des maisons, que l’on retrouve dans le Tarot, pouvaient également être issues de cette iconographie mensuelle, dès lors que l’on s’appuie sur l’iconographie des maisons telle qu’elle existait encore au XVe siècle et tombée en désuétude au cours du siècle suivant : on pense à la Mort à rapprocher de la moisson. On peut en fait raisonnablement se demander si l’iconographie des maisons ne serait pas elle aussi, à sa façon, issue de celle des moi, la maison I correspondant au mois de Janvier, avec la table mise, tout comme la maison IV correspond sur le document Reymann-Peurbach (cf. supra) à un laboureur, la maison 7 correspond au couple, la maison VIII, avec la mort à la faux, à un moissonneur. On retrouve ainsi l’alternance des travaux des champs et de la vie domestique. Là encore, nous ne prétendons ici à aucune démonstration exhaustive mais à la présentation d’indices qui nous semblent significatifs : l’iconographie des Livres d’Heures, probablement fort anciennes, aurait généré celle du Tarot, du Zodiaque et des Maisons. Excusez du peu !

   Il importe donc de réviser notre approche de l’origine d’un certain nombre de systèmes existant au sein des savoirs astrologique, divinatoire, prophétique. De nos jours, on a encore trop souvent tendance à rechercher, comme le fait un Dupuis, dans l’Origine de tous les Cultes (fin XVIIIe siècle) l’influence du zodiaque sur différents documents, comme les Travaux d’Hercule, alors que la démarche inverse est probablement plus légitime, à savoir étudier de quels ensembles sont issus les signes du Zodiaque, mais cela vaut aussi pour les planètes, les quatrains centuriques27 ou les arcanes du Tarot, pour rester dans le champ ésotérique. La thèse selon laquelle ces différents systèmes auraient d’entrée de jeu existé est de plus en plus difficile à soutenir ; il semble bien au contraire que cette systématisation soit tardive et vise à unifier un champ quelque peu hétérogène, en raison de sa décontextualisation, le passage du signifié au signifiant brouillant les pistes. En effet, si d’un ensemble relativement cohérent comme celui des mois de l’année et des activités qu’ils accueillent, on n’emprunte que quelques éléments, est-ce que ceux-ci vont à la tour constituer un continuum évident ? Il va y avoir, ipso facto, perte, déperdition de cohérence qu’il va falloir compenser par une relecture des dits éléments, générant ainsi un nouvel ensemble. On en arrive ainsi à une désacralisation, à une désanctuarisation des dits systèmes.

   Si on prend le cas du signe du verseau, on s’aperçoit qu’à l’origine, il était associé à la bonne chère, aux repas que l’on s’accorde pendant les mois divers, soit une image bien différente de celle que l’on nous donne de ce signe dans les ouvrages d’astrologie et notamment dans les livrets consacrés à ce signe que l’on nous décrit comme un signe d’air, bien éloigné des nourritures terrestres, liquides ou solides. C’est dire que le signe du verseau, qui désignait initialement un banquet a pu changer de sens, comme on a pu le voir aussi pour celui des Gémeaux, soit deux signes d’air. Il ne s’agit pas de redéfinir ces signes, mais de constater que le savoir astrologique a généré un autre discours, qui ne saurait donc être premier, tout en continuant d’ailleurs à se référer aux saisons ! Les historiens du Zodiaque se sont contenté d’établir des comparaisons abstraites tout en n’en conservant pas moins la symbolique d’origine ; ils auront très largement négligé les Livres d’Heures qui sont une expression pourtant classique non pas tant des saisons en soi, au niveau météorologique que des activités humaines scandées par celles-ci, souvent d’ordre social, tout comme c’est probablement aussi le cas pour les Eléments28 lesquels décrivent avant tout les forces dont les hommes se servent (moulin à vent, moulin à eau, feu, métaux etc).

