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La machine face aux notions de droite et de gauche |
Les positions que nous tenons, tout au long de nos écrits1, peuvent-elles être qualifiées comme étant de droite ou de gauche ? Encore faudrait-il s’entendre sur le sens de telles expressions.
Il est probable que notre discours puisse être qualifié comme se situant à droite, notamment en ce qui concerne l’importance accordée aux clivages, à ce que nous appelons les signifiants sociaux, et au doute exprimé quant à la possibilité de les dépasser pour gérer les signifiés sociaux.
La sensibilité de gauche, en effet, semble devoir se caractériser par la conviction que l’humanité peut et doit progresser en absorbant et en relativisant les différences les plus flagrantes. Il nous semble difficile de la dissocier du monde technologique et ce n’est probablement pas par hasard qu’elle s’appuie sur le phénomène ouvrier (Labour Party). Au fond, pour la gauche, c’est la fonction qui détermine le statut et non l’inverse; c’est la fonction qui façonne la personne. Il suffit de conférer une fonction à un individu donné pour qu’il s’adapte à la tâche. Tout le problème viendrait du refus de distribuer équitablement les dites tâches.
La sensibilité de droite, en revanche, considérerait qu’une telle répartition aurait été accomplie dans un passé lointain et qu’il importe de respecter un tel ordre des choses qui nous a été légué et transmis par divers moyens. Ce qui implique de relativiser les effets de la révolution industrielle et de ne pas y voir un changement radical. Et en effet, le débat, selon nous, tourne autour de l’idée que l’on se fait de l’émergence de la machine dans l’Histoire de l’Humanité.
En ce qui nous concerne, la machine n’est nullement chose nouvelle, puisqu’on peut dire qu’elle commence avec la sexuation, qu’elle englobe l’usage des animaux de trait, qu’elle comporte l’invention de tous les outils, même les plus frustres, que langage lui-même est une machine et bien entendu le livre.
Pour certains, on ne pourrait parler de machine que dans le cas d’un appareil présentant une certaine autonomie de fonctionnement, tout en dépendant cependant de l’Homme pour son démarrage et son guidage. Il semble aussi que le terme doive exclure l’animal comme si l’électricité ou la vapeur étaient les conditions nécessaires pour qu’il y ait machine. Autrement dit, un omnibus tiré par des chevaux ne serait pas machine mais dès lors que les chevaux ne sont plus nécessaires, on aurait affaire à une machine. Pour nous, un tel distinguo apparaît comme fort contestable et ce n’est certainement pas l’étymologie du mot machine, signifiant engin, dans le sens d’ingénieux, qui permettra de trancher.
Ainsi, l’idée que l’on se fait de la machine déterminerait si l’on est de droite ou de gauche. Pour la gauche, la fonction n’est pas interne, inhérente à l’individu ou plutôt au groupe auquel appartient héréditairement, pour la droite, telle que nous la pensons, la fonction le serait. Débat complexe car si la fonction est interne, cela signifie en contre partie que nous sommes dans un rapport d’interdépendance par rapport à autrui alors que dans l’autre système, il n’y a pas d’altérité radicale mais seulement conjoncturelle, contingente. L’autre, pour la voie de gauche, ne serait autre que par l’environnement dans lequel il a été placé, d’où l’importance des revendications sociales en vue de changer les choses. La gauche ne nie pas l’existence des clivages héréditaires (sexe, race etc) mais elle affirme que les responsabilités, les fonctions doivent être réparties selon des critères purement quantitatifs. C’est l’image d’une table servie où chaque convive doit être servi pareillement dès lors qu’il a été admis à partager le repas : à partir de là, il a les mêmes droits que tout le monde. Le gâteau doit être découpé en autant de parts qu’il y a de personnes présentes.
