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La femme et la conscience |
La femme a-t-elle un rapport direct avec le monde ou ne perçoit-elle le monde que par quelque biais, celui de signes ou plutôt de signaux ? On distinguera ici signal, au sens de message univoque s’adressant à une personne et le signe qui est une information complexe à découvrir et dont le décryptage n’engage que celui qui s’y adonne.
Cette opposition entre signe et signal nous semble déterminante et la confusion entre ces deux niveaux est source de bien des quiproquos.
Prenons le cas d’émigrés vivant en France : ils sont en quête de signaux plutôt que de signes. Cela se comprend: ils veulent être sûrs de ce qui se dit et se passe alors que dans leur pays d’origine, ils agissaient tout autrement et étaient capables de se faire une idée d’une situation par eux-mêmes, sans avoir besoin qu’on leur mette les points sur les i.
Cette attente du signal est aussi un besoin qu’on s’adresse à lui, l’émigré, parce que lui n’est pas en phase avec ce qui se passe au sein d’un systèmes de signes auquel il n’est pas formé, ni en tant qu’émetteur, ni en tant que récepteur.
Mais généralement, au lieu de reconnaître qu’il n’est pas à la hauteur, il va accuser les autres de ne pas être clairs, cherchant ainsi à renverser le rapport de forces et devenant celui qui donne les bons points. Ce sont les autres qui ne sont pas assez ceci ou assez cela, alors que lui, l’émigré, n’a rien à se reprocher, puisqu’on ne lui envoie pas les bons signaux en temps et en heure. Au fond, cet émigré idéalise la société d’accueil et cela commence avec l’apprentissage du nouveau langage qu’il appréhende comme un système simple de signaux, un mot répond à chaque chose et vice versa, oubliant que dans sa langue maternelle, ce n’est pas le mot isolé qui compte mais le contexte tant sémantique que culturel. Cet émigré ne se rend pas compte qu’à des fins didactiques, on commence par lui parler dans un registre qui n’est pas celui de la vraie communication. A un moment donné, il faudra qu’il y ait sevrage, c’est-à-dire précisément passage du signal au signe.
Pour en revenir à la femme, nous dirons qu’elle n’est jamais complètement sevrée par rapport à son besoin de signaux. Or, il n’y a signal que s’il y a volonté de communiquer. Si je fais (signe) une chose, à chacun d’interpréter; en revanche, si je dis (signal) quelque chose, j’ai forcément exprimé ma vérité. Comme dit l’adage : n’avouons jamais car l’aveu met fin à toute tentative de comprendre par soi-même la vérité de l’autre, il fait écran.
Dans la vie quotidienne, il n’y a en réalité que très peu de signaux explicites et univoques; dans la plupart des cas, on suppose, on devine, on interprète avec son bagage intellectuel et culturel. Chacun comprend ce qu’il peut. On n’est pas à égalité devant le langage, sauf si l’on change les mots en signaux par rapport auxquels on se croit en mesure de réagir et qui ne nous laissent pas dans l’expectative comme le feraient des signes. Quand on croit être en face d’un signal, on ne se demande pas qu’est-ce que l’autre a voulu dire mais comment on se doit de réagir à ce qui a été dit ? Généralement, le non dit n’est pas perçu comme un signal alors qu’il peut être un signe.
Il nous semble, dans notre tentative pour consciencialiser la femme, que celle-ci considère que nous ne maîtrisons pas ce que nous disons. Combien de fois avons-nous entendu une personne nous dire ce que nous avons voulu dire quand bien même l’assurions-nous que tel n’était pas le cas ! Comme si l’idée que la vérité s’exprimait à notre insu et de façon explicite était un postulat de la communication. C’est comme si l’on voulait nous déposséder de nos signes pour en faire des signaux.
Pour la femme, chaque mot compte et une fois que le mot est émis, il pèse son pesant de sens et enclenche un engrenage. Tout se passe comme si la femme, de par son caractère réactionnel, avait besoin de voir les choses ainsi pour pouvoir exister, pour avoir son mot à dire. Faute de quoi, craint-elle, si elle se laissait submerger par le monde des signes, si elle en admettait la dimension occulte, elle serait vite débordée et dépassée. C’est d’ailleurs pour cela que les femmes sont fascinées par l’astrologie, par le thème astral, qui mettent les gens en équations, qui parlent à leur place.
Il y aurait chez la femme comme une difficulté à plonger dans l’océan des signes, la peur de s’y perdre d’où sa tentative de transmuter le signe en signal parlant à la place de l’autre et sur lequel l’autre, en définitive, ne pourrait exercer un contrôle susceptible de brouiller le message.
Et de fait, la femme accorde la plus grande importance à la franchise, ce qui implique l’expression de signaux s’adressant à elle. La franchise, au fond, c’est la parole affranchie, libérée de sa complexité et de son opacité. La vérité du signal prime sur la réalité du signe. En fait, cette franchise consisterait simplement à se vider sans censure, à laisser se dire son ressenti en lui accordant d’ailleurs volontiers une importance exorbitante comme si ce qui était dit sans réfléchir accédait à une autre vérité que la sienne propre. Or dire la vérité n’est nullement dire le vrai.