   Cette symbolique zodiacale a été recouverte par l’astrologie savante d’une structure géométrique à base d’Eleménts, de domiciles planétaires, de références saisonnières décalées par rapport à celle des Livres d’Heures. En fait, une telle structure ne prétendait nullement à l’origine être un commentaire du corpus zodiacal, les signes ne servant qu’à localiser non point à signifier. Cependant, l’astrologie populaire, quant à elle, restait attachée à ce symbolisme lequel finira par occuper une place importante en astrologie moderne, notamment à partir de la fin du XVIIIe siècle ; dès lors, les traités d’astrologie s’évertueront à faire coller syncrétiquement le symbolisme zodiacal avec les différents classements des signes en masculins et féminins, cardinaux, fixes et mutables et feu, terre, air et eau, le signe des Gémeaux par exemple et celui de la Vierge étant attribués à Mercure alors que ces deux signes correspondent beaucoup mieux à Vénus. Inversement, la Balance semble mieux adaptée à Mercure, dieu du commerce. Mais là encore, la mythologie planétaire reprenait ses droits, alors qu’elle avait longtemps été un simple mode de désignation des astres, ceux-ci étant définis notamment en pleine ère chrétienne par un réseau d’analogies sans grand rapport avec un panthéon gréco-romain, au demeurant tronqué du moins jusqu’à ce que l’astronomie moderne vienne y puiser. Tout se passe comme si le signifiant zodiacal et planétaire était devenu un signifié en astrologie moderne.

   Ajoutons que ce symbolisme lié au rythme des activités saisonnières - plutôt que des saisons - semble bien s’être conjugué avec un autre symbolisme, qui est celui du Tétramorphe constituant une croix au sein du Zodiaque et que l’on retrouve notamment dans l’arcane du Monde, dans le Tarot.29 Il se pourrait, selon nous30 que ce tétramorphe ait correspondu aux quatre phases de Saturne, d’une durée de sept ans (Sept vaches grasses et sept vaches maigres, dans le Songe de Pharaon interprété par Joseph, Livre de la Genèse) marquées par des étoiles fixes ou en tout cas par des aspects à l’une d’entre elles situées dans une des quatre constellations du Taureau, du Lion, du Scorpion et du Verseau. Dans ce dernier cas, il y aurait eu amalgame avec le mois de janvier par l’adjonction d’un vase au personnage de l’Homme ailé (cf. la vision d’Ezéchiel).

   On se demandera évidemment pourquoi s’encombrer d’une iconographie inadéquate au lieu d’en construire une sur mesure. Souci d’économie, pensons-nous qui explique bien des plagiats et que l’on retrouve dans les Centuries. Plutôt que de devoir tout refaire, on préfère souvent modifier quelque peu ce qui existe déjà. Il faut se faire une raison, les sources n’ont, en définitive, pas tellement d’importance car avec n’importe quel matériau on peut plaquer un alphabet, un zodiaque, composer des vers, constituer un code, aboutissant ainsi à l’illusion d’une inspiration unique et spontanée, jaillissante mais ce serait là sous estimer les facultés de recyclage. L’homme est, en effet, tout prêt à sculpter, à forger, à donner forme à un matériau mais il a quand même besoin que le dit matériau sous-jacent, brut, hétérogène, lui soit fourni pour qu’il puisse être transmuté et ce matériau nous aurions tendance à le situer du côté du féminin, du mater-nel.

   Nous retrouvons ainsi une belle illustration de la dialectique du masculin et du féminin, le masculin opérant un tri, déterminant un ordre, répartissant des fonctions, des significations au sein d’un ensemble disparate et éclectique pour produire in fine un système. Le rappel des sources, aussi disparates soient-elles, nous apparaît donc comme une affirmation de la part féminine. Le fait d’affirmer que le système a toujours existé serait donc faire bien peu de cas de cette dialectique. Inversement, le fait de refuser que l’on opère une sélection de façon délibérée et non pas du fait du hasard, c’est nier le rôle du masculin. Face à un signifiant qui serait de l’ordre du féminin, le masculin fixe le signifié, sur une base contextuelle. Mais il va de soi qu’une certaine interaction existe qui conduit le signifiant à tendre à évoluer à partir du nouveau signifié qui lui est assigné ; c’est ainsi que le laboureur (cf. supra), une fois transformé en char de victoire, sera redessiné en conséquence, ce qui tendra à brouiller les pistes.

