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Le couple entre la vie et la mort |
Il y a peu encore, nous avions l’habitude de nous étonner du fait qu’alors que nous vivons dans un monde technologique où aucun signe n’est gratuit, en revanche, nous ne respections pas le plus souvent les signifiants liés aux êtres humains, physiquement parlant voire culturellement parlant.
En réalité, la façon dont les signifiants fonctionnent au niveau des machines est sensiblement différente de celle dont les signifiants proprement humains sont élaborés.
Et, en réalité, c’est la conception machine des signifiants qui est en train d’envahir notre psychisme et notre représentation de nous-mêmes.
Autrement dit, les évolutions que nous avons observées et dénoncées en matière de déni ou de relativisation des signifiants seraient liées à la révolution industrielle.
Expliquons-nous : dans la machine, le signifiant et le signifié sont intimement associés, la constitution d’un signifiant est une simple formalité. Il suffit de mettre en place un signal, d’installer un bouton d’une certaine couleur et le tour est joué. En fait, dans le cas de la machine, signifiant et signifié ne font quasiment qu’un, c’est d’ailleurs peut-être ce qui la caractérise. Encore que l’on puisse trouver des machines dont on ignore ou dont on a perdu le mode d’emploi mais dans ce cas elles ne fonctionnent pas.
Or, dans le cas des sociétés humaine, les choses se font mais on ne sait pas toujours qui est en charge. Autrement dit, les machines humaines se déclenchent toutes seules et c’est pourquoi elles ne sont pas nécessairement identifiées quant à leurs fonctions respectives, puisque personne n’est là pour les mettre en service.
On nous fera remarquer que si tout marche ainsi tout seul, à quoi bon se fatiguer à en savoir plus, à déterminer qui fait quoi ? En principe, il est vrai qu’il n’y aurait pas trop de quoi s’inquiéter, du moment que cela tourne. Nous répondrons que l’approche scientifique et singulièrement conscientielle consiste précisément à chercher à comprendre ce qui se passe et quel est le rôle de chaque signifiant. Bien plus, on peut probablement optimiser le système en en cernant mieux le fonctionnement. Enfin il y a un risque que l’on puisse compromettre la bonne marche su système en ne surveillant pas d’assez près ses principaux rouages : imaginez qu’il y ait un dysfonctionnement, on ne saurait pas où intervenir ! Au fond, il s’agit de constituer une véritable ingénierie des sociétés humaines. Il est clair qu’une approche purement quantitative n’est plus acceptable : si l’humanité s’articule sur plusieurs fonctions, cela implique qu’elle soit structurée en plusieurs populations suffisamment bien repérables, ce qui implique donc une approche qualitative, où il faut savoir à qui l’on a affaire. Faute de quoi, il y a risque que des populations jouant un rôle déterminant disparaissent ou ne soient plus repérables.
Les êtres humains ne sont donc pas, stricto sensu, des machines au sens moderne du mot, qui implique un certain manque d’autonomie. En revanche, ce sont des machines en quelque sorte en mouvement perpétuel, puisque se reproduisant et dont l'ingénierie, on l’a dit, laisse à désirer et fait preuve d’une certaine incurie.
Les machines constituées par les êtres humains sont en effet d’un autre type1 où le signifiant est en quelque sorte séparé du signifié et où les choses prennent tournure plus à un niveau global qu’à un niveau individuel.
Toute dimension mécanique, machinale, est du côté de la mort qui est imitation et prolongement de la vie. En ce sens, l’inconscient aurait à voir avec la mort, ce serait comme l’ombre de la vie et il est clair que nous ne pouvons pas vivre sans la mort en ce sens que la vie est comme une sorte de volcan entouré de laves. Il ne peut y avoir constamment éruption. La mort, c’est la roue libre, quand une voiture n’a pas d’essence mais continue à avancer, profitant de son élan.
La mort n’est pas silence, elle serait plutôt vacarme - bien que l’on parle d’un silence de mort - car c’est par le bruit qu’elle tente de faire oublier qu’elle n’est plus la vie alors que la vie n’a pas à faire ses preuves. Une mort silencieuse ne serait même plus la mort, ce serait le néant. La mort est donc souvent plutôt assourdissante, terriblement bavarde, caricature de la vie. Elle fonctionne avec une essence d’assez médiocre qualité, vu qu’elle ne fait que répéter et reproduire ce qu’elle voit et ce qu’elle entend, elle est comme une caméra, un caméscope, qui enregistrerait la vie pour la reproduire à l’identique, mais est-ce l’identique puisque cela n’est plus qu’une copie de quelque chose qui n’existe déjà plus comme ces étoiles que nous percevons et dont certaines sont déjà mortes, vu le temps nécessaire pour qu’elles nous atteignent ? La lumière de ces étoiles est morte. Tout ce qui émane d’une source est de l’ordre de la mort, seule la source est vie.
