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HYPNOLOGICA

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Le triptyque hommes, femmes, machines

par Jacques Halbronn

    On a souvent tendance à considérer que les sociétés seraient menacées par les factions et par les crises. En fait, paradoxalement, il nous semble que toute société ne peut s’organiser qu’en sachant gérer la différence et le changement.

   A quoi bon en effet parler d’organisation si ce n’est précisément pour créer des organes distincts : un organisme n’est-il point par essence divers dans sa structuration ?

   Mais il en est de même, selon nous, sur le plan diachronique : une société doit générer des phases, des intervalles, en son sein.

   Les sociétés démocratiques avec leurs partis politiques et leurs élections périodiques en sont la démonstration mais ne font que perpétuer un concept organisationnel fort ancien.

   Contrairement, en effet, à ce que l’on pourrait croire, prôner les différences, exiger un certain renouvellement des équipes, n’est nullement le résultat d’on ne sait quelle conquête arrachée à la société mais bien le propre même de toute société qui se respecte. Il ne faut pas voir des tensions, des contradictions, de la conflictualité là où, anthropologiquement, il n’y en a pas.

   En effet, tout projet organisationnel implique une certaine répartition des rôles et en fait une certaine alternative, condition d’une certaine alternance. Même sans régime démocratique, un tel processus n’en existe pas moins car il se situe sur un plan hypnologique.1

   Cette organisation, faut-il le rappeler, est caractérisée, de manière emblématique, par la sexuation, la dualité hommes / femmes, archétype de toutes les divisions du travail.

   Certes, une telle division ne respecte-t-elle pas, en apparence, l’individualité, comment le pourrait-elle, d’ailleurs, stricto sensu ? Cependant, l’individu est décodé précisément de par son appartenance à tel ou tel groupe social dont il reçoit ainsi une certaine identité : littéralement l’identité, c’est le signifiant social auquel on peut nous identifier. Il y a par rapport à lui une attente, il n’est pas une énigme. Donc, de ce point de vue, la société aide l’individu à exister en le reliant à un certain nombre de paramètres.

   La société ne souhaite nullement que tous les individus se ressemblent mais prévoit au contraire qu’ils se distinguent de façon à pouvoir assumer telle ou telle fonction (signifié social).

   De même au niveau événementiel, il ne faudrait pas croire que toute révolution, toute crise sont des situations qui remettent en cause la société, dans la mesure même où toute société se doit d’aménager le temps de la Cité.

   Cette structuration du temps est de nos jours fort mal comprise : tout se passe comme si tout changement était par définition imprévisible et ne relevait en tout cas d’aucune nécessité, comme si on ne pouvait programmer le changement, comme si c’était de l’ordre de la contingence.

   Il nous semble au contraire que toute organisation sociale non seulement gère le changement, l'intègre mais en fait le génère et l’impose. Le mot même de révolution comporte d’ailleurs une telle ambiguïté, à la fois rupture dans son acception politique et retour, dans son acception astronomique.

   Il n’en reste pas moins que l’astrologie n’est paradoxalement pas persona grata dans les hautes sphères et apparaît précisément comme superfétatoire, comme supplétive, comme relevant de la seule vie privée.

   Il ne faudrait pourtant pas jeter le bébé avec l’eau du bain et prendre conscience que le ciel, quelque part, est une clef pour comprendre la vie de la Cité et notamment en ce qui concerne les changements cycliques qui s'opèrent en elle, qui font partie intégrante de son organisation.

   Mais là encore, il s’agit d’articuler l’individuel sur le collectif, c’est à dire de comprendre que les changements collectifs nous renseignent sur ceux de chacun ; trop d’astrologues parlent de changements individuels, selon une chronologie spécifique. La dimension individuelle existe certes mais elle s’inscrit dans une approche déductive, à partir du global vers le particulier. Avoir une approche inductive de l’individu est certes intéressant en termes de recherche où tout est toujours à repenser mais n’est pas pertinent au niveau des sciences sociales dont selon nous l’astrologie fait partie intégrante.

   Le problème, c’est que l’astrologie a été mise au ban de la société et qu’un consensus s’est constitué contre elle qu’il est très difficile de transformer sinon en faisant éclater le dit consensus de façon à ce que l’astrologie participe d’un nouvel ordre des choses, qu’elle y ait sa place. Il s’est crée un hypno-savoir, à une certaine époque - peut-être le XVIIIe siècle - dont l’astrologie est absente. Mais elle aussi, l’astrologie, en son temps, a généré un hypno-savoir qui a laissé pour compte différentes données qui ne font dès lors pas sens pour elle. On a donc affaire à une série de verrouillages qui sont chacun voués à pratiquer une politique d’exclusion, sur la base d’une situation se figeant à un moment donné.

   Cela dit, une telle organisation sociale n’a pas pour autant évacué des étapes plus frustes avec une conscience sociale faible et qui ont nécessairement précédé. En ce sens, l’opposition masculin / féminin n’est pas tant synchronique que diachronique. La femme représente un état antérieur à l’homme, ou si l’on préfère où l’homme n’était pas encore apparu en tant que tel. On pourrait dire que l’homme est la création de la femme et qu’il la dépasse. Ainsi, quand la femme revendique d’être l’homme, qu’est-ce que cela peut signifier sinon un conflit du créateur avec sa création ? L’homme émerge donc doublement de la femme, à la fois physiquement et psychiquement. Mais la machine, également, est issue de la femme mais sous un autre angle. Il y aurait donc eux deux filiations, à partir de la femme, qui cohabitent dans le monde d’aujourd’hui. Nous vivons dans une structure ternaire : femme-homme-machine.

