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HYPNOLOGICA

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La perpétuation des clivages dans l’Inconscient Collectif

par Jacques Halbronn

    Notre civilisation, telle que nous la connaissons, a le résultat de deux processus : d’une part la mise en place de clivages spatiotemporels, de l’autre leur perpétuation en profondeur par un système de relais.

   En effet, le seul fait de constituer des clivages ne saurait être une condition suffisante dans la mesure où ceux-ci seraient précaires et périodiquement remis en question. Il importe donc que ces clivages traversent le temps de façon plus ou moins immuable, ce qui implique la formation d’automatismes, qui en sont à la fois la cause et la conséquence. Car ce qui perdure tend à marquer durablement et ce qui est inscrit en profondeur perdure.

   Certes, l’existence de tels clivages semble-t-elle limiter, faire obstacle à la liberté humaine quand bien ceux-ci seraient-ils son oeuvre. Mais une telle contradiction nous apparaît précisément comme la marque spécifique de l’aventure humaine, laquelle est fondamentalement duelle.

   Tout se passe en effet comme si l’Homme, dès lors qu’il accomplissait les mêmes gestes sur une certaine période de temps tendait à les faire gérer par des instances subalternes 1. Autrement dit, dès lors qu’une activité devient routinière, elle est relayée en quelque sorte d’office par des instances de régulation aptes à conduire des actions répétitives et aisément programmables.

   Une telle prise de conscience de l’Homme Janus, c’est à dire à deux faces, permet d’obvier à certains questionnements métaphysiques et notamment de mieux comprendre le rôle complémentaire de la femme et de la machine mais aussi du corps par opposition à l’esprit.

   En réalité, la mise en place de clivages est-elle même conditionnée par la gestion d’automatismes, lesquels deviennent inconscients pour ceux qui n’en ont pas la charge. Car si clivage, il y a, à commencer par la sexuation, c’est bien précisément pour permettre la mise en place des dits fonctions inconscientes, de ce que l’on pourrait appeler, après Carl Gustav Jung (1875 - 1961), l’Inconscient Collectif. Bien entendu, il revient au juif Sigmund Freud (1856 - 1939) d’avoir mis en place cette notion d’inconscient, de subconscient et d’avoir mis l’accent sur des automatismes sous forme notamment d’association de mots, de lapsus et de rêves, qui émanent de nous et qui en même temps ne sont pas contrôlés par nous.

   Le terme “inconscient” doit être précisé à la lumière de ces réflexions: rien n’est inconscient dans l’absolu mais seulement du point de vue d’une certaine conscience. Si je demande à quelqu’un de faire quelque chose à ma place, si je me décharge sur lui, j’enclenche, pour ce qui me concerne, un processus que l’on pourra qualifier d’inconscient mais qui ne le sera certainement pas pour celui qui s’occupera de ce que je lui ai demandé. Il est ainsi évident que si la femme accomplit l’acte d’enfantement, elle ne le fait pas dans l’inconscience même si je peux ne pas y penser, moi en tant qu’homme, en tant que père. Mon corps est mu par un certain nombre de fonctions dont je n’ai qu’une bien vague conscience, hormis les cas de dysfonctionnement. L’inconscience ne peut donc qu’être relative, pour recourir à une formule chère au juif Albert Einstein.(1879 - 1955).

   Nous considérons qu’il est impératif de rapprocher des notions généralement séparées et n’étant même pas censées avoir quoi que ce soit en commun: la femme, l’inconscient, le corps, la machine ainsi que certains clivages fonctionnels. Par rapport à nos analyses précédentes, c’est la présence, au sein de cet ensemble, de l’Inconscient, qui constitue une nouvelle étape, indispensable, de notre réflexion.

   Car c’est bien la question de la transmission des acquis qui fragilisait nos représentations. Certains étaient tentés de refuser l’idée d’acquis et donc de placer les clivages majeurs, c’est-à-dire les plus durables, ceux s’inscrivant dans une certaine pérennité, sur le compte d’une prédestination transcendantale alors que nous souhaitions rester dans l’immanence, c’est à dire préserver l’initiative humaine dans l’élaboration d’un certain rapport au monde. On nous disait : de deux choses l’une : ou bien c’est l’Homme qui en est l’auteur et cela peut s’arrêter tôt ou tard puisqu’il peut défaire ce qu’il a fait ou bien c’est quelque chose qui reste immuable mais dans ce cas cela ne dépend pas de l’Homme.

   Or, il y a une troisième voie qui passe par la technologie, en prenant ici ce terme dans un sens très large de prolongement de l’activité humaine sur un mode automatique et donc quelque part autonome, ce que l’on pourrait appeler d’un néologisme l’autonomatique.

   Entendons par là que l’homme génère cet autonomatique, qui est le fondement de son in-conscient, en prenant également ce terme dans un sens très large. On pourrait parler d’hypostase. C’est poser, au vrai, le rapport du Créateur avec sa Création, comme dans la Genèse : est-ce qu’à un certain moment la Création n’échappe pas à l’emprise / empire de son Créateur, ne devient en quelque sorte inconsciente, suivant un plan établi une fois pour toutes, dès lors que cette Création, grandiose mécanique, s’inscrit dans un espace temps ? Ce qui n’exclue pas éventuellement des interventions ultérieures que l’on peut qualifier de miraculeuses, puisque enfreignant l’ordre initialement établi. Il y aurait un autonomatisme de la Création.