On dit que les personnes âgées radotent, en fait elles se prolongent par des signes de vie qui n’ont pas d’autre raison d’être que de donner le change, c’est-à-dire qu’elles font semblant d’être en vie alors qu’elles sont déjà mortes, si l’on admet que la mort ressemble terriblement à la vie, en est en quelque sorte le double.
Le monde de l’audiovisuel a quelque chose de profondément mortel. Le cinéma est le triomphe de la mort. A la fin du XIXe siècle, on est arrivé ainsi, en France, à produire de la mort, tout ce qui passe à la radio l’est également et ce d’autant que les informations y passent en boucle. Internet aussi a quelque chose de mortel, avec ses messages résiduels qui sont décalés au moment où ils ont été émis et que dire des répondeurs qui nous font entendre une voix désincarnée et où notre message sera reproduit de façon décalée ? Grâce au cinéma d’ailleurs, la mort n’existe pas, on peut voir des personnes mortes depuis longtemps s’agiter devant nous.
Il y a là comme un paradoxe quand nous écrivons la mort n’existe pas alors qu’elle est bien là, plus que jamais. Au contraire, ceux qui ont été filmés étaient comme déjà mort mais on ne sait plus distinguer le passage de la vie à la mort et c’est en ce sens que la mort n’existe pas.
Et c’est pour cela qu’il est urgent de maintenir des espaces de vraie vie, tant nous sommes submergés par la mort, la fausse vie. On ne va quand même pas imiter la mort !
Au vrai, il ne faut pas trop compter sur les femmes pour échapper à l’emprise de la mort ! Elles en seraient plutôt l’antichambre. Le problème de la mort, c’est qu’on a besoin d’elle car on se repose sur elle, elle nous dispense de bien des efforts mais il ne faudrait pas abuser de ses services qu’elle risque de faire payer d’un prix exorbitant.
Disons qu’il ne faut pas se laisser envahir par la mort même s’il faut faire alliance avec elle, voire faire couple avec elle car être avec une femme, c’est précisément, nous semble-t-il, conclure un pacte avec la mort, d’abord parce qu’elle nous assure notre progéniture - on dit d’ailleurs que l’on se reproduit -, qu’elle risque fort de nous survivre et c’est pour cela que les femmes sont choisies plus jeunes et en nous survivant, elles assument une certaine continuité, elles portent notre nom, elles gèrent nos affaires après notre décès, elles sont nos héritières. Il n’y a pas de meilleure motivation pour un homme de se trouver une compagne que ce besoin de s’assurer d’un semblant de vie au delà de lui-même ; au fond, il conclue une assurance sur la vie, il spécule sur quelque forme d’immortalité. Pendant qu’il vit avec elle, l’homme n’aura de cesse, à la façon d’un Pygmalion, que de modeler, tant que faire se peut, sa femme à son image, elle qui, par ailleurs, lui aura permis, le cas échéant, d’avoir des enfants qui lui ressembleront, peu ou prou. A contrario, l’homme seul et sans enfants n’a pas fait alliance avec la mort et risque dès lors de plonger directement dans le néant dont la mort le protège, à sa façon. Mais avec l’essor de la technologie, l’homme a-t-il encore besoin de la femme et de tout ce qu’elle peut lui garantir ? Dure concurrence, en tout cas !
Il nous semble en tout cas urgent que les femmes prennent pleinement conscience de ce qu’elles représentent pour les hommes et qu’elles assument leur rôle plus au sérieux qu’elles ne le font généralement. Pour cela, il importe bien entendu qu’elles ne se mettent pas dans un rapport de rivalité avec leurs compagnons, étant donné qu’il n’existe ici nulle réciprocité, nulle symétrie et disons-le nulle égalité.
Le problème, c’est que tant de couples sont mal assortis, tant de partenaires mal choisis que l’on finit par oublier l’enjeu même du couple. On fait l’amour mais on ne fait pas d’enfants, on parle d’amour alors qu’il s’agit pour l’homme de trouver en la femme un prolongement loyal. Cela ne signifie pas nécessairement que la femme travaille avec son compagnon mais qu’elle veille quelque part à recueillir ce qu’il a à léguer, que quelque part elle accepte d’être marquée par lui, qu’elle porte sa marque.
