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HYPNOLOGICA

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Splendeur du sujet et transcendance de l’objet :
la question du couple

par Jacques Halbronn

    Le “nous” est interface entre le sujet et l’objet. Par ce “nous” on passe donc de l’un vers l’autre et cela dans les deux directions. Le “nous” n’est plus ni tout à fait le sujet ni tout à fait l’objet.

   Dans le couple, la femme incarne le sujet et l’homme l’objet. Précisons ce que nous entendons par là. La femme rappelle à l’homme l’importance du sujet tandis que l’homme rappelle à la femme celle de l’objet. Comment dans ce cas le rapport de la femme à l’homme serait-il le même que celui de l’homme à la femme, même si, précisément, l’un et l’autre, la femme et l’homme, vont se rejoindre dans le couple en tant que projet ?

   Dire que l’homme est marqué par l’objet, cela signifie, pour nous, qu’il s’intéresse plus au contenu qu’au contenant, qu’il se préoccupe de ce qui est commun, de la res publica (la république), qu’il s’y dissout, en quelque sorte, en tant que citoyen quasiment anonyme qui ne vaut que par sa contribution à l’ensemble, dont n’émergeront que quelques personnalités remarquables comme résultante de cet ensemble. Beaucoup d’appelés et peu d’élus.

   Dire que la femme est marqué par le sujet, cela signifie que chaque femme est un monde qui veut exister en tant que tel et cette réalité du sujet n’est pas ici une résultante mais un point de départ. En ce sens, la femme est la manifestation de la splendeur du sujet, celle qui résiste à l’attraction du melting pot.

   Nous dirons que l’homme importe par ce qu’il représente tandis que la femme importe par ce qu’elle évoque. Une femme choisit donc un homme au regard du monde auquel elle souhaiterait appartenir tandis que l’homme choisit la femme par la résonance qu’elle provoque en lui. Dans un cas, l’approche - celle de la femme - serait plus sociologique : qui est-cet homme, dans quel milieu évolue-t-il ? Dans l’autre, celle de l’homme, serait plutôt psychologique: qu’est ce que cette femme m’inspire, en faisant abstraction de son arrière-plan social ?

   La femme veut pénétrer au travers de l’homme dans un certain espace tandis que l’homme cherche à s’unir à elle, il a en cela plus le sens du couple, du tête à tête, tandis que la femme percevrait l’homme dans un contexte plus large, c’est à dire le collectif qui est le sien, sa famille, ses diverses allégeances.

   Et de fait, un homme n’existe pas tant comme individu que comme partie d’un ensemble, son moi n’est pas structuré de la même façon que celui de la femme, lequel est plus autonome.

   Ce qui fascine l’homme chez la femme, c’est cette autonomie de l’ego, cette aptitude à exister hors contexte, en tant qu’individu à part entière, au milieu d’autres individus. Ce qui fascine la femme chez l’homme, c’est a contrario qu’il puisse s’identifier à un ensemble qui le dépasse, que pour lui l’union fasse la force et qu’il ne s’appuie pas sur ses seules ressources personnelles.

   Il y aura donc envie de couple quand ce qu’un homme représente, de fait, et ce qu’une femme symbolise, virtuellement, correspondent aux attentes respectives.

   Ainsi, paradoxalement, chaque sexe sera averti des valeurs de l’autre sexe et sera conduit à savoir les jauger en connaissance de cause et c’est en cela que l’on pourrait dire qu’il y a du masculin chez la femme et du féminin chez l’homme. Attente du masculin chez la femme et du féminin chez la femme.

   Inversement, si une femme ne souhaite pas adhérer à ce que l’homme représente, il ne serait pas souhaitable qu’elle se référât à lui avec les yeux d’un homme, c’est-à-dire au seul niveau symbolique. De même, si un homme ne parvient pas à conférer du symbolique à une femme, cela ne saurait être compensé par ce que cette femme représente. Autrement dit, un homme n’est pas censé percevoir une femme avec les yeux d’une femme et vice versa. Il y aurait là une fausse entente : la femme n’aurait que faire des clefs que l’homme lui offre et l’homme n’aurait que faire d’une image qu’il n’assumerait et qu’il ne s’approprierait pas.