Pour la vision de droite, en revanche, la question est de savoir qui est qui et pour quelle tâche chacun est né, ce qui implique que la préparation à l’accomplissement de cette tâche passe par une temporalité lourde, sur des générations voire des siècles et plus. Et ce n’est pas une quelconque modernité technologique qui remettra en question un tel déterminisme, le monde restant foncièrement le même.
En passant, on notera que l’antisémitisme serait plutôt de gauche que de droite car la pensée de gauche n’a pas d’outils pour appréhender la question juive sinon pour la liquider. D’abord, parce que les juifs sont peu nombreux et que la pensée de gauche est foncièrement quantitative. Autant, elle peut gérer la question du féminin (50% environ de la population), autant elle ne sait pas faire pour l’infime minorité juive (bien moins de 1% de la population mondiale). La notion de parité, en politique, ne fait sens que parce que l’on sait que les femmes sont grosso modo aussi nombreuses que les hommes.
Non pas, certes, que la pensée de droite soit étrangère à l’antisémitisme mais il nous semble que cet antisémitisme vise un judaïsme de gauche, qui voudrait s’assimiler et nier sa différence ontologique tandis que l’antisémitisme de gauche reprocherait, à l’inverse, aux juifs de vouloir se différencier et d’occuper une place disproportionnée par rapport à sa démographie, notion éminemment quantitative et chiffrable, puisque tel est le maître mot de la démocratie de gauche. Tout bien considéré, il nous semble que l’antisémitisme de droite est plus sain et constitue un garde-fou contre toute tentative de la part des juifs de renoncer à penser et à assumer leur différence.
On peut tout à fait imaginer une droite reconnaissant la légitimité de la pérennité du signifiant social juif, c’est notamment le cas des milieux proches du christianisme. On a plus de mal à imaginer une gauche à l’aise avec la question juive, sauf à dire que les juifs sont des gens comme les autres, ce qui pourrait s’assimiler à une forme de négationisme car s’ils sont comme les autres, pourquoi, diable, y aurait-il eu Shoa ?
Le cas de Marx est ambigu : il est l’auteur d’un article célèbre sur la Question Juive où il semble considérer les juifs comme un accident de l’Histoire. A contrario, le prolétariat relèverait d’une sorte de nécessité ontologique, ce qui le rapproche d’une idéologie de droite, en ce qu’il considère non pas un individu mais un ensemble traversant l’Histoire, assez proche de ce que nous entendons par signifiant social. Le prolétariat a, pour Marx, une fonction mais en même temps il décrit, lui l’homme de la lutte des classes, une société qui serait sans classes, ou plutôt où les fonctions ne seraient pas attribuées dès la naissance, position typiquement de gauche et qui n’empêche nullement la constitution d’une méritocratie débouchant sur des castes à base technocratique.
Quant au fascisme, qu’en penser ? C’est une pensée que nous qualifierions de masculine, qui prône une communauté quasiment organique se donnant un chef qui en est l’émanation et la résultante. Il nous semble que le monde est fasciste depuis belle lurette et ce non seulement en politique mais en science, là où les hommes sont en compétition et où l’on ne s’intéresse qu’au vainqueur, supposé être le meilleur. Le fascisme hitlérien, dont il conviendrait tout de même de rappeler qu’il se disait national-socialiste (en abrégé nazi) voulait éliminer les Juifs en tant que signifiant social, c’est-à-dire non pas individuellement mais collectivement et globalement. Or, une telle volonté ne nous semble pas caractéristique d’un antisémitisme de droite. Il y avait en fait une certaine perversité dans la pensée nazie, à savoir qu’on y distinguait des signifiants sociaux mais pour les éliminer ou pour les placer en position subalterne, inférieure, alors que l’idée de signifiants sociaux est fondée sur la complémentarité et l’interdépendance, sur le respect d’une certaine altérité au delà des questions individuelles.
