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HYPNOLOGICA

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La dualité homme / femme et les effets épistémologiques
de la dialectique sujet / objet

par Jacques Halbronn

    La femme - avons-nous exposé dans d’autres textes - est marquée par le sujet plus que par l’objet et ce serait l’inverse, à notre avis, pour l’homme, ce qui induit les processus d’identification et de projection. On essaiera notamment à la lumière de ce modèle de réfléchir sur la formation du couple.

   Si pour l’homme l’objet prime sur le sujet, cela signifie que quelque part l’homme devient l’objet auquel il est confronté, s’identifie à lui plutôt qu’il ne se projette sur lui, car la projection serait lié au primat du sujet sur l’objet.

   La femme, pour sa part, aurait tendance à relativiser l’objet par rapport au sujet au point que l’objet devienne indifférent sinon indifférencié, tant ce qui compte est la permanence du sujet.

   Cette permanence se manifeste par un ensemble d’habitudes que la femme s’est assignées, une sorte de grille, de filtrage du monde extérieur. Le sujet ne perçoit de l’objet que ce qui lui importe, que ce dont il a usage ou besoin, ce qui renforce son caractère secondaire voire aléatoire.

   A contrario, chez l’homme, l’identification à l’objet le conduit à lui accorder la plus grande importance puisque cet objet pèsera lourdement sur le sujet. Ici, c’est le sujet qui s’adapte à l’objet et non l’inverse, ce qui est assez fusionnel.

   Mais cette sensibilisation à l’objet exigera sa dynamisation, c’est-à-dire à terme son évolution, sa transformation puisque c’est en l’objet que la vitalité, que l’esprit, si l’on veut, demeure, réside, et non dans le sujet.

   Pour l’homme, donc, le progrès qui est la marque même de la vie, passerait par un changement de l’objet ou du moins de la perception que l’on en a, voire par une instrumentalisation, au sens de la création d’un lien entre le sujet et l’objet qui modifie la nature de l’un comme de l’autre, ce qui est distinct de l’instrumentation qui relèverait plutôt de la stratégie du féminin.

   Dans la formation du couple, la question pour la femme est le choix de l’objet, en l'occurrence l’homme, dont elle sera le sujet, c’est à dire qu’elle fera pénétrer physiquement et psychiquement dans le monde qu’elle s’est construit et qui est d’abord elle-même en tant que sujet. L’élaboration du moi féminin serait, selon nous, plus sophistiquée que celle du moi masculin, ce qui contribue d’ailleurs à son caractère inclassable et à des incompatibilités au sein d’un collectif exigeant un brassage et une focalisation sur l’objet, sur l’objectif.

   En revanche, du point de vue de l’homme, le choix du partenaire qui passe par une forme d’identification impliquerait un processus que l’on pourrait qualifier d’amoureux et qui conduit notamment à l’instauration d’un lien, d’une symbiose, dès lors que le sujet se reconnaît dans l’objet, que l’homme se retrouve dans “sa” femme. Cela exige de la voir selon un spectre particulier qui n’est pas pour autant celui du sujet mais qui est une sorte d’appropriation, de possession, d’annexion.

   On conçoit donc que la séparation du sujet avec l’objet ne se déroule pas de la même manière selon qu’il est question de l’homme ou de la femme. Cette séparation / rupture, chez la femme, ne remet pas, a priori, en question le sujet qui ne s’est pas transformé au contact de l’objet mais en même temps le regard de l’homme sur la femme est susceptible de l’avoir transformée, ce qui d’ailleurs ne cessera pas avec la séparation.

   Inversement, la séparation chez l’homme avec l’objet d’amour aura des effets d’un autre ordre puisque l’homme aura canalisé au travers de l’objet un certain principe vital qui finira par le dépasser et à exister sans lui, tout en s’originant peu ou prou en lui.

   Dans quelle mesure l’homme doit-il ou peut-il, au demeurant, changer d’objet ? La coupure ne saurait être aussi nette que chez la femme, puisqu’il a beaucoup investi dans l’objet féminin et qu’il l’a dynamisé. L’homme continuera à exister au travers des objets par delà même la séparation dans la mesure où ceux-ci sont porteurs d’une partie de lui-même, qu’ils ont été ensemencés par lui.

   On dira que le sujet est le contenant et l’objet le contenu. Pour l’homme, le contenu importerait plus que le contenant tandis que pour la femme, le contenant- donc le sujet - serait prioritaire.

   Les femmes constituent une société de sujets différents, ayant des positions distinctes, face à des objets indifférents et perçus à tort ou à raison comme figés, en tout cas comme plus ou moins définis. Les hommes, quant à eux, sont en mesure de converger collectivement sur un même objet qui sera voué à des transformations. Autrement dit, l’objet est un facteur de convergence pour les hommes du fait même qu’il n’est pas figé donc peut évoluer en phase avec les représentations du collectif masculin. En revanche, c’est autour du sujet que les femmes convergeront, puisque l’objet est figé, on pense notamment aux phénomènes de mode, aux représentations qu’elles se font collectivement d’elles-mêmes et de leur devenir.