   La façon dont le zodiaque qui, à la base, est une structure évolutive, chronologique, correspondant aux états successifs d’un seul et même phénomène sera exploitée par l’astrologie populaire comme une typologie, en concurrence avec la typologie planétaire, témoigne d’une certaine dérive.31

   En tout état de cause, le Zodiaque, au niveau de sa symbolique, constitue un ensemble sensiblement plus flou que ce n’est le cas pour la série planétaire (cf. infra). Il semble, à l’instar d’ailleurs du Tarot, emprunter à diverses sources et toujours assez partiellement, ce qui signifie sans nécessairement préserver la cohérence initiale de ses emprunts. Les Gémeaux, la Vierge, le Verseau, on l’a dit dérivent directement d’une iconographie que l’on retrouve dans les Livres d’Heures mais les autres signes semblent avoir une autre origine ; parfois certains signes pourraient symboliser les équinoxes (balance) et les solstices (cancer, capricorne, cf. annexe). Il faut probablement faire la part de la combinatoire de plusieurs traditions superposées. C’est dire que l’hétéroclisme du zodiaque n’a vraiment rien à envier à celui du Tarot !

Planètes et mythologie

   Si le Zodiaque est constitué d’emprunts divers aux images mensuelles du calendrier, qu’en est-il du nom des planètes ? Il semble assez évident que les dieux mis en rapport, dans l’Antiquité, avec les planètes aient été pris d’un ensemble plus vaste, comportant notamment Neptune et Pluton, les frères de Jupiter. Quant à Saturne, il appartient à une génération antérieure à celle de Jupiter et de ses frères, on le représente comme dévorant ses enfants.32 D’ailleurs, dans le Conseil des dieux, on trouve Jupiter, Neptune, Mercure, Apollon, Mars, Vulcain, Junon, Cérés, Vesta, Minerve, Vénus et Diane. Saturne ne figure pas. Et Pluton pas davantage. Le cas de Neptune est donc particulièrement frappant de par son absence. On sait qu’à l’époque moderne - mais ceci est une autre histoire, Cérés, Junon, Vesta et Minerve - sous son nom grec de Pallas - nommeront les quatre premiers astéroïdes découverts et que Pluton se verra attribuer la planète transneptunienne (1930), Vulcain servant un moment à baptiser une planète intramercurielle, dans la seconde partie du XIXe siècle.

   On comprend mal, en tout cas, pourquoi Uranus, également absent du Conseil des dieux, a été utilisé pour nommer la première planète transsaturnienne (1781) ou plutôt on se doute que c’est parce que Uranus est le père de Saturne tout comme Saturne (Kronos) est le père de Jupiter mais dans ce cas pourquoi avoir nommé la transuranienne (1846) Neptune, petit fils d’Uranus ?

   Rien de très cohérent dans de telles dénominations astrales alors qu’à la source, les dieux, au sein d’un panthéon, constituent un ensemble plus consistant. Il nous apparaît que le cas de Saturne pourrait signifier que dans un premier temps seul cet astre était pris en compte et faisait l’objet d’un culte ou en tout cas servait de repère et de cycle. Puis, on se servit d’autres astres présentés en quelque sorte comme ses enfants, correspondant à une nouvelle génération, et portant donc des noms de dieux plus jeunes : un de ses fils Jupiter (Zeus), Mars (Arès), Vénus (Aphrodite), Mercure (Hermés) sans parler du cas du Soleil et de la Lune, appartenant à une autre catégorie que celle des planétes. Ou bien est-ce la mythologie qui reflète par sa généalogie une certaine histoire de l’astrologie mais dans ce cas pourquoi Neptune se trouve-t-il exclus du ciel des astronomes du moins jusqu’au tardif XIXe siècle ? S’il y a une logique chronologique, le système actuel n’est donc guère satisfaisant avec Uranus, nouvelle planète portant le nom du père de Saturne et d’ailleurs pourquoi le serait-il quand on sait que ceux qui ont choisi ce nom ignoraient qu’il y avait d’autres astres au delà ? Bien entendu, les astrologues se sont évertué à montrer comment une série en partie déterminée par des gens qui n’entendaient rien à l’astrologie et qui, en quelque sorte, tirèrent au sort les noms qu’ils attribuaient - en l’occurrence les astronomes - pouvait faire sens. On dirait que les astrologues ont passé le plus clair de leur temps à trouver de la cohérence à des séries tronquées qui relevaient en grande partie du hasard, ce qui relevait peut-être d’un certain défi faustien consistant pour l’Humanité à mettre de l’ordre et du sens dans ce qui n’en a pas.33 A la lumière de ces observations, on imagine ce qu’a pu être la constitution du corpus nostradamique34, selon une méthode qui s’apparente d’assez près à celle du patchwork, témoin d’une confiance en la faculté humaine à conférer du sens à ce qui n’en a plus forcément, ce qui est peut-être un trait de l’Humanisme, impliquant la recherche de nouveaux signifiés pour les anciens signifiants. On pourrait sérieusement se demander en effet si les Centuries ne sont pas le précurseur d’une poésie surréaliste, ce qui expliquerait que le XXe siècle ait été particulièrement sensible à ces quatrains en forme de cadavre exquis, annonçant un énoncé à la Prévert.

