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HYPNOLOGICA

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Les modes de refoulement chez l’homme et la femme

par Jacques Halbronn

    Nous pensons qu’une des clefs du clivage masculin / féminin est à rechercher dans ce que les uns et les autres tendent à refouler. Les hommes procéderaient surtout à un refoulement mental et les femmes à un refoulement social.1

   On pourrait d’ailleurs plutôt que de parler de refoulement, parler d’une volonté de maîtrise mais existe-t-il un pouvoir qui ne passe par le refoulement ou par l’indifférence à certains aspects ?

   La femme - puisque désormais nous en sommes au stade déductif - est beaucoup plus à l’écoute d’elle-même que d’autrui et l’homme plus à l’écoute d’autrui que de lui-même. Et cela fait une sacrée différence et permet de mieux cerner les complémentarités.

   Là où il y a refoulement, il y a aptitude, quel qu’en soit le prix, à ignorer - au sens anglais (ne pas tenir compte) comme au sens français (de méconnaissance) - certaines données, à les tenir à distance, à les minimiser.

   La femme est envahie par elle-même, elle ne parvient que difficilement et très provisoirement à maintenir en elle un certain silence : tout en elle ne cesse de manifester sa présence et d’ailleurs c’est ce qui lui est demandé, elle qui exerce une tâche instrumentale. La femme est donc vulnérable aux sollicitations internes; en revanche, elle l’est sensiblement moins que l’homme aux sollicitations externes et vice versa.

   Le monde intérieur de la femme a une prégnance qu’il n’a pas chez l’homme et il lui dicte sa loi ou plutôt, du fait de sa diversité, ses lois. Quant au monde extérieur, la femme en fait son affaire, elle se moque assez du qu’en dira-t-on, quand cela l’arrange, quoi qu’elle en puisse dire.

   Bien entendu, les tensions entre monde intérieur et monde extérieur sont toujours déterminantes et c’est la façon dont on les résout, au prix de certains sacrifices, qui caractérise l’homme ou la femme.

   Paradoxalement, la force de la femme, c’est précisément la maîtrise qu’elle a du monde extérieur et la force de l’homme, c’est justement sa maîtrise du monde intérieur.

   L’homme, du fait qu’il parvient à juguler son monde intérieur, tant psychique que physique peut avoir tendance à négliger certains signaux qui en émanent et tout simplement, comme disent les femmes, à se négliger. Ce faisant, l’homme peut mettre en danger sa vie, du fait d'excès alimentaires, sportifs, du surmenage et cela explique probablement qu’en moyenne il vive moins longtemps.

   La femme, du fait qu’elle n’a pas trop de problèmes pour se protéger du monde extérieur, pour s’en abstraire, peut avoir tendance à ne pas accorder l’importance voulue à ce qui peut en être issu, à faire fi des réactions propres à une société donnée. C’est notamment le cas quand la femme ne sait pas tenir sa langue, non sans faire preuve d’un certain courage, d’une forme d’inconscience quant aux conséquences de ses actes, et qu’elle commet des indiscrétions, véhicule des commérages en se moquant des conséquences sur sa réputation, ce qui peut aller jusqu’à une forme de suicide social, elle est “brûlée”. Si l’homme s’use physiquement, la femme s’use socialement, d’où souvent des carrières plus brèves.

   On est donc là au coeur de cette complémentarité dont tout le monde parle sans jamais être à même de préciser de quoi il peut s’agir concrètement. A la femme de contrôler chez l’homme cette indifférence à lui-même en tant que personne ayant des préférences, des envies et à l’homme de veiller à ce que la femme dont il a en quelque sorte la charge soit un peu plus concerné par certains enjeux sociaux / sociétaux.

   Les rapports de la femme à la société expliquent ce que nous appelons son problème de prévisibilité. Elle ne comprend pas ce qu’il lui arrive, pourquoi on a réagi de la sorte mais ce n’est là que la rançon d’une certaine politique de l’autruche, un peu trop centrée sur sa petite personne et qui ne voit pas toujours plus loin que le bout de son nez. On sait, inversement, le risque pour bien des hommes de sacrifier leur vie privée, leur confort, voire leur santé au service d’une cause et ce sans compter.

