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HYPNOLOGICA

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L’arbre (homme) et l’oiseau (femme)

par Jacques Halbronn

“L’arbre se caractérise essentiellement par sa capacité à exister sur plusieurs niveaux : les racines s’enfoncent dans la terre, créant un lien avec le monde des enfers, le tronc s'érige sur le sol à hauteur d’homme pour se projeter vers le haut où les branches et les feuilles sont en contact avec le ciel.”1

    Selon nous, l’arbre, c’est l’homme et la femme, c’est l’oiseau sur la branche. En ce sens, l’arbre est un support, un contenant. Dans une précédente étude, nous avions opposé l’assiette et les petits pois qui s’y trouvaient à un moment donné. L’oiseau dans l’arbre fait certes quelque part partie de l’arbre, mais c’est illusion, il n’est que “de passage” tout comme une planète ne fait que traverser, séjourner dans une constellation, constituée d’étoiles dites fixes.

   Nous avons volontiers comparé la femme et l’étranger et ce dernier est une sorte d’oiseau migrateur. Par étranger, nous entendrons celui qui ignore ce que les autres savent, un peu comme les deux Persans de Montesquieu.2 L’étranger, c’est celui qui essaie de comprendre une société dont il ignore les règles et dont les règles existent même si elles lui échappent. On opposera ce qui est étranger à ce qui est inconnu : est inconnu ce que personne ne connaît. Et la recherche est plus en quête d’inconnu que d’étranger. On dira que si l’homme cherche, la femme plutôt se cherche. La femme tend d’ailleurs à confondre étranger et inconnu, dans la mesure où ce qui lui est étranger est à ses yeux inconnu - en ce qu’elle se croit peu ou prou le centre du monde - mais aussi parce que ce qui lui est inconnu ne lui serait qu’étranger, comme s’il y avait toujours quelqu’un derrière elle pour lui donner les explications nécessaires, pour l’initier.

   L’homme est donc Arbre, c’est-à-dire qu’il se caractérise par une certaine fixité apparente contrebalancée par un processus incessant et inlassable d’approfondissement. La femme serait Oiseau, en ce que, pour elle, le progrès passerait par le changement, elle passe à autre chose, à un autre monde, elle ne reste pas sur les mêmes rails. Le problème de la femme, c’est son rapport au passé, le problème de l’homme, c’est son rapport au futur. Entendons par là que la femme se doit de se dégager de ce qu’elle a été tandis que l’homme se doit de continuer à être ce qu’il est et l’un et l’autre se demandent s’ils parviendront à assumer leurs enjeux respectifs.

   En ce sens, nous dirons que l’homme ne peut s’épanouir vraiment que dans la continuité, ce qui ne signifie nullement le surplace alors que la femme a besoin de changer d’air, d’arbre. On ne voit pas par exemple pourquoi les femmes auraient le plus souvent la “charge” des enfants du couple, en cas de divorce. Car l’homme est mieux à même de s’occuper de sa progéniture quand la femme, elle, est en quête de nouveaux horizons. C’est pourquoi elle n’a pas intérêt à gêner la relation du père avec ses enfants. L’homme aime que les choses avancent, poussent, plus qu’il ne souhaite qu’elles changent radicalement, radical signifiant racine.

   Dans la vie d’une femme, les tournants sont liés à des changements de milieu, de langue, de pays, qui impliquent chaque fois un certain apprentissage, qui les mettra en situation d’étrangère. Il est délicieux d’apprendre ce qu’on ignore, tout en sachant que d’autres sont passés par là et qu’on va à terme les rejoindre. Beaucoup d’hommes, en vérité, passent aussi par ce type d’expérience mais l’on ne saurait affirmer que cela est positif car en se déracinant, ils se placent en situation d’étranger et dépensent ainsi leur énergie à poursuivre des objectifs assez vains, substituant à la quête de l’inconnu l’acquisition d’un nouveau bagage que d’autres ont acquis en vivant simplement sur place ou en recevant de leurs ancêtres certains éléments plus ou moins innés, subconscients. Le rocher de Sisyphe dont parle Albert Camus, c’est plus une entreprise féminine que masculine, à savoir un éternel recommencement.