Conclusion

   Ainsi, l’approche ésotérique consisterait à affirmer le primat du sens sur les formes adoptées ; en ce sens, l’astrologie elle-même, dans ses manifestations historiques deviendrait un épiphénomène par rapport à la “Tradition” Astrologique sous sa forme accomplie. Il est clair que dans ces conditions, l’importance accordée aux sources, chez les ésotéristes non critiques est toute relative, puisque d’entrée de jeu on se refuse à tirer des conclusions quant à la valeur intrinsèque des savoirs considérés. Reconnaissons qu’avec une incitation aussi tiède à la recherche rétrospective et avec la prise en compte de positions souvent contradictoires, on risque fort de satisfaire d’une certaine médiocrité des études. Les études tarologiques nous semblent mériter un grand intérêt - d’où la création d’une commission sur ce sujet - et devoir/pouvoir susciter peut être autant de passion que les études nostradamologiques ; en effet, à l’instar des Centuries, le Tarot constitue un ensemble bien défini se prêtant par ailleurs à un grand nombre d’interprétations; en outre, ce sera l’occasion de s’interroger sur des formes d’astrologie dérivées et coupées des réalités astronomiques pour n’en conserver que l’iconographie et la symbolique.

   Dans le cas du Tarot, il faudrait se demander si le rapprochement entre divers documents a été concomitant de la constitution du Tarot tel que nous le connaissons ou s’il avait été réalisé préalablement dans un autre but, par exemple purement décoratif, pour illustrer un jeu de cartes et sans intention d’élaborer un quelconque système.35 Le fait que les emprunts aient été nombreux à la production astrologico-divinatoire ne prouve pas pour autant, en effet, que ceux-ci visaient au départ à élaborer une nouvelle mancie. Dès lors, le caractère divinatoire a pu ne se manifester qu’au XVIIIe siècle, comme il est généralement attesté, étant entendu que le caractère des images du Tarot - jeu de cartes pouvait favoriser à terme un tel glissement.

   Il convient de situer la mise en évidence de ces divers emprunts dans le cadre de ce que nous avons appelé l’astrologisme. Par ce terme, nous désignons une forme d’impérialisme du savoir, qui consiste à récupérer des éléments de savoirs limitrophes comme le ferait un pays qui chercherait à s’étendre aux dépends de ses voisins, prenant prétexte de certaines similitudes ou d’une origine prétendument commune. Le prix de l’astrologisme c’est qu’il empêche l’astrologie, stricto sensu, de se développer avec ses ressources propres, ce qui est le fait de la plupart des formes des colonialismes.36 Les corpus ainsi constitués sont nécessairement disparates et composites si bien qu’il devient impossible de cerner une dynamique spécifique autre que celle d’un certain parasitisme, faisant flèche de tout bois.