   Il semble, au demeurant difficile, en ce sens, d’être à la fois homme et femme, même si l’on peut être en quête d’un équilibre, d’un moyen terme. Il est préférable que l’individu s’équilibre au sein du couple; dans un rapport dialectique avec son partenaire que du fait d’ une sorte d’autocensure. Le couple semble bien être un moyen terme incontournable entre individu et société.

   Comme nous le notions dans notre précédente étude2, la femme est plus perméable aux instances intérieures qu’aux instances extérieures et chez l’homme, le rapport est inverse. La femme n’écoute pas le monde, un peu trop lointain (macrocosme) et l’homme n’écoute pas son monde un peu trop rapproché (microcosme). C’est dire que les priorités ne sont pas les mêmes.

   Il va de soi que cela joue sur les comportements en tant que père et en tant que mère et que l’absence de l’un des parents conduira à mal gérer le pôle qui lui correspond. Les enfants sans père ou trop marqués par l’influence de leur mère auront tendance à faire passer leur plaisir propre sur les engagements et les contraintes relatifs à la société et risqueront de basculer dans une forme d’inadapatabilité sociale. Inversement, les enfants privés de mère tendront à ne pas s’accorder un espace privé suffisamment attractif et à ne pas vouloir s’y investir.

   Encore faudrait-il distinguer si l’enfant est de sexe masculin ou féminin étant entendu que c’est l’absence du parent de sexe opposé qui est la plus grave : absence de la mère chez le garçon, du père chez la fille, si l’on admet qu’il y a là embryon de couple, ce qui renvoie au demeurant à la question de l’Oedipe freudien.

   En pratique, dans un couple, la femme est là pour encourager “son” homme à se soigner, dans tous les sens du terme, à se ménager, à ne pas se laisser absorber par des enjeux d’un monde qu’elle considère comme froid, comme “inhumain”, à apprécier le cocon. De son coté l’homme aidera “sa” femme, dans tous les sens de ce terme, c’est-à-dire celle que la société lui a confiée, à ne pas trop se refermer sur elle-même, à éviter un certain narcissisme, à ne pas se couper du monde extérieur.

   Face à un homme par trop féminisé - un homme d'intérieur - la femme ne se sentira-t-elle pas, en effet, inutile ? Qu’a-t-elle à apprendre à cet homme qui lui ressemble trop, qui a trop bien assimilé les valeurs maternelles, féminines ? Inversement, face à une femme masculine - une carriériste - ce ne sera quand même pas à l’homme de plaider en faveur du microcosme alors que lui incarne, a priori, les valeurs du macrocosme. La tiédeur, l'attiédissement, du couple peut tenir à cette absence de tension qui tient au fait que l’autre ne nous interpelle pas ou plus, qu’on n’a rien à lui apporter, qu’il se suffit à lui-même.

   D’ailleurs, ce qui nous rassure chez l’autre, ce sont précisément la force de ses tropismes. Une femme qui ferait trop passer le social sur le mental ou sur le physique serait insécurisante pour l’homme car finalement c’est elle qui est l’artisan de la dimension du couple en ce qu’elle a d’intime, de viscéral. A contrario, un homme qui accorderait à sa personne trop d’importance, qui parlerait trop de lui-même, de ses petites affaires personnelles, indisposerait une femme qui attend de lui que, dans le couple, il soit celui qui fasse l’interface avec le monde extérieur, qui ne se laisse pas aller à un côté pantoufles, qui maintienne la pression au niveau des ses ambitions, qui se batte pour ses idées.

   Il nous semble essentiel que chacun des partenaires apprenne à assumer sa spécificité, sans chercher à devenir l’autre mais en étant soi-même, quitte à donner à l’autre l’occasion d’intervenir, voir de protester. Au fond, les défauts de l’homme et de la femme sont nécessaires à la bonne marche du couple.