   Comment un couple va-t-il évoluer, dès lors qu’il y a cette entente préalable que nous avons décrite plus haut ? La femme devra “épouser” les valeurs du groupe auquel “son” homme appartient, dont il est en quelque sorte l’émanation pour elle, l’interface. L’homme tendra à renforcer son individualité par le fait même qu’il est en couple et qu’ainsi il résiste aux tropismes fusionnels avec le monde dont il relève, ce qui renforcera la visibilité de l’homme.

   Problématiques inverses, par conséquent: la femme sera entraînée par des forces centripètes masculines tandis que l’homme sera aux prises avec des forces centrifuges féminines.

   On dira donc que l’homme, sans femme, parvient mal à se différencier par rapport à ses collègues, aspiré qu’il est par ses engagements, par ses dévouements tandis que la femme sans homme est marginalisée par rapport aux vrais enjeux de son temps et risque de rester sur une voie de garage, avec un certain sentiment d’exclusion.

   On n’a pas assez insisté sur le fait que l’intégration sociale de la femme passait par “son” homme. Il n’est pas ici question d’une intégration minimale dans le système socioprofessionnelle basique mais d’une intégration au plus haut niveau, en pointe. Et on ne sera pas surpris que dans ce haut de gamme, les femmes soient restées à la traîne. L’important en effet est de se brancher sur un collectif, c’est à dire de passer du sujet à l’objet.

   Revenons sur des notions que nous avons déjà cernées, dans d’autres études1 : passer du sujet à l’objet, cela signifie s’impliquer dans une action commune, partager avec d’autres le même objet d’investigation, accepter le brassage d’idées et surtout admettre une certaine hiérarchisation naturelle qui fait qu’il y a des différences dans la capacité à traiter d’un même objet, bref se situer sur un mode comparatif, ne pas se crisper sur un ego craignant de se mêler et de se perdre, comprendre que l’ego est conféré par le groupe, selon ses mérites et ses performances, et n’est pas une donnée première garantie sur facture et intangible, correspondant à un territoire bien circonscrit.

   A l’inverse, passer de l’objet au sujet, c’est affirmer que l’on a des droits minimaux en tant qu’individu, par delà ses propres réalisations et réussites, comprendre que l’autre n’est seulement un concurrent qu’il faut dépasser mais qu’il existe aussi en tant que personne, en tant qu’entité respectable.

   Certaines femmes n’arrivent pas à comprendre comment un individu peut s’imposer par rapport à un autre, sinon arbitrairement et interrogent : mais qui décide qu’Un Tel est meilleur qu’un autre ? Cela restera une énigme tant qu’elles ne seront pas passées du sujet à l’objet, c’est-à-dire qu’elles n’auront pas compris certains processus d’interdépendance et d’interaction. Certes, il y a de grands génies qui se sont imposé et dont la personnalité est très affirmée mais c’est l’exception qui confirme la règle : pour un personnage d’une telle envergure, combien de personnages oubliés, broyés par le système mais néanmoins indispensables à la dynamique d’ensemble dont les “grands hommes” sont la résultante, du moins tant que la dite dynamique ne souffre pas de dysfonctionnements !

   On concevra qu’il y a un juste milieu à trouver entre des positions excessives et c’est dans le couple, probablement, que l’on apprend à rechercher un équilibre sans que les valeurs masculines n’écrasent les féminines et vice versa. C’est bien entendu dans le respect mutuel d’impératifs opposés et dont les intéressés n’ont pas nécessairement une claire conscience, que la relation de couple se révèle féconde.