   L’organisation sociale est le fait de l’homme, elle se constitue face à la femme. L’homme, on le sait, est un animal politique, il n’existe que dans un espace-temps social et en subit pleinement la pression alors que la femme tente d’y échapper pour se retrouver sous la pression de ses instances intérieures qui, chez l’homme, ont été littéralement projetées sur le monde, dont il s’est débarrassé intérieurement, substituant à une pression intérieure une pression extérieure. Entre les deux, la machine ne subirait aucune de ces pressions, n’ayant ni une vie intérieure, ni une vie sociale sophistiquées.

   L’homme a construit une organisation qui est marquée par la prévisibilité : l’individu perd ainsi sa dimension unique, il est détrôné au profit de la société, il n’en est plus qu’un rouage. Mais en même temps, la femme perdure et maintient cette croyance archaïque en l’irréductibilité individuelle. On se trouve donc ici dans une sorte de choc de croyances avec des transfuges, des renégats, comme dans le cas des homosexuels masculins qui adoptent le credo féminin du primat du moi personnel sur le moi social, cherchant ainsi à changer de signifiant social sans accéder, d’ailleurs, pour autant au signifié social correspondant.

   Si tant de femmes s’intéressent à l’astrologie et à d’autres modes de positionnement psychosociologique, cela tient au sentiment d’un certain déficit au niveau de la prévisibilité vu que si l’on ne sait pas décoder les signes sociaux, on vit dans la non-prévisibilité. La machine est plus prévisible que la femme du fait qu’elle est clonée. Ainsi, donc, la femme incarne face à l’homme et à la machine l’imprévisible. Mais l’homme lui-même participe de la démarche inductive, - par certains côtés cartésienne - et en cela, dans un processus de recherche, se rapproche de la femme quand il fait table rase des acquis mais, ce faisant, il n’en reste pas moins en prise avec le social et n’aura de cesse de communiquer ses réflexions voire de chercher à les imposer de façon à aboutir à un nouveau consensus déductif.. C’est pourquoi les créateurs, les chercheurs sont en affinité avec l’élément féminin.

   En réalité, la femme est marquée par les instances internes que Freud a décrites et qui valent plus pour elle que pour l’homme : elle a un ça qui s’exprime au travers d’envies, elle a un Surmoi qui inspire ses réactions mais qui fonctionne de façon assez fruste, au niveau non pas des signes qui sont un ensemble complexe à décoder mais de signaux qu’elle appréhende de façon souvent sommaire, prétextuelle plutôt que contextuelle, et réductrice du fait de leur univocité présumée. Et c’est pourquoi par certains côtés la femme s’apparente à la machine par son rapport superficiel au monde extérieur, fondé sur des stimuli interprétés souvent de façon trop littérale, conduisant à une pseudo-communication verbale, à une sociabilité de surface, mais sa production reste fortement idiosyncratique n’aboutissant pas à une reconnaissance sociale par son caractère inclassable.2 C’est ainsi que la femme partage certains traits tant avec l’homme qu’avec la machine.

   La femme nous l’avons dit précède l’homme et la machine : elle correspond à un état encore indifférencié et peu conscient de sa relation à un espace-temps social qui précisément n’existe pas encore, à son stade. L’émergence de l’homme apparaît comme une rupture en quête de structure, avec la création de valeurs communes et un élargissement de la conscience. Par ailleurs, l’essor technique constitue un ensemble intégrant des éléments extérieurs, issus du monde environnant ainsi instrumentalisé, alors que l’homme, lui, incarne une dualité interne à la femme. On notera à quel point nous nous éloignons désormais de la représentation biblique - ou du moins de l’interprétation qui en est faite - qui voudrait que la femme soit issue d’une cote (tséla) de l’homme(Adam), c’est bien plutôt l’homme qui serait issu, on l’a dit, à plus d’un titre, de la femme; un homme qui, en quelque sorte, se libérerait de l’ androgynat. Peut être faudrait-il parle d’Adama (en hébreu, la terre) plutôt que d’Adam. C’est l’homme qui serait façonné à l’image (tsélem) de la femme, de la Mater, de la Matière, mais qui se situerait dans une différence radicale par rapport à elle du fait même d’un tel processus de différenciation, de spiritualisation.. L’apparition de l’homme constitue bien entendu un événement majeur de l’Histoire du monde, à condition de rappeler que c’est le moment où l’homme, quelque part, quitte le stade indifférencié du féminin pour voler de ses propres ailes. Il n’en reste pas moins que l’homme reste lié à la femme en ce qu’elle incarne la matrice, témoigne de ses origines tout comme, sur un autre plan, le christianisme se positionne par rapport au judaïsme.

Jacques Halbronn
Paris, le 23 juillet 2003

Notes

1 Cf. nos études, dans l’Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr, rubrique Hypnologica. Retour

2 Cf. nos deux études “La femme s’appartient-elle ? ” et sur le refoulement, sur E. H., Ramkat.free.fr, rubrique Hypnologica. Retour



 

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