Le champ de l’astrologisme

   La présente étude nous semble illustrer ce que nous entendons par astrologisme.37 Nous avons en effet décrit tout un ensemble de savoirs qui ont “enrichi” l’astrologie, à divers titres, à commencer par les apports zodiacal et mythologique, phénomène dont on a vu qu’il avait connu des avatars jusqu’en plein XXe siècle conduisant à l’intégration de nouvelles planètes dûment baptisées et nourrissant une pratique populaire notamment dans la Presse, sans parler de l’Ere du Verseau. Quant au Tarot, il nous apparaît comme ayant pénétré dans le cabinet de l’astrologue et ce faisant avoir peu ou prou renforcé, amplifié un certain caractère divinatoire. Autant de manifestations de ce que nous avons appelé l’astrologisme - et dont le nostradamisme serait également une expression dans le registre d’un prophétisme s’articulant autour de la vie et de l’oeuvre de l’astrologue Michel de Nostredame - à savoir l’émergence d’une astrologie se nourrissant d’éléments qui lui sont intrinsèquement extérieurs, tant sur le plan des vécus individuels que de l’événementiel collectif et qui dissimulent plus ou moins bien un certain état de sclérose.

Jacques Halbronn
Paris, 30 septembre 2004

Eléments bibliographiques

      - Matilde Battistini, Symboles et allégories. Repéres iconographiques, trad. de l’italien par D. Férault, Paris, Hazan, 2004.

      - Wolfgang Hübner, Die Eigenschaften der Tierkreiszeichen in der Antike. Ihre Darstellung und Verwendung unter besonderer Brrüchtigung des Manilius, Sudhoffs Archiv 22, Wiesbaden, 1982.

      - Roger S. Wieck, William M. Voelke, K. Michelle Hearne, The Hours of Henry VIII. A Renaissance Masterpiece by Jean Poyet, Pierpont Morgan Library, New York, 2000.

      - Nicole Wagner-Vriz, Le Zodiaque. L’art des signes, Ed. Du May 1995 (sur les Heures du Duc de Bedford, c 1423).

      - Fanny Faÿ-Sallois, Le Trésor des Heures. Pages choisies des livres d’heures des XIVe- XVe siècles, Desclée de Brouwer, 2002.

      - R. Tresoldi, Encyclopédie de l’ésotérisme, Paris, Ed. Du Vecchi, 2002.

      - Evelyne de Smedt, Vincent Bardet, Serge Bramly, La pratique des arts divinatoires, Paris, R. Laffont, 1976.

      - Grillot de Givry, Le Musée des Sorciers, mages et alchimistes, Reed. Paris, H. Veyrier, 1980.

      - Lewis Spence, The Encyclopaedia of the Occult, Londres, Bracken, Bks, 1988.

      - P. A. Riffard, L’ésotérisme, Paris, R. Laffont, 1990.