   On notera à quel point les mots “objet” et “sujet” prêtent à confusion : ne dit-on pas un sujet d’étude et un objet de réflexion, ce qui laisserait entendre que les deux termes sont synonymes ? Tout comme les termes subjectif et objectif, d’ailleurs, d’autant que le terme “objectif” est synonyme de projet et il est vrai que la quête de l’objet renvoie au futur ! Il ne s’agit pas de dire que l’homme est objet et la femme sujet mais que l’homme s’intéresse plus à l’objet, c’est-à-dire à ce qui est perceptible synchroniquement par le plus grand nombre, à l’instar du ciel, du futur, qu’au sujet qui est un rapport de proximité immédiate avec soi-même et que c’est l’inverse pour la femme mais en même temps, l’homme recherche en la femme cette primauté du sujet et vice versa de la part de la femme envers l’homme. L’Humanité n’a cessé de poursuivre, de chasser en meute, certains objets et ceux qui ont ramené les plus beaux trophées sont ceux que l’on nomme héros.

   Sur la question de l’égalité, l’homme et la femme ont des approches bien différentes : pour les femmes, l’égalité implique que chacun ait le droit à la différence, est incomparable, est une fin en soi, alors que pour les hommes, l’égalité signifie que nous vivons dans un seul et même espace, que nous sommes dans le même bateau.

   Le mariage semble être une invention des hommes pour contraindre les femmes à assumer le futur quand bien même celui-ci se déroberait à la conscience, en tant que tabula rasa (table rase). Le mariage est aussi le fait de contraindre les femmes à l’appartenance à une société, à une tribu, dont elle n’est qu’un membre parmi d’autres. La crise du mariage affaiblit la femme - même si cela renforce son ego - et l’éloigne des valeurs masculines, de fusion et de participation, et curieusement, c’est précisément à ce moment là que la femme se prétend l’égale de l’homme. Or, le problème, c’est que c’est en se rapprochant de l’homme que la femme le rejoint et peut entrer dans son territoire, non pas en s’en séparant.2 Est-ce à dire pour autant que l’homme vit bien le mariage en ce qu’il a de figeant sur le plan relationnel ? Est-ce que la polygamie ne lui convient pas davantage avec ce qu’elle permet à la fois de renouvellement et de permanence ? A cela s’ajoute la question du vieillissement3 qui risque d’ôter à femme, de la priver, de la dépouiller de cette splendeur du sujet dont nous parlions ? Le problème ne se pose pas de la même façon pour l’homme, ce qui expliquerait pourquoi ses oeuvres “vieillissent” souvent mieux que celles de la femme, au regard de la postérité. L’homme, on l’a dit, est partie d’un ensemble spatio-temporel dont il n’est pas nécessairement le centre tandis que la femme est de l’ordre de la centralité.

   On comprend, dès lors, la coutume de l’exogamie, c’est à dire le fait pour une femme de se marier à l’extérieur de sa “tribu” d’origine: la femme existe en tant qu’individu, par delà son appartenance sociale d’origine, ce qui n’est pas le cas de l’homme, dont l’individualité est d’un autre ordre, qui ne se résume pas à lui-même.

   En définitive, il nous semble que sans le préalable d’une formalisation de ce qui distingue l’homme de la femme, par delà ce qui les désigne visuellement comme tels, toute réflexion qui engloberait indistinctement les deux genres serait vaine. Ce qui est bon pour l’homme n’est pas forcément bon pour la femme, ce qui fait problème pour l’un n’est pas vécu comme tel par l’autre. Et cela vaut bien entendu pour l’éducation des garçons et des filles, notamment avec la généralisation de la mixité. Il ne faut pas mettre la charrue avant / devant les boeufs : la relation de couple ne fait sens que si tant l’homme que la femme ont une idée de ce qui les distingue dans leurs motivations et de la complémentarité qui les rend nécessaires l’un à l’autre. Mais il ne suffit pas de parler de complémentarité comme si l’on disait que l’on est mieux armé avec deux mains qu’avec une seule, sans savoir même distinguer la gauche de la droite. Etre deux, ce n’est pas simplement additionner un plus un.

Jacques Halbronn
Paris, le 23 mars 2003

Notes

1 Sur le Site Ramkat.free.fr et sur le Site Faculte-anthropologie.fr. Retour

2 Cf. notre article sur la “féminisation du monde”, sur le Site Ramkat.free.fr. Retour

3 Cf. Ronsard : “Quand vous serez bien vieille... ” Retour



 

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