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HYPNOLOGICA

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Valeur heuristique du concept Hypno pour le XXIe siècle

par Jacques Halbronn

    Comment avons-nous découvert Hypno ? En fait, c’est un concept qui était en gestation et dont nous avons accouché. Et tout le travail que nous avons accompli depuis la rentrée 2002 nous y préparait et on pourra en parcourir la genèse sur le Site Ramkat.free.fr et précédemment sur Faculte-anthropologie.fr, en parcourant une bonne centaine de textes assez courts et traitant de sujets assez divers. On lira notamment sur Ramkat, “vers le concept d’hypno-science”, rubrique Xenica.

   Il nous semble qu’un terme qui nous a rapproché d’Hypno fut celui de mort et avant probablement celui de machine car qu’est-ce qu’une machine sinon quelque chose de mort et qu’est-ce que la mort sinon une machine ? A condition bien entendu de repenser la mort et la machine.

   La mort et la machine sont des états intermédiaires, avec un avant et un après. La mort est le prolongement de la vie et elle lui ressemble fort. La machine est l’imitation de quelque chose qui fonctionnait autrement, peut être mieux, peut-être moins bien mais dont elle est le reflet.

   Le concept d’hypno recouvre un tel processus, une telle transformation mais il n’est pas le résultat, jamais achevé, mais le changement en cours, en jeu, ce qui implique une certaine dualité, c’est-à-dire le lien entre deux états apparemment contradictoires : la mort et la non mort, la machine et la non machine etc. Le mimétisme relève de l’hypno en ce qu’il est débordement du modèle, qu’il contribue à sa diffusion, à son extension, bien que parfois imparfaitement, superficiellement.

   Prenons le problème par un autre bout : qu’est-ce qu’être hypno ? On dira qu’être hypno, c’est savoir gérer une certaine transformation, permettre le passage d’un état à un autre, transmettre. Inversement, ne pas être hypno, c’est ne pas évoluer, ne pas prolonger quelque chose d’une autre façon, ne pas poursuivre ce qui est déjà engagé. Quelqu’un qui ne compte que sur lui-même n’est pas très hypno, ce qui ne l’empêche pas pour autant de participer à un processus hypno.

   Le monde hypno est prévisible car une relation hypno est faite d’attente que les choses se passent comme on l’espérait. Quelqu’un ou quelque chose qui ne satisfait pas notre attente fait baisser notre foi en hypno : on ne peut pas compter sur lui, lui faire confiance. Une voiture qui ne démarre pas, comme d’habitude, déçoit notre rapport à hypno.

   Autrement dit, hypno, c’est le passage, le lien, entre nous et autrui, autre chose. Cela se passe bien ou mal. Si cela se passe bien, nous sommes soulagés d’une tâche qui nous incombait et dont nous n’avons plus trop à nous soucier et si cela se passe mal, nous sommes obligés de nous en occuper, par nous-même, ce qui est régressif d’un point de vue hypno. Si nous ne pouvons nous faire remplacer, trouver un relais, cela ne fait pas vraiment hypno. Si quelqu’un n’écoute ou ne comprend pas ce que nous lui disons et ne peut le répéter, pas davantage ou s’il faut dépenser énormément d’énergie et de temps pour que les choses se fassent et se passent sans nous, cela n’est pas tout à fait une percée hypno.

   Quelqu’un de passablement hypno, c’est une personne qui aime se décharger sur autrui de certaines tâches, qui sait se faire entendre, qui peut se débarrasser de certaines corvées, de certaines contraintes ou du moins en répartir la pression, l’alléger. Quelqu’un qui sait rendre service mais qui n’est pas capable de passer le relais n’est pas fortement hypno, mais il convient bien, du moins jusqu’à un certain point, à une personne hypno ; quelque part, ils sont complémentaires. Ce qui pourrait être le cas de l’homme et de la femme, laquelle satisfait les besoins hypno de l’homme.

   En fait, tous ceux qui, à un titre ou à un autre, facilitent le processus hypno sont hypnos, qu’ils soient actifs ou passifs et tous ceux qui, quelles que soient les raisons, ne permettent d’enclencher une logique hypno sont de mauvais hypnos, ne constituent pas une bonne équipe. Et bien entendu, il y a des raisons qui peuvent menacer une relation hypno ou qui peuvent, au contraire, l’améliorer. C’est un problème de fiabilité, cela vaut pour les gens comme pour les machines.