Annexe :
Récapitulatif des sources des arcanes supérieurs du Tarot

      1 Bateleur
Voir Le banquet du mois de janvier (Très Riches Heures du Duc de Berry).
      2 La Papesse
Voir Sainte Brigitte, Duchesse Anne de Bavière (Hartlieb, Kunst Ciromantia) et la “Bigotte”, avec la Mort, in Kalendrier des Bergères.
      3 L’Impératrice
Gravures d’aigles dans la Pronosticatio de Lichtenberger.
      4 L’Empereur
Gravure représentant l’Empereur dans la Pronosticatio de Lichtenberger.
      5 Le Pape
Représentation de la maison astrologique X (Reymann-Peurbach).
      6 L’Amoureux
Voir signe zodiacal des Gémeaux.
Représentation de la maison VII (Reymann-Peurbach).
Représentation du mois d’avril dans les Calendriers. Et notamment dans les Très Riches Heures du Duc de Berry : scène de fiançailles.
      7 Le Chariot
Transposition des Labours, au mois de mars.
Voir Très Riches Heures du Duc de Berry.
      8 La Justice
Vertu associée à une balance, d’où un rapprochement signe zodiacal de la Balance.
      9 L’Hermite
Représentation de Lichtenberger dans sa Pronosticatio.
      10 La Roue de Fortune
Voir la représentation de la maison astrologique XI ; gravure d’une roue portée par des personnages dans la Pronosticatio de Lichtenberger.
      11 La Force
Vertu associée à un lion.
Pronosticatio de Lichtenberger. Signe zodiacal du Lion.
Voir aussi le Lion de Saint Marc.
      12 Le Pendu >BR>Voir Hartlieb, Kunst Ciromantia
      13 La Mort
Transposition de la moisson au mois de juin.
Voir Très Riches Heures du Duc de Berry.
      14 La Tempérance
Vertu souvent associée à une cruche d’eau, d’où un rapprochement avec le signe du Verseau.
      15 Le Diable
La tyrannie, vice représenté par un Diable. On notera la symétrie existant avec la Tempérance, qui précède immédiatement : les deux personnages ont des ailes. L’un est lourdement habillé, l’autre est à moitié nu. Cet arcane est également à rapprocher de l’arcane 19, le Soleil, avec deux enfants placés devant un muret. Mais là encore le contraste est accentué : les enfants sont placés sous le Soleil dans l’arcane 19 et sous le Diable, dans l’arcane 15. On peut d’ailleurs se demander si l’ordre des arcanes n’a pas changé, empêchant de percevoir certaines convergences entre cartes initialement consécutives.
      16 La Maison Dieu
Transposition des semailles.
Gravure du Kunst Kiromantia de J. Hartlieb.
Voir aussi tableau de Brueghel l’Ancien, “Marguerite la Folle” (1562).
      17 L’Etoile
A rapprocher de la Sibylle (Gravure de la Pronosticatio de Lichtenberger).
      18 La Lune
Voir la Lune en astrologie.
      19 Le Soleil
Voir le Soleil en astrologie.
On peut y voir une symbolique des Gémeaux.
      20 Le Jugement
Gravure du Kunst Ciromantia de J. Hartlieb. Première gravure de la Pronosticatio de Lichtenberger.
      21 Le Monde
Transposition du signe de la Vierge.
L’Homme Zodiaque (anatomique) des Très Riches Heures du Duc de Berry.
      22 Le Mat (le Fou)
Voir La Sotte, en compagnie de la Mort, in Kalendrier des Bergères.
Gravure du Kunst Ciromantia de J. Hartlieb.

Récapitulatif de quelques sources des signes zodiacaux

Capricorne, pourrait symboliser le solstice du fait de l’attirance de la chèvre pour les sommets.
Verseau, iconographie de janvier, avec le repas, les vases. La composante humaine du tétramorphe. Le vase est un des attributs de la Tempérance (Tarot).
Poissons.
Bélier, symbole proche de la lettre gamma, utilisée pour signaler un point de départ.
Taureau, une des composantes du tétramorphe
Gémeaux (sic), iconographie de mai, avec les fiançaillles
Cancer, symbolique solsticiale par le fait que le crabe se déplacerait à reculons.
Lion, une des composant du tétramorphe. Un des attributs de la Force (Tarot)
Vierge, iconographie du mois d’août avec les moissons. Le motif de la faux est utilisé par une autre série, celle des maisons et celle du Tarot (la Mort)
Balance, un des attributs de la Justice (Tarot), symbole de l’équinoxialité. Initialement, partie de la constellation du Scorpion, désignée comme Chelles du Scorpion.
Scorpion : ce signe est redondant avec celui du Sagittaire car il évoque l’archer ou homme-scorpion. Par ailleurs, il occupe la place de l’Aigle, dans le tétramorphe.
Sagittaire (archer) : signe de la fin de l’année si elle commence au solstice d’hiver. L’arc tendu pourrait symboliser l’ouroboros, le serpent qui se mord la queue, ce qui correspond bien au passage du dernier au premier signe.