   Cela expliquerait pourquoi les femmes se passionnent tellement pour le devenir des femmes voire de l’Humanité tandis que les hommes se passionnent pour la Science, la transformation de la matière, c’est-à-dire l’objet.

   Les femmes sont persuadées, collectivement, que le sujet n’est pas figé, c’est-à-dire que ce qui est humain peut se modifier pourvu qu’on en prenne la peine tandis que les hommes voient plus le progrès au niveau technologique, scientifique et cherchent avant tout à étudier la nature humaine comme quelque chose de plus ou moins établi une fois pour toutes.

   On assiste là à un clivage épistémologique : d’une part les Sciences dures vouées au progrès et de l’autre les Sciences molles dont on recherche les constantes et les invariants. Les unes sont marquées par l’objet, les autres par le sujet. Pour les femmes, le progrès passe aussi et peut être surtout par la transformation du sujet humain alors que pour les hommes, la priorité passe par l’appréhension du sujet Homme - au sens large d’homme / femme - tel qu’il est avant d’envisager son dépassement.

   Les hommes auront tendance à minimiser ce qui serait susceptible de changer au niveau du sujet, d’où l’importance, a contrario, que les femmes accordent au plan religieux, au spirituel, à la psychanalyse, au karma, au yoga, etc. Les femmes ne s’intéressent que médiocrement à l’objet, d’où leur participation somme toute assez marginale à l’Histoire des Sciences dures et à l’approfondissement, la recherche, des lois qui régissent l’objet.

   Nous avons, pour notre part, souvent ironisé sur les problématiques de changement de statut, de dépassement des clivages et, ce faisant, à la lumière des présentes analyses, nous avions adopté une posture spécifiquement masculine. Mais nous avons également reconnu qu’il existait des phases qui facilitaient un tel dépassement et que l’on pourrait désormais qualifier de féminines ou de phases du sujet par opposition à des phases de l’objet.

   Il est vrai que nous éprouvons quelque réticence à parler des transformations pouvant affecter le sujet - c’est à dire l’Homme alors que le problème ne se pose pas vraiment en ce qui concerne ce qui peut affecter l’objet, à commencer par l’instrumentalisation du monde par l’Homme, à commencer par celle des astres. A la rigueur, on parlera d’un changement de conscience, de connaissance plutôt que d’une modification intrinsèque.

   En revanche, du côté féminin, l’idée que l’Homme soit parvenu à transformer le monde semblera assez étonnant. Les êtres marqués par le féminin préfèrent imaginer un monde immuable, dont les significations seraient établies voire figées une fois pour toutes, c’est à dire de toute éternité, ce qui peut conduire à affirmer l’existence de Dieu ou d’un plan cosmique déterminé dès l’origine des temps et sur lequel l’Homme n’aurait pas d’incidence. Pour notre part1, l’environnement humain s’est modifié au contact de l’Homme.

   Il semble, donc, que coexistent et s’affrontent deux épistémologies complémentaires et qui se croisent sur le plan de la dialectique sujet / objet. Il nous apparaît éminemment souhaitable de commencer à s’en rendre compte.

   Pour notre part, nos propos se situent dans une problématique foncièrement masculine et la problématique que nous avons dans notre collimateur peut être qualifiée de féminine. Si on fait le bilan de la recherche, au XXe siècle, on note une forte progression dans la transformation de l’objet (non humain) et des sciences humaines - donc concernées par le sujet - qui sont souvent entachées d’une certaine idéologie politique qui est la marque d’une volonté de changement plus que d’analyse.

   Sont en recul, inversement, les approches qui viseraient à figer le monde : d’une part on n’a guère avancé dans l’étude des fondements des clivages qui sous tendent nos sociétés et d’autre part, l’idée d’une permanence de notre rapport à l’univers semble de plus en plus contestée, notamment au travers des attaques contre l’astrologie avec son monde d’en base en analogie avec le monde d’en haut.

   En ce qui concerne le premier volet, celui de la mise en évidence du découpage structurel des sociétés, nous pensons avoir apporté quelque contribution. En revanche, nous avons largement insisté sur le fait que ces structures n’avaient pas existé de tout temps et qu’elles étaient donc l’expression d’un changement majeur -en terme d’instrumentalisation - qui se serait perpétué et pérennisé, y compris dans le rapport que nous entretenons avec les astres lesquels ne sont porteurs d’aucune signification en soi, autre que celles que nous avons convenu de leur assigner et ce contrairement à ce que d’autres affirment.

   Il semble donc que désormais le débat épistémologique soit quelque peu clarifié à la lumière de la dialectique du masculin et du féminin, de l’objet et du sujet. D’une certaine façon, les positions antagonistes seraient pertinentes, l’une comme l’autre, ce qui introduirait un évident relativisme épistémologique, dans la ligne de la théorie des quanta.

Jacques Halbronn
Paris, le 23 février 2003

Note

1 Cf. notre étude “La pensée astrologique”, in Histoire de l’Astrologie de S. Hutin et J. Halbronn, Paris, Artefact, 1986, pp. 38 et seq, et S. Fuzeau-Braesch, L’Astrologie, la preuve par deux, Paris, R. Laffont, 1992, pp. 160 - 161. Retour



 

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