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HYPNOLOGICA

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La femme caméléon

par Jacques Halbronn

    Notre propos, une fois de plus, est de démontrer l’inanité des représentations symétriques en ce qui concerne l’homme et la femme, lesquelles ne font sens que sur un plan très général. En effet, dès que l’on amorce une certaine description, c’est la complémentarité qui se manifeste.

   La femme ne rencontre pas un homme, mais un monde dont celui-ci est certes l’épicentre mais dont il n’est que cela. Elle a une capacité extraordinaire d’adaptation à une société nouvelle, c’est ce qui fait sa force mais aussi sa faiblesse.

   Dans l’histoire d’une femme, les étapes sont marquées par des rencontres avec des sociétés différentes qui lui permettent de changer de peau, c’est-à-dire de langue, de langage en tout cas, d’horizon, de façon de voir. La femme n’épouse pas un homme mais une famille, un milieu, un pays. C’est en ce sens que nous dirons que la femme est caméléon.

   Cette façon d’être a son revers, en ce que pour une femme, tout est lié, ce qui alourdit sa marge de progression qui ne peut se faire que par à coups et par intervalles assez espacés, généralement de plusieurs années. On ne change pas d’environnement comme de chemise.

   La femme a deux discours : il y a ce qui lui arrive et il y a ses opinions. Sur ce qui lui arrive, au quotidien, elle est intarissable ; en revanche, pour ce qui est de ses opinions, de ses propos intellectuels, ils sont ceux d’un milieu. Qu’elle change de milieu et ce qu’elle dira changera. Femme caméléon et qui parle d’autant plus de son “moi” que celui-ci se situe intrinsèquement que dans une sphère étroite. Elle fait ainsi le grand écart entre une appartenance sociale lourde et une individualité assez futile.

   Il reste que la femme, a priori, est comme une plaque sensible sur laquelle s’inscrivent toutes sortes de choses, tant individuelles que collectives. Avec l’âge, l’aptitude de la femme à se renouveler semble décroître. Symboliquement, son visage est plus marqué, exprimant ainsi par ses rides que la possibilité de découvrir un monde nouveau se réduit. La femme jeune correspond donc mieux à notre schéma que la femme plus mûre et instinctivement, l’homme se dirige vers les femmes encore fraîches d’apparence. L’homme est en quête chez la femme d’une certaine virginité, dans tous les sens du terme.

   A l’inverse, l’homme, quant à lui, évolue autrement, de façon plus personnelle. Ses opinions ne sont pas autant fonction du groupe auquel il appartient, ce n’est pas du prés à penser. Le changement de milieu n’a pas pour lui la même signification, le même impact et d’ailleurs peut se révéler contre-productif, résulter en perte d’énergie, en marginalisation. La femme profitera davantage de la migration que l’homme, y laissera moins de plumes, y trouvera mieux son compte. On comprend dès lors que ce soit la femme qui aille généralement rejoindre l’homme, dans les sociétés exogamiques. L’Histoire de France est truffée de ces étrangères épousant des princes et cela vaut probablement, toutes proportions gardées, à une plus petite échelle.

   Autrement dit, la femme est un être social, marqué par les modes (en anglais fashion indique bien un façonnement) qui lui apportent un petit coup de fouet et en même temps elle revendique, en contre partie, une individualité à un niveau souvent dérisoire, ce qui fait contre poids mais brouille quelque peu les pistes. Elle choisira son partenaire en prenant en compte sa surface sociale, ce que cela lui apporte pour son besoin périodique de renouvellement, sans lequel elle risque fort de se scléroser. C’est dire que l’évolution, chez la femme, est une affaire grave, qui relève des appartenances et non d’une réflexion personnelle, laquelle ne se situe que dans un certain vécu assez hétéroclite. La femme serait donc à la fois agitée de fluctuations de surface et marquée par des transformations radicales de lieu et de mode de vie.

   Présenter la femme comme s’il s’agissait d’une toile vierge, d’un bloc à ciseler, c’est en fait la décrire dans une fonction de récepteur, de véhicule. Mais il va de soi qu’à un récepteur doit correspondre un émetteur lequel implique, au contraire, un trop plein qui a besoin de se déverser en un espace vide, en tout cas ouvert, ce qui s’entend déjà au niveau sexuel mais qu’il importe de transposer sur d’autres plans.