   C’est dire que, selon nous, ce qui fait le bonheur d’une femme ne fait pas ipso facto celui d’un homme. Un tel constat pourrait expliquer les discontinuités plus fréquentes dans la vie d’une femme que d’un homme, les interruptions de carrière, les départs, les changements d’orientation sont mieux vécus par les femmes que par les hommes. Pour les hommes, en effet, il y a une perte plus grave à devoir tourner la page et cela provoque une cassure plus traumatisante. Inversement qui sentirait qu’elle ne peut sortir du créneau, du sillon, des rails, risquerait de s’appauvrir en tombant dans une routine, à laquelle l’homme échappe plus facilement. L’homme est dans le “je veux”, la femme dans le “j’en veux”.

   C’est dire que l’idée de renouvellement n’est pas vécue pareillement par l’homme et par la femme et qu’il est urgent d’en prendre conscience. Pour l’homme, se renouveler, c’est progresser dans sa recherche sur le terrain alors que pour la femme se renouveler, c’est carrément changer d’air, d’arbre, déménager, émigrer, bouger. Comment concilier, dans un couple, des impératifs aussi opposés ?

   L’homme, a priori, serait donc celui qui progresse dans un seul et même créneau, c’est à la femme de s’adapter à lui, lors de la rencontre, et c’est pour elle, on l’a dit, une source de renouvellement, de se laisser envahir par une autre présence, de fonctionner selon d’autres principes. Au bout d’un certain temps, l’ennui apparaît quand la femme a le sentiment d’avoir épuisé son intérêt, elle ressent alors le besoin de passer à autre chose. Si l’homme veut la garder, il lui faut proposer quelque changement de vie mais à quel prix ? Le fait d’avoir un nouvel enfant peut satisfaire peu ou prou un tel besoin. D’un autre côté, l’homme constitue un élément stabilisateur pour la femme et si sa carrière progresse, elle sera susceptible de manifestations nouvelles, comme un changement de lieu d’activité, un changement de statut social etc.

   On aura compris que chez la femme, le renouvellement est à la fois plus marqué et plus superficiel. Il est en effet souvent plus spectaculaire mais il ne passe pas nécessairement par une remise en question de ce que l’on est, de ses convictions. Celui qui change de pays se remet-il en effet en question ? Il change d’habitudes mais il ne passe pas pour autant par une autocritique comme chez celui qui progresse dans sa spécialité et remet en cause ses certitudes. Là encore, il faut se méfier des formules creuses que chacun remplit à sa guise. Il est très important pour un couple de ne pas fonctionner sur un faux consensus, où chacun n’en pense pas moins et use des mots à sa guise, non sans arrière - pensées.

   Rappelons un certain nombre de réflexions antérieures sur le masculin et le féminin : l’homme est absorbé par ce qu’il fait et il cherche à se dépasser et à dépasser autrui alors que la femme est marquée par un certain mimétisme qui la pousse à s’identifier à l’autre, ce qui n’est pas la même chose. Ce qui intéresse la femme, c’est le but à atteindre, ce qui n’est concevable que si celui-ci est déjà repérable, préexiste. Ce qui intéresse l’homme, c’est de poursuivre sur sa lancée sans savoir où il va car s’il le savait il se situerait dans une logique féminine, d’ordre mimétique. La femme a horreur du vide, de ce qui est littéralement inconnu en soi, elle se contente de ce que, elle, ne sait pas, mais que les autres savent déjà, cela lui suffit. Pour l’homme, l’apprentissage reste une activité mineure, réservée aux mineurs, à un âge tendre, et qui passe par un enseignant, supposé savoir. Tôt ou tard, il devra voler de ses propres ailes bien que l’image, ici, prête à confusion puisque nous avons posé la femme comme oiseau.

   Le personnage de la belle-mère, comme dans Blanche-neige, était un classique : c’était la femme avec laquelle le père se remariait, à la suite d’un veuvage ou d’un divorce et qui prenait la place de la mère partie, auprès des enfants du premier lit. Souvent, la femme est amenée à assumer un tel rôle, sous une forme ou sous une autre, de remplaçante. Le personnage opposé est celui de la veuve qui reste fidèle à la mémoire de son mari mais il ne semble pas que cela soit si épanouissant que cela pour une femme alors qu’un homme pourra plus sereinement rester fidèle au souvenir d’une femme qu’il a, tel Pygmalion, marquée de son empreinte et qu’il perçoit quelque peu comme son alter ego, statut qui est le résultat d’une longue complicité.