   Il est essentiel d’éviter les redondances : une fois que quelque chose a été transmis à autrui, à un support quel qu’il soit, il importe de ne pas agir comme si cela n’avait pas été le cas et il faut changer son comportement en conséquence. Par exemple, si je publie un texte, je dois me servir de celui-ci, signaler son existence, plutôt que de répéter ce que j’y ai écrit. Ce sera probablement une application de plus en plus hypno de l’Internet: on renverra ses interlocuteurs à des textes figurant sur un site et ce n’est qu’ensuite que la relation “directe” vaudra la peine de s’établir. Beaucoup de femmes ne sont pas très hypno en ce qu’elles n’éprouvent aucune difficulté à se répéter mais elles peuvent participer à un processus hypno précisément en répétant ce qu’on leur a demandé de répéter. On pense au film Fahrenheit 451 de François Truffaut, en 1966, où les gens apprenaient chacun par coeur un livre parce que l’on brûlait les livres. Mais en même temps, on était en pleine régression hypno, puisque les livres avaient disparu qui jouaient jusque là un rôle majeur dans la chaîne hypno.

   Celui qui se situe au sommet de la pyramide hypno n’a point d’autre tâche à accomplir que de donner du travail aux autres, c’est-à-dire de leur transmettre quelque chose de nouveau à reproduire, de leur donner du grain à moudre.

   Ce faisant, en transmettant, il perd une partie de lui-même, un peu comme un pélican qui nourrit ses petits et cette partie est vouée à une forme de mort mais la mort n’est que le prolongement de la vie et n’existe que par elle.

   Il y aura donc danger de dysfonctionnement hypno lorsque celui qui peut rendre service n’est pas ou plus disposé à le faire ou que chacun veut mettre l’autre en situation hypno par rapport à lui-même, en une sorte de rapport de force, ce qui conduit à ce que l’on pourrait appeler une grève, celui qui pourrait transmettre étant en chômage technique, n’ayant plus quelqu’un qui le prolonge, qui se substitue à lui. Quelque part, le rapport de Dieu à l’Homme serait hypno.

   Mais le refus de l’hypno peut trouver sa source dans l’enfance, propice aux malentendus, ce qui risque de développer des problèmes de confiance : on ne se fie pas à l’autre pour qu’il fasse les choses à notre place, parce que, pense-t-on, il remplira mal sa mission; on préfère garder le contrôle. Rappelons qu’une mission (étymologiquement : un envoi, une missive), c’est une tâche dont on (s’) est chargé.

   Un enfant autiste ne se fiera pas au langage pour communiquer parce qu’il aura cru constater que les mots sont trompeurs, ne sont pas fiables ; il est victime d’un hypno-trauma. L’outil du langage est refusé, ce qui conduit à une hypno-régression, qui complique singulièrement les relations d’autant que le langage est un moyen crucial d’hypno-transmission à l’autre. Le langage, au vrai, est une machine, à l’instar du livre. Mais ne pas (savoir) conduire de voiture peut aussi révéler un hypno-probléme tout comme refuser de vivre en couple, ne pas avoir/vouloir d’enfants, bref, c’est le cas de tout blocage par rapport à ce qui est une extension du moi, impliquant une certaine transformation.

   Quelqu’un qui écrit une pièce de théâtre est hypno, de façon emblématique, en ce qu’il se prolonge à travers ses personnages, qui seront assumés par des comédiens, des acteurs. Etre hypno, c’est se reconnaître en l’autre et accepter que l’on se reconnaisse en nous. Une société hypno est démocratique, procède à des élections, se dé-saisit au profit de ses représentants et c’est en ce sens que la démocratie parlementaire est liée au développement technologique car c’est un seul et même processus hypno. Il est clair que certains dysfonctionnements du parlementarisme conduisent à revenir à une sorte de démocratie directe qui se manifeste en dehors des assemblées, au niveau des manifestations ou des élections - on l’a vu en 2002 en France lors des élections présidentielles et générales, avec les problèmes de représentativité à l’Assemblée Nationale qui les caractérisent, ou avec les grèves de 2003. Il y a là une hypno-crise de la société lorsque le système de délégation ne semble plus fonctionner. Les organisations sont des machines.