   Il y a certes un paradoxe apparent : pour pouvoir remplir un récipient ne faut-il pas être soi-même plein, selon le principe des vase communicants ? Mais le sperme de l’homme, c’est son propre corps qui le fabrique, c’est son sang qui est ainsi transmuté, c’est tout le problème de la création, de la créativité. L’homme produit, la femme consomme.

   Le problème, c’est que la femme s'imprègne si bien du milieu dans lequel elle évolue qu’elle tend à se l’approprier et à le faire totalement sien comme elle fait sien l’enfant qui sort de son ventre, comme elle fait sienne la parole qui sort de sa bouche. C’est une logique simple : celui qui porte est ipso facto le propriétaire de ce qui émane de lui. On joue ici sur les mots et c’est d’ailleurs à cause de cela qu’on est dans la confusion : il importe de distinguer ce qui sort et ce qui émane. Ce qui émane est ce qui est l’expression de l’être, ce qui en sort peut n’être que quelque chose de transporté et qui vient d’ailleurs. D’où l’importance ici de distinguer l’oeuf et la poule.

   Ces phases au cours desquelles les femmes changent d’horizon sont liées à des cycles et l’on sait qu’il y a une dimension cyclique chez la femme, avec la menstruation. Mais la cyclité, chez elle, se manifeste aussi sur d’autres plans selon des phases sensiblement plus longues.1 Certaines phases liées à la formation de telle configuration céleste2 détermineront donc, périodiquement, un certain brassage social, du fait de la migration féminine. On pense un peu au rôle de liaison des abeilles.

   Ce qui est bon pour une femme ne l’est pas forcément pour un homme et il nous semble aberrant d’éduquer identiquement garçons et filles. On l’a dit, le voyage est vital pour l’épanouissement de la femme, elle doit périodiquement sortir de son trou, faute de quoi elle est menacée de sclérose. Les voyages la “forment”. En revanche, le voyage, pour l’homme, lorsqu’il implique de s’expatrier, qu’il ne se réduit pas à un peu de tourisme, est une cause d’appauvrissement, de dispersion, plutôt que d’enrichissement. Il serait bon de faire le bilan comparatif d’expériences de dépaysement chez des groupes d’hommes et des groupes de femmes. Pour les premiers, on bascule souvent dans la marginalité tandis que pour les secondes, il peut s’agir d’une promotion, notamment par la voie du mariage, de l’entrée dans une famille “locale”, dans un nouveau milieu qu’elle saura intégrer.

   Il importe de tirer les conclusions, d’apprécier les conséquences d’une telle différence : nous l’avons dit à propos des Juifs3, la condition d’étranger peut fréquemment se révéler parasitaire par rapport à leur fonction spécifique. L’homme trouve la nouveauté dans l’approfondissement, non pas dans le changement de cadre. Ce n’est pas en recevant de nouvelles données, aussi arbitraires d’ailleurs que celles qu’il pratiquait antérieurement, qu’il pourra progresser car on est là dans la synchronie, le déplacement spatial. C’est bien plutôt diachroniquement, en faisant avancer, en creusant, le champ dans lequel il se situe qu’il se renouvellera. L’homme se situe dans une dynamique de temps alors que la femme se situe dans une dynamique d’espace. Car si la femme est vouée à des périodes, celles-ci déclenchent avant tout des changements de lieux, le reste en découlant : changer de lieu s’accompagne, en effet, de tout un lot de transformations socioculturelles.

   En ce sens, la femme développe un certain culte de la sociologie, elle ne jure en fait que par elle, puisque pour elle le milieu est si déterminant. Le milieu fait tout, tout dépend de lui, telle est sa religion. En ce sens la femme est Protée. Cela explique pourquoi le débat sur le masculin et le féminin ne fait pas sens pour elle dans la mesure où tout n’est jamais qu’une question de rôle social à endosser et à assumer. Selon la logique mimétique, une différence ne peut qu’être relative à un choix existentiel, tant individuel que collectif, assumé ou subi. En ce sens, qu’est ce qui empêcherait en effet la femme de devenir homme, de devenir l’homme ? C’est la logique du caméléon. Si la femme n’avait pas de spécificité sexuelle qui la ramène à une certaine réalité objectivité, elle basculerait dans une totale subjectivité sous-tendue par une approche essentiellement sociologique. Mais même cette spécificité sexuelle, elle cherche sinon à la nier du moins à la relativiser, à la minimiser.