C’est l’occasion de préciser que pour nous, il n’y a pas de notion d’infériorité ou de supériorité entre les signifiants sociaux pas plus d’ailleurs qu’entre les signifiés sociaux qui leur incombent respectivement. Dire que quelqu’un n’est pas aussi capable d’accomplir telle tâche que tel autre signifie certes qu’il lui serait en effet inférieur dans la tâche en question mais nullement dans l’absolu, dès lors qu’il s’occupe d’une tâche qui lui convient mieux objectivement. Cela dit, si telle fonction est, pour quelque raison, plus valorisée qu’une autre, parce que plus rare, c’est un problème de représentation. Nous avons dénoncé les pathologies de l’altérité qui conduisent à vouloir ce qu’a l’autre, à vouloir l’imiter, à terme le remplacer. Un tel mimétisme / syncrétisme nous apparaît, avouons-le, comme au coeur de la dynamique de gauche. La sensibilité de droite est moins à la merci des tentations mimétiques à moins d’appeler mimétique le rapport que j’ai avec les autres membres du signifié social auquel j’appartiens mais ce n’est pas là, pour nous, du mimétisme car le mimétisme vise ceux qui relèvent d’ un autre signifié social que le mien.
La politique de droite est souvent présentée comme un refus d’intervention, un certain laisser-faire mais cela tient à la conscience, en tout cas à l’intuition, qu’existe un ordre sous-jacent établi de longue date par les sociétés humaines et qu’il faut laisser fonctionner. La politique de gauche, en revanche, ne fait pas confiance à un tel ordre préétabli, plus ou moins inconscient et affirme sa volonté de construire une société sur des bases clairement définies, d’où un certain dirigisme, comme si n’existait pas déjà, et de longue date, une certaine organisation sociale qui avait fait ses preuves au cours des siècles voire des millénaires et qu’il s’agirait avant tout de respecter et d’optimiser en en respectant les rouages les plus essentiels.2
Cela dit, reconnaissons que l’alternance droite/gauche est justifiée: il est bon qu’à certaines époques, l’on cherche à dépasser les clivages et qu’à d’autres on s’y ressource3, l’alternance est nécessaire et chaque période correspondant en gros à une semaine d’années (7 ans) permet d’éviter les excès de la phase opposée. On a gardé le souvenir des saturnales romaines, au cours desquelles on bafouait délibérément, quelques jours durant, l’ordre anciennement établi.
On fera cependant la part du mimétisme: la famille de gauche a pu emprunté des thèmes à la droite et vice versa, ce phénomène a été en effet relevé par les politologues. Droite et Gauche nous semblent constituer ce que nous avons appelé, dans d’autres études, des signifiants sociaux, avec des personnels spécifiques et reconnaissables. Quand ces deux tribus pourtant distinctes par une certaine culture pratiquent la même politique - ce que nous avons appelé le signifié social - ou n’alternent pas, cela ne peut que perturber le système.
Une telle remarque nous conduit à réfléchir sur ce qui caractérise une politique étrangère de droite et de gauche: il semble que la gauche favorise davantage les conquêtes de régions étrangères, notamment un certain colonialisme, en ce qu’elle relativise les frontières et les cultures - ce fut le cas des guerres de la Révolution - tandis que la droite serait plus tentée par une volonté de faire ressortir les clivages culturels et linguistiques au sein d’un ensemble hétérogène et de revendiquer leur remembrement ou leur sécession, ce qui conduit à la dislocation des empires ou de fédérations d’entités foncièrement distinctes, comme on l’a vu notamment à la fin des années Quatre Vingt, à l’est de l’Europe mais aussi à des manifestations de pangermanisme, de panarabisme ou de tout mouvement de cet ordre.
Jacques Halbronn
Paris, le 20 mai 2003
Notes
1 Notamment sur le Site Ramkat.free.fr. Retour
2 Cf. notre étude sur science, conscience, inconscience, sur le Site Faculte-anthropologie.fr et sur Ramkat.free.fr. Retour
3 Cf. nos travaux sur les cycles astrologiques, rubrique Astrologica, Site Ramkat.free.fr. Retour
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