   Dans cette dialectique du couple, il y a aussi confrontation quant au mode de communication : la femme cherche avant tout à se faire plaisir, à s’exprimer, à sentir son être en mouvement, en travail, tant physiquement que mentalement et tout lui est prétexte pour ce faire, alors que l’homme est plus conscient des enjeux du groupe et ne cherche pas seulement à tirer son épingle du jeu. Il ne suffit pas qu’il monologue, qu’il vide son sac, qu’il dise ce qu’il avait à dire, ou qu’il se défoule pour être satisfait, il lui importe qu’existe ou que s’entretienne une certaine dynamique de groupe de type interactif. Participer à un groupe, c’est, pour l’homme, accepter de s’exposer, d’être remis en question ; il ne s’agit pas simplement de se faire entendre, qu’on l’écoute, mais de parvenir à une véritable compréhension, à un authentique entendement. Or, la femme est souvent dans le malentendre, elle réduit le rapport social à un jeu sans enjeu, où il s’agit d’avoir de la répartie, d’étaler ses quelques connaissances, de titiller sa mémoire, comme dans une sorte de sport cérébral assez gratuit et qu’il ne faut pas prendre trop au sérieux : parfois elle dit une chose comme elle aurait pu en dire une autre.3 Mais il est entendu que parfois, il faut apprendre aussi à savoir se raconter, à converser, à causer superficiellement, quitte à radoter, à faire un peu de commérages (terme qui implique le féminin), sans demander des comptes à son interlocuteur sur le pourquoi et le comment de ses propos. Mais tout est affaire de dosage et à chacun de faire respecter sa sensibilité, tout en ne se laissant pas aller par trop à ses penchants et à ses habitudes. Autrement dit, il faut recevoir de l’autre ce qu’il a de meilleur à nous apporter et non ce qu’il a de pire et nous espérons que cette étude aura permis d’y voir plus clair, sous ce registre en ne confondant pas le positif et le négatif; la force et la faiblesse.

   Nous pensons en effet qu’une sorte de charte du couple est nécessaire, en tout cas souhaitable et qui soit un peu mieux articulée que ce qui est prôné officiellement lors du mariage. Il ne s’agit pas de prôner la symétrie ni une vague réciprocité mais d’insister sur ce que la femme peut attendre de l’homme et l’homme de la femme.

   Il est rassurant, au demeurant, que nous sentions que notre partenaire n’a pas les mêmes problèmes que nous, qu’il résiste mieux sur tel point qui est notre point faible, si tant est que nous en soyons conscients. Mais comme on l’a dit notre point faible peut se présenter comme notre point fort et inversement, si l’on admet que le refoulement soit à la fois gage de force et de faiblesse, certainement à double tranchant, mélange de désinvolture et de sérénité. Concluons, en tout cas, que les mots ne sont pas univoques, il y a, pour chacun, une acception masculine et une autre féminine, parfois opposées.

   Nous ne pouvons pas, seuls, nous battre sur tous les fronts à la fois, nous faisons des impasses qui peuvent avoir un coût lourd à la longue. Notre bonheur est souvent gagné aux dépens de ce que nous avons refoulé et ce que nous avons refoulé ne sera pleinement assumé que lorsque nous pourrons accorder notre confiance à une personne de l’autre sexe.

   Le refoulement, c’est notre côté hypno, c’est ce que nous supposons marcher tout seul - “Tout va très bien Madame la Marquise” - et quoi que nous fassions ; c’est donc un côté très optimiste et un peu irresponsable. Car, au bout du compte le problème n’est pas que l’homme refuse sa féminité et la femme sa masculinité mais bien la haine de soi-même que l’on a pu insuffler en nous et qui, finalement, nous rend imperméable au couple ou ne nous permet pas de le gérer efficacement. Le problème, c’est quand celui qui doit veiller sur ce que nous négligeons se contente d’expédients et en cela trompe notre confiance en ayant les mêmes peurs que les nôtres, ce qui est le contraire même de la complémentarité.

Jacques Halbronn
Paris, le 17 juillet 2003

Notes

1 Cf. notre étude “La femme s’appartient-elle ?”, Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr. Retour

2 Cf. “La femme s’appartient-elle ?”, sur E. H.. Retour

3 Cf. les thèses de John Gray, dans sa série d’ouvrages, Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus. Retour



 

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