   Le paradoxe de la femme est que son être est précisément de s’adapter, de s’intégrer, de s’imprégner. Il suffit de vouloir, de décider et la chose est entendue. Comment parler de vérité à quelqu’un qui ne vit que dans et par le mensonge ? Il faudrait déjà que la femme comprît que l’homme ne fonctionne pas comme elle et que tout ne se situe pas au plan des apparences, qu’il faut distinguer l’original et la copie. Le stade du miroir.

   Nous avons montré ailleurs à quel point l’étranger tendait à se féminiser dans son comportement voire dans sa philosophie. On peut d’ailleurs se demander si un des traits de l’homosexualité masculine n’est pas lié à la migration, du fait du travestissement que cela implique. Il y a une sorte de démesure, de délire, d’ubris, au féminin de type icarien. Rien ne l’arrête, les frontières sont faites pour être abolies. Toute nouvelle intégration pour la femme est vécue comme un défi, il s’agit pour elle d’atteindre au maximum de ressemblance avec le modèle à suivre.

   Apprendre le masculin, pour une femme, c’est prendre conscience des limites d’un tel modèle de vie. L’homme n’est pas seulement celui qui lui ouvre les portes d’un nouveau milieu car en cela elle ne ferait que l’instrumentaliser, se servir de lui pour y pénétrer, ou plutôt pour s’en imprégner. On notera l'ambiguïté même du verbe pénétrer : qui pénètre qui. Est-ce la femme qui pénètre le groupe ou elle qui se laisse investir par lui ? Il est normal que la femme cultive les ambiguïtés du langage pour brouiller les pistes. Même le mot fonction peut être détourné de son sens: est-ce simplement un rôle qui vous est imparti ou est-ce un processus intrinsèque, “hypnologique”, qui naît avec nous et dont il faut accepter la réalité objective, c’est-à-dire qui ne dépend pas de nous ?

   En ce qui concerne le couple parental, la mère peut-elle remplacer le père ou seulement faire semblant de pouvoir le faire ? A un certain moment, en effet, l’on s’aperçoit qu’il n’y a là qu’une apparence, souvent qu’une caricature et que le signifiant ne correspond pas au signifié dont on a besoin, qu’il y a à un certain stade de déviance, subterfuge. Comme une alimentation qui à la longue montrerait ses carences, remplirait le ventre mais ne comporterait pas les vitamines nécessaires à un bon épanouissement. La femme est un peu un placebo.

   On conçoit donc qu’entre la femme et l’étranger il y a complicité, entente objective, conspiration. Car l’étranger est celui qui se rapproche le mieux des idéaux féminins, qui pervertit le masculin.

   Cela dit, à un moment donné, le masque se fissure, la mécanique a des ratées et avec l’âge, la femme s’aperçoit qu’elle n’est plus capable de jouer son jeu ou plutôt l’homme n’a plus envie de jouer à Pygmallion avec elle, qui est trop marqué par ses précédents rôles. C’est ce qui rend la femme âgée pathétique. “Quand vous serez bien vieille... ”, disait Ronsard. Au crépuscule de sa vie, la femme prend enfin conscience que son mimétisme a simplement permis à l’homme de se prolonger en elle, par elle, elle s’aperçoit qu’elle n’a été qu’un clone et qu’elle est interchangeable : on lui préfère des créatures plus jeunes qui feront mieux l’affaire.4 Le disque est rayé ! D’ailleurs, d’une façon générale, le temps est bien cruel pour les femmes, elles ne peuvent que constater qu’on les oublie très vite et que la postérité fait la part belle aux hommes, sans qu’elle comprenne toujours très bien pourquoi. Quelque chose lui a apparemment échappé. Le problème de la femme mûre, c’est de ne pas avoir conscience qu’elle ne peut attirer l’homme que par le vide, la vacuité et non par le plein, le trop-plein. Une femme qui n’est plus capable d’évacuer, de se libérer de ce qu’elle a accumulé en elle-même, est-elle encore une femme ? Même quand elles se remplissent, les femmes doivent à terme se décharger, se libérer de ce qui a transité par elles, de façon à se rendre à nouveau disponibles pour recevoir, pour capter. En tout état de cause, si l’on admet qu’une femme est formée par un homme, il est clair que si elle vit avec un autre homme, elle ne saurait continuer à véhiculer les idées de son précédent partenaire. Ce qui compte chez une femme, ce sont ses compétences et non ses opinions. Elle doit se choisir un compagnon à sa mesure, c’est-à-dire dont elle accepte la présence dans tous les sens du terme. Il en est de même pour les machines : ce qui importe c’est la puissance d’une machine, non son histoire. La femme est faite avant tout pour servir, avec les moyens dont elle dispose, non pour émettre des propos personnels, si on entend par là dont elle serait la source. Elle peut certes donner son avis sur la réalisation d’un projet, elle peut communiquer des informations, c’est entendu. Derrière la femme, il faut toujours chercher l’homme !