   La femme a un certain talent pour l’intérim, pour les missions qui exigent une adaptation et un apprentissage rapides. La femme sait improviser mais ensuite risque de plafonner, de piétiner, ne parvenant à se renouveler qu’en changeant d’activité plutôt qu’en approfondissant la même activité.

   On attend donc d’une femme qu’elle soit capable de faire le vide en elle, pour s’ouvrir à un nouveau contexte.3 Il convient qu’elle soit assez légère. “Comme la plume au vent”, dit-on dans Rigoletto de Verdi. En fait, la femme a vocation à être un miroir pour l’homme avec lequel elle vit, à lui ressembler, à le prolonger. En ce sens, la femme est le futur de l’homme, elle lui succède, elle le remplace mais elle n’est jamais que son ombre, son reflet à l’image de la lune par rapport au soleil.

   Quand la femme quitte l’homme, elle tourne la page, elle va se percher sur un autre arbre et l’homme devra lui trouver une remplaçante qui jouera le même rôle que la précédente à ses côtés et ainsi de suite. Ce n’est pas à l’homme de quitter la femme, s’il le fait c’est contraire à sa logique de continuité. Il peut s’agir aussi d’une autre femme qui arrive à le persuader qu’elle saura mieux le comprendre et le suivre que la précédente. En fait, la polygamie convient assez bien à l’homme, compromis entre un certain perfectionnisme et un besoin de fidélité. L’homme fonctionne en réseau.

   Quels conseils donner aux couples ? La femme doit être libre par rapport à son passé, elle doit épouser le destin de l’homme avec qui elle est, avec tout ce qui va avec. Elle doit retrouver à chaque nouvelle rencontre de sa vie une certaine virginité, c’est une qualité précieuse que l’on espère de sa part.

   De l’étranger, on attend un comportement féminin et non qu’il reste marqué par un passé se situant ailleurs. C’est pourquoi il n’est pas bon pour un homme de vivre la condition d’étranger, alors que celle-ci fait partie intégrante de la condition féminine, notamment du fait de l’exogamie, qui pousse la femme à quitter sa famille. Le destin de la femme est donc bel et bien de s’exiler périodiquement, c’est dans cet exil même que la femme affirmé sa spécificité et sa force et c’est aussi une tentation à laquelle elle finit généralement par céder.

   En effet, entre l’homme et la femme, il y a une rivalité. Et face à l’homme qui la marque de sa personnalité, de sa famille, de son hérédité, la femme a-t-elle d’autre issue, à terme, que d’affirmer sa liberté et le fait qu’elle n’appartient à personne et peut-être même pas à elle-même alors que l’homme est totalement pris dans un destin d’un seul tenant. Quand la femme choisit son partenaire, on conçoit que cela soit une décision importante qui va l’engager pleinement, qui va la transformer. Pour l’homme, le choix est peut-être moins crucial puisque ce n’est pas à lui de changer, mais à la femme. Le seul problème est de choisir une femme qui ne triche pas avec sa mission et c’est peut être là que le bât blesse, c’est que tant de femmes ne correspondent plus à l’image que nous avons définie, ne sont plus prêtes à jouer le jeu. Mais en refusant de se plier à ce schéma, où va la femme ? Nous pensons qu’elle n’a pas assez de ressort pour être pleinement un homme, c’est un très bon second, un excellent lieutenant mais il ne convient pas qu’elle se mette à son compte. Certes, il revient à l’homme d’aider la femme à devenir “sa” femme, à épouser “sa” cause, à se convertir à une nouvelle religion en quelque sorte dont il serait le dieu et elle la prêtresse ou la prophétesse. Il est vrai qu’il y a aussi de nos jours tant d’hommes féminisés, en situation de faiblesse, de fragilité, notamment parmi les immigrés, les étrangers, lesquels conduisent les femmes à se masculiniser. Cette inversion des rôles n’est pas souhaitable et guère épanouissante ni pour l’un ni pour l’autre : la femme s’épuisera dans le rôle de l’homme, qu’elle ne pourra assumer que médiocrement et sans grande inspiration, ne se donnant pas assez pleinement à son travail, s'essoufflant au bout d’un certain temps. Quant à l’homme optant pour un profil féminin, il risque fort de ne pas pouvoir se vider comme il conviendrait pour pouvoir s’emplir et se laisser féconder et modeler par l’autre. Le jeune enfant, à coup sûr, passe par une phase féminine quand il est en période d’apprentissage et il conviendrait qu’il soit sevré de cette phase, faute de quoi il risque fort, par la suite, de chercher à revivre un état d’enfance. Et n’est ce pas le fantasme de l’étranger que de retomber quelque part en enfance, de renaître à une autre vie, en changeant de cadre ? Il y a là une marque d’immaturité pour l’homme qui multiplie des expériences de ce type, quel qu’en puisse être le prétexte. L’immaturité chez la femme, a contrario, consisterait à être prisonnière d’un rôle d’éducatrice en tentant d’inverser les rôles, ce qui est souvent le cas avec l’âge, quand la femme reste figée dans ses habitudes et ne peut plus guère se laisser imprégner par une nouvelle présence masculine. En ce sens, la femme jeune a des chances d’être plus apte à capter la demande et l’attente de l’homme, et l’homme mûr risque moins de la décevoir par son inconsistance et sa dépendance. Si l’on considère le rapport amoureux: l’homme tombe d’abord amoureux d’un physique, d’une expression du visage ou d’une gestuelle - c’est le sois belle et tais-toi - non pas d’un discours, d’une situation propres à la personne aimée. Le rapport de l’homme à la femme est au départ liée au plumage plus qu’au ramage, pour reprendre la formule de La Fontaine, dans la fable du corbeau (perché) et du renard. L’amour se cultive en silence, il est fait d’abord d’une présence muette, comme la femme seule d’abord observée dans un autobus ou dans une réunion. Cette femme seule, précisément, qui ne parle pas, fascine par toutes ses virtualités Dès qu’elle parle, en revanche, elle compromet cet état de grâce, elle a intérêt à se brancher sur son interlocuteur si elle ne veut pas être en décalage, marquée par un passé qui n’intéresse pas, a priori, son partenaire.