   Or, l’Homme n’est-il pas en situation de Créateur face à sa Création ? Création qui ne nous apparaît plus comme gratuite mais comme correspondant à un besoin, comme libératrice pour le Créateur sinon pour la Création. La liberté, comme l’Inconscient, elle aussi, est relative, elle se paie souvent de l’asservissement de l’autre.

   Avec ce paradigme Créateur / Création, il nous semble bien que nous échappons au dilemme posé plus haut, à savoir que l’Homme peut générer des structures qui perdurent, au prix de divers automatismes gérés par diverses instances, allant du vivant jusqu’à la machine, stricto sensu mais qu’il n’a pas pour autant à les gérer, dans la mesure où elles sont autogérées. Il nous semble qu’à partir du moment où nous remplaçons Dieu par l’Homme, la contradiction disparaît. Si nous arrivons à penser que la Création de Dieu peut perdurer et même exister face à lui sinon contre lui, rien ne nous empêche, du moins sur un plan logique, d’affecter une telle situation à l’Homme, dès lors évidemment que nous n’incluons pas la Femme sous ce vocable, ce qui brouillerait singulièrement l’analyse. Nous dirons, en effet, que quelque par la Femme est l’Inconscient de l’Homme.

   Il ne semble pas, certes, que Jung ait ainsi formalisé son idée d’Inconscient Collectif et c’est bien une nouvelle représentation de celui-ci que nous souhaitons contribuer, en introduisant une dimension anthropologique supplémentaire. On pourrait d’ailleurs dire que l’acte même de créer pourrait être inconscient, c’est-à-dire que cet autonomatisme dont nous parlions n’est pas voulu, délibéré, qu’il s’impose de lui-même, au delà d’un certain seuil d’habitude. Bien entendu, l’activité devenue inconsciente, relayée par une autre instance, inférieure, laisserait en quelque sorte un vide, une béance, comme un fardeau que l’on n’a plus à porter et dont on peut se dire soit qu’il a disparu, soit que quelqu’un s’en est chargé à notre place, comme Hercule prenant la place d’Atlas, pour porter la voûte céleste. C’est précisément de par ce poids ôté que se situerait la condition humaine. Contrairement à ce que dit Albert Camus, l’Homme n’est pas Sisyphe, il ne pousse pas indéfiniment le même rocher, à un moment donné, du fait même de l’acte cent fois répété, ce n’est plus l’Homme qui pousse le rocher mais une partie subalterne de l’Homme si bien que ce rocher est certes constamment mu mais ce n’est plus par l’Homme mais par ses autonomatismes. Bien plus, ce rocher dont l’Homme n’a plus la charge va susciter, par l’absence de conscience à son endroit, une énergie libre, comme quelqu’un qui aurait économiser pour acheter une maison et qui en reçoit une en héritage : que fera-t-il de l’argent ainsi bloqué pour cet achat ? C’est peut être là l’origine du capitalisme que de pourvoir à un besoin qui est résolu autrement. Comparaison d’autant plus fondée que le capitalisme est marqué par la création de moyens de production comme l’a bien montré, dans son Kapital, Karl Marx (1818 - 1883), d’origine juive.

   Il semble hors de question de revenir en arrière, de défaire ce qui a été fait ou plutôt que l’Homme réassume des tâches qu’il a délaissées ou qui lui ont à la longue échappé. En revanche, en ce qui concerne ceux qui assurent ces tâches, le renouvellement semble possible et s’est déjà produit en plus d’une occasion, le cheval, par exemple, étant remplacé par l’automobile.

   Selon nous, l’Inconscient collectif n’est pas tant la mémorisation d’informations qu’un certain tropisme conduisant à rechercher, à trier, et à décoder des informations dans notre environnement. Il y aurait ainsi un tropisme en direction de certaines configurations astrales bien spécifiques 2. Il y aurait aussi un anti ou un contre-tropisme qui empêcherait certaines populations de se mélanger avec d’autres, de façon à maintenir de nécessaires dualités, ce qui pourrait être le cas des Juifs, en tenant compte de certains signes qu’il conviendrait d’identifier et qui nous échappent pour l’heure bien qu’ils soient certainement repérés inconsciemment.

   En conclusion, nous insisterons sur le fait que sans ces processus inconscients qui sont à l’oeuvre, nos sociétés ne seraient pas viables. Les éléments conscients qui circulent ne jouent au demeurant qu’un rôle assez secondaire dans la bonne marche des choses. Cela nous fait penser à ces Incas qui opéraient toutes sortes de rituels, assez vains, pour s’assurer que le soleil réapparaîtrait. On veut souvent nous faire croire que telle ou telle attitude est nécessaire ou qu’elle est dangereuse alors qu’elle n’a qu’une fonctionnalité, une incidence, des plus réduites, à l’instar de ces colonnes qui ne sont pas porteuses mais qui prennent beaucoup de place dans certains édifices.

Jacques Halbronn
Paris, le 17 février 2003

Notes

1 Cf. notre étude sur la zone “Tsélem”, sur ce Site. Retour

2 Cf. nos travaux sur les tropismes sur le Site Faculte-anthropologie.fr. Retour



 

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