On nous objectera que tous les hommes n’ont pas forcément quelque chose à transmettre à la postérité. Il faut de tout pour faire un monde; à chaque femme de trouver le compagnon qui lui corresponde et vice versa. En choisissant un compagnon par rapport auquel elle se sent supérieure et dont elle ne sera pas à l’écoute, la femme fausse le jeu. A la femme de rechercher son maître sur le plan spirituel - en prenant le terme dans un sens très large - mais qu’elle évite également d’aller avec quelqu’un qui la dépasse de trop haut culturellement car là non plus la relation ne ferait pas sens et son adhésion risquerait d’être factice. Une telle réflexion quant à un certain accord moral, sans arrière-pensée, sans restriction mentale, de la part de la femme, est d’autant plus importante si celle-ci ne peut pas / plus donner d’enfants à son compagnon, du fait de son âge, à elle, notamment quand elle en a déjà eu avec un autre. Il y a là matière à une éthique du remariage.
Au contraire, plus l’homme avance en âge et plus la femme doit prendre son rôle au sérieux, la mort étant de plus en plus à l’horizon. En ce sens, la femme serait une passeuse qui s’occuperait d’aider l’homme à quitter la vie en l’assurant de ce qui subsistera après lui, de sa mémoire - c’est là que se situe peut-être la vraie fidélité - post mortem - quel que soit son niveau. D’ailleurs à propos de fidélité, on notera que celle-ci ne fait sens que dans l’absence de l’autre - in absentia. La femme infidèle, c’est celle qui ne respecte plus son lien avec son compagnon dès lors que celui-ci n’est pas ou plus là., dans le temps ou dans l’espace. C'est au contraire quand ce compagnon n’est pas présent que la fonction de la femme comme épouse, comme moitié, est la plus tangible. L’infidélité physique n’est d’ailleurs pas forcément la plus grave. Reconnaissons que l’infidélité masculine est une toute autre affaire qui n’a pas les mêmes implications ontologiques et rappelons que celle-ci a été tolérée plus facilement. Chez les Hébreux, la femme adultère était lapidée. Là encore, évitons toute tentation vers le symétrisme systématique - dans le style et pourquoi ce ne serait pas pareil ? - qui n’est souvent qu’un mimétisme de principe masquant un vide intérieur ou l’expression d’un syncrétisme jouant sur certaines ressemblances - l’Humanité serait conçue sur un seul modèle - occultant les différences.
Au vrai, tant que l’homme n’est pas inquiet de sa mort, de sa succession, il n’a guère de raison de fréquenter la femme, interface entre la vie et la mort. Non pas que la femme soit éternelle, dans le meilleur cas elle ne survit à son compagnon que de quelque décennies. Et puis, cette femme, elle peut s’unir à un autre homme. Et enfin, que se passe-t-il en cas de divorce : est-ce alors la rupture du contrat d’assurance sur la vie ? Ce divorce est-il la fin du contrat ou au contraire le temps où il doit s’appliquer puisqu’il y a eu départ de l’homme, même si ce départ n’est pas dans l’immédiat la mort ? On en arriverait au paradoxe selon lequel c’est quand une femme quitte un homme, pour quelque raison que ce soit, qu’elle a des devoirs envers lui, envers sa mémoire ! Et si l’homme remplace cette femme par une autre, est-ce que cela signifie que la précédente femme est déchargée des dits devoirs ? Et cette nouvelle femme n’a-t-elle pas, elle aussi, un passé à assumer, qui la lie à un autre homme ? Nous ne prétendrons pas répondre ici à toutes ces questions, ne voulant que baliser quelque peu un terrain assez mal exploré. Mais il ne servirait à rien de pratiquer la politique de l’autruche et de refuser d’affronter de telles problématiques concernant les vrais devoirs de la femme qui en font sa raison d’être en précisant d’ailleurs que les droits de la femme, dans le couple, sont nécessairement fonction de ses devoirs et ne font sens que par rapport à eux, ce serait une erreur de les dissocier.
Nous parlions au début de notre étude de ces fonctions qui sont assumées sans être nettement définies et sans que les acteurs en soient clairement désignés ; or, si le système fonctionne à peu près bien dans sa globalité, il semblerait que le couple actuel soit le symptôme le plus flagrant d’une certaine crise conscientielle.
Jacques Halbronn
Paris, le 16 mai 2003
Note
1 Cf. notre étude sur le signifiant social, sur le Site Ramkat.free.fr. Retour
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