   La femme est plus “forte” que l’homme, en ce que ses objectifs sont plus faciles à définir, puisqu’ils correspondent à des situations déjà existantes: quand la femme enfante, elle n’est pas la première à le faire, elle a un modèle et une fois fécondée, le processus suit son cours sur le plan des automatismes, alors que l’homme vit son rapport à l’inconnu sur un plan de conscience voire d’hyperconscience. En outre, la femme a surtout à gérer son moi et son rapport à l’autre par rapport auquel elle se situe, tandis que l’homme agit au nom de l’humanité et non à titre individuel, comme disait Pascal, “le moi est haïssable”. L’homme en ce sens se focalise moins sur son ego, il serait plus dans le “on” (en allemand, man, l’homme en général), pas dans le qu’est-ce que je fais mais qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qui se fait, au sens d’une aventure collective qui implique tout le monde ? L’aventure individuelle, par opposition, est quelque peu dérisoire à l’image de celui qui cherche simplement à apprendre ce que l’on sait déjà mais que “lui”, “elle”, ne sait pas encore, et là on est bien, qu’on le veuille ou non, dans l’ordre du mimétisme, dans le “moi aussi” ou le “pourquoi pas moi ? ”. Le paradoxe du mimétisme, en définitive, c’est qu’il est finalement inspiré par l’envie de ce qu’a l’autre, de ce que fait l’autre, comme dans la chanson de Françoise Hardy, en 1962 : “Tous les garçons et les filles se promènent dans la rue deux par deux ... oui mais moi, je vais seule, car personne ne m’aime etc...”4

   La femme veut y aller, c’est-à-dire aller là où est déjà l’autre, la femme en veut aussi, de ce qu’a l’autre, elle a des objectifs à atteindre qui ne sont jamais que de rejoindre l’autre mais cet autre elle ne le perçoit qu’à sa façon, souvent caricaturale ou / et appauvrissante. La femme a du mal à gérer la complexité au delà d’un certain seuil, elle risque de saturer et il lui faut donc périodiquement faire table rase pour échapper à une certaine confusion qui la menace si elle continue à brasser indéfiniment les mêmes données alors que l’homme, à force de chercher, parvient à renouveler ce auquel il est habitué. L’habitude chez l’homme est source de création tandis que chez la femme, elle est cause de sclérose.