   Mais l’hypno, c’est aussi tout ce qui est devenu inconscient ou subconscient, puisqu’il s’agit de ne plus y penser. Que savons-nous de l’ampleur de la chaîne hypno ? Quel contrôle avons-nous sur des processus qui ont pu se mettre en place, non pas à notre insu mais sans que nous en ayons gardé le souvenir ? Le cas de l’astrologie est remarquable, il témoigne de l’existence probable d’un processus hypno sur lequel nous n’avons plus guère prise mais qui n’en reste pas moins très actif. On pourrait probablement en dire autant de la question juive, qui, elle aussi, est, selon nous, liée à des hypno-enjeux. La consciencialité, terme que nous avons introduit sur Ramkat, concerne bien entendu la mise en évidence de ces phénomènes hypno. La science aurait donc un double but quelque peu contradictoire : produire de l’hypno et le faire ressortir. Mais est-il souhaitable de repérer l’hypno, ne serait-ce pas anti-hypno, le comble de l’hypno n’étant-il pas qu’on ne soupçonne pas son existence ? Il semble cependant inconcevable que l’humanité - tel un apprenti sorcier - puisse continuer à vivre selon une logique hypno en ayant le sentiment de risquer de perdre conscience de ce qui a été enclenché et qui fonctionne à d’autres niveaux de conscience.

   Etre hypno, c’est nécessairement être bien entouré, secondé, à toutes sortes de points de vue; il y a un facteur espace-temps à considérer, les diverses ressources sur lesquelles on peut compter bénévolement ou à un coût réduit (environnement technique, logistique, collaborateurs, relais, sites Internet, etc). Pour calculer l’hypno-coefficient d’une personne, il importe de tenir compte des réseaux, des structures, dont il jouit et du potentiel ajouté mais aussi du fonctionnement conscient et subconscient de sa mémoire, de la fiabilité, de la résistance de son corps etc. Un tel coefficient est voué à des variations, il peut décliner ou augmenter : parmi les facteurs qui jouent : l’un interne, est diachronique, l’âge qui compromet certaines fonctions physiques et / ou mentales; l’autre, externe, est synchronique, à savoir l’exil, le bannissement, le chômage, le divorce, lesquels détachent la personne de son cadre de vie habituel, lui faisant perdre ses repères et ses moyens.

   Car l’effet hypno nous semble laisser entendre qu’il existe des stratifications, une archéologie, une histoire de la conscience à explorer. Le concept même d’hypno, issu du mot grec pour sommeil, n’implique-t-il pas l’existence de métastases / hypostases de la conscience ? On pourrait alors parler avec le Suisse Carl Jung d’une psychologie des profondeurs et d’un Inconscient Collectif ou d’une dialectique animus / anima à condition de ne pas oublier que ces phénomènes sont sécrétés par un processus de transmutation - Jung était passionné par l’alchimie - que nous avons appelé hypno et qu’ils ne diffèrent pas, au fond, d’autres manifestations comme la technologie ou la démocratie.

   Ce qui est souterrain, subconscient, est porteur d’une énorme quantité d’informations dont nous avons perdu le décompte et dont nous sous estimons désormais considérablement l’ampleur alors que l’humanité ne serait nullement ce qu’elle est sans un tel capital de latence, un tel substrat, une telle infrastructure. Le facteur hypno n’a, en définitive, d’autre raison d’être que de produire du subconscient, dont la technologie fait partie intégrante, en libérant ainsi la conscience mais un tel processus ne connaît pas de fin. Maurice Barrès disait que l’humanité est plus faite de morts que de vivants. Il nous est apparu qu’aucun concept et notamment aucun préfixe n’existait pour rendre compte de ce qui change d’état en vue de se décharger sur l’autre, sur l’ailleurs, sur l’au-delà, fécondant ainsi le monde, tel est peut être la clef du mystère de la Création.

Jacques Halbronn
Paris, le 31 mai 2003



 

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