Notes

1 Cf. A. Jodorowsky, M. Costa, La voie du Tarot, Paris, Ed. Albin Michel, 2004, pp. 31-32. Retour

2 Cf. le cas de l’Ere du Verseau, article “Les effets du précessionalisme sur la tradition astrologique ancienne et moderne” in Encyclopaedia Hermetica en ligne. Retour

3 Cf. Les Gémeaux, trad. De l’italien, Paris, Ed. Du Vecchi, 1991, p. 11. Retour

4 Cf. aussi BNF Reserve Xylo 40. Retour

5 Cf. R. Lechner-Petri, Intr. Johannes Hartlieb Alexanderroman, Hildesheim, G. Olms, 1980, p. 6. Retour

6 Cf. F. Eisermann & E. Graf, Intr. Das Buch aller verbotenen Künste, des Aberglaubens und der Zauberer, 1989, p. 8. Retour

7 Cf. M. Battistini, Symboles et allégories, op. cit., p. 291. Retour

8 Cf. Le grand livre des Tarots, Paris, Solar, 1993, p. 56. Retour

9 Cf. BNF, Réserve pR 385. Retour

10 Cf. Edmond Pognon, Les Très Riches Heures du Duc de Berry, Minerva 1979. Retour

11 Année 1499, BNF Reserve V 1266 et V 275. Voir J. Vial, “Une édition du “Kalendrier des Bergères”, Gutenberg Jahrbuch, 1960. Retour

12 Trad. de l’anglais, Tournai, Ed. Gamma, 1977, p. 43. Retour

13 Cf. M. Battistini, Symboles et allégories, Paris, Hazan, 2004, p. 22. Retour

14 Cf. notre étude dans la revue Ayanamsa, en ligne et dans notre article “Astrologie” de l’Encyclopaedia Universalis. Retour

15 Cf. M. Battistini, Symboles et allégories, op. cit., p. 103. Retour

16 Cf. L’Astrologie, op. cit., p. 49. Retour

17 Cf. “Les prophéties de Nostradamus. Suivez la Guide”, Réforme Humanisme et Renaissance, 23, 1986. Retour

18 Cf. notre étude in Mathématiques Divinatoires, Paris, Trédaniel, 1983. Retour

19 Cf. le Tarot dit de Mantegna, qui a fait l’objet d’une édition critique de Giséle Lambert, du service des Estampes de la Bibliothèque Nationale, Garches, 1985. Retour

20 Cf. aussi, en 1983, notre chapitre sur le Tarot, in Mathématiques Divinatoires, Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel. Retour

21 Cf. P. Christian, Histoire de la Magie et du Surnaturel, réédition, Paris, Artefact, 1986. Retour

22 Cf. I. Othenin Girard, Les Gémeaux, Paris, France-Loisirs, 1992. Retour

23 Cf. Les Gémeaux, Ed. Du Vecchi, op. cit., pp. 16, 37, 51, 140. Retour

24 Cf. M. Battistini, Symboles et allégories, op. cit., pp. 47-59. Retour

25 Cf. M. Battistini, Symboles et allégories, op. cit., pp. 299-303. Retour

26 Cf. M. Battistini, Symboles et allégories, op. cit., p. 288. Retour

27 Cf. notre “Contre-encyclopédie nostradamique”, sur Espace Nostradamus. Retour

28 Cf. M. Battistini, Symboles et allégories, op. cit., pp. 202 et seq. Retour

29 Cf. M. Battistini, Symboles et allégories, op. cit., pp. 168-169. Retour

30 Cf. nos travaux sur les étoiles fixes, sur Encyclopaedia Hermetica en ligne, rubrique Astrologica. Retour

31 Cf. “Le Zodiaque comme interface entre deux astrologies” et “Astrologues et anti-astrologues en mal de modèles adéquats”, Encyclopaedia Hermetica en ligne. Retour

32 Cf. le célèbre tableau (1821-1823) de Goya, au Prado. Retour

33 Cf. notre étude “La crise de l’astrologisme”, Encycopaedia Hermetica en ligne. Retour

34 Cf. les études sur Espace Nostradamus, site Ramkat.free.fr. Retour

35 Cf. C. Darche, Le grand Livre des Tarots, op. cit., p. 16. Retour

36 Cf. “La crise de l’astrologisme”, Encyclopaedia Hermetica, rubrique Astrologica. Retour

37 Cf. “La crise de l’astrologisme” et “Nostradamisme et astrologisme devant la critique”, Encyclopaedia Hermetica en ligne. Retour



 

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