   En fait, le mimétisme est un processus d’harmonisation, d’homogénéisation qui ne peut que survenir dans un deuxième temps et qui permet la diffusion d’un mode de vie ou de pensée à l’ensemble des membres du groupe. Il y a là un souci d’exhaustivité, qui implique de n’oublier personne. Comme dit l’Evangile, le pasteur doit se mettre en quête de la moindre de ses ouailles et à chacune d’elle de se manifester de façon à ce que tout le monde soit logé à la même enseigne. C’est ainsi qu’au moment même où je revendique mon “moi”, j’y renonce puisque ce cri du moi est l’expression d’un manque, d’un oubli. On veut ce que les autres ont, c’est un moi en creux, un moi au féminin. Le moi au masculin est autre, il est une volonté de contribuer, de participer à la progression du groupe, il n’est pas invitation à revenir en arrière parce qu’on a oublié celui ci ou celle là. Le moi au masculin est à l’avant-garde, celui au féminin à l’arrière-garde et comme dans toute armée, les deux positions ont leur légitimité mais il n’est pas bon que les deux fonctions ne soient pas pleinement assumées et que l’on ne sache pas, selon une (pré)visibilité claire et nette - héritage millénaire - par qui elles doivent l’être.

   Cependant, il importe de prendre conscience d’un second paradoxe du mimétisme : la personne mimétisante est déracinée ou déracinable, ce qui signifie que fondamentalement, elle s’est individué, autonomisé et c’est ce qui la rend réceptive, du moins au niveau d’un certain vernis, à des influences successives et variées. L’oiseau est libre comme l’air mais en même temps il a besoin de temps à autre de se poser.

   Nous avons dit que le changement était un facteur essentiel du destin féminin si on entend par changement le passage d’un milieu à un autre, d’une société à une autre, d’une langue à une autre, d’une profession à une autre etc. Mais une question se pose dès lors: n’est-ce pas là justifier les mariages mixtes, les conversions, les naturalisations et est-ce que cela ne va pas à l’encontre de l’endogamie ? Si l’on prend le cas d’une population réduite, dans tous les sens du terme, comme c’est le cas des Juifs, la femme juive peut-elle aller vivre avec un homme non juif ou la femme non juive avec un homme juif ? Si l’on admet qu’il y a transmission des caractères acquis5, que se passe-t-il lors du croisement entre un homme et une femme dépositaires de programmes très différents ? Il nous semble que l’on en arrive à la conclusion suivante, à savoir que ce que transmet l’homme compte davantage que ce que transmet la femme sur le plan de l’héritage génético-culturel ou socio-biologique. Les habitudes exogamiques supposent que la femme soit en quelque sorte neutre. C’est pourquoi, dans le judaïsme, le fait que l’on soit juif par les femmes nous apparaît comme une aberration qu’il convient de dénoncer, d’autant qu’elles ne transmettent même pas le nom. Il est de l’intérêt des femmes de revendiquer cette neutralité qui est en soi une virginité génétique, cette absence de traces, ce qui les autorise, ipso facto, à circuler d’un monde à l’autre sans créer d’interférences. Ce n’est que lorsque la femme aura acquis une sorte de transparence, celle du caméléon, si l’on veut, qu’il n’y aura plus de quiproquo quant à sa place dans le monde. A partir d’une telle observation, on conçoit qu’il y ait un certain mélange des races et que, notamment, les juifs ne se ressemblent guère entre eux, du fait qu’ils se sont croisé avec diverses populations et pourtant ils n’en constituent pas moins, en dépit de leur diversité extérieure (ashkénazes, séfarades) un ensemble offrant des similitudes à différents niveaux. Ce qui conduit à penser qu’il existe des populations qui sont bel et bien d’un seul tenant et qui, en même temps, offrent en surface un aspect très disparate, ce qui tient aux éléments féminins qui ont été intégrés au cours des siècles, sans modifier en profondeur la spécificité juive. Autrement dit, la judéité ne passe ni par une pratique religieuse spécifique, ni par un faciès particulier mais par d’autres éléments plus complexes.6

Jacques Halbronn
Paris, le 14 novembre 2003

Notes

1 Cf. R. Tresoldi, Encyclopédie de l’ésotérisme, Paris Ed. Du Vecchi, 2002, pp. 263 - 264. Retour

2 Cf. Lettres Persanes, 1721. Retour

3 Cf. notre étude sur la femme caméléon, sur Encyclopaedia Hermetica, Site Ramkat.free.fr. Retour

4 Cf. Y’a d’ la France en chansons, dir. P. Saka, Paris, Larousse, 2001, pp. 354 - 355. Retour

5 Cf. nos travaux dans la rubrique hypnologica, in E. H. Retour

6 Cf. notamment notre étude “Dieu et les Juifs”, sur E. H. Retour



 

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