   Est-ce être misogyne que de tenir de tels propos ? Comment les femmes nous pardonneraient-elles de les “dévoiler” ? Le pire, dans cette affaire, c’est que par delà cette aptitude imitative, mimétique, la femme en vient à affirmer que l’on est dans le vrai et finit par nier qu’il existe un original, tant, il est vrai, elle ressemble à l’homme, si on la compare à la machine. Mais pourra-t-on longtemps courir le risque d’une telle confusion des genres ? Il est grand temps que la femme adopte un code de déontologie, d’éthique, qui lui serve de garde-fou, faute de quoi elle risque fort de constituer un danger pour l’Humanité contre lequel des mesures radicales devraient être prises. Un certain féminisme fait problème. En s’encombrant la tête d’une philosophie égalitaire, la femme se disqualifie dans sa capacité à percevoir le monde tel qu’il est et ce faisant elle va à l’encontre de ses objectifs de rapprochement avec l’homme dans la mesure même où son jugement est faussé. La femme qui n’est plus malléable, qui n’est plus capable de s’imprégner d’un homme, d’en recevoir l’empreinte, ne peut que conduire à un processus de castration, contraignant l’homme à renoncer à y laisser son empreinte, au nom d’une égalité factice.

   On l’a dit ailleurs, la femme est dépositaire génétiquement d’un capital vital, qui relève de ce que nous avons appelé l’hypno-savoir, ce qui est en fait une sorte d’instinct à faire certaines choses d’une certaine façon, sans avoir appris à le faire. Car la femme n’est pas simplement marquée par le milieu dans lequel elle évolue ou qu’elle intègre, à certains moments de sa vie et qu’elle finit parfois par incarner symboliquement, elle est également liée à un certain héritage transmis depuis des temps immémoriaux et en ce sens là la femme a une fonction à assumer qui lui est impartie par l’Histoire et qui ne dépend pas de son bon vouloir ou du bon vouloir de ceux qui la manipulent pour démontrer leur pouvoir. Nous avons souligné ailleurs le rapport de la femme à l’absence car le mimétisme ne fait sens que lorsque celui qui lui sert de référence n’est pas là, de la même façon qu’un disciple ne parle pas devant son maître mais seulement en son absence ou parce qu’il est décédé. Il n’est quand même pas difficile de comprendre la logique de la dualité : un récepteur ne sert que s’il y a émetteur. On nous rétorquera que chacun peut être à tour de rôle l’un et l’autre mais précisément, c’est vouloir abolir le rôle déterminant du temps et surtout le fait que nos aptitudes ne se réduisent pas à ce que nous transmet notre milieu mais à ce dont nous avons hérité.

   L’homme d’ailleurs ne saurait devenir femme ! Il y a là un paradoxe pour ceux qui croient que qui fait le plus fait le moins; en réalité, le modèle ne peut devenir celui / celle qui l’imite car rien ne prouve qu’il ait aptitude à imiter. On a là une sorte d’anneau de Moebius. Celui qui me remplace n’est pas moi puisque je suis ailleurs. En prenant la place de l’homme, la femme permet à l’homme d’aller ailleurs, d’aller de l’avant pour que par la suite elle le rejoigne et ainsi de suite. Jamais elle ne le rattrapera car au moment où elle le rejoint, il est déjà parti plus loin. Il ne faudrait pas qu’elle oublie, au XXIe siècle, cette vérité élémentaire et il est bon, croyons-nous de la lui rappeler.

Jacques Halbronn
Paris, le 4 octobre 2003

Notes

1 Cf. notre étude sur les femmes et l’influence astrale, sur Encyclopaedia Hermetica. Retour

2 Cf. nos travaux sur l’astrologie axiale et la phase hypno+, sur E. H. Retour

3 Cf. notre étude sur “caractères acquis et socio-biologie”, sur E. H. Retour

4 Voir notre étude sur “la femme et le vieillissement”, sur E. H. Retour



 

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