La femme ne veut pas comprendre que même si l’on formule une chose d’une certaine manière, cela ne veut pas dire que cela soit le dernier mot. On peut fort bien se rendre compte qu’on s’est mal exprimé mais cette déclaration passe mal auprès des femmes car où irait-on si le signal pouvait changer d’un moment à l’autre ? La femme ne comprend pas ou ne veut pas comprendre que nous en sommes nous-mêmes à décrypter nos propres signes et ce avec plus ou moins de bonheur. Et surtout, elle ne se rend pas compte que nous n’avons pas constamment besoin de réagir et de savoir ce qui est dit: au nom de quelle urgence une telle impatience ? En ce sens, la femme nous semble être constamment sous pression ou plutôt d’avoir besoin de l’être ou de croire l’être. Plus le propos est abstrait, plus les signes sont en suspens, et plus la femme est déboussolée et ne sait sur quel pied danser. Elle tend à fuir ce genre de cénacle ou à faire évoluer la communication vers des zones qui lui soient plus familières et somme toute plus rassurantes pour son entendement.
L’avantage de rester au niveau de signes dont le sens ne ressort que du fait d’une interprétation toujours discutable et discutée est le corollaire d’un moi masculin moins cloisonné que le féminin, ce qui facilité la réflexion en commun et non pas simplement la juxtaposition des propos, chère à la femme et à l’émigré. La femme a tendance à percevoir autrui de façon plus caricaturale que l’homme, ce qui d’ailleurs, nourrit une certaine forme d’humour. Le monde quand on ne le comprend pas ou mal est dérisoire.
Il nous apparaît, en tout cas, que la femme est mal consciencialisée. Consternantes le plus souvent les propositions qu’il faut entendre sur elle-même et émanant d’elle. Il est temps de comprendre qu’il n’est pas nécessaire d’être une femme pour parler des femmes pas plus qu’il n’est nécessaire d’être un astre pour en parler mieux que lui-même ne le ferait, de par son faible degré de consciencialité. La conscience est une denrée des plus rares mais pour paraphraser Descartes, c’est la chose du monde la mieux partagée puisque personne ne se plaint jamais d’en manquer. Par bon sens, René Descartes ne voulait-il pas dire conscience ?
La carence de conscience est le propre de ceux qui ne veulent pas savoir ce qu’ils sont mais qui veulent devenir l’autre, y compris avec sa conscience, ce sont ceux que l’on instrumentalise, du fait que leur en soi est flou. Certes, toujours avec Descartes, cogito ergo sum. Mais le cogito n’est pas la conscience au sens, en tout cas, où nous l’entendons à moins de le réserver à un véritable acte de penser. La conscience dont il est question ici n’est pas un état de conscience, plus ou moins intemporel et abstrait ou un sentiment d’exister, au sens du Soi hindou, elle est une conscience exigente, insatisfaite par rapport à ce qui se passe et qui nous échappe - conscience au fond d’un manque inévitable au sein d’une science qui tend à se figer en un savoir; en ce sens, la conscience a pour effet de redonner vie à un discours mort, de lui permettre de reprendre conscience. Le mot conscience évoque l’éthique (bonne ou mauvaise conscience) et de fait la conscience vive ne peut être une conscience satisfaite.
La femme nous intéresse, précisément, par son rapport à la conscience : sait-elle qui elle est ? Disons d’emblée que les cas d’inconscience sont légion si ce n’est la règle et qui nous dit d’ailleurs que l’on peut devenir conscient parce que quelqu’un nous a expliqué quelque chose à notre sujet, tout au plus est-on alors conscientisé, ce qui est plus un état passif qu’actif. La femme certes sait empiriquement ce qu’elle est en tant que femme, si on oppose science à conscience. En fait, elle sait - et répète - ce qui se dit sur les femmes. En fait, la femme instinctivement attend qu’on lui dise / dicte ce qu’elle est; elle ne se pense pas par elle-même et même lorsqu’elle parle de la femme, elle en parle sur la base de on - dits alors que celui qui est conscient est capable de réflexivité mais aussi d’être la conscience de l’autre, ce qui signifie qu’il sait mieux que l’autre lui-même ce que cet autre est, c’est-à-dire comment il fonctionne, en ce qu’il déchiffre des signes et n’attend pas que l’on lui explique tout. Au vrai, cet intérêt pour les signes chez l’homme n’est-il pas la preuve qu’il fréquente ceux qui ne sont pas conscients et qui ne peuvent lui expliquer qui ils sont tandis que chez la femme le rôle des signaux serait la preuve d’une dépendance conscientielle à l’égard de celui qui est supposé savoir, pour reprendre une formule de Jacques Lacan ?
Autrement dit, l’importance que la femme accorde aux signaux trahit son manque de consciencialité, c’est-à-dire son inaptitude à connaître l’autre en manque de conscience. La femme est donc habituée à avoir affaire avec l’autre en tant que conscientiel ou consciencialisant. Ce qui définit la femme, ce n’est point tant qu’elle ne soit pas consciente mais qu’elle n’est pas consciente de l’autre si cet autre ne l’aide pas, par des signaux, à être consciente d’elle et des autres, ce qui quelque part revient au même. Cette absence de conscience conduit à un besoin, pour elle, d’être reconnue par l’autre.
Bien entendu, quand nous disons l’autre, nous ne parlons pas uniquement des êtres humains mais en fait, a fortiori, de tout objet de science, encore moins susceptible de lui envoyer des signaux! La croyance en l’astrologie, chez la femme, ne serait-elle pas aussi liée à l’idée selon laquelle les astres lui enverraient des signes (du zodiaque) ? La femme humanise ce faisant le monde, c’est-à-dire en fait qu’elle voudrait, plus encore que de l’être elle-même, que le monde fût à l’image de l’homme mais ce faisant elle montre qu’elle n’est pas homme et qu’elle n’a pas vraiment envie de l’être ou plutôt qu’elle ne sait pas vraiment ce que cela implique que de l’être, n’étant pas en mesure de le connaître, c’est-à-dire de le consciencialiser.
Jacques Halbronn
Paris, le 20 avril 2003
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